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HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE HERMÉTIQUE
habile et plus laborieux cherche donc à ennuyer le
Public par des Compilations de passages ; pour moi je
suis content d’instruire, et de le faire d’une manière
claire et succincte ; c’est ce qui m’a porté à me réfé-
rer autant qu’il m’a été possible ; si je n’en ai point
assez dit pour les Savants, il y en a plus qu’il ne faut
pour les gens du monde, qui ne seront pas fâchés de
connaître les illustres fous, qui se sont jetés dans les
égarements, dont j’écris l’Histoire.
Mon Ouvrage est fait de manière, que différents
genres de personnes peuvent s’en amuser. Celui
qui est bien aise de savoir des singularités, sans
trop dépenser en lectures, trouvera dans le Premier
Volume, et dans la première partie du second, tout ce
qui peut flatter à sa curiosité. Il y verra même ce qu’il
ignorait, ou dont il n’avait que des idées confuses, et
peut-être même aucunes. Ce ne sera pas sans étonne-
ment qu’il remarquera que les hommes les plus sages
n’ont pas été exempts des vices trop communs parmi
nous, la curiosité et la cupidité.
Le Philosophe désintéressé veut pénétrer la nature
et sonder jusqu’où elle peut aller. Il veut connaître ce
que l’art peut y ajouter. Quand on sait se renfermer
dans ces justes bornes, on n’est pas toujours blâmable ;
au lieu que l’Artiste avare cherche moins à découvrir
le pouvoir de la nature et de l’art, qu’à satisfaire ses
propres désirs. Mais cette première Partie fera voir la
punition que la Providence a su imposer à la cupidité,
par les immenses travaux et les pertes énormes, aux-
quelles ont été exposés ceux qui s’y sont livrés. Sou-
vent l’avare a tout perdu, pour avoir voulu tout obte-
nir. Je ne connais pas de plus grand châtiment.