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un président commun, unique, et de surcroît dans un premier temps choisi par lui ?
L'autre débat occulté touche au problème des mosquées. Un débat démocratique sur la question ferait
avancer les choses. Oui ou non, avons-nous collectivement la volonté d'élargir les possibilités qu'ouvre la
loi de 1905 aux musulmans ? Sur tous ces points, ou bien la commission Stasi se censure: elle n'aborde
aucunement le problème de la représentation de l'islam, comme si la politique de M. Sarkozy avait
définitivement réglé ce problème. Ou bien elle se borne à un constat de quelques progrès, sans examiner
comment la question des mosquées appelle une étude spécifique.
Une autre réduction du débat qui brouille les enjeux est l'aspect désastreux de la focalisation des
problèmes actuels de la laïcité sur la communauté musulmane. Or les questions dépassent de beaucoup
celles d'une seule religion. Quelles sont les thèmes occultés ?
Tout d'abord, malgré le rapport Régis Debray, la mise en place d'une connaissance des religions dans les
disciplines enseignées à l'école en France est bloquée depuis cinq ans. Passé l'échauffement médiatique
du rapport Debray, aucune initiative n'a été prise pour que l'enseignement fasse une place légitime à la
connaissance des grands religieux. Pire, dans certains cas, on a abouti à une méconnaissance. La
philosophie n'a guère avancé. Rien de sérieux n'a été fait dans les IUFM pour préparer les enseignants à
assumer cet enseignement. Les universités françaises continuent méthodiquement d'ignorer l'étude des
grandes traditions religieuses qui ont marqué l'Europe, mise à part la brillante exception de la 5e section
des Hautes Études.
L'enseignement des religions doit se faire selon une approche culturelle et laïque. Sur ce point, le rapport
Stasi est décevant, voire inquiétant. Décevant, d'abord, car il analyse la situation actuelle comme
satisfaisante alors que l'étude des religions à l'école n'avance plus et que la commission ne souhaite
donner aucune impulsion nouvelle... Inquiétant ensuite, parce qu'il évoque comme premier souci une «
étude critique des religions »: on sait quel état d'esprit antireligieux et prolaïque recouvre cette expression
qui réduit ainsi le sens culturel essentiel d'un examen des religions.
Quant à la laïcité scolaire, il est bien fait allusion à une loi générale, alors que s'imposerait un texte
explicitant la laïcité dans l'école. C'est un fait que la laïcité scolaire a donné lieu depuis Ferry à très peu de
textes de lois. Elle s'est inscrite dans les moeurs, on l'admettait, en même temps qu'on valorisait la
mission de l'école publique. La laïcité scolaire était devenue une sorte de tradition, elle avait une légitimité
à l'anglaise: peu de textes écrits.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, cette tradition s'est affaiblie. Cela s'est traduit par un certain
effacement du statut institutionnel de l'école, par un oubli de l'éducation morale, de la formation du