une espèce de termites (4, 5). Grâce aux avancées de la biologie moléculaire, nos
connaissances sur les modalités de cette symbiose ont été largement documentées mais
aucune réponse n’a encore été apportée sur le mode d’acquisition du champignon spécifique
lors de la fondation de nouvelles colonies (7, 8, 9, 10). Deux modes de transmission du
symbiote peuvent être envisagés : (i) une transmission verticale : les sexués fondateurs
possèdent dans leur tube digestif des propagules du champignon et « ensemencent » la
colonie, (ii) une transmission horizontale : les premiers ouvriers de la nouvelle colonie
récoltent, de manière spécifique, dans l’environnement les spores du champignon lors de sa
fructification. Ce dernier mécanisme est très risqué puisqu’il repose sur la fructification des
champignons qui est elle-même fortement dépendante des conditions environnementales
(température, humidité, précipitations). En conséquence les changements climatiques qui sont
à prévoir pour les prochaines décennies pourraient modifier les assemblages d’espèces de
termites champignonnistes en favorisant les espèces à transmission verticale. Les différentes
espèces n’ayant pas les mêmes fonctions dans le milieu, des changements dans leur diversité
et leur distribution pourraient impacter durablement le fonctionnement des écosystèmes
tropicaux.
Ce projet court vise donc à développer des méthodologies fiables permettant de caractériser le
mode de transmission du Termitomyces chez plusieurs espèces de termites actuellement en
élevage au laboratoire en associant des analyses moléculaires et comportementales. Il est donc
en complète rupture avec les études actuelles sur la symbiose qui, n’ayant pas la maîtrise des
élevages, privilégient le « tout moléculaire » ce qui ne leur permet que de suggérer des
mécanismes de transmission sans en apporter ni la preuve directe ni les mécanismes. La mise
en évidence de la présence de spores de Termitomyces dans le tube digestif des termites
fondateurs (transmission verticale) versus les capacités de détection des spores fongiques de
leur Termitomyces par les ouvriers (transmission horizontale) nous permettront d’apporter de
nouvelles réponses et constitueront, à terme, les bases essentielles à une étude de l’impact des
changements climatiques dans les écosystèmes tropicaux à travers l’évolution des mosaïques
d’espèces de termite.
Principes méthodologiques (1000 sgn maximum)
L’étude reposera sur une étroite collaboration entre les deux laboratoires impliqués dans le
projet, chacun ayant en charge un volet du projet en relation avec ses compétences. Elle
répondra à deux questions :
1 - Le Termitomyces est-il présent dans le tube digestif des couples fondateurs à
l’essaimage et persiste-t-il au cours du temps ? (transmission verticale) (Laboratoire MNHN) :
Cette étude sera faite sur des termites ailés reproducteurs de Macrotermes subhyalinus
récoltés en novembre 2014 au zoo de Berne et avec lesquels nous avons réalisé plus de 600
fondations de colonies. Depuis la date d’essaimage jusqu’à maintenant nous avons
régulièrement collecté des reproducteurs mâles et femelles. Une recherche systématique de
l’ADN fongique sera effectuée par barcoding dans le tube digestif des reproducteurs par les
mycologues de l’UMR ISYEB en s’appuyant sur la plateforme moléculaire de typage de
l’UMS 7200.
- Les spores de leur Termitomyces sont-elles reconnues par les termites ouvriers ?
(transmission horizontale) : Récemment, nous avons pu démontrer l'existence d'une «odeur»
spécifique pour chaque Termitomyces (meules à champignon et mycotêtes) chez trois espèces
de Macrotermes (11). Des tests de choix seront réalisés en proposant aux ouvriers de termites