procédé   à   de   nombreux   essais   de   matériaux,   de   formes,   avant   de   parvenir   à   mettre   au   point   un   isolateur 
convenable.   L’arrivée   du   téléphone,   vers   1880   multiplie   l’emploi   d’isolateurs,   puisqu’il   faut   deux   fils   par 
abonné, là où le télégraphe se contentait d’un seul, et puisque le nombre d’abonnés au téléphone va croître très 
rapidement. Mais les isolateurs restent les mêmes.
Dans les années 1880, se pose la question du transport de l’énergie électrique. La lampe à incandescence 
a été inventée par le français Léon Foucault en 1844 ; le belge Zénobie Gramme met au point la dynamo en 
1870, etc. Mais ces nouveautés ne marchent qu’à proximité des sources d’énergie électrique. Il faut attendre 
1882 pour que des  essais  soient  réalisés en utilisant des lignes télégraphiques comme  vecteurs de l’énergie 
électrique. En 1883, entre Paris et Creil (Oise), une ligne télégraphique appartenant à la Compagnie de chemins 
de fer du Nord sert pour des essais sur environ 50 kilomètres. Très rapidement, on constate que le transport de 
l’électricité à des fins industrielles se heurte à la résistance électrique des fils dont le diamètre est trop petit. Pour 
augmenter la  puissance transportée,  il  faut élever  la  tension et,  pour  cela, adopter le courant  alternatif. Les 
tensions de plus en plus élevées vont amener à réaliser des isolateurs de plus en plus complexes.
Les matériaux
Le matériau de l’isolateur doit remplir deux conditions : 
-faire barrière aux fuites de courant électrique ;
- supporter les efforts mécaniques engendrés par le fil.
Il faut aussi que ce matériau ait une longue durée de vie et que le prix de revient de l’isolateur soit le plus 
faible possible, compte tenu des quantités qui vont être employées. Très rapidement, deux matériaux restent en 
concurrence : la porcelaine et le verre. En France ou en Grande-Bretagne, où l’industrie de la porcelaine est bien 
implantée, c’est ce matériau qui est préféré. Mais, au début du XXe  siècle, le verre commence à supplanter la 
porcelaine, ce qui amène peu à peu à la raréfaction des isolateurs en porcelaine, dans les années 1930. Les 
progrès   dans   les   matières   plastiques   vont   amener   une   concurrence   qui   sera   de   courte   durée   en   matière 
d’isolateurs  pour   courants  basse tension :  la technologie  des câbles   a  fait  de telles  avancées   que  les  lignes 
aériennes de télécommunications ou de distribution électrique dans les habitations ne sont pratiquement plus en 
fil nu aérien à la fin du XXe siècle.
La forme
En ce qui concerne les isolateurs télégraphiques, la forme en cloche, avec le fil accroché sur le dessus et 
une console scellée dans l’intérieur de la cloche finit par l’emporter dans la plupart des pays étrangers. En 
France, les progrès sont retardés par la volonté supérieure de ne pas imiter ce que font nos voisins… Il faut faire 
« français ». C’est seulement vers 1868, après de nombreux tâtonnements (et des créations aberrantes !) qu’une 
forme standard  est retenue   en France. Elle  est fortement  inspirée  des isolateurs étrangers  qui ont  fait  leurs 
preuves,  mais  les  Français   ont  apporté  leur touche  en ajoutant   deux  oreilles   dont le   rôle est   toujours resté 
hypothétique. Ce qui est sûr à leur sujet, c’est que ces appendices compliquaient la fabrication, qu’ils étaient 
fragiles   et   qu’ils   augmentaient   le   prix   de   revient.   Les   électriciens   qui   installent   les   lignes   de   distribution 
d’énergie basse tension se contentent d’isolateurs sans oreilles, moins coûteux et plus solides…
Quatre isolateurs en verre :
- à l’arrière, isolateur télégraphique PTT, avec ses oreilles ;
- à l’avant, trois isolateurs électriques.
Collection particulière