Ce colloque est d’un questionnement sur le caractère émancipateur pour les
femmes du travail salarié. L’interrogation, délibérément provocatrice, n’est pas
sans fondement objectif. En effet, en dépit de leur investissement accru et sou-
tenu dans la sphère professionnelle, les femmes dans leur ensemble continuent
à faire un travail auquel est attribué moins de valeur (en termes de salaire et de
prestige) que celui fait par les hommes. Elles continuent aussi d’assumer la plus
grande part du travail domestique - le travail gratuit effectué pour autrui. Les
mères sont le prototype même du statut réservé aux femmes comme classe de
sexe : elles sont d’abord dénies dans leur rapport à l’autre (au conjoint et aux
enfants en particulier), un rapport de dépendance qui légitime leur exploitation
et leur oppression sur le marché du travail. Avec ou sans enfant, lesbiennes ou
hétérosexuelles, célibataires ou non, nous sommes toutes traitées, dans nos
emplois professionnels, comme des mères potentielles qui doivent accepter
de reproduire la division sexuelle du travail, entretenir la séparation entre « le
privé » et « le public », « concilier le tout » et se soumettre à la division et la
hiérarchie des sexes. Dans ce contexte, comment faire du travail salarié un outil
de libération des femmes, est-ce même possible ?
Au cours de six conférences interrogeant le caractère émancipateur du travail
salarié à partir de différents champs et des moments de débat qui les suivront,
ce colloque a pour objectif de mettre à jour et d’analyser la nature complexe
de la situation actuelle et de dégager quelques pistes en vue de travailler à une
véritable émancipation des femmes.
Colloque international :
Le travail, outil de
libération des femmes ?
Samedi 21 avril 2007 – Université de Lausanne
NQF - NQF - NQF - Nouvelles Questions Féministes - NQF - NQF - NQF
(5) Le potentiel subversif du rapport au travail
Elsa Galerand - doctorante en sociologie, GTM, CNRS - Paris 8 - Paris 10
et Danièle Kergoat - directrice de recherche CNRS, GTM, Paris 8 - Paris 10
constatent que certaines femmes ont un rapport positif à leur emploi même lors-
que ce dernier est peu reconnu en termes de rémunération et de qualification.
Elles font l’hypothèse que le caractère émancipateur du travail serait à recher-
cher dans ce rapport positif paradoxal qui semble mettre en cause la disjonction
entre travail productif et travail reproductif et subvertir la division sexuelle du
travail.
6) De la sociologie du travail aux Etudes Genre à l’Université de Lausanne
Magdalena Rosende – maître-assistante en sociologie du travail et membre du
comité de rédaction de NQF
et Patricia Roux - co-rédactrice de NQF, professeure en Etudes Genre à l’UNIL et
responsable du LIEGE
présenteront les développements de l’articulation entre sociologie du travail et
Etudes Genre, sur la base de recherches réalisées à l’Université de Lausanne.
Clôture de la journée
Françoise Messant-Laurent, professeure en sociologie du travail et membre du
comité de rédaction de NQF
Comité d’organisation (NQF) :
Hélène Martin, Françoise Messant-Laurent, Gaël Pannatier, Céline Perrin,
Magdalena Rosende, Marta Roca i Escoda, Patricia Roux.
Informations pratiques :
Campus de Dorigny, Bâtiment Anthropole, Auditoire 1129
Inscription jusqu’au 5 avril 2007 par mail à [email protected]
Toutes informations : www.unil.ch/liege/nqf
L’inscription est obligatoire pour des questions d’organisation, mais la par-
ticipation à la journée est ouverte à toute personne intéressée et gratuite.
Inscrivez-vous dès que possible svp, au plus tard pour le 5 avril 2007.
Les personnes qui souhaitent prendre le repas de midi ensemble au restaurant
de Dorigny (sur le campus) sont priées de l’indiquer dans le mail d’inscription.
Coût du plat du jour : 15 CHF (10 euros) sans les boissons.
Attention : l’inscription pour le repas est ferme !
NQF - NQF - NQF - Nouvelles Questions Féministes - NQF - NQF - NQF
Présentation des contributrices et conférences
Introduction à la journée
Christine Delphy Co-fondatrice de Nouvelles Questions Féministes (NQF) et
directrice de recherche au CNRS.
(1) Les nouvelles images d’Epinal : émancipation ou aliénation féminines ?
Irène Jonas - sociologue indépendante, membre du bureau du rt24 de l’AFS
et Djaouida Séhili - sociologue GTM-Iresco, Enseignante à Paris 13
s’interrogent sur le modèle de la « conciliation famille – travail » véhiculé par le
discours différentialiste des magazines féminins et des ouvrages « psy » diffusés
dans les pays francophones. Leur recette managériale : construire efficacement
son « métier de femme », soit réussir ses carrières professionnelle, domestique
et matrimoniale. L’émancipation par le travail est en outre largement compro-
mise au vu des critères de performance masculins appliqués à l’évaluation de ce
« métier de femme ».
(2) « Travailler à l’extérieur » : des implications ambivalentes pour les com-
pagnes d’agriculteurs
Céline Bessière - Agrégée-répétitrice à l’Ecole Normale Supérieure (Paris) ratta-
chée au Centre Maurice Halbwachs (CMH-ETT) et au Centre de recherches sur les
liens sociaux (CERLIS)
compare la situation des compagnes de viticulteurs en France qui ont un emploi
salarié « à l’extérieur » avec celle de leurs belles-mères, le plus souvent aides
familiales sur l’exploitation, et montre les effets ambivalents du travail salarié.
Si, pour ces mères, le travail de soins aux enfants est allégé, la grand-mère
prenant le relais, le travail domestique, lui, ne l’est pas en raison du refus de la
cohabitation intergénérationnelle.
(3) Les concepts féministes à l’épreuve de l’anthropologie et de la migration
Nehara Feldman - Doctorante en sociologie (CSE, EHESS) ATER à l’université
Paris 8
étudie la diversité des situations de travail (domestique et rémunéré) de fem-
mes africaines dispersées en différents lieux (village au Mali, Bamako et région
parisienne). Les effets de contexte qu’elle observe conduisent à questionner la
pertinence des concepts féministes développés dans les sociétés capitalistes
occidentales pour traiter de l’émancipation par le travail.
(4) Domestiques philippines à Paris: un travail déqualifié au service d’un
projet de vie?
Liane Mozère - Professeure de Sociologie à l’Université Paul Verlaine de Metz,
Membre du Centre de recherches universitaire lorrain d’Histoire
analyse la situation paradoxale, et douloureuse, de domestiques philippines à
Paris, qui après avoir quitter famille et enfants, pour un emploi déprécié, n’en
apprécient pas moins une forme de liberté et de reconnaissance sociale, qui leur
est interdite chez elles.
Programme de la journée
Salle 1129 - Bâtiment Anthropole
Université de Lausanne - Campus de Dorigny
9h00 Accueil
9h15 Introduction Christine Delphy
9h30 Conférence 1 : Irène Jonas et Djaouida Sehili
Les nouvelles images d’Epinal : émancipation ou
aliénation féminines ?
10h30 Pause Café
11h00 Conférence 2 : Céline Bessière
« Travailler à l’extérieur » : des implications
ambivalentes pour les compagnes d’agriculteur
12h00 Conférence 3 : Nehara Feldman
Les conceptsministes à l’épreuve de
l’anthropologie et de la migration
13h00 Pause Repas
14h30 Conférence 4 : Liane Mozère
Domestiques philippines à Paris: un travail
déqualifié au service d’un projet de vie?
15h30 Conférence 5 : Danièle Kergoat et Elsa Galerand
Le potentiel subversif du rapport au travail
16h30 Pause
17h00 Conférence 6 : Magdalena Rosende et Patricia Roux
De la sociologie du travail aux Etudes Genre à
l’Université de Lausanne
18h00 Clôture Françoise Messant-Laurent
18h15 Apéritif
(Conférences de 30 minutes,
lancement de la discussion 5 minutes, débat 25 minutes)
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