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ECONOMIE : Comment Symbios rend les prothèses confortables
pour le patient
Date de parution: Jeudi 3 avril 2008
Auteur: Jean-Claude Péclet
PRIX DE L'ENTREPRISE (5/6). Basée dans l'Y-Parc d'Yverdon-les-Bains, la société vise une progression des
ventes de 15% ou plus par an.
Le marché mondial des prothèses orthopédiques est estimé à 22 milliards de dollars (2006)... et dominé par sept
sociétés américaines. Le marché européen des implants représente 910 millions d'euros pour la hanche et 960
millions d'euros pour le genou. La part de la société yverdonnoise Symbios y atteint actuellement 1,7% en valeur et
0,9% en unités vendues. Un nain suisse a-t-il sa place au royaume des Zimmer et autres Johnson & Johnson?
Oui, s'il a quelque chose d'unique à proposer: la modélisation de la hanche (ou du genou) en trois dimensions.
Cette technique permet d'adapter l'implant à la morphologie du patient - et non l'inverse, une réalité dont témoignent
de nombreux cas d'usure prématurée et de réopération dus à une prothèse traditionnelle inadaptée.
L'entreprise créée en 1989 par Jean Plé, aidé du professeur Jean-Manuel Aubaniac, a adopté dès le début la
philosophie du sur-mesure. «C'est un marché de niche, reconnaît Jean Plé. Les géants américains ne s'y lancent
pas, parce que toute nouveauté implique un risque, et qu'au pays des plaintes collectives, on n'aime pas trop cela.»
De plus, pourquoi les sociétés américaines investiraient-elles dans l'innovation pointue alors que le système de
santé de leur pays permet (pour l'instant) de vendre les prothèses traditionnelles trois à cinq fois plus cher qu'en
Europe?
Pendant dix-sept ans, Symbios a donc travaillé dans son coin, implanté 10000 tiges sur mesure, principalement en
collaboration avec le CHUV à Lausanne (professeur Pierre-François Leyvraz). Les images au scanner des patients,
dûment conservées, constituent aujourd'hui une base de données unique et un avantage concurrentiel certain. La
reconnaissance scientifique a été soulignée par la publication d'une douzaine d'articles et études dans les revues de
référence, dont plus de la moitié ces trois dernières années.
Le progrès scientifique est une chose, assurer la pérennité d'une entreprise en est une autre. Au début des années
90, Symbios a pris la décision stratégique d'investir aussi dans les prothèses standard (technique sans ciment), en y
intégrant certains progrès de l'approche «sur mesure», et de se développer sur le marché européen. Depuis cette
date, les développements technologiques ont été constants: tige à col interchangeable en 2003; nouveaux couples
de frottement métal-métal et métal-céramique en 2006-2007. En 2006 toujours, Symbios a pris une autre décision
stratégique, consistant à étendre ses activités à la prothèse du genou.
Les ventes de Symbios ont atteint 24,4 millions de francs en 2007. Son premier marché est la France (42% des
ventes), devant la Suisse, l'Italie et l'Allemagne. Les produits sont distribués dans une dizaine de pays. «Nous avons
une gamme extraordinaire, qui n'est pas encore suffisamment récompensée au niveau du chiffre d'affaires», assure
Jean Plé.
Les Etats-Unis hors de portée
A noter que le directeur général est entouré d'une équipe de cadres supérieurs dont la plupart travaillent dans
l'entreprise depuis sept ans ou plus, un signe de stabilité. Symbios emploie une centaine de collaborateurs, dont 60
à Yverdon. Un certain nombre sont délégués dans des cliniques, où ils mettent en œuvre le logiciel d'analyse en
trois dimensions (HIP-PLAN) qui est la carte de visite et l'atout commercial de Symbios.
«Face à la concurrence misant sur des approches techniques telles que la chirurgie mini-invasive, le resurfaçage
des prothèses, les robots-assistants, etc., nous avons préféré nous concentrer sur le confort à long terme du
patient», explique Jean Plé. Vu que le taux de révision oscille entre 15 et 20% des opérations, tendance à la
hausse, le calcul de l'entreprise yverdonnoise semble pertinent.
Récemment, la société a gagné deux clients de poids avec les hôpitaux de la Pitié-Salpêtrière et de la Croix
Saint-Simon à Paris. Elle envisage une hausse des ventes de 15% ou plus par an et l'augmentation du taux de
profitabilité. Le cash-flow devrait financer la croissance. Par ailleurs, les locaux que loue la société à Y-Parc
permettent de tripler la production au besoin.
Les Etats-Unis? Hors de portée pour l'instant. «Leur système de santé et de plaintes collectives entraîne trop de
risques. Mais un jour, ça va changer. Là on pourra rentrer, et fort», pronostique Jean Plé.
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