Mercredi 1er Juillet 2015 Étranger 21 Burundi/Au lendemain des législatives controversées Télex Afrique L'heure du comptage les voix LA compilation des résul‐ tats s'est poursuivie hier au Burundi, sans grand suspense, au lendemain d'élections législatives et communales boycottées par l'opposition et décriées à l'étranger, qui devraient consacrer la victoire du parti du président Pierre Nkurunziza. "Le dépouillement est terminé dans tous les bureaux de vote sur l'ensemble du territoire burundais", a dé‐ claré Prosper Ntahorwa‐ miye, porte‐parole de la Commission électorale (Céni). Avant d'être pu‐ bliés, les résultats doivent être centralisés au niveau des communes, puis des 18 provinces, et ceux des lé‐ gislatives agrégés à l'échelle nationale par la Céni. Les élections de lundi se sont tenues après deux mois de contestation émaillée de violences contre une candidature de Pierre Nkurunziza à la pré‐ !ique Nininahazwe. L'UE, principal partenaire du Burundi, a jugé que la tenue des élections ris‐ quait d'"exacerber la crise" et menacé de mettre en branle les mécanismes me‐ nant à la suspension de sa coopération avec ce pays, très dépendant de l'aide extérieure. Les Etats‐Unis se sont dit "profondément déçus" par la tenue des législatives or‐ ganisées dans "des conditions terriblement inadéquates". Le dépouillement des élections de lundi au Burundi est achevé. Reste à en connaître les résultats. ISOLEMENT• A l'approche des scrutins, la commu‐ nauté internationale a sou‐ ligné le climat d'intimidation entretenu par les "Imbonerakure" – les jeunes du parti prési‐ dentiel CNDD‐FDD – quali‐ !iés de "milice" par l'Onu, ainsi que la fermeture des médias indépendants, dé‐ truits durant une tentative de coup d'Etat militaire en mai et empêchés depuis de réémettre. La Céni, qui envisageait de publier des résultats provi‐ soires pour les commu‐ nales dès hier, a !inalement indiqué que rien ne sorti‐ rait dans la journée. Elle a dit ne pas pouvoir donner un chiffre de participation avant la compilation des résultats. Face au boycott de l'oppo‐ sition, qui a poussé de nombreux Burundais à bouder les urnes dans les zones anti‐Nkurunziza, les scrutins législatifs et com‐ munaux devraient consa‐ crer une large victoire du camp présidentiel, le CNDD‐FDD et ses alliés. Le camp Nkurunziza s'est dit "très satisfait" du vote, auquel les Burundais ont selon lui participé "massivement". Selon les constats faits sur le terrain par des journa‐ listes de l'AFP, la participa‐ tion a été très variable selon les régions : massive dans les régions rurales de province acquises au chef de l'Etat, moyenne dans certaines zones provin‐ ciales plus partagées, très faible dans les !iefs de l'op‐ France/Diplomatie position. Le rendez‐vous majeur est désormais la présidentielle. Pierre Nkurunziza, déjà élu en 2005 et 2010, briguera un troisième mandat, mais ses adversaires le jugent contraire à la Constitution. Les condamnations inter‐ nationales risquent d'isoler encore un peu plus un ré‐ gime déjà largement "bunselon des kérisé", observateurs. La communauté internatio‐ nale craint que la crise dé‐ bouche sur un retour des violences à grande échelle, dans un pays à l'histoire post‐coloniale jalonnée de massacres entre Hutu et Tutsi et toujours trauma‐ tisé par une longue guerre civile, qui !it 300 000 morts entre 1993 et 2006. Photo : AFP Le scrutin, boycotté par l'opposition, devrait être largement remporté par le CNDD-FDD, le parti du président Pierre Nkurunziza. sidentielle prévue le 15 juillet dans ce petit pays d'Afrique des Grands lacs. Ces violences ont fait au moins 70 morts depuis !in avril et poussé, selon l'Onu, plus de 140 000 Burundais à fuir leur pays, dont près de 10 000 le week‐end d'avant‐scrutins. Le dépouillement des légis‐ latives et des communales, notamment à Bujumbura, s'est déroulé dans des conditions de cafouillage extrême, parfois à la belle étoile, sans observateur. Ni l'Union européenne (UE), ni l'Union africaine n'avaient déployé d'obser‐ vateurs pour ces élections. L'Onu, les partenaires américain et européens du Burundi, l'Union africaine et les pays voisins, avaient tous estimé que le climat actuel au Burundi ne per‐ mettait pas des élections crédibles. L'opposition et la société civile burundaises, en tête du mouvement de contes‐ tation, avaient appelé au boycott et fustigé une "parodie d'élections". Les candidats élus lundi "ne seront pas nos députés. (...) Ils tenteront de représenter leur maître Nkurunziza, mais le pays nous appartient. Nous ne l'accepterons pas", a lancé sur Fa‐ cebook un des dirigeants de la contestation, Paci‐ Photo : AFP AFP Bujumbura/Burundi • Centrafrique/Elections. Le recensement a commencé La présidente de transition centrafricaine, Catherine Samba Panza, a of!icielle‐ ment lancé lundi les opéra‐ tions de recensement électoral dans la perspec‐ tive d'une présidentielle et de législatives annoncées pour le 18 octobre dans son pays, toujours très in‐ stable. • Libye/Combats. 21 soldats tués en quatre jours Vingt et un membres des forces gouvernementales ont péri en quatre jours de combats avec une coalition de groupes islamistes dans l'est de la Libye, pays plongé dans le chaos, a in‐ diqué hier un média of!i‐ ciel. • Mali/Jihadistes. Ansar Dine revendique les attaques Le groupe jihadiste Ansar Dine a revendiqué hier les attaques du week‐end der‐ nier contre deux localités du Mali proches de la Mau‐ ritanie et de la Côte d'Ivoire, et menacé de lan‐ cer des attaques dans ces deux pays. • RDCongo/Elections. Le niet de Kabila Le président congolais Jo‐ seph Kabila a semblé fer‐ mer la porte lundi à toute forme de médiation étran‐ gère dans le "dialogue national" qu'il a proposé en vue de parvenir à des élec‐ tions "apaisées", alors que c'est une condition posée par une partie de l'opposi‐ tion pour y participer. Hollande en tournée en Afrique LE président français Fran‐ çois Hollande s'envole ce mercredi soir pour une tournée africaine éclair au Bénin, en Angola et au Ca‐ meroun, en plein psycho‐ drame européen sur le maintien de la Grèce dans la zone euro. Les soubresauts de la crise grecque, dans l'attente du référendum de dimanche, risquent fort de parasiter le périple du chef de l'Etat français. Mais, l'Élysée souligne l'im‐ portance de ce déplace‐ ment dans trois pays où M. Hollande ne s'est jamais rendu et dont les liens avec la France sont distendus depuis de nombreuses an‐ nées. Au Bénin, la dernière visite d'un président français re‐ monte ainsi à celle du socia‐ liste François Mitterrand en 1983, en Angola à celle de l'ex‐président de droite Ni‐ colas Sarkozy en 2008, tan‐ dis que son prédécesseur Jacques Chirac a été le der‐ "Le choix d'aller au Bénin, dans la période actuelle, est en soi un message politique. Le président Yayi vient d'annoncer qu'il respectait la Constitution en ne briguant pas un 3e mandat en mars 2016", souligne‐t‐on. Le pays a connu trois alter‐ nances démocratiques de‐ puis 1990. M. Hollande visitera aussi deux sites présentés comme des mo‐ dèles de coopération, un centre de recherche franco‐ béninois testant un nou‐ veau vaccin contre le paludisme, ainsi qu'une "Bluezone", micro‐centre de stockage d'électricité so‐ laire du groupe français Bolloré. LUTTE CONTRE BOKO HARAM• Les deux étapes suivantes, Luanda et Yaoundé, sont moins évi‐ dentes sur le plan des liber‐ tés et de la démocratie. Le président français rencon‐ trera successivement son homologue angolais José Eduardo Dos Santos, 72 ans, au pouvoir depuis plus de 35 ans et Paul Biya, 82 ans, à la tête depuis 1982 du Cameroun où une révi‐ sion constitutionnelle a supprimé en 2008 la limita‐ tion des mandats présiden‐ tiels. A travers le monde • Grèce/Dette. Athènes fait une proposition La Grèce a proposé hier à ses créanciers de conclure avec le Mécanisme européen de stabilité (MES) un accord sur deux ans permettant de cou‐ vrir ses besoins !inanciers tout en restructurant sa dette, a indiqué le bureau du Premier ministre Alexis Tsi‐ pras. • Indonésie/Accident. Au moins 116 morts dans le crash d'un avion militaire Le président François Hollande se rend à compter de ce mercredi dans trois pays – Bénin, Angola et Cameroun – dont les liens avec la France sont distendus. En Angola, sa visite sera es‐ sentiellement économique, avec la volonté de diversi‐ !ier les échanges de la France au‐delà du secteur pétrolier. Une cinquantaine de diri‐ geants d'entreprises fran‐ çais seront du voyage, et des responsables économiques font déjà miroiter la signa‐ ture de nombreux contrats pour un montant total d'un milliard de dollars. Au Cameroun, dont les rela‐ tions avec la France ont tou‐ jours été tumultueuses, la visite de M. Hollande sera centrée sur les questions politiques et sécuritaires alors que ce pays joue un rôle clé dans la lutte contre Boko Haram. Mais les ques‐ tions de démocratie et de droits de l'homme seront aussi au menu. M. Hollande rencontrera l'ensemble des partis politiques et des femmes responsables d'ONG. Il devrait plaider auprès de M. Biya la cause de l'avocate franco‐camerounaise, Ly‐ dienne Yen Eyoum condam‐ née à 25 ans de prison pour détournements de fonds, et plus globalement évoquer le sort de nombreux anciens ministres ou opposants condamnés à des peines ex‐ trêmement lourdes, dans le cadre d'une opération anti‐ corruption entachée de dé‐ rives politiques. Photo : AFP Bénin, Angola et Cameroun sont les étapes de ce périple sur le continent qui débute ce mercredi soir. nier à se rendre au Came‐ roun en 1999. Ce sont trois pays "en attente de la France", sou‐ ligne‐t‐on dans l'entourage de François Hollande, qui depuis son élection en 2012 s'emploie à donner un nou‐ veau souf!le aux relations franco‐africaines, tentant de faire oublier les mau‐ vaises pratiques dites de la "Françafrique" héritées de la période coloniale. En trois ans, il s'est rendu dans une quinzaine de pays d'Afrique subsaharienne, jouant un rôle clé dans la résolution des crises au Mali et en Centrafrique. M. Hollande arrive à Coto‐ nou moins de deux se‐ maines après la nomination à la tête du gouvernement de l'homme d'affaires franco‐béninois Lionel Zin‐ sou, très proche notam‐ ment du chef de la diplomatie française Lau‐ rent Fabius et qui fait !igure de possible candidat à la succession de l'actuel prési‐ dent Thomas Boni Yahi. Mais Paris rejette tout soupçon d'"ingérence" fran‐ çaise dans ce petit État cô‐ tier de l'ouest africain, soulignant que la visite était programmée "bien avant" le changement de gouver‐ nement. Photo : AFP AFP Paris/France Au moins 116 personnes ont péri hier en Indonésie dans l'accident d'un avion mili‐ taire qui s'est écrasé sur une zone habitée de Medan, grande ville de l'île de Suma‐ tra, tuant ses 113 occupants et des personnes au sol. • Syrie/Jihadistes. Deux femmes décapitées par l'EI Le groupe État islamique (EI) a franchi un nouveau cap dans l'horreur en déca‐ pitant en Syrie deux femmes accusées de sorcellerie, un pêché capital dans l'islam, tandis que des barils d'ex‐ plosifs du régime tuaient mardi près de 30 personnes dans le pays.