Coran et la Sunna l'inspiration idéologique dont ils ont besoin pour
justifier leur entreprise eschatologique et guerrière. Ils sont exaltés
par le goût du martyr et l'ivresse de la mort au point de prétendre
qu'aucun Vrai croyant ne devrait avoir peur de l'apocalypse
puisqu'elle annonce ̶ enfin ! ̶ le « Royaume de Dieu sur la terre ».
Alors on peut se demander qui, aujourd'hui, encourage, promeut et
finance ce fanatisme meurtrier, dénué de toute moralité et spiritualité.
Depuis plus d'une cinquantaine d'années, l'Arabie saoudite se
distingue, parmi les pays musulmans, par sa volonté de s'approprier
la direction politique de l'Islam dans le monde. Ainsi, sur le plan
externe, ce pays finance la prédication, le missionnariat, la création
d'institutions islamiques, l'enseignement de l'islam radical wahhabite,
la construction d'écoles et de mosquées, et ce, sans compter un
mécènat exemplaire au profit du terrorisme international. Bref,
partout où, dans le monde, l'argent peut faire une différence dans la
lutte du Bien contre le Mal, l'Arabie saoudite ne manque jamais
d'afficher sa puissance politique en restant à la hauteur de ses
obligations religieuses. D'ailleurs, en vertu de l'article 23 de la Loi
fondamentale du 1er mars 1992, l'appel à la propagation de la foi est
même devenu une obligation constitutionnelle.
Sur le plan interne, ce pays a mis en place un système
ambitieux de propagation de la foi consistant à accueillir et à prendre
en charge tout visiteur ou pèlerin venu y séjourner, ne serait-ce que
quelques jours. Personne n'est oublié et rien n'est laissé au hasard, de
sorte que des pèlerins rapportent régulièrement être sortis transformés
de leur odyssée spirituelle dans ce pays. Qui, par exemple, n'est pas
sorti de l'Arabie saoudite en exhibant fièrement une barbe qu'il n'avait
pas à son arrivée.
Pour ce qui est des visiteurs issus de la mécréance, ils sont pris
en charge par des prédicateurs salafistes formés au frais de l'État, de
sorte que la conversion d'un mécréant à la Vraie foi est célébrée
comme un haut fait, une victoire éclatante dans la lutte implacable du
Bien contre le Mal. Les Saoudiens tirent une grande vanité de ce
genre de conversions, d'abord parce qu'elles confirment la supériorité
morale de l'Islam sur l'Occident, et ensuite parce que « Dieu accorde
des récompenses sans limites à ceux qui combattent sur son chemin
».