1. L’approche de l’échange
Pour que les agences humanitaires et de développement, de même que les communautés, adaptent leur
comportement et bâtissent leur résistance en réponse à la variabilité saisonnière ainsi qu’au changement
climatique à long terme, elles doivent accéder à une information et compréhension des risques climatiques
connus et potentiels. Cependant, le partage des informations sur le climat est entravé par des obstacles
majeurs entre météorologues et scientifiques
du climat d’une part, et les communautés vulnérables et
organisations humanitaires et de développement d’autre part.
L’un des obstacles concerne le type de média utilisé pour diffuser les informations sur le climat. Actuellement,
les informations des agences météorologiques nationales, y compris celles du Senegal, sont principalement
diffusées au Senegal par des canaux auxquels certaines communautés rurales n’ont pas accès, comme
Internet, la TV et les journaux. Par ailleurs, les informations fournies par ces canaux sont souvent compressées
sous une forme trompeusement déterministe, masquant par exemple les incertitudes quant au niveau des
précipitations dans une prévision saisonnière.
Le type d’information constitue un deuxième obstacle. Les objectifs, la terminologie, le foyer géographique et
les délais considérés comme pertinents par les scientifiques ne correspondent pas aux besoins d’informations
des communautés. Les scientifiques du climat sont inquiets de l’usage inopportun de leurs recherches et des
risques de défaut d’adaptation, tandis que les utilisateurs sont freinés par les types d’information scientifiques
à leur disposition. Les prévisions saisonnières des précipitations totales sont disponibles à travers l’Afrique
sub-saharienne, y compris le Sénégal, mais les prévisions les plus souvent utiles aux communautés exposées
aux risques de sécheresse et d’inondations sont celles qui fournissent des informations localisées sur le début
des pluies, les périodes des pluies intenses, la durée de la saison des pluies et les périodes sèches durant ce
laps de temps.
Traiter l’adaptation météorologique à court terme et promouvoir l’adaptation au niveau de la communauté
exigent des scientifiques qu’ils comprennent mieux les besoins d’informations climatiques des utilisateurs, et
les formats et canaux par lesquels ils peuvent répondre au mieux à ces besoins. Cela nécessite également que
les agences qui supportent les communautés soient prêtes à investir dans la planification d’avenir et le
développement de « l’alphabétisation scientifique » requis pour comprendre et appliquer l’apprentissage
scientifique émergent relatif à la vulnérabilité future.
Pour que les utilisateurs accèdent à, comprennent et agissent de façon appropriée sur la recherche
scientifique se rapportant aux vulnérabilités futures, il existe un besoin de dialogue pratique entre les
scientifiques et ces utilisateurs plus directement affectés. Ce n’est que par le soutien d’un tel dialogue que les
utilisateurs sauront quelles questions poser à la science émergente et que les scientifiques seront en mesure
de comprendre comment les données et la connaissance qu’ils produisent peuvent mieux renseigner les
processus et les contextes de prise de décision humanitaires et de développement spécifiques.
Depuis 2009, le Programme Humanitarian Futures, basé au King’s College de Londres, soutient un échange
entre les scientifiques du climat des départements météorologiques nationaux au Sénégal, au Kenya et au
Royaume-Uni, les universités de Liverpool, d’Oxford et du Sussex, et les responsables politiques des ONG
internationales CAFOD, Christian Aid et Oxfam GB, de même que la Croix-Rouge sénégalaise et le Programme
de recherche sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (Research Program on
Climate Change, Agriculture and Food Security ou CCAFS) du CGIAR. L’objectif de cet échange est de fournir
une plate-forme de dialogue qui puisse enjamber les obstacles actuels et améliorer la résistance de la
communauté. En 2011, un financement de l’Alliance pour le climat et le développement (CDKN) a été reçu
pour entreprendre deux études expérimentales pilotes, l’une au Sénégal et l’autre au Kenya, chacune couvrant
plus de deux saisons des pluies. Les objectifs spécifiques de ces études de cas expérimentales sont de:
Démontrer comment la science du climat peut informer efficacement une gamme de processus de
réduction du risque de catastrophe et de planification du développement,
Contextualiser la compréhension émergente de la science du climat aux côtés d’autres facteurs de
vulnérabilité humaine future de manière à évaluer où l’intervention renseignée par la science du climat
pourrait être utile,
Dans un effort de répondre aux demandes des utilisateurs de réunir les sources pertinentes d'apprentissage scientifique,
cette étude de cas définit les informations et les connaissances sur le climat comme relatives à la variabilité et au
changement dans l'atmosphère découlant directement de périodes allant de seconde par seconde à 30 ans.