Opérationnaliser la science du climat: un échange entre
scientifiques du climat et décisionnaires humanitaires et des
politiques de développement.
Etude de cas expérimentale du Sénégal
Partenaires de léchange : Croix Rouge Sénégalaise, Agence Nationale de lAviation Civile et de la
Météorologie du Sénégal (ANACIM), Programme Humanitarian Futures, Kings College de Londres,
Université du Sussex, UK Met Office, Université de Liverpool et Groupe consultatif sur le programme
de recherche agricole sur le changement climatique, lagriculture et la sécurité alimentaire
Résumé exécutif
Pour que les communautés et les agences humanitaires et de développement adaptent leur comportement et
bâtissent leur résistance en réponse à la variabilité saisonnière de même qu’au changement climatique à long
terme, elles doivent accéder à une compréhension pertinente des risques climatiques connus et potentiels,
avec le soutien pour une application appropriée de ces informations. La Croix-Rouge sénégalaise, l’Agence
nationale sénégalaise pour l’aviation civile et la météorologie (ANACIM), le programme Humanitarian Futures,
le King’s College de Londres, et les scientifiques du climat partenaires de l’UK Met Office, l’Université de
Liverpool et l’Université de Sussex ont travaillé avec les communautés exposées au risque d’inondation et de
sécheresse pour surmonter les obstacles afin de soutenir un dialogue plus efficace entre scientifiques du
climat, communautés vulnérables et organisations humanitaires et de développement. L’étude a été en
mesure de:
Renforcer l’accès des décideurs de la communauté et des responsables politiques aux sources pertinentes
d’informations climatiques. La plupart des décideurs de la communauté et des responsables politiques
humanitaires participants ont eu peu de contact, voire aucun, avec les institutions de science météorologique
ou du climat avant l’échange. Toutefois, l’échange a fourni une occasion d’engagement direct avec l’ANAClM
de même qu’une plate-forme pour que chaque communauté s’identifie elle-même et veloppe des canaux,
des médias et des formats novateurs plus pertinents pour communiquer les informations météorologiques et
climatiques, y compris via des tableaux noirs, la radio de la communauté et les SMS. La réception régulière des
prévisions, couplée avec la fourniture de pluviomètres gérés par la communauté, a augmenté la confiance des
membres de la communauté dans les informations météorologiques et climatiques
Démontrer la capacité des informations météorologiques et climatiques à mieux informer le processus de
prise de décision des moyens dexistence à différentes périodes au sein des communautés vulnérables à la
variabilité et au changement climatiques. Alors quil se fixait initialement sur lalerte rapide relative aux
inondations, le dialogue employé dans léchange a permis aux décideurs de la communau et aux
responsables politiques humanitaires dapprécier la variété dopportunités pour employer les informations
météorologiques et climatiques. Les prévisions de fortes pluies sur 24 heures ont permis aux communautés de
prendre des décisions opportunes sur le moment où il était sûr de cultiver et de se déplacer, décisions
nécessaires afin de prendre des mesures pour protéger leurs vies, la sécurité de leurs enfants et leurs moyens
dexistence, y compris le bétail et léquipement. Les informations sur le début et la qualité des pluies
saisonnières reçues de l’ANACIM, couplées avec les observations des pluviomètres de la communauté, ont
renseigné les décisions sur le moment planter et la variété des semences à utiliser. Les membres de la
communauté ont reconnu une augmentation significative dans la production agricole en raison des
changements renseignés par les prévisions en pratique.
Améliorer la compréhension par les scientifiques du climat des besoins climatiques pour les plus exposés au
risque. Le processus d’échange a donné aux météorologues et aux scientifiques du climat une rare occasion de
s’engager directement avec les communautés à risque et d’apprécier la complexité de la fourniture de services
climatiques qui satisfont et répondent aux besoins des différents membres de la communauté. Il a également
souligné l’importance de maximiser la pertinence des périodes de prévision et a garanti qu’elles soient le
mieux en mesure de soutenir les processus de prise de décision critique concernant les moyens d’existence.
Identifier les façons dont la recherche climatique actuelle et future pourrait mieux soutenir la résistance de
la communauté. L’étude expérimentale a en particulier souligné que :
- Les communautés ont besoin dune variété dinformations sur les différents calendriers et sous
différents formats, y compris des bulletins de prévision et des alertes opérationnelles. Les membres de
la communauté ont souligné la valeur de la réception des alertes de conditions météorologiques
extrêmes de même que de prévisions saisonnières, et léchange a souligné limportance de la
compréhension, la communication et lapplication appropriée des informations probabilistes.
- Il existe des besoins spécifiques au genre dans les services climatiques. Pour les alertes à court terme
nécessitant des mesures immédiates, les voies de communication doivent être adaptées pour atteindre
les femmes et les hommes. Des disparités de sexe dans les types d’informations requises ont également
été identifiées. Par exemple, les femmes étaient particulièrement enclines à recevoir des informations
sur les périodes sèches dans la saison des pluies. Avec les hommes dirigeant leur plantation pour
coïncider avec les premières pluies, la plantation des femmes intervient après les hommes, les rendant
vulnérables aux périodes sèches suivant les pluies initiales et laissant une très courte période pour que
leurs récoltes mûrissent.
Créer un apprentissage soutenu et transmissible. L’échange inter-régional entre les partenaires entreprenant
les études expérimentales au Kenya et au Sénégal a permis le développement d’approches respectives et
l’identification d’apprentissage générique et transmissible. Les partenaires à l’échange sont enclins à étendre
et à élargir l’approche au Sénégal. L’apprentissage tiré de l’échange a été présenté à des ateliers nationaux et
partagé dans une grande variété de forums internationaux, y compris le Programme de recherche climatique
mondial et les processus de consultation dans le développement de services climatiques du cadre global de
l’Organisation météorologique mondiale.
INDEX
Résumé exécutif
1. L’approche de l’échange
2. Les activités d’échange
3. Approches de dialogue employées
4. L’impact des activités d’échange :
4.1 Renforcer l’accès et la compréhension des décideurs de la communauté et des responsables
politiques humanitaires aux sources d’informations du climat pertinentes.
4.2 Améliorer la compréhension des scientifiques du climat sur les besoins d’informations
climatiques des personnes les plus à risque et permettre aux inquiétudes de la communauté
d’informer le futur programme de recherche de la science du climat.
4.3 Démontrer comment la science du climat informe plus efficacement la prise de décision des
moyens d’existence
5. Durabilité et transmissibilité
6. Les documents développés
IMAGES
Première de couverture : Photo de membres du village à Malem Thierigne, Kaffrine, regardant une vidéo d’activités du
projet expérimental proposé et identifié à travers une phase de conception participative du
projet. Source : Arame Tall, octobre 2011
Page 5 : Discussion de la prévision saisonnière au sein d’une réunion communautaire à Kaffrine.
Source : Samuel Carpenter, 2012
FIGURES
Figure 1. District de Kaffrine au Sénégal
Figure 2. Chronologie des activités de l’étude expérimentale d’échange
Figure 3. Problèmes soulignés dans la première saison pilote, et comment ils ont été abordés dans la deuxième
saison pilote ou considérés pour l’avenir.
Figure 4. Constatations et conclusions des 2 consultations techniques
Figure 5. Acteurs du jeu de rôle de prévision d’alerte rapide - action précoce
ACRONYMES
ANACIM Agence Nationale de l’Aviation Civile et de la Météorologie du Sénégal (Senegalese National Agency for
Civil Aviation and Meteorology)
ANAMS Agence Nationale de la Météorologie du Sénégal (Senegalese National Agency of Meteorology)
CDKN Réseau de connaissance du climat et du développement (Climate and Development Knowledge
Network)
CCAFS Programme sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire du Groupe consultatif
pour la recherche agricole internationale (Consultative Group on International Agricultural Research ou
CGIAR)
CRS Croix Rouge Sénégalaise (Senegal Red Cross)
CSRP Partenariat de recherche des services climatiques (Climate Services Research Partnership)
DFID Département pour le développement international du Royaume-Uni (UK Department for International
Development)
HFP Programme Humanitarian Futures
ECMWF Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (European Centre for Medium-
Range Weather Forecasts)
EWEA Alerte rapide - Action précoce (Early Warning-Early Action)
MSG Météosat de deuxième génération (Meteosat Second Generation)
UKMO Bureau météorologique du Royaume-Uni (UK Met Office)
REMERCIEMENTS
Nous aimerions remercier tous ceux qui ont pris part à ce partenariat déchange, notamment les membres des
3 communautés de Kaffrine où ce travail a été entrepris, la Croix Rouge sénégalaise, lAgence Nationale de la
Météorologie du Sénégal (ANACIM) et le Programme sur le changement climatique, lagriculture et la sécurité
alimentaire (CCAFS) du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), de même que les
partenaires internationaux, notamment ceux des Universités du Sussex et de Liverpool et lUK Met Office.
Létude expérimentale de léchange et cette publication ont été subventionnées par le Réseau de connaissance
du climat et du développement (www.cdkn.org).
1. L’approche de l’échange
Pour que les agences humanitaires et de développement, de même que les communautés, adaptent leur
comportement et bâtissent leur résistance en réponse à la variabilité saisonnière ainsi qu’au changement
climatique à long terme, elles doivent accéder à une information et compréhension des risques climatiques
connus et potentiels. Cependant, le partage des informations sur le climat est entravé par des obstacles
majeurs entre météorologues et scientifiques
1
du climat d’une part, et les communautés vulnérables et
organisations humanitaires et de développement d’autre part.
L’un des obstacles concerne le type de média utilisé pour diffuser les informations sur le climat. Actuellement,
les informations des agences météorologiques nationales, y compris celles du Senegal, sont principalement
diffusées au Senegal par des canaux auxquels certaines communautés rurales n’ont pas accès, comme
Internet, la TV et les journaux. Par ailleurs, les informations fournies par ces canaux sont souvent compressées
sous une forme trompeusement déterministe, masquant par exemple les incertitudes quant au niveau des
précipitations dans une prévision saisonnière.
Le type dinformation constitue un deuxième obstacle. Les objectifs, la terminologie, le foyer géographique et
les délais considérés comme pertinents par les scientifiques ne correspondent pas aux besoins dinformations
des communautés. Les scientifiques du climat sont inquiets de lusage inopportun de leurs recherches et des
risques de défaut dadaptation, tandis que les utilisateurs sont freinés par les types dinformation scientifiques
à leur disposition. Les prévisions saisonnières des précipitations totales sont disponibles à travers lAfrique
sub-saharienne, y compris le Sénégal, mais les prévisions les plus souvent utiles aux communautés exposées
aux risques de sécheresse et dinondations sont celles qui fournissent des informations localisées sur le début
des pluies, les périodes des pluies intenses, la durée de la saison des pluies et les périodes sèches durant ce
laps de temps.
Traiter l’adaptation météorologique à court terme et promouvoir l’adaptation au niveau de la communauté
exigent des scientifiques qu’ils comprennent mieux les besoins d’informations climatiques des utilisateurs, et
les formats et canaux par lesquels ils peuvent répondre au mieux à ces besoins. Cela cessite également que
les agences qui supportent les communautés soient prêtes à investir dans la planification d’avenir et le
développement de « l’alphabétisation scientifique » requis pour comprendre et appliquer l’apprentissage
scientifique émergent relatif à la vulnérabilité future.
Pour que les utilisateurs accèdent à, comprennent et agissent de façon appropriée sur la recherche
scientifique se rapportant aux vulnérabilités futures, il existe un besoin de dialogue pratique entre les
scientifiques et ces utilisateurs plus directement affectés. Ce n’est que par le soutien d’un tel dialogue que les
utilisateurs sauront quelles questions poser à la science émergente et que les scientifiques seront en mesure
de comprendre comment les données et la connaissance qu’ils produisent peuvent mieux renseigner les
processus et les contextes de prise de décision humanitaires et de développement spécifiques.
Depuis 2009, le Programme Humanitarian Futures, basé au King’s College de Londres, soutient un échange
entre les scientifiques du climat des départements météorologiques nationaux au Sénégal, au Kenya et au
Royaume-Uni, les universités de Liverpool, d’Oxford et du Sussex, et les responsables politiques des ONG
internationales CAFOD, Christian Aid et Oxfam GB, de même que la Croix-Rouge sénégalaise et le Programme
de recherche sur le changement climatique, l’agriculture et la sécurité alimentaire (Research Program on
Climate Change, Agriculture and Food Security ou CCAFS) du CGIAR. L’objectif de cet échange est de fournir
une plate-forme de dialogue qui puisse enjamber les obstacles actuels et améliorer la résistance de la
communauté. En 2011, un financement de l’Alliance pour le climat et le développement (CDKN) a été reçu
pour entreprendre deux études expérimentales pilotes, l’une au Sénégal et l’autre au Kenya, chacune couvrant
plus de deux saisons des pluies. Les objectifs spécifiques de ces études de cas expérimentales sont de:
Démontrer comment la science du climat peut informer efficacement une gamme de processus de
réduction du risque de catastrophe et de planification du développement,
Contextualiser la compréhension émergente de la science du climat aux côtés d’autres facteurs de
vulnérabilité humaine future de manière à évaluer l’intervention renseignée par la science du climat
pourrait être utile,
1
Dans un effort de répondre aux demandes des utilisateurs de réunir les sources pertinentes d'apprentissage scientifique,
cette étude de cas définit les informations et les connaissances sur le climat comme relatives à la variabilité et au
changement dans l'atmosphère découlant directement de périodes allant de seconde par seconde à 30 ans.
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