L'Intermédiaire
La réponse à cette question réside dans un enseignement remarquable des Mystères qui est exposé
dans plusieurs récits des écrits Gnostiques. Les initiés utilisaient le terme inventé Mesotes pour décrire
l'inuence spécique de l'intercession Christique sur l'espèce humaine. Mesotes ( de meso-, “milieu”
“mi-chemin”) signie “medium” “intermédiaire”. Le Second Traité du Grand Seth (66:3-8) déclare
que nous “devenons complets dans l'ineffabilité intérieure par un code vivant, en atteignant une union
parfaite au travers du Mesotes, le médium de Jésus”. Le terme Copte exact est MESOTES NTE IS, “le
médium de Jésus”. Un certain processus dans la nature humaine, dans la conguration génétique de
notre espèce, était considéré être mis en oeuvre au travers du “médium de Jésus”. Mais qui est Jésus,
d'un point de vue initiatique?
Dans les textes Gnostiques Coptes, les noms de Jésus et de Christ ne sont jamais écrits en plein mais
ils sont indiqués par des codes tels que les lettres IS avec un trait au-dessus. Les érudits remplissent
systématiquement les espaces, rendant IS par I(eseo)S, la forme en Grec du nom Hébraïque Yeshua. Ils
prennent, en fait, de très grandes libertés littéraires car il n'existe aucune preuve textuelle permettant
d'inférer que, dans l'usage qu'en faisaient les Gnostiques, le terme IS indiquait une personne historique
portant le nom de Ieseos, Jésus. IS pourrait tout aussi bien être traduit d'une autre façon: I(asiu)S, qui
donne le nom Iasius, le “guérisseur”, un titre plutôt qu'un nom commun. Néanmoins, les traducteurs
supposent qu'IS indique le Jésus du Nouveau Testament. Les érudits, en bref, ne nous donnent pas la
chance de supposer qu'IS puisse indiquer quelque chose d'autre qu'une personne réelle dont l'identité
est prédéterminée.
Il en est de même pour Christ. Le code pour Christ est XS ou parfois XRS, ce qui pourrait tout aussi bien
indiquer Christos ou encore Chrestos. En Copte, cela s'écrit XC, avec un trait au dessus. X est la lettre
Grecque Chi et C est la lettre Copte S. Les érudits remplissent XC an que cela puisse rendre “Christ”,
jamais “Christos” malgré que “Christos” soit beaucoup plus cohérent de par la lettre nale S. Lorsque
XC apparaît, par exemple, dans l'Apocryphe de Jean, les érudits mettent le Christos Grec entre pa-
renthèses mais traduisent le terme codé par Christ. Ce faisant, ils identient automatiquement XC avec
l'entité bien connue de la théologie Johannine et Pauline. C'est encore une fois une liberté littéraire. Si
l'on considère tous les écrits Gnostiques qui argumentent contre le rédempteur de Jean et de Paul, cette
équivalence est extrêmement douteuse. Lorsqu'ils sont associés, les deux termes codés semblent corres-
pondre à la formule théologique bien connue concernant la nature duale de Jésus Christ: le personnage
historique IS et le “Christ intérieur”, XRS. Il semblerait quasiment que l'enseignement des Mystères sur
le Mesotes implique une sorte de Christologie ésotérique cohérente avec la théologie doctrinaire. C'est
cependant loin d'être le cas.
Même si IS est décodé en tant que “Jésus”, il faut admettre le fait que les initiés des Mystères Païens ne
considéraient pas le Jésus historique, ou tout autre personnage historique, comme le thérapeute éternel
et l'intermédiaire. Le “Jésus éternel”, IS ETONE en Copte, est un autre nom pour le Mesotes. Le terme
Copte ETONE dénote une acception de “vivant” qui transcende une personne particulière et incarnée. Si
l'on veut rester cohérent avec les enseignements des Mystères, on ne peut pas identier IS ETONE avec
une quelconque personne historique qui ait vécu et décédé car c'est une présence psychique qui trans-
cende une identité biologique particulière. Pour les Gnostiques, IS ETONE était une présence éternelle
dans la psyché humaine et dans l'ensemble de la biosphère. Mesotes, “l'intermédiaire” dénote la fonc-
tion intrapsychique du “Jésus éternel”, une fonction spéciquement initiée par l'intercession du Christos
- c'est pourquoi on ne peut la trouver à l'oeuvre dans la psyché humaine que parce que cet événement
s'est réellement manifesté. Grâce à l'intercession, une présence en vient à vivre éternellement dans l'at-
mosphère comme une image rémanente qui ne faiblit jamais: IS ETONE, le guérisseur éternel.
La formule de l'homme-dieu hybride “Jésus-Christ” ne constitue pas un enseignement Gnostique authen-
tique et n'en a jamais constitué un. Le révélateur qui s'exprime dans le Second Traité du Grand Seth
(65:18) déclare “Je suis Christos, l'enfant de l'humanité, le un en vous qui est vous”. Cela peut sembler
être la déclaration la plus limpide, et la moins douteuse, du “Christ à l'intérieur” que l'on puisse imaginer.
Mais peu s'en faut. Cette afrmation évoque l'Eon Christos et non pas le Christ de la théologie du Nouvel
Age, ou le “Christ en vous” de Paul. Il ne s'agit pas d'ergoter sur la sémantique: la différence entre Chris-
tos et Christ est immense. Dans les enseignements des Mystères, le Christos n'est pas un rédempteur
divin pour l'humanité mais un intermédiaire dont l'acte intercesseur inue sur tout le royaume animal
planétaire et non pas exclusivement sur l'espèce humaine. Cependant, la déclaration citée ci-dessus
identie le Christos avec “L'enfant de l'humanité, le un en vous qui est vous” . Mais il s'agit de l'Anthro-
pos, la source divine de l'humanité, et non pas d'un rédempteur qui se tient au-delà de l'humanité. Le
Christos (s'exprimant au travers d'un révélateur) fait cette déclaration pour attirer notre attention sur
notre humanité, et non point pour se révéler lui-même. L'intermédiaire se cache, humblement, et ne