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Quand on était Malade
genévrier ( dzén-évroù ) avec de l’eau chaude ou une tisane d’impératoire et
une bonne prière à saint Victor ; on préparait aussi une tisane au romarin,
aux graines de fenouil sauvage, aux noisettes ( olagne ) ou au laurier ; pour
les ulcères à l’estomac, on disait de sortir les escargots de leur coquille, les
laver à l’eau courante et de les avaler le matin à jeun ( en alternative aux
escargots, des têtards ou des petites grenouilles ) ; pour l’inflammation de
l’appendice prendre, à jeun, une cuillerée d’huile d’olive, avec un peu de
miel si c’est le cas, ou bien un bol de lait caillé ( caillà ) ou encore appliquer
des compresses d’eau bien froide ; pour les hémorragies, plusieurs procédés
sont bons : le « papier » de mélèze, la « chemise » des grillons ou celle des
serpents, la toile d’araignée, les feuilles de plantain ou même le papier de
cigarette ; pour l’inflammation on pouvait boire une cuillérée de graines de
lin dans un bol d’eau, laissé toute une nuit au froid ( a la sén-én-où ou
sérénoù ) ou sinon, une tisane de mauve, feuilles, fleurs et tige comprises ;
pour les hémorroïdes, on conseillait du beurre frais ou bien de se laver avec
de l’eau à la mauve bien froide ; pour les plaies, on utilisait les feuilles de
plantain ou bien on les enduisait de beurre fondu ( beuro coloú ), lavé aux
neuf eaux, c’est-à-dire qu’il fallait mettre une cuillerée de beurre fondu dans
un bol et le laver, réciter un pater et répéter l’opération neuf fois jusqu’à ce
que le beurre ne devienne blanc ; pour les escarres, il fallait tremper des
bluets dans de l’eau de vie, frotter les plaies et prier Jésus-Christ ; pour les
rhumatismes, utiliser des feuilles de choux imbibées d’huile de ricin ou bien
des feuilles de bardane, ( en prenant soin de mettre le dessus de la feuille
sur la partie du corps malade ), de l’arnica ou, encore, des fleurs d’une variété
autochtone de lys ; pour les furoncles, mélanger du soufre végétal avec du
beurre fondu et en prendre une cuillerée le matin à jeun, ou bien leur appli-
quer une tranche de pomme reinette pourrie ; pour les rhumes et les bron-
chites, préparer des tisanes aux violettes de montagne cuites au lait, au
lichen, à la sauge, au tilleul ; on pouvait aussi frotter l’estomac ou le dos
avec du beurre fondu dans une feuille de papier bleu imperméable ( papé
perse ) ou avec le gras de marmotte ( caillón ) ; pour le cathare, faire des inha-
lations ( teuf ) avec des fleurs de camomille ou bien prendre toujours un
papier bleu, l’enduire de beurre fondu et de fleurs de camomille et appli-
quer le tout sur l’estomac avec un chiffon de laine chaud ; pour la toux, on
préparait une tisane avec des noix, des amandes et des noisettes, avec leur
coque, et une cuillerée de miel ; ou bien, toujours pour la toux, y compris la
coqueluche, on devait couper des raves en tranches, les mettre dans une
assiette creuse et les recouvrir de sucre, exposer l’assiette au froid de la nuit,
boire le jus qui se forme, le matin à jeun, ou bien encore préparer une tisane
avec des clous de girofles, un bâton de cannelle, une cuillerée de miel et un
peu d’eau, ajouter à la fin un peu de jus de citron ; pour la pleurésie, il fallait
prendre un ou plusieurs verres larges et bas ( toujours un nombre impair ),
mouiller du coton avec de l’alcool, faire prendre feu et appliquer les verres
chauds contre le dos ( lé vantouze ). Pour la pneumonie plusieurs remèdes