Romain
Weingarten
La
mort
d'Auguste
mise en
scèn
e
Gilda
s Bourdet
A propos
du
Clown
Supp
oso
ns
un
clown
qu
i
joue
Othello.
Il
affi
rme
que
c'est
"pour
de
bon" qu'il
va
étouf-
fer Desdémone
avec
son
grand mouchoir à carreaux.
Ma
lgré
les
objurgations
véhé-
mentes
de
son
comparse,
il
passe à l'acte, Ayant perpétré
ce
crime
odieux,
il
se
souvient
tout à coup qu'l aimait
Desdémone.
Il
éclate en
sa
n-
gl
ots,
mais
per
son
ne
ne
le
prend
au
sérieux, et le
sus-
dit
comparse, impitoyable, conti-
nue
de
le
morigéner :
"vous
voilà
bien
avancé! qu'est-ce
que
vous
allez
faire mainte-
nant ?H (
ri
r
es)
.
Ce
sont des
clowns.
Ce
sont
de
grands
enfants.
Ils
font tout
ça
pour
faire
rir
e
les
petits enfants,
et
les
grands
aussi
que nous
sommes demeurés, Il est vrai
que même au th
éa
t
re,
Othello
ne tue pas Desdémone "pour
de
bon
", faute
de
quoi
il
fau-
d
rai
t changer
la
distribution
tous
les
so
i
rs,
ce
qui est
pratiquement impossible.
Toutefois,
le
temps d'une
rep
résentation,
nous
sommes
censés
nous
laisser
emporter
par l'il
lu
sion
scénique et
pleu
-
rer
à
chaudes
larmes
la fin tra-
gique
de
l'h
éroïne
,
Le
clown,
lui ,
ne
manquera
pas
de
dénoncer
le
tr
agique à
me
su-
re
qu
'il
le
joue, afin que
les
petits enfants
ne
soient
pas
submer
gés
par l'épouvante et
le chagrin que pourraient à
ju
ste
titre provoquer
en
eux
le
comportement
des
grands.
Comme dirait l'Arlequin
de
Santeu
l (voir l
es
pages
r
os
es
du
petit Lar
ousse)
"castigat
ridendo
mo
r
es"
: il corri
ge
en
riant
le
Maure.
C'e
st
la
fo
rm
le
même
de
la distanciation.
Mais loin
de
calmer le
je
u
du
clown,
el
le lui permet
au
contr
aire
de
le
pousser
à bout,
d'affronter
sans
dommage
les
situations extrêmes, comme la
mor
t,
de
l
es
surjouer
en
somme,
tout
en
les
déjouant:
on
nous
pr
év
ient.
si
ça
va
v
ra
i-
ment trop
ma
l, qu'il s'agit
d'un j
eu
,
au
sens
premier
du
ter
me
.
Et
tantôt
on
considére-
ra
qu'on
se
trouve
en
face
d'une logique purement
enfanti
ne
, tantô
t,
à l'inver
se,
d'une forme
soph
istiquée
de
théiltre
au
second degré.
Ma
is au fond,
ce
s
de
ux
points
de
v
ue
se
rejoignent,
car
si
derri
ère
le
perso
n
nage
on
sait
bien que c'est l'act
eu
r qui
reg
ar
de,
derrière le m
as
que
du
clown
qu
i joue
le
per
sonna
ge
,
qui
se
cache
7
Qu
i r
eg
ard
e?
Qui
est
l'acteur
si
ce
n'est
l'éternel
en
f
ant,
je
veux
dire
l'i
nnoc
ence
premiè
re,
ou
p
lu
-
t6t, (puisqu'à mon
av
is
el
le
ne
peut être perdue, et
ne
dépend d'aucune ci
rcon
stan-
ce)
l'innoce
nce
fondamental
e?
C'e
st
ver
s e
ll
e
aussi,
et pour
me
f
aire
pardonner quel
ques
chancetés
gr
atuites, que
je
tente
de
mener
me
s deux
compères,
l
ors
qu'en définit
ive
,
à bout
de
forces
, à bout d'ar-
gument
s,
à bout de muni-
t
ions,
ils vont déposer
leurs
armes
aux
p
ie
ds
de
la belle
Zita.
Roma
in
We
ingarten
Un
comique
sournoise-
ment
anthropologique
et
philosophique
C'est
une
étrange entrepr
is
e
que
de
s'ex
erce
r à
fa
i
re
rire
se
s
contemporains.
Le
maigre
prestige que l'on peut
en
ret
i-
re
r,
le
cas
échéant,
est
tou-
jours
en
t
ac
d'un soupçon
de
mépris
et
de
con
de
s
cen
-
dance.
Sans
doute faut-il,
pour
s'y
atteler,
avoir le cœur
bien
gros
- et lourd -d'avoir
vu
p
asse
r
su
r
sa
te "beaucoup
de
nuages"
Le
comique
de
Weingarten
es
t
inspiré par
le
besoin
de
révéler,
sans
l
es
dir
e,
l
es
batai
lles
qu'il
faut
liv
r
er
t
ou
te
une
vie
du
rant
contre cet inconvénient
ma
je
ur d'être
un
jour
ven
u
au
monde et l
es
catastroph
es
qu
i
s'ensuivent.
Le
rire qu'il
engendre
est
fait d'un m
ysté-
ri
eu
x
all
i
age
de
pudeur
et
d'in-
congruité. L'émotion n'en
est
jamais
très
éloignée.
Car
si
l'auteur
se
moque volontiers
de
notre singu
lie
r penchant
pour
la
conquête amoureuse
et
le
cortège d'avatars qui l'
ac-
.
compagne, il
ne
songe
pas
un
in
sta
nt à
en
nier la mystérieu-
se
appétence et l'universelle
nécess
ité.
Da
ns
le
tMatre
de
We
ingarten,
l
es
personnages ont tous
les
dro
its
pu
is
qu
'i
ls
sont
des
per-
s
on
nages
de
théâtre
et
que
leur
le
est
de
jouer tous l
es
rôles
qu'
il
prendra fantais
ie
à
l'auteur
de
leur
fa
i
re
jou
er
.
Leur psychologie n'
es
t ni
plus
ni
moins changeante
qu
e
cel
le
de
chacun
d'entre nou
s,
ni
plus
ni
moins cohérente. Ils
no
us
rapp
e
ll
ent que
nos
exis-
tences
sont
fa
it
es
des
rôles
q
ue
nous
jo
uons
perpétuel
le-
men
t,
sans
même
le
savo
ir
ou
en
feignant
de
l'ignorer.
Auss
i faut-
il
se
rendre à l'évi-
dence que
le
comique
de
We
ing
arten
est
un
com
ique
sournoi
sem
ent anthropolo-
gique
et
philosophique à
la
fois,
qui
exige
du
metteur
en
scène
et
de
ses
interprètes une
gymnastique
sans
f
ai
ll
e,
dia
-
boliquement acrobatique, à
laque
ll
e nous
nous
sommes
exercés
sans
pouvoir nous
en
garantir à nous-même
le
suc-
cès.
Mais
si
ce
jeu-là n'en vaut
pas
la chande
ll
e,
à quoi bon
vo
uer
sa
vie
à singer
celles
des
autres comme nous
nous
échi-
nons à
le
fai
re
sur
la
scène
du
théâtre
sans
autre but que
celui de di
ve
rt
ir.
Gi
l
das
Bou
rdet -Mars 95
Romain
We
ingarten
est
à
Paris
en
1926.
En
1948, il présente
sa
première
pièce, Akara (dont Ionesco
sou
li
gnera
plus
tard
le
le
précurseur)
au
(oncours
des
Jeunes
Comp
agn
i
es
il
l'inter-
prète
lu
i-
même,
avec
Roland
Dubillard, Marc Eyraud et
Tatia
na
Moukhine.
En
1961
il
écrit et met
en
scène
au
Théâtre de Lutèce
Les
Nourrices,
en
1965,
L'Eté
es
t
créé
à Darmstadt, puis
re
pr
is
en
1966
au Poche-
Montparnasse.
Les
rep
résen-
tati
ons
ne
seront interrompues
que
pa
r l
es
événements de
68,
et la p
ièce
sera
jouée dans
le
monde entier.
Su
ivent Alice
dans les jardins
du
Luxembourg (1970), Comme
la
pierre (1970, Comédie-
Française),
La
Mandore (1973)
et
Ne
i
ge
(1979), ai
ns
i qu'une
adaptation
du
Richard Il
de
Shakespeare
(1991
J.
Roma
in Weingarten a égaIe-
ment travaillé pour la radio
(Aller-retour, roman radiopho-
nique
avec
Roland
Dubillard,
Le
Chevalier à
la
triste figure J
et la
lévis
ion
(La
Belle au bois
dormant,
La
Carte postale
).
L'été a été présenté à
la
Colline, dans une mise
en
scène
de
Gi
ld
as
Bourdet,
avec
L
oïc
Houdré, Daniel
Lang
let,
Isabelle Mazin et Dominique
Pinon,
en
septembre 1990, et
rep
ris
avec
le même
succés
la
saison
suivante .
Distribution technique
Di
recteur technique
Fra
ncis Charles
Rég
ie
M
ichelle
Moal
Rég
ie
so
n
Anne
Doremus
Régie
lumière
Daniel
Touloumet
Philippe Finck
Stéphane Hochart
Alel(andre Lebrun
Olivier
Mag
e
Jean-
Mich
el
Pl
a
ton
Vincent
Roudaut
Chef
mach
ini
ste
J
ea
n-Pierre Croquet
Machini
stes
Thierry
Bastier
Christian Félipe
John Guénin
Paul
Millet
David Nahmany
Gérald
Quiquine
Carlos Ribeiro
Acœsso
iriste
George Fiore
Habi
ll
euse
Joce
lyne
Benezet
Construction
du
déco
r
Atelier
Espace & Cie
Secrétar
i
at
Te<:hn
i
que
Fatima Deboucha
Produ
ction
Reg
i
sseur
Jean-Christophe Fournier
Maquille
us
e·coiffeuse
Sandrine
laduré
Romain
Weingarten
La
mort
d'Auguste
m
i
~e
en
scène
Gildas
Bourdet
Assistante à
la
mise
en
scène
Anny
Perrot
Décor
Gildas Bourdet. Edouard
laug
Costumes Christine
Rabot
-Pinson
ass
i
stée
de
Cécile Lozinguez
Lumiè
re Jacky Lautem
Chorégraphie
Maïtê
Fossen
assistée de Carol Vann!
Maquil
lages
Maud Baron
Prot
hèses Elisabeth Daynes
Perruques
et
postiches Guillaume
Tixier
Co
iffures Jane
Milon
Piano,
ch
ef de chant Fanny
Amar
chansons composées par Luce
Mouchel
avec
Jacques
Le
Carpenti
er
Loyal
d'Arsonval
de
lla
Pizza
Luce
Mouchel
Zita
Dominique Pinon Auguste Chipette. dit Yaourt
du
4 Mai
au
18 Juin
1995
représentations
du
mardi
au
sa
me
di
20h30.
dimanche 15h10. re
lâch
e
lundi.
Le
30
ma
i organi
par
le
BDE
de
l'Essec
débat s
ur
le
thème
du
clown,
avec
G
il
das
Bourdet
et
des
personnali
tés
du monde du cirque
horaire
avancê:
19h30, débat 21h30,
Renseignements.
44
62
52
10
Product
ion
Théâtre
nat
ional
de
Ma
r
sei
ll
e
la
Criée
Coréalisation Théâtre
nat
ional
de
la
Co
lline
Le
texte de la pièce est publié aux
Edi
tio
ns
Actes Sud-Papiers
Création
en
France
Durée du spectacle 1 h40 sans
entr'acte
Fronce
Inter
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