ERS n°4 vol5 - John Libbey Eurotext

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ERS n°4 vol5
21/07/06
14:02
Page 227
Brèves
Pollution atmosphérique et cancer
Mots clés : analyse spatiale ; étude cohorte ; évaluation risque ;
Los Angeles ; mortalité ; pollution air.
Analyse spatiale de la pollution de l’air
et mortalité à Los Angeles*
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Selon les résultats d’une étude menée à Los Angeles, les effets
chroniques sur la santé associés aux gradients intra-urbains d’exposition aux particules fines pourraient être plus importants que
ceux rapportés antérieurement d’une agglomération à l’autre.
évaluation de l’exposition
à la pollution de l’air fondée sur les seules concentrations communautaires
moyennes sous-estimerait la
charge attribuable, en termes de
santé, aux concentrations élevées au voisinage des sources.
Les effets sanitaires peuvent être
plus forts autour des sources et
cet impact se trouverait diminué
lorsque les concentrations
moyennes pour la communauté
entière sont utilisées. L’exposition à la pollution atmosphérique
peut varier dans l’espace, au sein
même d’une ville, et ces variations peuvent suivre des gradients
susceptibles d’influencer la sensibilité aux expositions environnementales. Les habitants de
banlieues pauvres peuvent vivre
plus près de sources de pollution
industrielles ou de routes à plus
forte densité de circulation, et
l’erreur de classement selon des
gradients sociaux pourrait expliquer l’effet modificateur du
niveau d’éducation. Le potentiel
de biais des estimations des effets
© phovoir
L’
sanitaires, à l’échelle de l’agglomération, a poussé des auteurs
américains et canadiens à évaluer l’association entre pollution
de l’air et mortalité à l’échelle
intracommunautaire ou intraurbaine.
Une étude partant
des données sanitaires
de la cohorte
de l’American Cancer
Society (ACS)
Cette étude, qui s’est fondée sur
les données sanitaires de la
cohorte de l’ACS II, a porté sur
un site d’étendue géographique
suffisante, disposant de données
de pollution atmosphérique et
comportant suffisamment de
sujets de l’ACS : Los Angeles. Elle
a utilisé les codes postaux à
l’échelle d’une zone (environ
35 000 habitants pour une zone
moyenne de près des 22,5 km2).
Les données intéressant
22 905 sujets ont été extraites à
partir de la cohorte de l’ACS pour
la période 1982-2000, comptant
5 856 décès.
Les expositions à la pollution de
l’air provenant de 23 stations
fixes de mesure pour les particules fines (particules de diamètre inférieur à 2,5 µm – PM2,5)
et de 42 stations pour l’ozone ont
été interpolées.
La proximité de routes à circulation
Environnement, Risques & Santé – Vol. 5, n° 4, juillet - août 2006
rapide a été utilisée comme mesure
de la pollution liée au trafic.
Une liste standardisée de 44 facteurs potentiels de confusion a
été établie et prise en compte,
parmi eux : le mode de vie ; les
habitudes alimentaires ; les données démographiques, professionnelles, l’éducation ; plus de
10 variables évaluant le tabagisme. Huit variables écologiques ont aussi été établies,
pour les zones du code postal,
afin de prendre en considération
le contexte confondant du voisinage, socio-économique et environnemental (revenus, inégal i tés sociales, éducation,
dimension de la population,
composition ethnique, chômage,
pourcentage de sujets ayant l’air
conditionné…).
Des effets sanitaires
accrus lorsque les
gradients intra-urbains
sont pris en considération
• Après ajustements sur 44 facteurs confondants individuels, le
risque relatif (RR) était, pour la
mortalité toutes causes, pour une
augmentation de 10 µg/m3
de PM2,5, de 1,17 (IC à 95 % :
1,05-1,30). Lorsque ces 44 variables
individuelles et une variable écologique ou plus, par exemple le
chômage, étaient prises en
compte, le RR était de 1,15 (IC à
95 % : 1,03-1,28). Il était de 1,11
(IC à 95 % : 0,99-1,25) lorsque les
ajustements sur les facteurs
confondants individuels et contextuels étaient effectués, incluant
toutes les variables écologiques
associées à la mortalité.
• Les auteurs observent des effets
sur la santé près de trois fois plus
forts que ceux des analyses antérieures de l’ACS utilisant les
contrastes d’expositions intercommunautaires, soit un accroissement de 17 % en comparaison
de 6 % dans les études antérieures dont les modèles prenaient en compte les 44 facteurs
confondants individuels. Ils ajoutent qu’en prenant en compte les
facteurs confondants du voisinage les estimations des effets
sont d’environ 50 à 90 % plus
élevées que dans les analyses
antérieures.
• Ils relèvent, parmi les effets sanitaires, des arguments de spécificité
qu’ils considèrent comme convaincants, notamment des associations
entre pollution de l’air et cardiopathies ischémiques plus fortes que
pour les mesures plus générales
de mortalité cardio-pulmonaire
ou de mortalité toutes causes.
Pour la mortalité par cancer, le
risque est apparu décroître du
risque de décès par cancer du
poumon, au risque de décès par
cancers digestifs, puis au risque
de décès tous cancers.
Les RR pour la mortalité par
cardiopathie ischémique et par
cancer du poumon allaient
de 1,24 à 1,60 selon les modèles.
• Peu de RR élevés ont été notés
pour l’ozone, qui n’est pas
apparu jouer de rôle confondant
dans la relation entre particules
et mortalité.
CG
* Jerrett M1, Burnett RT, Ma R, et al. Spatial analysis of air pollution and mortality
in Los Angeles. Epidemiology 2005 ; 16 :
727-36.
1
University of Southern California, Los
Angeles, USA.
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