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Environnement, Risques & Santé Vol. 5, n° 4, juillet - août 2006
Brèves
évaluation de l’exposition
à la pollution de l’air fon-
dée sur les seules concen-
trations communautaires
moyennes sous-estimerait la
charge attribuable, en termes de
santé, aux concentrations éle-
vées au voisinage des sources.
Les effets sanitaires peuvent être
plus forts autour des sources et
cet impact se trouverait diminué
lorsque les concentrations
moyennes pour la communauté
entière sont utilisées. L’exposi-
tion à la pollution atmosphérique
peut varier dans l’espace, au sein
même d’une ville, et ces varia-
tions peuvent suivre des gradients
susceptibles d’influencer la sen-
sibilité aux expositions environ-
nementales. Les habitants de
banlieues pauvres peuvent vivre
plus près de sources de pollution
industrielles ou de routes à plus
forte densité de circulation, et
l’erreur de classement selon des
gradients sociaux pourrait expli-
quer l’effet modificateur du
niveau d’éducation. Le potentiel
de biais des estimations des effets
sanitaires, à l’échelle de l’agglo-
mération, a poussé des auteurs
américains et canadiens à éva-
luer l’association entre pollution
de l’air et mortalité à l’échelle
intracommunautaire ou intra-
urbaine.
Une étude partant
des données sanitaires
de la cohorte
de l’American Cancer
Society (ACS)
Cette étude, qui s’est fondée sur
les données sanitaires de la
cohorte de l’ACS II, a porté sur
un site d’étendue géographique
suffisante, disposant de données
de pollution atmosphérique et
comportant suffisamment de
sujets de l’ACS : Los Angeles. Elle
a utilisé les codes postaux à
l’échelle d’une zone (environ
35 000 habitants pour une zone
moyenne de près des 22,5 km2).
Les données intéressant
22 905 sujets ont été extraites à
partir de la cohorte de l’ACS pour
la période 1982-2000, comptant
5 856 décès.
Les expositions à la pollution de
l’air provenant de 23 stations
fixes de mesure pour les parti-
cules fines (particules de dia-
mètre inférieur à 2,5 µm – PM2,5)
et de 42 stations pour l’ozone ont
été interpolées.
La proximité de routes à circulation
rapide a été utilisée comme mesure
de la pollution liée au trafic.
Une liste standardisée de 44 fac-
teurs potentiels de confusion a
été établie et prise en compte,
parmi eux : le mode de vie ; les
habitudes alimentaires ; les don-
nées démographiques, profes-
sionnelles, l’éducation ; plus de
10 variables évaluant le taba-
gisme. Huit variables éco-
logiques ont aussi été établies,
pour les zones du code postal,
afin de prendre en considération
le contexte confondant du voisi-
nage, socio-économique et envi-
ronnemental (revenus, inéga-
lités sociales, éducation,
dimension de la population,
composition ethnique, chômage,
pourcentage de sujets ayant l’air
conditionné…).
Des effets sanitaires
accrus lorsque les
gradients intra-urbains
sont pris en considération
Après ajustements sur 44 fac-
teurs confondants individuels, le
risque relatif (RR) était, pour la
mortalité toutes causes, pour une
augmentation de 10 µg/m3
de PM2,5, de 1,17 (IC à 95 % :
1,05-1,30). Lorsque ces 44 variables
individuelles et une variable éco-
logique ou plus, par exemple le
chômage, étaient prises en
compte, le RR était de 1,15 (IC à
95 % : 1,03-1,28). Il était de 1,11
(IC à 95 % : 0,99-1,25) lorsque les
ajustements sur les facteurs
confondants individuels et contex-
tuels étaient effectués, incluant
toutes les variables écologiques
associées à la mortalité.
Les auteurs observent des effets
sur la santé près de trois fois plus
forts que ceux des analyses anté-
rieures de l’ACS utilisant les
contrastes d’expositions inter-
communautaires, soit un accrois-
sement de 17 % en comparaison
de 6 % dans les études anté-
rieures dont les modèles pre-
naient en compte les 44 facteurs
confondants individuels. Ils ajou-
tent qu’en prenant en compte les
facteurs confondants du voisi-
nage les estimations des effets
sont d’environ 50 à 90 % plus
élevées que dans les analyses
antérieures.
Ils relèvent, parmi les effets sani-
taires, des arguments de spécificité
qu’ils considèrent comme convain-
cants, notamment des associations
entre pollution de l’air et cardio-
pathies ischémiques plus fortes que
pour les mesures plus générales
de mortalité cardio-pulmonaire
ou de mortalité toutes causes.
Pour la mortalité par cancer, le
risque est apparu décroître du
risque de décès par cancer du
poumon, au risque de décès par
cancers digestifs, puis au risque
de décès tous cancers.
Les RR pour la mortalité par
cardiopathie ischémique et par
cancer du poumon allaient
de 1,24 à 1,60 selon les modèles.
Peu de RR élevés ont été notés
pour l’ozone, qui n’est pas
apparu jouer de rôle confondant
dans la relation entre particules
et mortalité.
CG
* Jerrett M1, Burnett RT, Ma R,
et al
. Spa-
tial analysis of air pollution and mortality
in Los Angeles.
Epidemiology
2005 ; 16 :
727-36.
1University of Southern California, Los
Angeles, USA.
Selon les résultats d’une étude menée à Los Angeles, les effets
chroniques sur la santé associés aux gradients intra-urbains d’ex-
position aux particules fines pourraient être plus importants que
ceux rapportés antérieurement d’une agglomération à l’autre.
L’
Mots clés : analyse spatiale ; étude cohorte ; évaluation risque ;
Los Angeles ; mortalité ; pollution air.
Pollution atmosphérique et cancer
Analyse spatiale de la pollution de l’air
et mortalité à Los Angeles*
© phovoir
ERS n°4 vol5 21/07/06 14:02 Page 227
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