publics, responsables associatifs etc., dont certains, là aussi, choisissent ensuite de poursuivre
leurs études. Ils ne peuvent, cependant, à eux seuls répondre à l’ensemble des besoins en
formation du public en cause, ni en amont, pour des personnes au niveau insuffisant en français,
ni en aval, pour ceux qui, au contraire, voudraient aller plus loin dans leur connaissance du
fait religieux.
2. Universités et instituts de formation d’imams : des approches clairement différenciées
L’approche du fait religieux et de l’islam est, il faut le rappeler, d’une nature différente selon
que l’on soit à l’Université ou dans les instituts de formation des imams : là où les instituts
abordent nécessairement le sujet sous un angle confessant, la démarche universitaire est par
définition rationnelle, scientifique et non-confessante. Si l’apprentissage de la langue arabe
constitue, avec des méthodes contrastées, un point de recoupement important, les autres
matières enseignées sont largement différenciées, et les cursus présentent peu de points de
contact. En outre, l’université assure des missions de recherche (Master, doctorat) qui
n’existent pas dans les instituts de formation des imams.
Du côté de l’université, plusieurs cercles disciplinaires existent, allant de l’islamologie
fondamentale, à savoir l’approche textuelle et philologique des sources scripturaires, à
l’ensemble des sciences sociales du religieux, incluant la sociologie, la science politique,
l’anthropologie voire le droit, en passant par l’histoire. L’islamologie française est cependant
au bord de la rupture, menacée par la disparition de ses grandes figures et un réel décrochage
par rapport à une islamologie internationale très dynamique. Les différentes disciplines citées
à l’instant sont rarement abordées dans des formations universitaires dédiées à l’islam ou aux
mondes musulmans, et encore insuffisamment couplées à un apprentissage de l’arabe pourtant
indispensable. Quant aux départements de langue, qu’il s’agisse de l’arabe ou des autres
langues du monde musulman étudiées en France (turc, persan, ourdou à La Réunion), ils font
trop souvent figure de parents pauvres de l’université.
S’agissant des instituts de formation, l’apprentissage du Coran constitue bien souvent un
préalable indispensable à la poursuite des études, qui portent ensuite sur les « sciences
religieuses » que sont en priorité le fiqh, ou jurisprudence islamique, l’étude du hadith (les
faits, gestes et propos attribués au Prophète et à ses Compagnons), ou encore la vie du Prophète
(Sîra). Ces instituts de formation récente ont généralement paré au plus pressé, de façon
empirique, et à la demande de leurs élèves (arabe, Coran, fiqh). Il faudrait qu’une nouvelle
étape les conduise à acquérir un positionnement pleinement académique : construction
véritablement universitaire des maquettes de formation, diversification des disciplines
enseignées (sciences humaines et sociales), proportion majoritaire de docteurs parmi les
enseignants, une recherche au rayonnement international et qui ne se limite pas au clivage
confessionnel.
3. Des options à écarter
Certaines options, initialement évoquées devant la mission par des personnes auditionnées,
doivent être écartées, pour des raisons tenant au respect des principes constitutionnels de
laïcité et de liberté de l’enseignement.
C’est le cas de l’hypothèse, parfois invoquée, d’une « reprise en main » de certains instituts
privés par l’État. Celle-ci est impossible, car l’État n’a pas vocation à contrôler davantage les