elle commet une entrave au principe de laïcité. Demander aux musulmans de France
de respecter l’égalité hommes-femmes, c’est donner l’impression que les musulmans de France
vivent dans un autre pays. Or ils sont à l’image de leur société française. On ne demande pas
aux catholiques d’introduire dans leur droit canon et leur ecclésiologie l’égalité hommes-
femmes en matière de désignation de femmes pour la fonction de prêtrise. On a le droit de ne
pas être d’accord avec une religion tant que ses pratiques ne s’opposent pas au droit français.
Mal-être
Pourquoi désigner les mosquées uniquement ? Alors que d’autres cultes, comme l’Eglise
orthodoxe, bénéficient de financements venant de la Russie. Ce qui doit importer à l’autorité
publique, c’est le contenu du discours, la nature des pratiques et des enseignements. Toute
étude qui prêche la haine, le racisme, l’antisémitisme, l’homophobie, la violence
doit tomber sous le coup de la loi.
Dans les faits, les grandes mosquées financées par des Etats étrangers sont classées parmi les
« mosquées modérées ». Aussi, il ne suffit pas de construire une mosquée avec l’argent des
fidèles pour que celle-ci soit « modérée », ni que l’imam soit formé en France pour être
forcément un imam modéré. Beaucoup d’imams étrangers sont beaucoup plus modérés que
certains imams français de la deuxième génération pourtant formés en France.
AUJOURD’HUI, C’EST L’ORGANISATION ETAT ISLAMIQUE, DEMAIN CES JEUNES
POURRAIENT ADHÉRER À UNE AUTRE FAUSSE CAUSE TANT QU’ELLE S’INSCRIT CONTRE
LEUR SOCIÉTÉ
Réformer l’islam, oui, mais croire que cela va éradiquer la radicalisation chez les jeunes, c’est
se faire des illusions. C’est même faire diversion pour ne pas voir les causes profondes de ce
phénomène. La radicalisation comme processus préliminaire au terrorisme s’explique en
premier lieu par un mal-être dont souffrent certains individus mal installés dans la société.
Leur recrutement procède par prélèvement scripturaire sélectif et démagogique à
visée géopolitique en premier chef. Au fond, cet embrigadement ne l’est pas vraiment, car
l’allégeance que ces jeunes prêtent à ce fantôme de l’organisation Etat islamique par le biais du
virtuel n’est qu’un alibi pour se venger de leur société.
Lire aussi : Tareq Oubrou : « Il faut adapter l’islam à la mentalité française »
Aujourd’hui, c’est l’organisation Etat islamique, demain ces jeunes pourraient adhérer à une
autre fausse cause tant qu’elle s’inscrit contre leur société. On leur demande de respecter les
valeurs de la République, lesquelles valeurs, parfois, ne sont pas respectées par ceux qui sont
censés les défendre et les incarner.
Ce radicalisme est le résultat d’un échec d’intégration par le scolaire et le travail, d’une
démission des parents et d’un manque d’affection à cause de l’effritement des liens familiaux.
C’est un phénomène qui concerne tous ceux qui ont une responsabilité éducative, politique,
médiatique, religieuse. Que chacun assume sa part de responsabilité.