
élucidée, mais démontre clairement que l'état hypnotique est différent de l'état de
conscience normale. Ces études pourraient suggérer un processus compétitif, entre la
perception de la douleur et une focalisation de l'attention par des suggestions visuelles
et/ou de mémoire obtenue par l'hypnose.
La gestion de la douleur par l'hypnose
La douleur est un phénomène beaucoup plus complexe, que ne le définit l'Association
internationale d'étude de la douleur. En plus des deux composantes, sensorielle et
affective, reconnues officiellement, d'autres dimensions (culturelles, sociales,
psychologiques) devraient être incluses. En effet, la douleur n'est pas seulement un
signal d'alarme révélant une pathologie, mais peut être aussi un moyen de
communication pour exprimer un mal-être, un moyen efficace pour communiquer à son
entourage que «quelque chose ne va pas», comme par exemple un conflit interne ou
externe, une dépression, une angoisse, etc. De plus, une symptomatologie douloureuse
permet, dans un certain nombre de situations, le plus fréquemment de manière
inconsciente, d'obtenir des bénéfices secondaires, comme par exemple, financiers dans
les cas d'une sinistrose, et/ou affectifs lors de difficultés relationnelles.
L'hypnose fait partie du domaine psycho-social de la médecine, son efficacité se base
essentiellement sur la qualité de la relation patient-médecin, et n'utilise pas,
contrairement aux autres thérapies possibles, d'interventions externes (médicaments,
attelles, chirurgie, etc.) pour traiter la douleur. De ce fait, elle aborde le patient
probablement de façon plus globale que les autres « thérapies physiques » de la
douleur, et tient compte davantage du contexte psycho-social, des attentes, des
représentations des patients. Par son approche holistique, l'hypnose peut permettre, en
plus de diminuer la composante sensitive du symptôme, d'augmenter la capacité de
faire face (coping capacity) à la douleur en favorisant une amélioration de l'hygiène de
vie, un sommeil de meilleure qualité, une meilleure alimentation, une meilleure
endurance à l'exercice physique. Elle peut transformer un patient passif se comportant
en victime, en un patient responsabilisé participant activement à sa prise en charge.
Une hypnose formelle nécessite l'intervention d'un thérapeute formé, qui sélectionne
les patients après une anamnèse, un examen approfondi et des examens
complémentaires si nécessaire pour confirmer ou infirmer un diagnostic. Il peut être en
effet dangereux de pratiquer l'hypnose dans les cas où elle occulte des symptômes
pouvant nécessiter un traitement chirurgical (une tumeur cérébrale par exemple) ou
médicamenteux (une céphalée d'une méningite).
Le thérapeute doit aussi sélectionner le patient sur son profil psychologique : l'hypnose
peut être moins ou pas efficace chez un patient qui retire consciemment ou
inconsciemment un bénéfice secondaire de son symptôme douloureux (financier ou
émotionnel), ou si le patient a une attente démesurée de l'intervention hypnotique
(disparition totale d'une douleur chronique par exemple). Afin de contourner ce type de
«résistance», un entretien individualisé peut s'avérer nécessaire pour expliquer le rôle
actif et la responsabilité du patient dans ce type de traitement, où l'objectif est une
amélioration de la qualité de vie sans nécessairement modifier les bénéfices
secondaires.
Une autre cause d'échec est la mauvaise compréhension des besoins du patient par le
thérapeute ; la douleur pouvant être un symptôme écran d'un «mal-être» plus profond
(dépression, conflits, etc.).
Malgré sa nature «non invasive», l'hypnose n'est pas une thérapie douce et nécessite
une sélection rigoureuse des sujets avant toute démarche, parfois même une évaluation
psychiatrique. La précipitation d'une décompensation psychotique à la suite d'une
séance d'hypnose est une des complications les plus redoutées.
Afin de ne pas suggérer des situations angoissantes durant la transe qui pourraient
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