ethique de la finance et l`exemple de la finance islamique

Master 2 Analyse économique et développement International
Développement durable dans les PED et en transition
Nodira Akhmedkhodjaeva
Mohamed Choukri
Arthur Vaillant
ETHIQUE DE LA FINANCE
ET L’EXEMPLE DE LA FINANCE ISLAMIQUE
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TABLE DES MATIERES
Introduction
I. Les fondements éthiques de la finance ……………………………………. 5
A. La notion de responsabilité : le fondement de l’éthique financière ………… 5
1. Rôle et responsabilité des opérateurs financiers ………………………….. 5
2. Enjeux de responsabilité dans le domaine de la finance…………………... 6
B. Une responsabilité mal définie car mal perçue……………………………... 7
C. Instruments de confiance…………………………………………………… 9
II. Les finances éthiques……………………………………………………….. 10
A. Les racines chrétiennes de la finance éthique ……………………………… 10
1. L’émergence par les exclusions sectorielles……………………………… 10
2. Activisme et évolution ……………………………………………………. 11
B. Le développement de la finance islamique………………………………… 12
1. Histoire de la finance islamique…………………………………………… 12
2. Les principes de base……………………………………………………… 12
3. L’actualité de la finance islamique………………………………………… 13
4. Les instruments financiers…………………………………………… ….. 15
III. Finance éthique et finance islamique : convergence possible? ………… 17
A. Le développement durable dans la finance éthique et la finance islamique …17
B. Finance éthique, Finance Islamique et ISR : quelle convergence ?................ 18
1. Convergence avec l’ISR………………………………………………… 19
2. Finalités et principes moraux……………………………………………. 19
3. Exclusions sectorielles…………………………………………………… 20
4. Exclusions normatives et Global Compact……………………………… 20
5. Partage………………………………………………………………….. 21
6. Compatibilité et complémentarité……………………………………… 22
Conclusion………………………………………………………………. .. 23
Bibliographie……………………………………………………………… 24
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Introduction
Le monde est en train de changer de paradigme géo financier. La crise financière asiatique et
russe et également le 11 Septembre 2001 ont contribué à remettre en cause un certain nombre
de fonds d’investissement dits « à risques ». Mais, plus importante encore, a été la crise dite
des « subprimes », qui est, en fait, une crise bien plus profonde que celle de l’immobilier à
risque américain, et qui est en train de transformer profondément la physionomie de la finance
mondiale. A l’occasion de cette crise, un double paradigme est en train d’être remis en cause.
Le premier de ces paradigmes concerne l’allocation de l’épargne mondiale. Jusqu’à la fin des
années 1990, les choses étaient apparemment simples. La croissance mondiale était
relativement limitée et les déséquilibres budgétaires et de balance des paiements relativement
faibles. Au tournant du millénaire, la situation a radicalement changé, la mondialisation de
l’économie commençant à faire sentir ses effets. Le « double déficit » américain (déficit
budgétaire et commercial) n’a fait que se creuser, pendant que les pays émergents (et les
BRIC - Brésil, Russie, Inde et Chine - en particulier) ont accumulé des serves de change
grâce à l’amélioration de leur compétitivité industrielle et la hausse des prix des matières
premières, tirés par la forte croissance mondiale. Ce double déséquilibre s’est, pendant
quelques années, neutralisé, les excédents des uns (les émergents et les pays pétroliers)
servant à financer le déficit des autres (principalement les Etats-Unis). Cet équilibre précaire
s’est opéré grâce, en partie, à une liquidité mondiale abondante, favorisée par la croissance
rapide des pays à fort taux d’épargne (notamment les BRIC).
La crise dite des subprimes remet en cause cet équilibre « sur la lame d’un rasoir ». Et ce à un
double niveau. D’abord parce que cette crise fait craindre à un ralentissement durable, voire à
une récession, de l’économie américaine, avec les risques que cette évolution comporte en
matière de creusement du déficit budgétaire américain. Ensuite parce que cette crise, bancaire
au départ, financière par la suite, ne pourra pas ne pas avoir d’impact sur l’économie réelle, en
particulier sur les pays émergents dont la croissance récente a été tirée par les exportations
vers les pays du Nord. Ce ralentissement de la croissance des pays émergents, qui ne
disposent pas d’un marché intérieur suffisamment étoffé pour prendre le relais des
exportations (ralentissement dont il est trop tôt à ce jour pour mesurer l’ampleur), se traduira
par une moindre capacité de ces pays à dynamiser la croissance mondiale et à assurer
l’équilibre des flux mondiaux d’épargne et d’investissement. Un nouvel équilibre financier
international se devra donc d’être défini dans les années à venir.
A ce premier paradigme s’en ajoute un second. Ce deuxième paradigme, que la crise des
subprimes remet en cause, est celui du business model des banques. Les grandes banques,
quelque soient leurs statuts, ont, à des degrés divers, largement nourri leur croissance, au
cours des dernières années, sur le développement des activités de marché, et en particulier des
activités de titrisation. Le ralentissement de la croissance de ces activités est inéluctable,
même si, là encore, l’ampleur du phénomène est difficile à définir avec précision à ce stade de
la crise. Ce qui est certain c’est que les autorités de régulation bancaire vont encourager avec
moins de vigueur que par le passé les opérations de transferts de risque. De leur côté, les
banques elles-mêmes, face à l’assèchement de certains marchés (comme le marché des LBO à
fort effet de levier et certains marchés de titrisation) et face aux tensions exercées sur la
liquidité bancaire, vont être amenées à réviser, en partie au moins, leur business model. Et ce,
alors même que l’aversion au risque des investisseurs, quasi-nulle jusqu’à fin 2007, va
augmenter de manière significative. Sans, bien sûr, qu’il soit possible de dire, à ce stade,
4
jusqu’où et jusqu’à quand. Mais cette incertitude n’enlève rien au caractère inéluctable d’une
modification durable des stratégies bancaires.
La crise financière actuelle met en lumière des investissements et des placements dits
« éthiques » qui résistent bien à la tempête que nous traversons et il parait donc intéressant de
s’y attarder en cherchant à comprendre pourquoi ils sont moins vulnérables et comment ils
sont structurés. L’Investissement Socialement Responsable (ISR) et la finance islamique
appartiennent tous deux à cette catégorie de la finance éthique. Ces deux concepts
d’investissement sont encore largement méconnus mais ils ont au moins deux points
communs : ils font appel à des paramètres extra financiers et sont considérés, par les
principales places financières mondiales, comme des axes de développement très attractifs.
Afin de mieux comprendre les questions et les enjeux éthiques de la finance, nous étudierons
dans une première partie ses fondements puis aborderons ensuite la genèse de la finance
éthique pour étudier les bases éthiques de la finance islamique. Nous nous interrogerons enfin
sur la convergence possible entre l’ISR et la finance islamique.
5
I. Les fondements éthiques de la finance
A. La notion de responsabilité : le fondement de l’éthique financière
1. Rôle et responsabilité des opérateurs financiers
La finance se définit comme une activité de service. En tant que service, elle a pour fonction
de garantir la fluidité des transactions indispensable à l'activité économique en permettant la
meilleure utilisation possible des capitaux disponibles. L'explosion récente des activités
financières, qui se sont développées beaucoup plus rapidement que le reste de l’économie,
leur a permis d’acquérir une certaine autonomie, voire d’établir leur domination sur
l’économie dite réelle ”. Cette émancipation s’est accompagnée de l’isolement accru de la
finance sur les plans à la fois conceptuel et professionnel. Ce nouvel état de fait ouvre des
opportunités indéniables, mais il est aussi porteur de conséquences redoutables.
Ainsi, les événements récents (fonds spéculatifs, crises asiatique et russe, etc. ...) ont montré
sans ambiguïté le caractère crucial de la responsabilité des acteurs individuels et
institutionnels opérant sur les marchés financiers. Le recours aux effets de levier permet aux
banques et autres acteurs de la sphère financière de s’engager (et se désengager) pour des
sommes largement supérieures à celles qu’ils reçoivent de leurs clients (ou dont ils disposent
en fonds propres). De ce fait, les marchés financiers sont capables de transformer une
récession en une dépression économique ou du moins de précipiter cette dernière, avec tous
les risques que cela peut comporter sur les plans individuel et collectif.
Les sommes mobilisées sur les marchés financiers, sans commune mesure avec leurs corrélats
dans l’économie réelle, fondent la responsabilité majeure des marchés financiers à la fois en
temps normal et en temps de crise. Les enjeux sont énormes, et les acteurs financiers se
doivent d’inspirer par leur comportement la confiance des autres acteurs économiques afin de
favoriser la bonne marche de l’économie en temps ordinaire et de ne pas provoquer de
panique en temps de crise.
La responsabilité des opérateurs financiers ne se résume toutefois pas aux aspects de court
terme consistant à préserver la confiance et à éviter les mouvements de panique
incontrôlables. Leur responsabilité comporte aussi des éléments de long terme : si les marchés
financiers dysfonctionnent, il convient d’y apporter les réformes nécessaires. En ce sens, les
acteurs financiers se doivent aussi de promouvoir la recherche d’innovations financières ou
économiques permettant un meilleur fonctionnement du système et une meilleure intégration
du bien commun dans les décisions financières. Si le secteur financier n’est pas responsable
de tous les biens ou de tous les maux affectant l’économie, il n’en reste pas moins qu’il porte
une responsabilité majeure dans le processus d’allocation des ressources tant au niveau macro
que micro-économique. Trois questions clés doivent donc être posées : Qui est le sujet
responsable ? Devant qui est-il responsable ? Comment se manifeste la relation de
responsabilité ?
L'effort de questionnement et de définition doit être mené par et pour tous les opérateurs actifs
sur les marchés financiers. Il convient donc de ne pas limiter le questionnement sur la
responsabilité aux individus, mais de l'étendre aussi aux institutions. Ces deux ordres de
responsabilité sont complémentaires. Que l'on se place dans la perspective de l'intérêt bien
compris des détenteurs de capitaux individuels ou institutionnels ou que l'on se préoccupe de
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