2ème partie : L'Afrique du Sud, un pays émergent.
pp. 280-9
L'Afrique du Sud est-elle un pays émergent au même niveau que ses confrères des BRICS ? La
notion de "pays émergent" n’a pas de définition précise ; elle est apparue au début des années
2000 pour décrire l’entrée sur la scène économique mondiale d’un certain nombre de pays du Sud
présentant des caractères communs :
- taux de croissance élevé,
- formes partielles de développement (avec la subsistance de fortes inégalités socio-spatiales
et de carences affectant les populations),
- intégration dans la mondialisation, statut de puissance régionale.
Pour l'Afrique du Sud, on n'en est pas au niveau de puissance de la Chine, ni même de l'Inde
ou du Brésil. Mais c'est le seul pays africain à avoir un rôle international et à être une véritable
puissance régionale entraînante pour tout le continent. Son évolution est d'autant plus notable
que le pays n'est sorti qu'en 1991de la longue période de l'apartheid durant laquelle le pays était mis
au ban des nations et entouré de pays en proie à de violentes guerres civiles alimentées par des
guérillas communistes et par des dictatures pro-américaines. Seul le Zimbabwe aujourd'hui reste
dans un état d'extrême tension postapartheid sous le pouvoir de Mugabe.
Il y a donc à voir d'abord les bases d'un développement économique et spatial qui est à la
base de son émergence avant de décrire la persistance des formes sous-développement ainsi que
les séquelles de l'apartheid ; avant de conclure sur le rôle continental et mondial de ce pôle
émergent.
1. Les manifestations de l’émergence sud-africaine.
a. La 1ère économie du continent fondée sur des ressources abondantes :
- PIB de 400 Md$, Algérie en 2ème est à 260 ; ¼ du PIB du continent ;
- des richesses naturelles abondantes : or et diamant, mais aussi charbon et fer ; bases
historiques du développement : voir le monopole de la société sud-africaine De Beers, 90%
du marché mondial, mais depuis 2000 fin du monopole par nationalisation des mines
africaines, plus que … 40% du marché ;
- agriculture tropicale et tempérée d'exportation : vignobles du Cap, 7ème prod. mondial,
gros efforts d'amélioration et de commercialisation depuis fin de l'apartheid ;
- tourisme ancien et haut de gamme : safari, tourisme médical ;
b. Un niveau de développement humain exceptionnel en Afrique :
- PIB/h en PPA : 10.000 $, 2 fois + que les autres pays d'Afrique noire ; mais faiblesse IDH :
0,619 soit 123ème mondial ;
- 50 M d'habitants, indice de fécondité : 2,3 pour 4,5 en moyenne en Afr. ; espérance de vie
52 ans pour 54 en moyenne en Afr noire et 72 au Maghreb ;
- 62 % d'urbanisation pour une moyenne de – de 40 % ; 97 % d'alphabétisation des
jeunes de – 25 ans ;
c. Un nouveau pays industriel ?
- structures de la pop active reflète modernisation économique : réduction du secteur agricole
à 3%, minier à 10%, stabilisation de l'industriel à 22% et essor des services à 65%
- mais commerce international très peu diversifié : import : machines et biens d’équipement
(25 %), pétrole (20 %), automobiles (10 %) et produits chimiques (10 %) ; export : métaux
précieux (26 %), minerais (21 %), métaux (16 %) et automobiles (9 %) ;
- donc relatif échec du développement d’une industrie locale compétitive ; manque de
compétitivité de l’économie sud-africaine, coût élevé de la main d’œuvre et du transport ;
2. Une statut de puissance continentale aux ambitions plus larges.
a. Le Gauteng, centre sud-africain qui rayonne sur le continent :
- Johannesburg, 1ère place boursière d'Afrique, capitale économique ; Pretoria, capitale
politique ;
- 11 M d'habitants dans les 4 villes ; 40% du PIB ;
- reste du pays en marges intégrées avec agriculture d'exportation et zone industrialo-portuaire
: Le Cap Ouest (vignoble et tourisme) et le Natal (avec Durban) ;
- ou dominées ; intérieur du pays minier et anciens bantoustans (Lesotho et Swaziland) ;
b. Un rôle de leadership continental revendiqué et mais contesté :
- si l’Afrique du Sud n’est pas le seul État du continent disposant d’un potentiel lui permettant
un véritable développement (cf. États du Maghreb), c’est le seul qui articule actuellement les
composantes d’un État émergent de manière à accéder au statut de puissance africaine, sinon
encore à celui de véritable de puissance mondiale ;
- flux migratoires africains manifestent son attractivité continentale : travail dans les mines a
nécessité forte immigration (+ 300.000/an) et actuellement 3-5 M de clandestins sur territoire ;
originaires surtout des pays voisins de la SDAC ; forme d'alternative aux flux vers UE ;
- statut de puissance continentale conforté par investissements de ses entreprises sur le
continent ; 175 des 500 1ère entreprises africaines ;
- revendique siège permanent à l'ONU pour la représentation du continent ; rôle important à
l'UA et comme intermédiaire dans les conflits régionaux : UA remplace OUA en 2002, créée à
Durban, 1er prés est sud-africain (Thabo Mbeki), selon modèle de l'UE ; rôle aussi essentiel dans
le Nouveau partenariat pour le développement de l''Afrique ;
- seule armée africaine capable de se projeter pour opérations extérieures ; fortes interventions
dans tous les conflits ;
- mais forte méfiance chez ses voisins et chez autres puissances régionales comme le Nigéria ;
c. Un des BRICS : Une insertion modeste mais réelle dans la mondialisation
- commerce extérieur multiplié par 5 dans vingt dernières années ; pays inséré dans système
mondial d’échanges ; commerce extérieur traditionnellement tourné vers le Nord (Allemagne
surtout) s’oriente vers l’Asie, Chine devenue 1er client et fournisseur ;
- investissements étrangers en font une base manufacturière (usines d’assemblage automobile,
Toyota, Ford, GM, BMW) produisant pour l’exportation ;
- redevenu un État « fréquentable » depuis la fin de l’apartheid (1991), destination touristique
en croissance ; organisation du Mondial de football en 2010 ;
- en 2011, participe au 3e sommet du BRIC, devenu alors BRICS ; mais place relativement
secondaire dans le groupe :
en 2010
Afrique du Sud
Brésil
Russie
Inde
Chine
Population totale (en millions)
50
195
142
1171
1338
PIB (en milliards US$)
364
2088
1480
1729
5879
PIB/habitant (US$)
7275
10170
10440
1477
4393
Croissance économique (en % du PIB)
2,8
7,5
4
9,7
10,3
Dépenses de défense (en % du PIB)
1,15
1,7
2,8
2,5
1,3
3. Mais subsistance de forts contrastes sociaux et spatiaux.
a. La "nation arc en ciel" et la réalité de la pauvreté :
- reconstruction politique (révolution démocratique avec Nelson Mandela), construction de
la « nation arc-en-ciel » fondée sur les principes de redistribution, d’équité, ont facilité le
collage économique ;
- 75% de noirs, 10% de blancs, 10% de métis et 3% d'Indiens ;
politique de discrimination positive, émergence d'une classe moyenne noire ;
- mais richesse éco aux mains des blancs presque exclusivement ; seules 5% des terres ont été
redistribuées ; 45% de pauvres et 40% de chômage ;
b. Un pôle attractif pour le reste du continent :
- PIB/h + élevé que dans le reste du continent ; conditions sanitaires meilleures ;
- importants flux depuis les pays voisins ;
c. Mais de forts restes d'apartheid dans la violence de la société :
- ségrégation ethnique abolie par la loi subsiste dans les faits entre quartiers blancs et non
blancs ; la pauvreté la plus criante se concentrant dans les périphéries urbaines ; persistance
des townships et des bantoustans, véritables réservoirs de pauvreté et d'assistance sociale ;
- pays un des + inégalitaires de la planète selon l’indice de Gini et le chômage touche 14 de
la population ;
- prévalence du SIDA très forte ; 1 17% des cas mondiaux d’infection par le VIH, + de 300
000 morts chaque année ; d'où chute de l'espérance de vie ;
- un des États les + violents du monde (meurtres, violences sexuelles frappant
principalement femmes et enfants) ; violences policières excessives (voir les derniers
événements dans les mines) ;
3ème partie : Le Sahara, étude de cas.
pp. 261-5
1. Espace de fortes contraintes physiques, mais disposant de ressources.
Le nom même, al-sahrà (désert), de cet immense espace (8,5 millions de km2) dont les limites
peuvent varier selon les critères retenus, suggère la contrainte radicale de l’aridité à laquelle
s’ajoutent de forts contrastes thermiques. Le Sahara, peu peuplé hormis le couloir du Nil, dispose
de ressources, principalement souterraines (phosphates, hydrocarbures, nappes aquifères fossiles)
; il est aussi propice à un tourisme d’aventure contrarié par une insécurité endémique ;
2. Ensemble politiquement fractionné.
Le découpage frontalier, aujourd’hui assumé par les États africains, est toutefois source de
contestations par les populations locales (fédération touareg), de revendications territoriales
(Sahara occidental), de conflits et de mouvements de populations réfugiées. Pour les États du
Maghreb ou du Makrech tournés vers la Méditerranée, les territoires sahariens constituent des
arrières pays en voie d’intégration ; pour plusieurs des États saharo-sahéliens (Mali, Niger, Tchad,
Soudan), l’enclavement s’ajoute à l’aridité ;
3. Espace convoité.
Les enjeux géopolitiques et économiques des espaces sahariens suscitent de nombreuses
convoitises entre de multiples acteurs internes à l’Afrique ou extérieurs : zones d’influence,
contrôles de territoires, exploitation de ressources (pétrole, uranium, par exemple). Ces
convoitises se manifestent dans les investissements en provenance, le plus souvent, d’autres
parties du monde, et s’expriment, entre autres, dans des conflits intra et interétatiques dont les
populations subissent les effets, conjugués à ceux de la mal gouvernance.
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