Sommaire - Quomodo

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Sommaire
Séquence 4
Histoire
Les temps forts de la Révolution
Séance 1
1789-1791 : L’affirmation de la souveraineté populaire, de l’égalité
juridique et des libertés individuelles.
Séance 2
Séance 3
1792-1794 : Lé République, la guerre et la Terreur
1799-1804 : Du Consulat à l’Empire
Les fondations d’une France nouvelle pendant
la Révolution et l’Empire
Séance 4
Séance 5
Séance 6
Quel rôle joue le peuple dans la Révolution ?
Napoléon et le peuple : du peuple conquis au peuple surveillé
Quels changements politiques, économiques, sociaux et culturels donnent
naissance à la France contemporaine ?
Objectifs :
a) Savoirs :
• Connaître les principaux événements ayant eu lieu entre 1789 et 1791. Fondamentaux pour l’histoire
française, ils marquent la fin de la monarchie absolue et de la société d’ancien régime, et le début
de la période révolutionnaire avec la mise en place de grands principes fondateurs de la démocratie
française actuelle.
• Connaître les principaux événements ayant eu lieu entre 1792 et 1794. Fondamentaux pour
l’histoire française, ils marquent la mise en place d’un régime politique nouveau : la République.
Cette période est celle où les principes révolutionnaires ont été poussés à leur paroxysme, mais où
la violence de leur mise en place a également été sans égale.
• Connaître les principaux événements ayant eu lieu entre 1799 et 1804 car ils constituent une
charnière importante de l’histoire française, entre le maintien des héritages révolutionnaires et le
rétablissement d’un régime autoritaire (mise en place progressive du consulat, puis de l’empire, par
Napoléon 1er Bonaparte).
• Le rôle des sans-culottes dans la Révolution (manifestations auprès des Assemblées, émeutes,
participation aux clubs, soulèvement contre-révolutionnaire en Vendée…).
• Les transformations issues de la Révolution (égalité devant la loi et l’emploi, fin des privilèges,
libertés fondamentales…).
• Les principales institutions napoléoniennes (Code civil, Légion d’honneur, préfets, lycées).
b) Savoir-faire :
• Présenter, analyser et comparer des documents iconographiques (en particulier peintures)
représentant des événements de la période révolutionnaire, de 1789 à 1815.
• Raconter les principaux événements de cette période révolutionnaire et savoir expliquer leur
importance historique.
• Savoir créer et compléter une frise chronologique, tirer des informations d’un texte, rédiger le
portrait d’un sans-culotte, rédiger une biographie de quelques lignes sur Marat.
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— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 1 —
Séquence 4
Séance 1
1789-1791 : L’affirmation de la souveraineté populaire, de
l’égalité juridique et des libertés individuelles
Comment s’est faite la remise en cause de la monarchie absolue
en France et l’affirmation de la souveraineté et des droits du
peuple (1789-1791) ?
j e sais déjà
En 1788, la France est une monarchie absolue, gouvernée par le roi Louis XVI depuis 1774.
Elle est confrontée à une situation de crise généralisée :
• Crise financière : le déficit budgétaire du royaume français est important et se creuse
de plus en plus (en particulier à cause des dépenses de guerre et de la Dette). Les
ministres ont recours à l’emprunt, créent de nouveaux impôts (ce qui provoque le
mécontentement du Tiers-État), tentent de remettre en cause les privilèges (ce qui
provoque le mécontentement des nobles)… Tout cela sans succès.
• Crise économique : Des accidents climatiques (inondations en 1787, puis sécheresse,
grêle en 1788, hiver très rigoureux en 1788-1789…) provoquent de mauvaises récoltes
en 1788 et 1789, qui ont pour conséquences la hausse des prix et donc la détérioration
des conditions de vie (diminution des revenus, augmentation du chômage, disettes…).
• Crise sociale : La société d’ordres est remise en cause par le Tiers-État (seul ordre à
supporter l’ensemble des impôts), surtout par la bourgeoisie influencée par les idées
des Lumières. Cette remise en cause se heurte au refus des deux ordres privilégiés
(noblesse et clergé).
• Crise politique : La noblesse et les Parlements des villes s’opposent à toutes les
tentatives de réformes entreprises par le roi et ses ministres (par exemple, lors de la
« Journée des Tuiles » à Grenoble le 7 juin 1788). La situation est ainsi bloquée : la
bourgeoisie revendique des pouvoirs politiques tandis que la noblesse réaffirme ses
privilèges (réaction nobiliaire).
Face à cette situation de crise généralisée, le roi convoque le 8 août 1788 les États Généraux
pour le 1er mai 1789. En vue de la préparation de cette réunion des États Généraux, entre
mars et mai 1789, tous les hommes de plus de 25 ans du royaume remplissent des cahiers
de doléances (où ils exposent leurs attentes) et élisent leurs représentants.
Les États Généraux s’ouvrent le 5 mai 1789 à Versailles.
À partir de cette année 1789, La France connaît de profonds bouleversements politiques
jusqu’en 1715 : c’est la période révolutionnaire.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
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Séquence 4 — séance 1
Avant d’appréhender cette période révolutionnaire et les divers changements (politiques,
sociaux…) qu’elle a apportés, un préalable de vocabulaire s’impose :
Une révolution est un changement brusque et violent dans la structure politique et sociale
d’un État, qui se produit quand le peuple ou une partie du peuple se révolte contre les
autorités en place et prend le pouvoir.
À partir de ces connaissances préalables, nous allons voir dans ce chapitre les grands
événements qui ont marqué cette période révolutionnaire et qui ont amené de grands
changements en France, à commencer par l’année 1789 ; « l’année sans pareille ».
Prends une nouvelle double page dans ton cahier d’Histoire.
En haut de la page, écris et encadre en rouge le titre de la quatrième séquence « Séquence 4
d’Histoire : Les temps forts de la Révolution ».
Puis saute une ligne, écris et souligne en rouge le titre de la première séance : « Séance 1 :
1789-1791 : L’affirmation de la souveraineté populaire, de l’égalité juridique et des
libertés individuelles ».
Saute encore une ligne, écris et souligne en rouge le nom de l’introduction : « Introduction :
L’année 1789, l’année sans pareille ».
Prends ensuite un crayon à papier pour répondre aux questions des exercices suivants. N’oublie
pas pour chaque exercice de noter la référence de l’exercice (et du document étudié) et les
numéros des questions. Pour répondre, fais des phrases complètes qui reprennent l’intitulé des
questions.
Commence donc maintenant avec l’exercice 1.
L’année 1789 marque le début de tous les bouleversements révolutionnaires et de la remise
en cause de l’absolutisme en France. D’où son surnom « d’année sans pareille ».
Dans ton cahier, saute une ligne, puis écris et souligne en rouge le chapitre « A- De sujets à
citoyens… L’affirmation de la souveraineté populaire ».
Puis lis le « Point méthode » et étudie avec attention les documents de l’exercice 1 et réponds
aux questions correspondantes (au crayon à papier).
A
De sujets à citoyens… L’affirmation de la souveraineté de la Nation
1-
2-
3-
4-
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POINT MÉTHODE
Comment mener une étude comparative de deux peintures ?
Il faut d’abord identifier les deux documents (en donnant leur nature, auteur, date de
réalisation, lieu de conservation, titre…)
Puis il faut identifier et décrire les événements représentés (en donnant leur date, lieu,
déroulement, causes, conséquences…)
Ensuite, il faut comparer les deux peintures et façons de peindre (comparer les
compositions, touches, formes, mouvement, couleurs, lumières…)
Enfin, il faut replacer les événements dépeints dans leur contexte historique et
déterminer en quoi chacune des peintures éclaire ce contexte (en mettant en évidence
la spécificité de chaque événement, l’évolution entre ces événements…)
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 1 —
Séquence 4
Exercice 1
Document 1-a : L’ouverture des États Généraux (5 mai 1789, à Versailles)
© RMN/MV2275/89-000715-02
La séance d’ouverture des États Généraux, le 5 mai 1789
Huile sur toile d’Auguste Couder, 1839, Musée du Château de Versailles
Document 1-b : Le Serment du Jeu de paume (20 juin 1789)
2
3
1
4
© RMN/P.67/01-004606
Le Serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789
Huile sur toile attribuée à Jacques-Louis David, 1793, Musée Carnavalet, Paris
3- Robespierre
1- Un pasteur (protestant), un moine et un abbé (catholique)
2- Bailly (président de l’Assemblée nationale)
4- Mirabeau
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
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Séquence 4 — séance 1
Document 1-c : Le Serment du Jeu de paume (20 juin 1789)
Les députés du tiers état, qui se sont proclamés « Assemblée nationale » le 17 juin 1789, prêtent
serment le 20 juin 1789 dans la salle du Jeu de paume à Paris :
« L’Assemblée nationale, considérant qu’appelée à fixer la Constitution du royaume, […]
et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu’elle continue ses
délibérations […], [décide] que tous les membres de cette assemblée prêteront à l’instant
serment solennel de ne jamais se séparer […], jusqu’à ce que la Constitution du royaume
soit élaborée. »
Questions :
1- (Document 1-a) Nomme et date l’événement représenté sur ce document.
2- (Document 1-a) Place aux bons emplacements les numéros correspondant aux différents
acteurs de cet événement :
1 : Les députés (représentants) du Tiers-État
2 : Les députés de la Noblesse
3 : Les députés du clergé
4 : Le roi et ses ministres
5 : Le public
3- (Document 1-a) Comment se distinguent donc les députés des trois ordres ?
4- (Documents 1-b et 1-c) Nomme et date l’événement décrit dans ces documents.
5- (Documents 1-b et 1-c) À quel ordre appartiennent les députés qui se proclament
« Assemblée Nationale » ? Que se jurent-ils le 20 juin 1789 ?
6- (Documents 1-a et 1-b) Compare ces deux peintures (composition, mouvement, formes,
couleurs, lumière…). Que constates-tu ?
7- (Documents 1-a, 1-b et 1-c) En quoi ces deux événements illustrent-ils que les Français
passent en 1789 de sujets à citoyens ?
Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices, avant de passer à la
suite de la séance.
La réunion des États Généraux, où les 1139 députés siègent et s’expriment par ordre, s’ouvre
donc à Versailles le 5 mai 1789.
Mais les députés du Tiers-État sont rapidement déçus par l’attitude de Louis XVI, qui ne
répond pas à leurs attentes [ils réclament par exemple en vain que les députés votent non
plus par ordre (un ordre = une voix) mais par tête (un député = une voix)]. Aucune décision
n’est prise ni aucune réforme proposée.
Ainsi, estimant qu’ils représentent la Nation (le Tiers-État regroupant 98% de la population
française), ils se proclament « Assemblée nationale » le 17 juin 1789 : C’est le premier acte
révolutionnaire, d’affirmation de la souveraineté de la Nation.
Le 20 juin 1789, ils se regroupent dans la salle du Jeu de paume à Paris et jurent de ne pas se
séparer avant d’avoir donné une Constitution à la nation française. Par la suite, ces députés
sont rejoints par ceux du clergé et de la noblesse, et le 9 juillet 1789, l’Assemblée nationale
devient « constituante ».
Ces événements marquent la fin de la monarchie absolue et le début de la période
révolutionnaire et de l’affirmation de la souveraineté de la nation.
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— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 1 —
Séquence 4
Dans ton cahier, saute une ligne, puis écris et souligne en rouge le chapitre : « B- L’entrée du
peuple dans la Révolution française ».
Puis étudie avec attention les documents de l’exercice 2 et réponds aux questions correspondantes
(au crayon à papier).
B
L’entrée du peuple dans la Révolution française
Exercice 2
Document 2-a : La prise de la Bastille (14 juillet 1789)
©RMN/MV5517/09-502069
La Prise de la Bastille et l’arrestation du gouverneur M. de Launay, le 14 juillet 1789
Huile sur toile, anonyme, fin du XVIIIe siècle, musée du château de Versailles
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
143
Séquence 4 — séance 1
Document 2-b : Le 14 juillet 1789 vu par Camille Desmoulins
« Après le renvoi de Necker, je montai sur une table, des milliers de personnes
m’entourent : « On a chassé le ministre Necker, m’écriai-je. Est-ce le signal d’une SaintBarthélemy de patriotes ? Je vous appelle à la liberté : aux armes ! ». Alors il n’y a plus
qu’un cri à Paris : aux armes ! On enfonce les boutiques d’armuriers. […] La multitude se
porte aux Invalides. Effrayé, le gouverneur ouvre son magasin ; tout le matin se passa à
s’armer. À peine a-t-on des armes qu’on va à la Bastille. […] On tiraille une heure ou deux,
on arquebuse ceux qui se montrent sur les tours. […] Alors le canon des gardes françaises
fait une brèche. Bourgeois, soldats, chacun se précipite. La place est emportée dans une
demi-heure. »
Camille Desmoulins, Lettre du 16 juillet 1789.
La Bastille (forteresse édifiée en 1370) était une prison, dans laquelle étaient entre autres enfermées
les victimes de lettres de cachet. Elle devint, sous l’influence des philosophes des Lumières, le symbole
de l’absolutisme et de l’arbitraire royal. Sa chute, le 14 juillet 1789, symbolise la victoire du peuple et
de la liberté sur la tyrannie ; ce qui explique le très fort retentissement que cet événement a pu avoir (en
France comme à l’étranger). Le 14 juillet est commémoré dès 1790, lors de la fête de la Fédération, et
devient Fête nationale en 1880.
1- (Document 2-a) Nomme et date l’événement représenté. Puis place aux bons
emplacements les numéros correspondant aux différents lieux et acteurs de cet
événement :
1 : Prison de la Bastille
2 : Pont-levis
3 : Peuple de Paris
4 : Canon de la Garde nationale
5 : Marquis de Launay (gouverneur de la Bastille)
2- (Documents 2-a et 2-b) Quelle était la fonction de la Bastille avant 1789 ?
3- (Documents 2-a et 2-b) Qui attaque la Bastille le 14 juillet 1789 ? Pourquoi ? (à préciser)
4- (Documents 2-a et 2-b) Qu’est-ce qui prouve que la prise de la Bastille a eu un très fort
retentissement ? Pourquoi un tel retentissement ?
Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices, avant de passer à la
suite de la séance.
Entre mai et juillet 1789, les premiers actes révolutionnaires concernent principalement
les députés et l’Assemblée nationale nouvellement créée. Mais à partir de l’été 1789, et
particulièrement du 14 juillet, c’est le peuple dans son ensemble qui va entrer dans la
Révolution ; dans un élan de remise en cause de l’arbitraire et de l’absolutisme royal et de
développement de la souveraineté populaire.
En effet, à partir du 11 juillet 1789, Louis XVI renvoie son ministre Necker (favorable aux
réformes) et rassemble des troupes autour de Paris. Le peuple s’alarme, pensant que
le roi cherche par cette manœuvre à disperser l’Assemblée nationale. Il se constitue en
municipalité (dont Bailly devient le maire), créé une garde nationale et se met à la recherche
d’armes.
144
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 1 —
Séquence 4
C’est ainsi que le 14 juillet 1789, après les Invalides (où ils ont pris canons et fusils), le
peuple parisien s’empare de la prison de la Bastille (symbole de l’arbitraire royal) à la
recherche de munitions, entre autres de poudre. Il massacre une partie de ses défenseurs,
à commencer par son gouverneur : le marquis de Launay. Cet événement devient ainsi
le symbole de l’entrée du peuple dans la Révolution, et du début de sa lutte contre
l’absolutisme et l’arbitraire (d’où son grand retentissement, en France comme à l’étranger).
Suite à cette agitation parisienne, les campagnes françaises se soulèvent à leur tour. Des
rumeurs, annonçant l’arrivée de brigands à la solde des nobles, provoquent la « grande
peur » (les paysans, armés d’outils agricoles, attaquent les châteaux des seigneurs, ce qui
provoque le début de l’émigration des nobles).
Dans ton cahier, saute une ligne, puis écris et souligne en rouge le chapitre : « C- L’affirmation
de l’égalité juridique et des libertés individuelles ».
Puis étudie avec attention les documents de l’exercice 3 et réponds aux questions correspondantes
(au crayon à papier).
C
L’affirmation de l’égalité juridique et des libertés individuelles
Exercice 3
Document 3-a : L’abolition des privilèges (4 août 1789)
L’Assemblée nationale dans la nuit du 4 août
« La séance du mardi soir, 4 août, est la séance la plus mémorable qui se soit jamais
tenue. Les ducs d’Aiguillon et du Châtelet proposèrent que la noblesse et le clergé
prononcent le sacrifice de leurs privilèges. L’insurrection générale, les provinces en partie
ravagées, plus de cent cinquante châteaux incendiés, les titres seigneuriaux recherchés
avec fureur et brûlés, l’impossibilité de s’opposer au torrent de la Révolution, tout nous
prescrivait la conduite que nous devions tenir. Il n’y eut qu’un mouvement général. Le
clergé et la noblesse se levèrent et adoptèrent toutes les motions proposées. Il eût été
inutile, dangereux même, de s’opposer au vœu général de la Nation. »
Marquis de Ferrières (député de la noblesse de Saumur), Mémoires, 1821.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
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Séquence 4 — séance 1
Document 3-b : La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (26 août 1789)
© RMN/P.809/01-004083
Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen,
Huile sur bois, XVIIIe siècle, musée Carnavalet à Paris.
Document 3-b : La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (26 octobre 1789)
« Préambule : Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée nationale,
considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme sont les seules
causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d’exposer,
dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme,
afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les membres du corps social,
leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir
législatif, et ceux du pouvoir exécutif pouvant être à chaque instant comparés avec le but
de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les réclamations des
citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours
au maintien de la Constitution, et au bonheur de tous. En conséquence, l’Assemblée
nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être Suprême, les
droits suivants de l’homme et du citoyen.
Article 1 : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions
sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.
Article 2 : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels
et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la
résistance à l’oppression.
Article 3 : Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul
corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.
Article 4 : La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi
l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux
autres Membres de la Société, la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent
être déterminées que par la Loi.
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— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 1 —
Séquence 4
Article 5 : La Loi n’a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui
n’est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce
qu’elle n’ordonne pas.
Article 6 : La Loi est l’expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de
concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la
même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux
à ses yeux, sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon
leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.
Article 7 : Nul homme ne peut être accusé, arrêté, ni détenu que dans les cas déterminés
par la Loi, et selon les formes qu’elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent
ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout Citoyen appelé ou
saisi en vertu de la Loi doit obéir à l’instant : il se rend coupable par la résistance.
Article 8 : La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et
nul ne peut être puni qu’en vertu d’une Loi établie et promulguée antérieurement au délit,
et légalement appliquée.
Article 9 : Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable,
s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour
s’assurer de sa personne, doit être sévèrement réprimée par la Loi.
Article 10 : Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur
manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la Loi.
Article 11 : La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus
précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à
répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi.
Article 12 : La garantie des droits de l’Homme et du Citoyen nécessite une force
publique : cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité
particulière de ceux auxquels elle est confiée.
Article 13 : Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration,
une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous
les Citoyens, en raison de leurs facultés.
Article 14 : Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs
Représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en
suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée.
Article 15 : La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son
administration.
Article 16 : Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la
séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution.
Article 17 : La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce
n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la
condition d’une juste et préalable indemnité. »
(art. 2) Imprescriptible = Immuable ; sûreté = sécurité ; (art. 3) émaner = provenir ; (art. 12) Force
publique = police ; (art. 13) Contribution = impôt ; en raison de leurs facultés = en fonction de leur
richesse ; (art. 14) quotité = niveau ; assiette = répartition
Questions :
Document 3-a :
1- Quelle est la décision prise par l’assemblée nationale le 4 août 1789 et pourquoi ?
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
147
Séquence 4 — séance 1
Document 3-b :
2- Quand et par qui a été votée la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ?
3- Quels symboles montrent que :
• cette Déclaration est une réalisation de la Révolution ?
• cette Déclaration est influencée par la philosophie des Lumières ?
• cette Déclaration permet à la France de sortir de l’Ancien Régime ?
Document 3-c :
4- Quel article établit l’égalité des droits entre les hommes (et donc la suppression des privilèges) ?
5- Selon l’article 13, comment sont désormais répartis les impôts ?
6- Quels types de liberté sont reconnus dans les articles 10 et 11 ?
7- Quel type de justice est prônée dans les articles 7 et 8 ? De quel pays et de quel texte ceci
s’inspire t-il ?
8- D’après l’article 3, qui doit détenir la souveraineté désormais ?
9- D’après l’article 6, qui doit désormais faire la loi ?
Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices.
Après l’entrée de la population dans la Révolution et pour essayer de stopper les mouvements de panique dans les campagnes françaises de juillet-août 1789 (« la Grande Peur »),
l’Assemblée nationale prend en août 1789 de grandes décisions, qui resteront fondatrices
dans l’histoire française (et mondiale).
Ainsi, dès le 4 août 1789, pour trouver une solution à la « Grande Peur », l’Assemblée nationale vote la suppression des privilèges (des nobles et du clergé).
Mais c’est surtout la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, adoptée le 26 août
1789, qui constituera un texte de référence, en France comme à l’étranger, jusqu’à nos jours,
dans la mesure où il pose les fondements de la démocratie française moderne : il affirme la
souveraineté de la Nation et du peuple, l’égalité entre tous les Hommes ainsi que les libertés
individuelles principales (liberté de pensée, d’expression, de presse…).
Après les événements initiés en 1789, l’Assemblée nationale adopte la Constitution le 3 septembre 1791. Cette Constitution établit une monarchie parlementaire, dans laquelle le roi
partage son pouvoir avec les ministres (pouvoir exécutif), l’assemblée législative (pouvoir
législatif) et les juges (pouvoir judiciaire). Le peuple est souverain dans la mesure où il possède le droit de voter (pour l’assemblée législative ainsi que pour les juges), mais cette souveraineté est nouvelle et possède des limites : seuls les hommes riches ont le droit de voter.
Maintenant que tu as effectué l’ensemble des exercices de la séance 1, prends connaissance des
consignes de l’exercice de rédaction puis fais-le sur ton cahier (au crayon à papier).
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— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 1 —
Séquence 4
j e rédige
A partir de tes réponses aux exercices 1, 2, 3 et 4, rédige un paragraphe d’au moins cinq
lignes dans lequel tu expliqueras pourquoi l’année 1789 est surnommée « L’année sans
pareille » et pourquoi cette année marque une véritable rupture avec l’ordre ancien (c’est-à-dire
la monarchie absolue) et le début de la période révolutionnaire, vecteur d’une France nouvelle.
Maintenant que tu as effectué les exercices et la rédaction, lis attentivement le résumé ci-dessous.
Une fois qu’il est lu et compris, recopie-le sur ton cahier (en gardant les couleurs proposées et la
forme de tableau) puis apprends-le.
j e retiens
L’année 1789 marque une rupture avec l’Ancien Régime. En effet, elle voit l’abolition de la
monarchie absolue et la mise en place de principes novateurs et révolutionnaires ; tels que
la séparation des pouvoirs (au sein d’une monarchie constitutionnelle), la souveraineté
du peuple et de la Nation, l’établissement des libertés individuelles fondamentales et
de l’égalité entre les Hommes. Cette rupture avec l’ordre ancien passe par quelques
événements principaux :
Dates
5 mai 1789
Evénements
Ouverture de la réunion des États Généraux, à Versailles
Premier acte révolutionnaire : le Tiers-État se proclame Assemblée
17 juin 1789
Nationale
« Serment du Jeu de Paume » : les députés du Tiers-État prêtent
20 juin 1789
serment de ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution à
la France, dans la salle du Jeu de paume à Paris
L’Assemblée Nationale devient constituante (entre le 20 juin et le 9
9 juillet 1789 juillet, les députés de la noblesse et du clergé se sont joints à ceux du
Tiers-État)
Prise de la Bastille par la population parisienne, à la recherche
14 juillet 1789 d’armes (en réponse au roi, qui a regroupé des troupes autour de
Paris et qui a renvoyé le ministre Necker)
La «Grande Peur» (à cause de rumeurs disant que des brigands à la
Août 1789
solde des nobles vont arriver, les paysans attaquent les châteaux des
seigneurs)
Nuit du
Les députés de l’Assemblée Nationale votent l’abolition des privilèges,
4 août 1789
des droits seigneuriaux et de la dîme
Les députés de l’Assemblée nationale votent la Déclaration des droits
26 août 1789
de l’Homme et du Citoyen
Les femmes de Paris se rendent à Versailles pour obliger le roi à signer
5-6 octobre
les décrets de l’assemblée Nationale, et le ramènent à Paris, au palais
1789
des Tuileries
3 septembre
Adoption de la Constitution, qui officialise la monarchie
1791
constitutionnelle
- Fin de l’Ancien Régime
- Fin de la société d’ordres
- Événements populaires
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
149
Séquence 4 — séance 1
Vocabulaire
Recopie au stylo les définitions suivantes sur ton cahier en notant le mot dans la marge et la
définition à droite comme ci-dessous :
États Généraux
Assemblée convoquée par le roi et réunissant des
représentants (députés) des trois ordres (noblesse, clergé,
Tiers-État).
Constitution
Texte de loi qui fixe l’organisation des pouvoirs dans un
État.
Assemblée nationale constituante Assemblée formée de représentants de la nation, chargée
de rédiger une Constitution.
Municipalité
Ensemble de personnes dirigeant une commune.
Garde nationale
Force armée composée de citoyens, dont le but est de
maintenir l’ordre et les acquis de la Révolution.
Monarchie constitutionnelle
Monarchie dans laquelle le pouvoir du roi est limité
par une Constitution (les pouvoirs sont séparés entre le
roi, les ministres et l’assemblée législative…).
Puis apprends-les par cœur.
j e suis capable de
Au terme de cette leçon, tu dois être capable de :
• Présenter, analyser et comparer des documents iconographiques présentant les
événements de la période 1789-1791 ;
• Raconter les événements principaux de cette période 1789-1791 (et en dégager les
grands changements et ruptures avec l’ordre ancien) ;
• Connaître par cœur le vocabulaire.
150
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 2 —
Séquence 4
Séance 2
1792-1794 : La République, la guerre et la Terreur
Comment et pourquoi la première République s’est-elle mise en
place et en quoi marque-t-elle une radicalisation de l’expérience
révolutionnaire (1792-1794) ?
j e sais déjà
Après la remise en cause de la monarchie absolue française initiée à partir de 1789, la
Constitution de septembre 1791 établit une monarchie constitutionnelle.
Il y a donc apparition d’une « nouvelle France », avec des transformations importantes
dans de nombreux domaines (les révolutionnaires tentent en effet d’appliquer les principes
initiés en 1789, notamment dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen) :
• Réformes politiques : Le roi ne règne plus seul (il doit prêter serment à la Constitution
et partage son pouvoir avec l’assemblée législative élue par la Nation). Les pouvoirs
sont donc séparés et le peuple joue désormais un rôle politique en votant (même si
beaucoup de citoyens restent passifs : femmes, pauvres…).
• Réformes administratives : Les anciennes divisions administratives (généralités,
baillages…) sont simplifiées et 83 départements sont créés. Le système des poids et
mesures est également refondu et unifié (c’est la naissance du mètre, du kilogramme,
du litre…).
• Réformes économiques et financières : Les impôts de l’Ancien Régime sont supprimés
et remplacés par une contribution unique, payée par tous les citoyens, en fonction
de leurs revenus (ce qui provoque l’émigration de nombreux nobles) ; et l’économie
se libéralise (ex : suppression des droits de douane et des péages à l’intérieur de la
France…).
• Réformes judiciaires : La justice devient équitable (la justice seigneuriale, les lettres de
cachet, la pratique de la torture … sont abolies).
• Réformes religieuses : L’assemblée vote la Constitution Civile du Clergé, qui crée
une Église révolutionnaire. Les prêtres et évêques deviennent des fonctionnaires : ils
sont élus et payés par l’État, et non plus par le pape (le clergé est divisé à ce sujet :
les « prêtres jureurs » acceptent la Constitution tandis que les « prêtes réfractaires »
refusent et sont considérés comme ennemis de la Révolution). L’assemblée vote aussi la
nationalisation des biens du clergé (les terres et autres biens du clergé sont confisqués
et revendus par l’État).
• Réformes civiques : de nouvelles libertés sont mises en place (ex : liberté de presse,
liberté d’opinion…).
Malgré ces nombreux changements et réformes, plusieurs événements vont faire que peu à
peu le peuple (et ses représentants) et le roi vont se distancier ; ce qui va progressivement
aboutir à la chute de la monarchie constitutionnelle et à la mise en place d’un régime
politique nouveau : la première République.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
151
Séquence 4 — séance 2
Ce sont les débuts de cette première République auxquels nous allons nous intéresser dans
cette séance.
Sur une nouvelle page de ton cahier d’Histoire, écris et encadre en rouge le titre de deuxième
séance « Séance 2 : 1792-1794 : La République, la guerre et la terreur ».
Saute ensuite une ligne, écris et souligne en rouge le titre de ce chapitre : « A - L’échec de la
monarchie constitutionnelle et la mise en place de la première République ».
Puis passe à l’exercice 4.
A
L’échec de la monarchie constitutionnelle et la mise en place de la première
République
Exercice 4
Document 4-a :
© RMN/01-019130
L’arrestation du roi et de la famille royale à
Varennes le 21 juin 1791,
Estampe anonyme du XVIIIe siècle, musée
Carnavalet de Paris
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— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
Document 4-b :
Le Manifeste de Brunswick* (25 juillet 1792)
« Un but qui tient au cœur des deux
souverains**, c’est d’arrêter les attaques
portées au trône et à l’autel***, de rétablir
le pouvoir légal, de rendre au Roi la sécurité
et la liberté dont il est privé.
La ville de Paris et tous ses habitants seront
tenus de se soumettre sur le champ et
sans délai au Roi, de lui rendre sa pleine et
entière liberté, et de lui assurer, ainsi qu’à
toutes les personnes royales, le respect
que doivent les sujets à leur souverain. Si le
château des Tuileries est attaqué, s’il est fait
la moindre violence, le moindre outrage au
Roi, à la Reine ou à la famille royale, alors
leurs majestés impériale et royale en tireront
une vengeance exemplaire et à jamais
mémorable : ils livreront la ville de Paris
à une exécution militaire, et les révoltés
coupables d’attentats auront les supplices
qu’ils méritent. »
*Brunswick est le chef des armées prussienne et
autrichienne
**Le roi de Prusse et l’empereur d’Autriche
***L’autel, c’est-à-dire l’Église
Í
séance 2 —
Document 4-c :
Séquence 4
Í
Prise du palais des Tuileries, cour du Carrousel, 10 août 1792
Huile sur toile de Jacques Bertaux, XVIIIe siècle, musée du château de Versailles ©RMN/MV5182/09-541160
Le 10 août 1792, les sans-culottes* et les fédérés** attaquent le palais des Tuileries (où
la famille royale est détenue), défendu par les gardes suisses. Les insurgés s’emparent du
lieu dans une rare violence (une centaine d’insurgés tués ou blessés ; les gardes suisses
massacrés…) et la famille royale se réfugie à l’assemblée ; qui décide de les emprisonner et
d’élire une Convention***.
Le 22 septembre 1792, cette nouvelle Convention décide de proclamer la Première
République.
* Sans culottes : Révolutionnaire ardent (souvent issu du petit peuple) qui porte un pantalon et non la culotte
des nobles.
** Fédérés : Membres des Gardes Nationales venus de toute la France.
*** Convention : Nom de l’assemblée des députés, élus au suffrage universel masculin, depuis septembre 1792.
Document 4-d
Í
© RMN/01-022398
Exécution de Louis XVI, Estampe anonyme du XVIIIe siècle, musée Carnavalet de Paris
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153
Séquence 4 — séance 2
Prends connaissance des consignes et des documents de l’exercice 4, puis réponds aux questions
suivantes (au crayon à papier sur ton cahier) :
Questions :
Document 4-c :
1- Que se passe-t-il le 10 août 1792 ? (à détailler)
LES CAUSES DE CET ÉVÉNEMENT :
Document 4-a :
2- Quel événement a provoqué la rupture entre le roi et le peuple parisien ? Pourquoi ?
Document 4-b :
3- Quand, par qui et au nom de qui le manifeste de Brunswick a-t-il été écrit ?
4- De qui ce manifeste prend-il la défense ? (2 réponses attendues)
Document 4-b et 4-c :
5- De quoi menace-t-il le peuple parisien ? Ce texte a-t-il les conséquences voulues ? (à
justifier)
LES CONSÉQUENCES DE CET ÉVÉNEMENT :
Document 4-c :
6- Quand la première République est-elle proclamée, en remplacement de la monarchie
constitutionnelle ?
7- Comment s’appelle la nouvelle assemblée qui dirige la France ?
Document 4-d :
8- Quelles sont les conséquences de ces événements pour le roi Louis XVI ?
Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices, avant de passer à la
suite de la séance.
À partir de 1791 se produit une rupture progressive entre le roi Louis XVI et le peuple
français (en particulier le peuple parisien).
Cette rupture entre le roi et le peuple a différentes causes :
• La montée progressive des contestations
• La fuite du roi :
Le 20 juin 1791, le roi tente de fuir pour rejoindre des troupes alliées en Lorraine. Il est
reconnu et arrêté à Varennes, puis reconduit à Paris. Cet épisode est perçu comme une
trahison par le peuple.
L’image du roi change. Certains commencent à réclamer la déchéance et la destitution du
roi. (ex: une manifestation est organisée par le club des Cordeliers, sur le Champ de Mars
à Paris le 17 juillet 1791. Cette manifestation tourne mal. La Fayette fait tirer sur la foule
(rassemblant 5000 à 6000 personnes) et il y a une cinquantaine de morts)
• L’entrée en guerre :
Cette fuite du roi provoque le changement d’opinion du peuple mais également la montée
des contestations de la part des souverains étrangers (qui craignent pour la vie du roi).
154
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 2 —
Séquence 4
Face à cette montée des contestations, la France déclare la guerre à l’Autriche le 20 avril
1792.
Le 25 juillet 1792, est rédigé le manifeste de Brunswick qui menace la France de représailles
s’il est fait du mal à la famille royale et qui ne fait donc que confirmer l’idée de trahison du
roi.
Dans ce contexte, le 10 août 1792, le peuple de Paris envahit le palais des Tuileries : le roi est
arrêté et mis en prison. Il est ensuite jugé par la Convention et condamné à mort (à une voix
près). Le 21 janvier 1793, le roi Louis XVI est guillotiné.
La prise des Tuileries du 10 août 1792 provoque la chute de la monarchie
constitutionnelle : la première République est proclamée le 22 septembre 1792 et une
nouvelle assemblée (la Convention) remplace l’assemblée législative (qui avait elle-même
remplacé l’assemblée nationale constituante quand la constitution de la monarchie
constitutionnelle avait été adoptée en septembre 1791). Une nouvelle constitution est votée.
Dans ton cahier, saute une ligne, puis écris et souligne en rouge le chapitre : « B- La première
République dans la tourmente : Crises intérieure et extérieure ».
Puis étudie avec attention les documents de l’exercice 5 et réponds aux questions correspondantes
(au crayon à papier).
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
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Séquence 4 — séance 2
B
La première République dans la tourmente : crises intérieure et extérieure
Exercice 5
© Pascal Derr / Cned / 2011
Document 5-a : La République en danger (1793-1794)
Coalition : union de plusieurs pays contre un pays ennemi
Document 5-b
156
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 2 —
Document 5-c : La révolte vendéenne
© RMN/INV1888-41-1/09-521010
Mort du général républicain Beaupuy,
le 25 octobre 1793, pendant la révolte
vendéenne (menée par des paysans
encadrés par des nobles, qui se soulèvent
contre la Révolution, au nom du roi
et de la religion catholique). Peinture
d’Alexandre Bloch, 1888. Musée des
Beaux-arts de Rennes.
Séquence 4
Document 5-d : Les sans-culottes
© RMN/01-022451
Le sans culotte et la femme du sans
culotte, estampe du XVIIIe siècle, BNF,
Paris
Document 5-b :
1- Rappelle depuis quand et pourquoi la France est en guerre contre les puissances
européennes ?
Document 5-a :
2- Quelles sont les régions conquises par le gouvernement révolutionnaire français en 17921793 ?
3- Qu’est ce qu’une coalition ?
4- Quels sont les pays européens coalisés, en guerre contre la France en 1793 ? Quels sont
leurs buts ? Qui a l’avantage ? (justifie ta réponse en citant des exemples)
LA CRISE INTERIEURE :
Document 5-a et 5-c :
5- Que se passe t-il en Vendée à partir de 1793 et pourquoi ? Quelles autres régions
françaises se révoltent contre la Révolution à partir de 1793 ?
Document 5-b :
6- Quel groupe de députés est exclu de la Convention en juin 1793 ?
Document 5-a :
7- Quelles sont les régions françaises qui se révoltent en leur faveur ?
Document 5-b :
8- Quel groupe de députés gouverne à partir de juin 1793 ?
Document 5-a et 5-d :
9- Qui sont les sans-culottes et quelle est leur tenue ?
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
157
Séquence 4 — séance 2
SYNTHÈSE :
Document 5-a, 5-b, 5-c et 5-d :
10-Dans quelle situation se trouve la République française en 1793 ? (à détailler à partir des
exemples vus ci-dessus)
Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices, avant de passer à la
suite de la séance.
En 1793, la France est en crise :
Dessins © Noëlle RENOULT-CARBONNIER.
• Crise extérieure :
Suite à la montée des contestations des souverains étrangers et pour répandre les idées
révolutionnaires en Europe, la France déclare la guerre au roi de Bohème et de Hongrie
(frère de Marie-Antoinette) le 20 avril 1791. Le début de la guerre est catastrophique pour la
France.
Face à l’invasion ennemie et face au manifeste de Brunswick (rédigé le 25 juillet 1791), les
autorités parisiennes proclament « La patrie en danger » (et font appel à des volontaires
pour défendre la France).
Cet élan de patriotisme est suivi de quelques victoires, notamment celle de Valmy, le 20
septembre 1792 (suivie de la proclamation de la République le 22 septembre).
Début 1793, la situation de la France est catastrophique : les puissances européennes se
regroupent en une coalition qui entre en guerre contre la France (à la suite de l’exécution du
roi). Les défaites françaises se multiplient.
• Crise intérieure :
Début 1793, la situation économique en France est catastrophique.
Par ailleurs, pour lutter contre les ennemis étrangers, le gouvernement décide une levée en
masse de 300 000 hommes.
Tout ceci provoque une montée des mécontentements à l’intérieur de la France :
o Les guerres de Vendée et autres mouvements contre révolutionnaires :
Les paysans vendéens, encadrés par les nobles, se soulèvent contre la levée en masse et
contre la République, au nom du roi et de la religion catholique. D’autres mouvements
révolutionnaires se développent en Bretagne (chouannerie), en Normandie, en Alsace…
158
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 2 —
Séquence 4
o Le mécontentement des sans-culottes parisiens
La Convention est divisée en 3 groupes : les Girondins, les Montagnards et la Plaine.
Les Girondins dominent la politique jusqu’en juin 1793. Mais sous la pression des sansculottes parisiens (qui se révoltent contre les difficultés économiques et pour défendre
la République), les Girondins sont renversés par les Montagnards, emmenés par
Robespierre, le 2 juin 1793.
Dans ton cahier, saute une ligne, puis écris le titre et souligne le en rouge : « C- Le régime de la
Terreur ».
Puis étudie avec attention les documents de l’exercice 6 et réponds aux questions correspondantes
(au crayon à papier).
C
Le régime de la Terreur
Exercice 6
Document 6 :
La loi des suspects
« Article 1 : Immédiatement après la publication du présent décret, tous les gens suspects
qui se trouvent dans le territoire de la République et qui sont encore en liberté seront mis
en état d’arrestation.
Article 2 : Sont réputés suspects :
1- Ceux qui, soit par leur conduite, soit par leurs relations, soit par leurs propos ou leurs
écrits, se sont montrés partisans de la tyrannie* ou du fédéralisme** et ennemis de la
liberté (…).
3- Ceux à qui il a été refusé des certificats de civisme.
4- Les fonctionnaires suspendus ou destitués de leurs fonctions par la Convention
nationale ou par ses représentants.
5- Les nobles, les maris, les femmes, pères, mères, fils ou filles, frères ou sœurs, qui n’ont
pas constamment manifesté leur attachement à la Révolution.
6- Ceux qui ont émigré du 1er juillet 1789 au 8 avril 1792, bien qu’ils soient rentrés en
France. »
Décret du 17 septembre 1793.
* C’est-à-dire de la royauté
** C’est-à-dire des Girondins
Questions :
Document 6 :
1- D’après la « Loi des suspects » du 17 septembre 1793, qui peut-être considéré comme
suspect et quel est leur sort ?
2- Par qui les suspects sont-ils jugés et quelle peut être la sentence ?
Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices, avant de passer à la
suite de la séance.
Maintenant que tu as effectué l’ensemble des exercices de la séance 2, prends connaissance des
consignes de l’exercice de rédaction puis fais-le sur ton cahier (au crayon à papier).
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
159
Séquence 4 — séance 2
j e rédige
A partir de tes réponses aux exercices 4, 5 et 6, rédige un paragraphe d’au moins cinq lignes
dans lequel tu expliqueras en quoi l’année 1793 marque une rupture et une radicalisation au
sein de la période révolutionnaire.
Maintenant que tu as effectué les exercices et la rédaction, lis attentivement le résumé ci-dessous.
Une fois qu’il est lu et compris, recopie-le sur ton cahier (en gardant les couleurs proposées et la
forme de tableau) puis apprends-le.
j e retiens
À partir de 1791, une rupture progressive apparaît au sein de la monarchie
constitutionnelle entre le roi Louis XVI et le peuple français (à cause notamment
de la tentative de fuite de la famille royale, arrêtée à Varennes le 20 juin 1791, et du
manifeste de Brunswick ; ces deux événements appuyant l’idée de trahison du roi).
Cette rupture entraîne la prise du palais des Tuileries (où est emprisonné le roi), le
10 août 1792 ; suivie de l’arrestation, de l’emprisonnement et de la condamnation à
mort du roi (exécuté le 21 janvier 1793).
C’est la chute de la monarchie constitutionnelle : la première République est
proclamée le 22 septembre 1792 et une nouvelle assemblée, la Convention, est mise
en place.
En 1793, la première république affronte une situation de crise généralisée :
-
une crise extérieure : La République française est en effet en guerre depuis le
20 avril 1791 contre plusieurs pays européens, regroupés en une coalition, et
accumule en 1793 de nombreuses défaites.
-
une crise intérieure : l’exécution du roi, la situation économique catastrophique
et la levée en masse de soldats (pour affronter les ennemis extérieurs) provoquent
des révoltes du peuple en Vendée, et dans plusieurs autres régions françaises.
En juin 1793, les sans-culottes parisiens excluent les Girondins de la Convention. Les
Montagnards prennent le pouvoir (autour de Robespierre) et mettent en place des
mesures d’exception pour lutter contre cette crise intérieure et extérieure. C’est la
Terreur :
-
Terreur militaire (levée en masse qui aboutit à l’enrôlement d’un million
d’hommes) ;
-
Terreur policière et politique (loi des suspects, mise en place des tribunaux
révolutionnaires) ;
-
Mesures économiques et sociales (en faveur du petit peuple : loi du maximum qui
fixe le prix maximum des produits de première nécessité) ;
-
Politique religieuse de déchristianisation (fermeture d’églises, calendrier
républicain).
La Terreur marque ainsi la radicalisation de la période révolutionnaire et des mesures
(politiques, économiques, sociales…) prises par la première République. Elle prend fin
lorsque Robespierre est arrêté et guillotiné le 10 Thermidor an II (le 28 juillet 1794).
160
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 2 —
Séquence 4
Vocabulaire
Recopie au stylo les définitions suivantes sur ton cahier en notant le mot dans la marge et la
définition à droite comme ci-dessous :
République
Régime politique dans lequel le gouvernement est élu par le peuple.
Convention
Nom de l’assemblée des députés, élus au suffrage universel masculin, depuis
septembre 1792.
Montagnards
Députés, favorables à l’égalité sociale, qui siègent sur les gradins les plus
hauts de la Convention (« la Montagne ») et qui la dominent de juin 1793 à
juillet 1794.
Girondins
Députés républicains modérés de la Convention, dont beaucoup sont
originaires de la Gironde.
Sans-culotte
Révolutionnaire ardent (souvent issu du petit peuple) qui porte un pantalon
et non la culotte des nobles.
Fédérés
Membres des Gardes Nationales venus de toute la France.
Coalition
Union de plusieurs pays contre un pays ennemi.
Terreur
Politique décrétée par le Comité de Salut public (autour de Robespierre)
entre septembre 1793 et juillet 1794, dont l’objectif fondamental est
d’éliminer les ennemis de la Révolution et de la Nation.
Puis apprends-les par cœur.
j e suis capable de
Au terme de cette leçon, tu dois être capable de :
o Dater, présenter et raconter les évènements principaux de cette période de 1793-1794
et en dégager l’importance (rupture politique avec la mise en place de la République,
radicalisation de la période révolutionnaire avec la Terreur) ;
o Connaître par cœur le vocabulaire.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
161
Séquence 4 — séance 3
Séance 3
1799-1804 : Du Consulat à l’Empire
En quoi l’accession de Napoléon Bonaparte au pouvoir marquet-elle une rupture avec la période révolutionnaire (1799-1804) ?
j e sais déjà
Suite à l’échec de la monarchie constitutionnelle, la première République est déclarée le
22 septembre 1792. À partir de juin 1793, ce sont les députés Montagnards (autour de
Robespierre) qui sont à la tête de la Convention et qui mettent en place la politique de
la Terreur, dans le but de résoudre les crises intérieure et extérieure que subit la France en
1793.
À la mort de Robespierre en juillet 1794, la Convention est dirigée par les
« Thermidoriens » (députés modérés de la Plaine) : C’est la Convention thermidorienne, qui
met fin à la politique de la Terreur.
Puis en 1795, une nouvelle constitution est votée et instaure un nouveau régime : le
Directoire.
Au sein du Directoire, les pouvoirs continuent à être séparés : le pouvoir exécutif est détenu
par cinq directeurs, tandis que le pouvoir législatif est détenu par deux conseils : le conseil
des anciens et le conseil des 500, tous deux élus au suffrage censitaire (c’est-à-dire que
seuls les hommes de plus de 21 ans payant l’impôt peuvent voter). Le Directoire devient
vite impopulaire ; considéré comme un « Gouvernement des meilleurs » (le pouvoir étant
aux mains des propriétaires aisés et éduqués) et comme une « république bourgeoise » (les
inégalités sociales s’accentuant). Ainsi une opposition royaliste d’un côté (qui souhaite
le retour de la monarchie et de l’ancien régime) et une opposition « jacobine » de l’autre
(menée par les sans-culottes jusqu’en 1795 puis par Gracchus Babeuf et sa « République
des Égaux » en 1796) se forment. Face à ces oppositions, l’armée devient indispensable
pour le maintien de l’ordre et la lutte contre les complots et les coups d’État. Dans ce
contexte, un homme voit son influence s’accroître : le général Napoléon Bonaparte.
Sur une nouvelle page de ton cahier d’Histoire, écris et encadre en rouge le titre de la troisième
séance « Séance 3 : Du consulat à l’Empire ».
Saute ensuite une ligne, écris et souligne en rouge le titre de la première partie : « A- L’accession
de Napoléon Bonaparte au pouvoir et la mise en place du Consulat ».
Puis passe à l’exercice 7.
162
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 3 —
A
Séquence 4
L’accession de Napoléon Bonaparte au pouvoir et la mise en place du Consulat
Exercice 7
Document 7-a : Le coup d’État de Napoléon Bonaparte
© RMN/MV1952/88-000081
Le coup d’Etat du 18 Brumaire an VIII (9-10 novembre 1799). Huile sur toile de
François Bouchot (1800-1842). Musée du château de Versailles.
Le général Napoléon Bonaparte est né en Corse en 1769 et fait carrière dans
l’armée ; armée qui devient indispensable au Directoire (pour le maintien de l’ordre et
la lutte contre les complots et coups d’état fréquents). Il voit ainsi son influence et sa
popularité augmenter ; jusqu’à son coup d’État le 18 Brumaire an VIII. Les députés du
Conseil des 500 (une des instances importantes du Directoire, qui vote les lois) tentent
de s’opposer à ce coup d’État, mais Napoléon est sauvé par l’armée. Il met en place le
Consulat, et devient premier consul.
Coup d’État : Prise du pouvoir par la force
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
163
Séquence 4 — séance 3
© Pascal Derr / Cned / 2011
Document 7-b : La Constitution de l’an VIII (1799)
Plébiscite : Vote du peuple au suffrage universel, qui répond par oui ou par non à une question posée par
le gouvernement
« Une Constitution vous est présentée. Elle est fondée sur les vrais principes du
gouvernement représentatif, sur les droits sacrés de la propriété, de l’égalité, de la liberté.
Les pouvoirs qu’elle institue seront forts et stables, tels qu’ils doivent être pour garantir les
droits des citoyens et les intérêts de l’État. Citoyens, nous venons de fixer définitivement les
principes de 1789. La Révolution est finie. »
D’après la Déclaration au peuple français des trois consuls de la République, 24 frimaire an VIII
(15 décembre 1799).
Prends connaissance des deux documents ci-dessus, puis réponds aux questions suivantes (au
crayon à papier sur ton cahier).
Questions :
1- (Document 7-a) Présente et décris le document 7-a. Quel événement est représenté ?
NB : Si tu ne te souviens plus de la méthode de « Présentation d’un document », réfère toi au
chapitre III d’Histoire « Les traites négrières et l’esclavage ».
2- (Document 7-a) Qui prend le pouvoir en 1799 ? Pourquoi cet homme apparaissait
comme « l’homme de la situation », capable de redresser la France et de ramener l’ordre ?
3- (Document 7-a) Comment et avec l’aide de qui prend-il le pouvoir en 1799 ?
4- (Document 7-a) Comment se nomme le nouveau régime politique mis en place ?
5- (Document 7-b) Dans ce régime politique, qui détient le pouvoir exécutif ? Qui détient le
pouvoir législatif ? Et le pouvoir judiciaire ?
164
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 3 —
Séquence 4
6- (Document 7-b) Quel est le rôle du peuple ? Qu’est ce qu’un plébiscite ?
7- (Documents 7-a et 7-b) En résumé, pourquoi peut-on dire que ce régime politique
perpétue les principes de la République et de la Révolution française ? (Justifie ta réponse
en citant ces principes). Pourquoi les trois consuls affirment-il que ce régime termine la
Révolution ?
8- (Documents 7-a et 7-b) Quelle est en réalité la fonction qui domine – et donc l’homme
fort – dans ce régime politique ?
Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices, avant de passer à la
suite de la séance.
Napoléon Bonaparte accède au pouvoir par le coup d’État du 18 Brumaire an VIII, c’est-àdire du 9 novembre 1799, avec l’aide de l’armée.
Napoléon fait alors rédiger une nouvelle Constitution qui instaure un nouveau régime
politique : le Consulat (qui remplace le Directoire).
Dans le Consulat, les grands acquis de la Révolution sont en apparence maintenus : la
république et la séparation des pouvoirs sont conservées ; le suffrage universel masculin est
rétabli….
Cette nouvelle Constitution confie le pouvoir exécutif ainsi que le contrôle des assemblées
législatives (conseil d’État qui rédige les lois, et Sénat qui vérifie les lois) au Premier Consul,
à savoir Napoléon Bonaparte lui-même. Il devient donc l’homme fort de ce nouveau régime
politique, et veut « terminer la Révolution », en stabilisant la vie politique.
Dans ton cahier, saute une ligne, puis écris et souligne en rouge « B- Le Consulat :
Réconciliation nationale et fin de la Révolution française ».
Puis étudie avec attention les documents de l’exercice 8 et réponds aux questions correspondantes
(au crayon à papier).
B
Le Consulat : Réconciliation nationale et fin de la Révolution française
Exercice 8
Documents 8 : Une politique de réconciliation nationale
Document 8-a : Le Concordat, signé entre la France et le pape Pie VII (15 juillet 1801)
Le gouvernement de la République reconnaît que la religion catholique est la religion de la grande
majorité des Français.
Art. 1. La religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France.
Son culte sera public […].
Art. 5. Les nominations aux évêchés […] seront faites par le premier consul […].
Art. 6. Les évêques […] prêteront directement, entre les mains du premier consul, le
serment de fidélité […] : « Je jure et promets à Dieu, sur les Saints Évangiles, de garder
obéissance et fidélité au gouvernement établi par la Constitution de la République
française ».
Art. 14. Le gouvernement assurera un traitement convenable aux évêques et aux curés
Concordat, 26 messidor an IX (15 juillet 1801).
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
165
Séquence 4 — séance 3
Document 8-b : Napoléon Bonaparte encourage le retour des émigrés*
« Je trouvais à Paris, déjà revenues de l’émigration, beaucoup de personnes de ma
connaissance. Le premier consul avait donné à sa femme la mission de ramener à lui la
haute société. Dès que Madame Bonaparte connut ma présence à Paris, elle désira que je
vinsse chez elle.
Madame Bonaparte me parla […] en disant que tous les émigrés allaient rentrer, qu’elle
en était charmée, qu’on avait assez souffert, que le général Bonaparte souhaitait avant
toute chose amener la fin des maux de la Révolution, […], enfin toute une suite de propos
rassurants. Je vis clairement que le premier consul lui avait confié le soin de la conquête
des dames de la cour de Louis XVI quand elle en rencontrerait. La tâche n’a guère été
difficile, car toutes se sont précipitées vers le pouvoir naissant. »
D’après la Marquise de la Tour du Pin, ancienne dame du palais de Marie-Antoinette,
Mémoires d’une femme de cinquante ans, 1820.
* Emigrés : Nom donné aux personnes ayant quitté la France pendant la période révolutionnaire
(ex : nobles, prêtres réfractaires…)
Questions :
1- (Document 8-a) À partir de la signature du « Concordat », que reconnaît Napoléon
Bonaparte à l’égard de l’église catholique ?
2- (Document 8-a) Qui nomme désormais les évêques ? Quel serment doivent-ils prêter ?
3- (Document 8-b) Qui Napoléon Bonaparte souhaite-t-il faire revenir en France ? À qui
confie t-il la mission de les faire revenir ?
4- (Document 8-b) Qui sont en partie ces émigrés et pourquoi Napoléon Bonaparte veut-il
les faire revenir ?
Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices, avant de passer à la
suite de la séance.
j e rédige
Une fois que tu as répondu aux questions de l’exercice 8, rédige un paragraphe d’au moins cinq
lignes dans lequel tu expliqueras que Napoléon Bonaparte souhaite « terminer la Révolution
française » en apportant paix, stabilité politique et réconciliation nationale à la France.
Une fois que tu as terminé l’exercice de rédaction, réfère toi au livret de correction où un exemple
de paragraphe t’est proposé.
Le Consulat est un régime politique qui, certes, se situe dans la continuité de la période
révolutionnaire (par le maintien et la consolidation des acquis révolutionnaires), mais qui se
veut surtout en être l’aboutissement et la clôture (par la stabilisation de la vie politique et
par la « réconciliation nationale »).
Ainsi, le Consulat maintient de nombreuses créations révolutionnaires (ex : la société
d’ordre et les privilèges ne sont pas rétablis ; les unités de mesure révolutionnaires sont
maintenues (mètres, kg…) ; le découpage de la France en départements est maintenu ; les
biens nationaux ne sont pas remis en cause ; l’utilisation de la conscription est maintenue ;
le suffrage universel est restauré sous forme de plébiscites…) et créé les « masses de granit »
dans l’esprit révolutionnaire, afin de reconstruire la société sur des bases nouvelles, solides et
inébranlables.
166
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 3 —
Séquence 4
Mais surtout, le Consulat veut mettre fin à la période révolutionnaire, en stabilisant la vie
politique, en pacifiant la société et en menant une politique de réconciliation nationale.
Ainsi :
• Napoléon se réconcilie avec l’Église catholique et met fin aux querelles religieuses. En
effet, le Concordat est signé en 1801 avec le pape Pie VII. La religion catholique est
reconnue « religion de la majorité des Français » ; le clergé est salarié par l’État et prête
serment de fidélité au premier consul mais en échange il est investi par le pape…
• Napoléon souhaite le retour au calme et l’apaisement des conflits nés de la Révolution.
Ainsi, il signe la paix avec l’Autriche en 1801 puis avec l’Angleterre en 1802 (paix
d’Amiens). C’est la première fois depuis 1792 que la France n’est plus en guerre contre
l’Europe.
• Napoléon instaure la centralisation du pouvoir, dans le but de stabiliser la vie politique
et de renforcer le pouvoir de l’État (ex : mise en place des préfets à la tête de chaque
département).
• Le souci de réconciliation nationale l’incite à faciliter le retour des émigrés. Il s’entoure
ainsi d’une nouvelle « noblesse » (la noblesse impériale).
Cette politique de pacification et de réconciliation apporte à Napoléon une certaine
popularité, ce qui lui permet de renforcer peu à peu son pouvoir personnel.
Puis, dans ton cahier, saute une ligne, écris et souligne en rouge « C- Le renforcement
progressif du pouvoir de Napoléon ».
Puis étudie avec attention les documents de l’exercice 9 et réponds aux questions correspondantes
(au crayon à papier).
C
Le renforcement progressif du pouvoir personnel de Napoléon
Napoléon Bonaparte devient premier consul en 1799, puis consul à vie en 1802 ; ces deux
décisions ayant été ratifiées par plébiscite par la population française.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
167
Séquence 4 — séance 3
Exercice 9
Document 9 : Le sacre de Napoléon
9
5
4
3
8
1
6
2
7
© RMN/INV3699/93-001570
Le sacre de l’empereur Napoléon et le couronnement de l’impératrice Joséphine, le 2 décembre 1804, dans
la cathédrale Notre-Dame de Paris. Huile sur toile (6,2 mètres de haut x 9,7 mètres de long), Jacques
Louis David, 1808, musée du Louvre à Paris.
Napoléon Bonaparte est proclamé « Napoléon 1er, empereur des Français » par plébiscite, puis il est couronné et
sacré empereur le 2 décembre 1804, dans la cathédrale Notre-Dame-de-Paris.
Les personnes présentes à cette cérémonie :
La figure centrale : L’empereur
1 : Napoléon, en costume de sacre, vient de se couronner empereur lui-même
La famille :
2 : Joséphine de Beauharnais, sa femme, qui s’apprête à être couronnée impératrice par Napoléon
3 : Les dames d’honneur (sœurs et belles sœurs de Napoléon)
4 : Les frères de Napoléon
5 : La mère de Napoléon, Letizia, ajoutée par le peintre au centre de la composition, alors qu’elle
était absente lors de l’événement
L’Église :
6 : Le pape Pie VII, entouré d’hommes d’Eglise
L’administration et l’armée :
7 : Les grands personnages de l’État, portant les insignes du pouvoir (Lebrun portant le
sceptre, Cambacérès portant la main de justice, Berthier portant le globe surmonté de la croix,
Talleyrand…)
8 : Les maréchaux (dont Murat)
Le public :
9 : Le peintre David s’est représenté en train d’assister à la cérémonie
Sacre : Cérémonie religieuse pour le couronnement d’un souverain
Questions :
1- Quel nouveau régime politique est mis en place par Napoléon en 1804 ? Quel titre
Napoléon prend-il alors ?
168
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 3 —
Séquence 4
2- Présente le document, puis raconte de façon précise et détaillée l’événement représenté
(date, lieu, personnages principaux, déroulement…).
NB : Si tu ne te souviens plus de la méthode de « Présentation d’un document », réfère toi au
chapitre III d’Histoire « Les traites négrières et l’esclavage ».
3- Qu’est-ce que le sacre ? À quelle époque (et régime politique) de l’histoire française cette
cérémonie fait-elle référence ?
4- Quel moment de la cérémonie la peintre a-t-il choisi de représenter sur son tableau ? À
ton avis, pourquoi ce choix ? Quelle est la position et l’attitude du pape ?
5- Comment le peintre a-t-il fait pour mettre en valeur et glorifier Napoléon ? Ta réponse est
à détailler en te servant de la composition de l’œuvre, de la position des personnages, des lumières, des
costumes et objets, des dimensions du tableau, du moment de la cérémonie choisi…
Maintenant, vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices.
Parallèlement au maintien et à la consolidation des acquis révolutionnaires et à la politique
de réconciliation nationale, le Consulat marque donc également le renforcement progressif
du pouvoir personnel de Napoléon.
En effet, dès 1799 et en dépit de la séparation des pouvoirs énoncée dans la Constitution,
Napoléon, devenu premier consul, concentre la majorité des pouvoirs entre ses mains :
il possède le pouvoir exécutif, il dirige l’armée, il est à l’initiative des lois et contrôle les
assemblées législatives, il nomme les ministres, les fonctionnaires et les juges…
Par le biais de la centralisation du pouvoir, il est l’homme fort et étend son autorité à
l’ensemble de la France. Par ailleurs, il contrôle de plus en plus la population et l’opinion
publique : la presse est censurée, la liberté d’expression est réduite au profit d’une
surveillance accrue de la population, le livret ouvrier est rétabli en 1803 (les ouvriers sont
surveillés par l’État et les patrons, les grèves sont interdites…), le suffrage universel se
résume à des plébiscites… Ainsi, le régime instauré par Napoléon devient progressivement
un régime autoritaire.
Ce retour à un régime personnel et autoritaire s’accentue au fur et à mesure du consulat
(Napoléon se fait nommer consul à vie en 1802) ; jusqu’à aboutir en 1804 à la suppression
de ce régime et de la République. C’est le début de l’Empire et Napoléon devient « Napoléon
1er : Empereur des Français ». Il imite le sacre des rois de France, reprend différents insignes
des rois de France (ex : sceptre, main de justice…) et des empereurs romains (ex : couronne
de laurier…), et règne désormais seul.
Ainsi donc, même si certains principes de la Révolution sont conservés, le régime est
désormais de nouveau personnel et autoritaire. Auprès du peuple, Napoléon a fait en
sorte de rendre ce basculement nécessaire, légitime (par l’emploi des plébiscites puis par
le recours à la cérémonie du sacre) et accepté (par sa popularité, notamment depuis les
mesures de pacification et de réconciliation nationale, mais aussi par la censure).
Maintenant que tu as effectué l’ensemble des exercices de la séance 3, lis attentivement le résumé
ci-dessous. Une fois qu’il est lu et compris, recopie-le sur ton cahier puis apprends-le.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
169
Séquence 4 — séance 3
j e retiens
Napoléon Bonaparte accède au pouvoir par le coup d’État du 18 Brumaire an VIII
(9 novembre 1799), avec l’aide de l’armée. Il fait rédiger une Constitution qui met en
place un nouveau régime politique : le Consulat. Il se fait nommer « Premier consul »
et devient le nouvel « homme fort » du gouvernement.
Le Consulat se situe dans la continuité de la période révolutionnaire, par le maintien
et la consolidation de nombreux acquis révolutionnaires (ex : la société d’ordres et
les privilèges ne sont pas rétablis ; le suffrage universel masculin est restauré…) et
par la création des « Masses de Granit », c’est-à-dire de bases nouvelles, solides et
inébranlables sur lesquelles Napoléon veut reconstruire la société française.
Mais surtout, le Consulat se veut être l’aboutissement et la clôture de la période
révolutionnaire, par la stabilisation de la vie politique (ex : centralisation du pouvoir
avec entre autres la nomination des préfets dans chaque département) et par la
politique de « réconciliation nationale » (ex : réconciliation avec l’Église catholique par
la signature du Concordat en 1801 ; signature de traités de paix avec les autres pays
européens en 1801-1802 ; aide au retour des émigrés…).
Enfin, le Consulat marque le retour progressif à un régime autoritaire. En effet, dès
1799, Napoléon, premier consul, concentre la majorité des pouvoirs entre ses mains
(ex : pouvoir exécutif, direction de l’armée, contrôle des assemblées législatives…). De
plus, il étend son autorité à l’ensemble de la France, par le biais de la centralisation
du pouvoir (avec l’aide des préfets), et il contrôle de plus en plus la population et
l’opinion publique (presse censurée, liberté d’expression réduite, livret ouvrier mis en
place…). Ce retour à un régime autoritaire s’accentue progressivement : en 1802,
Napoléon se fait nommer consul à vie ; en 1804 le Consulat est finalement supprimé
au profit de l’Empire. Napoléon devient « Napoléon 1er, Empereur des Français ». Il
imite le sacre des rois de France, reprend différents insignes des rois de France (ex :
sceptre, main de justice…) et des empereurs romains (ex : couronne de laurier…), et
règne désormais seul. Ainsi donc, même si certains principes de la Révolution sont
conservés, le régime est désormais de nouveau autoritaire.
Vocabulaire
Recopie au stylo les définitions suivantes sur ton cahier en notant le mot dans la marge et la
définition à droite comme ci-dessous :
Coup d’État
Prise du pouvoir par la force
Plébiscite
Vote du peuple au suffrage universel, qui répond par « oui » ou par « non » à une question posée par le gouvernement
Masses de granit Expression de Napoléon Bonaparte qui désigne les bases nouvelles, solides
et inébranlables sur lesquelles il veut reconstruire la France
Préfet
Représentant de l’État dans un département
Centralisation
Concentration des pouvoirs entre les mains d’un petit nombre de
personnes et en un même lieu
Concordat
Accord signé entre un État et le pape
Sacre
Cérémonie religieuse pour le couronnement d’un souverain
Puis apprends-les par cœur.
170
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 3 —
Séquence 4
j e suis capable de
Au terme de cette leçon, tu dois être capable de :
o Présenter, analyser et comparer des documents iconographiques présentant les
événements de la période 1799-1804
o Raconter les événements principaux de cette période 1799-1804 (et en dégager les
grands changements et ruptures avec l’ordre ancien)
o Connaître par cœur le vocabulaire
j e m’évalue
Pour être sûr que tu as bien compris et appris les séances 1, 2 et 3, réponds aux questions
suivantes…
1- Qu’est-ce que les « États Généraux » ?
2- Que jurent les députés de l’assemblée nationale le 20 juin 1789 ?
3- Comment se nomme une monarchie dans laquelle le pouvoir du roi est limité par une
Constitution ?
4- Que se passe-t-il le 20 juin 1791 ?
5- Comment se nomme un révolutionnaire ardent qui porte un pantalon et non la culotte
des nobles ?
6- Comment se nomme le personnage central de la « Terreur » ?
7- Que se passe-t-il en Vendée à partir de 1793 ?
8- Comment se nomment les bases nouvelles, solides et inébranlables sur lesquelles
Napoléon veut reconstruire la France ?
9- Comment se nomme l’accord signé par Napoléon et le pape Pie VII en 1801 ?
10-Cite trois insignes du pouvoir des rois de France repris par Napoléon.
Vérifie maintenant tes réponses dans le livret de corrigés. Si tu as moins de 6 bonnes réponses, il
est nécessaire que tu revoies la leçon avant de passer à la séance suivante.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
171
Séquence 4 — séance 3
Le coin des curieux
Si tu es curieux et que tu veux en savoir plus sur la période révolutionnaire, tu peux te tourner
vers les différentes sources suivantes :
• De nombreux sites internet abordent la thématique de la période révolutionnaire et
napoléonienne. Sur des œuvres précises telles que le sacre de Napoléon par David, tu
peux consulter le site du musée du Louvre « Œuvres à la loupe », qui mène une étude
précise et détaillée de l’œuvre, ou encore le documentaire de Galilée intitulé « le sacre de
Napoléon ».
• Le documentaire « Quelle aventure : La Révolution française » passe en revue l’ensemble
de la période révolutionnaire depuis l’année 1789 jusqu’à la fin de la première
République.
Réfère-toi à la fin de la séance 6 pour d’autres références.
172
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 4 —
Séquence 4
Séance 4
Les fondations d’une France nouvelle pendant
la Révolution et l’Empire
j e sais déjà
Tu viens d’étudier dans le chapitre précédent les principaux événements de la Révolution
française et tu as également rencontré quelques acteurs révolutionnaires comme Danton,
Robespierre et Napoléon. Ainsi, tu as pu découvrir que différents régimes politiques se
sont succédés entre 1789 et 1815 et que la France a connu un tel bouleversement que les
historiens ont décidé de considérer la Révolution comme le début de l’ère contemporaine.
D’ailleurs, l’expression “Ancien Régime” a été inventée en 1789 pour désigner ce qui est en
train de disparaître, laissant place à une France qu’il faut “construire”.
Aussi, dans les séances qui vont suivre, nous allons étudier les différents changements
politiques, économiques, sociaux et culturels qui vont se mettre en place et permettent de
parler d’une France nouvelle à travers le rôle du peuple.
Prends une nouvelle double page dans ton cahier d’Histoire.
En haut de la page, écris et encadre en rouge le titre de la quatrième séance « Les fondations
d’une France nouvelle pendant la Révolution et l’Empire ».
Puis saute une ligne, écris et souligne en rouge le sous-titre « Quel rôle joue le peuple dans la
Révolution ? ».
Prends ensuite un crayon à papier pour répondre aux questions des exercices suivants. N’oublie
pas pour chaque exercice de noter la référence de l’exercice (et du document étudié) et les
numéros des questions. Pour répondre, fais des phrases complètes qui reprennent l’intitulé des
questions.
Quel rôle joue le peuple dans la Révolution ?
“Un seul instant a mis un siècle de distance entre l’homme du jour et du lendemain”.
Ainsi s’exprime Condorcet en parlant de la Révolution française. Ce mathématicien,
défenseur des idées de 1789 et ami des Lumières qui périt sur l’échafaud, avait compris
à quel point la révolution en cours était en train de bouleverser profondément et
durablement le pays.
Rappelons la signification du mot « révolution » que tu as déjà rencontré dans le chapitre
précédent. Ce terme a deux sens. En astronomie, il désigne un mouvement qui ramène
les choses à leur point de départ. Au sens de crise, il implique un surgissement brusque et
violent de la nouveauté. Nous allons, à travers les pages qui vont suivre, tenter de donner
du sens à cette deuxième définition.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
173
Séquence 4 — séance 4
Je te propose de commencer ce chapitre par l’étude du rôle du peuple dans la Révolution,
peuple jusqu’alors bridé par le manque de libertés. Tu sais déjà que, dès juillet 1789, les
parisiens s’arment et prennent la Bastille. Puis c’est la Grande Peur pendant laquelle les
paysans pillent des châteaux à travers le royaume. En août 1792, c’est encore le peuple
parisien qui envahit les Tuileries et provoque la chute de la royauté. Tu vas découvrir à
travers divers documents que le rôle du peuple ne cesse de croître tout au long de la
période révolutionnaire.
Écris sur ton cahier le titre de la séance 4 et du A avant de travailler l’exercice 10.
A
Le peuple, un acteur essentiel de la Révolution
Exercice 10
Commençons par nous intéresser à la séance du 4 septembre à la Commune de Paris,
relatée par le Journal de la Montagne, une journée révolutionnaire méconnue mais dont
l’issue a marqué durablement la poursuite de la Révolution.
Document 10 : Une journée révolutionnaire méconnue : la séance du 4 septembre à la
Commune de Paris selon le Journal de la Montagne.
« À deux heures et demie de l’après-midi, environ deux mille citoyens, manœuvres
[travailleur manuel] et autres ouvriers des deux sexes, se sont présentés devant la maison
commune. Ils y venaient, ont-ils dit, pressés par la famine, plusieurs d’entre eux n’ayant
pu se procurer du pain chez les boulangers. Le Conseil général de la commune1 a été
convoqué à l’instant, et la séance a commencé à quatre heures. Plusieurs députations
des ouvriers des divers quartiers et faubourgs de Paris ont été admises. Toutes avaient
pour objet de représenter la pénurie des subsistances, et de solliciter les moyens les plus
prompts pour la faire cesser. La salle des séances était pleine, et le peuple se trouvant mêlé
avec ses magistrats, à délibérer avec eux. La séance a été très orageuse : Pache2 occupait
le fauteuil. On lui a fait, à plusieurs reprises, l’interpellation précise [on lui a demandé]
de déclarer s‘il y avait des farines oui ou non. Le citoyen Pache a donné des explications
sur la loi qui établissait le maximum des grains3, qui n’avait pas été exécutée dans la
plupart des départements ; c’est à l’inexécution de cette loi qu’il a attribué la pénurie que
nous éprouvons. Il a dit qu’au moyen des farines qui étaient en arrivage et à même d’être
débarquées, [on] allait prendre toutes les mesures [afin de] fournir sur le champ […] la
quantité de farine qui pouvait être nécessaire à l’approvisionnement de Paris. Nous ne
vous demandons pas, a dit l’orateur du peuple, si la loi du maximum a été exécutée, mais
seulement que vous répondiez à cette question, y a-t-il du pain, oui ou non ? Chaumette4 a
pris la parole, et a dit : « Et moi aussi j’ai été pauvre, et par conséquent je sais ce que sont
les pauvres. C’est ici guerre ouverte des riches contre les pauvres ; ils veulent nous écraser ;
eh bien ! il faut les prévenir ; il faut les écraser nous-mêmes ; nous avons la force en
main ... ! […]. Qu’il soit formé à l’instant une armée révolutionnaire qui parcourt toutes
les campagnes ; que chaque rayon de cette armée traîne à sa suite l’instrument fatal de la
vengeance du peuple [la guillotine], et que tous les accapareurs [ceux qui stockent le blé
pour le revendre plus cher], tous les fermiers riches, qui se refuseraient de nous fournir des
subsistances tombent sous ses coups ... » Hébert5 a succédé à Chaumette : que le peuple,
a-t-il dit, se porte dès demain en masse à la Convention6 ; qu’il l’entoure comme il a fait
au 10 août, au 2 septembre et au 31 mai7, et qu’il n’abandonne pas ce poste, jusqu’à ce
que la représentation nationale ait adopté les moyens qui sont proposés pour nous sauver
[...]. Le conseil, sur les réquisitions de Chaumette, et Hébert, arrête qu’à l’instant même,
l’administration des subsistances prendra des mesures promptes pour faire porter des
174
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 4 —
Séquence 4
farines à la halle, en la plus grande quantité possible. Que demain le Conseil général se
transportera accompagné du peuple à la Convention ; pour lui demander la formation
d’une armée révolutionnaire qui sera destinée à se répandre dans tous les environs
de Paris, pour y visiter les greniers à blés des fermiers, et les forcer d’approvisionner
les marchés […]. Sur la proposition d’un membre du peuple, le conseil arrête que les
membres de l’ancienne et nouvelle administration des subsistances, seront mis en état
d’arrestation, tant que durera le danger. On agite la question de savoir, s‘ils seraient
gardés par des gendarmes ou par des citoyens armés ? Il vaut mieux, dit Chaumette, qu’ils
soient gardés par des sans-culottes ; d’autres qu’eux pourraient se laisser corrompre ; mais
des sans-culottes, j’en réponds sur ma tête, rien ne les corrompra, et comme il n’est pas
juste qu’ils passent du temps pour rien, je demande qu’il soit donné pour garde de chaque
administrateur, et qu’ils perçoivent à titre d’indemnité 5 livres par jour. Le réquisitoire de
Chaumette est encore adopté. »
Journal de la Montagne, n° 96, Du vendredi 4 septembre 1793, l’an deuxième de la
République française, p. 663-664.
1
Commune de Paris : nom donné au gouvernement révolutionnaire de Paris établi après
la prise de la Bastille. Après le 10 août 1792, elle devient commune insurrectionnelle. Le
Comité général de la Commune de Paris était composé de membres élus par les citoyens
des 48 sections de la ville de Paris.
2
Jean-Nicolas Pache (1746-1823). Maire de Paris depuis mai 1793. Il appartient au
courant hébertiste.
3
La loi du maximum fixe les prix du grain afin de permettre au petit peuple de pouvoir se
nourrir.
4
Pierre-Gaspard Chaumette (1763-1794), est un des dirigeants de la Commune de Paris.
Il appartient au courant radical des hébertistes.
5
Jacques-René Hébert (1757-1794) Il lance en 1790 Le père Duchesne, journal des
révolutionnaires radicaux. Il participe, en 1792, à la chute de la monarchie et, en juin
1793, à celle des Girondins. Avec ses partisans, les hébertistes, il est influent au club des
Cordeliers et au sein de la Commune de Paris.
6
La Convention est l’Assemblée élue depuis 1792.
7
10 août1792 : Les sans-culottes s’emparent des Tuileries.
2 au 7 septembre 1792 : Massacre de Septembre. Les Parisiens exécutent sommairement
les ennemis de la révolution emprisonnés.
27 mai au 2 juin 1793 : Les députés de la Montagne et les sans-culottes arrêtent et
éliminent les Girondins
1- Quelle est la cause des manifestations ? Qui sont les manifestants ?
2- À qui adressent-ils leurs revendications ?
3- Quelles décisions sont finalement prises ?
4- Comment les sans-culottes sont-ils présentés par les dirigeants ?
5- Montre que le peuple a su imposer sa volonté aux dirigeants.
À la suite de cette journée vont être prises plusieurs mesures qui fondent la Terreur. En effet,
comme tu le sais déjà, à la fin du mois de septembre, la loi du maximum sur les salaires
et les prix est adoptée : elle fixe les prix des denrées de première nécessité et les salaires et
punit les accapareurs de la peine de mort. Parallèlement, la loi des suspects est instaurée :
quiconque ne soutient pas assez ardemment la Révolution est conduit à la guillotine. Le
peuple a ainsi su influencer les dirigeants parisiens et leur imposer ses volontés.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
175
Séquence 4 — séance 4
Découvrons maintenant à travers l’iconographie de l’époque qui étaient les sans-culottes
que nous avons rencontrés dans le texte précédent.
Exercice 11 : Je dresse le portrait d’un sans-culotte à travers
l’imagerie populaire de l’époque
Document 11 : Jean-Baptiste Lesueur, Les sans-culottes, gouache, musée Carnavalet,
Paris.
© Roger-Viollet/D9075/CARD09075/27123-2
Un petit coup de pouce sur l’oeuvre :
L’imagier Jean-Baptiste Lesueur (1749-1826) a réalisé 83 gouaches dont 64 sont conservées
au musée Carnavalet. Elles retracent les épisodes révolutionnaires et la vie parisienne de
1789 à 1806. Scènes et personnages sont dessinés avec un grand souci d’exactitude et
de précision sur du carton constitué de feuilles collées et tassées puis découpées et enfin
coloriées à la gouache. Ce découpage implique une présentation verticale et on pense que
ces documents iconographiques étaient destinés à un petit théâtre, proche du spectacle
de marionnettes ou du théâtre d’ombres, pour un public peu alphabétisé, friand de ces
scènes très colorées.
Écris le titre de l’exercice puis réponds aux questions. N’hésite pas à consulter à tout moment
le lexique si tu ne comprends pas certains mots ou expressions.
1- Décris le sans-culotte à l’extrême gauche de l’image.
2- Les sans-culottes sont habillés différemment mais ont un point commun. Lequel ?
Qu’est-ce que cela signifie ?
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices avant de poursuivre.
176
— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 4 —
Séquence 4
Nous venons de rencontrer le peuple de Paris, farouche défenseur de la Révolution et de
la République. Cependant, les masses populaires n’étaient pas toutes acquises à ces idées.
C’est ce que nous allons découvrir à travers les deux documents suivants.
B
Le peuple, adversaire de la Révolution
Exercice 12 : Je découvre l’insurrection vendéenne de 1793
Note le titre du B et le numéro de l’exercice 12 dans ton cahier puis réponds aux questions après
avoir lu le texte et regardé attentivement le tableau.
Document 12 : Le soulèvement vendéen de 1793
« Il se présenta dans le bourg, une quantité de gens attroupés et armés de fusils, brocs,
fourches, faux et autres instruments, ayant tous des cocardes blanches et décorés d’une
petite étoffe carrée sur lesquelles sont brodées différentes figures telles que des croix. Tous
ces gens criaient : « Vive le roi et nos bons prêtres, nous voulons notre roi, nos prêtres et
l’Ancien Régime, » et voulaient égorger tous les patriotes […] Toute cette troupe se jeta sur
tous les patriotes qui s’étaient réunis pour s’opposer à leurs entreprises, en tua plusieurs,
en fit plusieurs prisonniers et dispersa les autres. Ils s’emparèrent de la ville. »
Déposition de deux témoins, le 23 mars 1793, archives départementales du Maine-etLoire.
Document 13 : Anne-Louis Girodet, Portrait de Cathelineau, généralissime de la grande armée
catholique et royale, huile sur toile, 1816, Musée national du Château de Versailles, 226x141cm.
© Roger-Viollet/RVB00483/5299-3
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
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Séquence 4 — séance 4
Un petit coup de pouce sur l’œuvre :
Jacques Cathelineau, fils d’un maçon et colporteur de son état, est à l’origine de
l’insurrection vendéenne de mars 1793 qui ouvre une période de guerre civile. La mort du
roi sur l’échafaud en janvier 1793, la persécution des prêtres réfractaires et enfin le décret
de la Convention portant sur la levée en masse de 300 000 hommes pour aller combattre
contre les ennemis extérieurs de la Révolution sont à l’origine de cette révolte. En juin
de la même année, Cathelineau est désigné par les nobles vendéens comme le premier
généralissime de la grande armée catholique et royale. Il organise l’attaque de Nantes mais
est repoussé, gagne quelques combats contre les Républicains avant de mourir le 14 juillet
de blessures. Ce tableau qui annonce le romantisme fut réalisé par Girodet qui prit pour
modèle le fils du héros.
1- Qui sont les émeutiers dont il est question dans le texte ?
2- Que défendent-ils ?
3- À qui s’en prennent-ils ?
4- Quels symboles évoqués dans le texte retrouve-t-on à l’arrière-plan du tableau ?
Ainsi, tu viens de découvrir qu’une partie du peuple, attachée au roi et à la religion, a
décidé de combattre la Révolution à partir de 1793, essentiellement dans le monde rural
de l’Ouest de la France. La répression de ce mouvement par l’armée républicaine a été très
sévère mais les insurgés de l’Ouest sont restés actifs jusqu’à la fin des années 1790.
Recopie au stylo dans ton cahier les mots de vocabulaire essentiels ainsi que le résumé suivant
que tu devras apprendre en insistant sur les idées et faits principaux qui sont en gras.
j e retiens
Pendant la Révolution, le peuple devient un acteur majeur des événements dont il
influence le déroulement. À Paris, les sans-culottes sont de plus en plus présents
dans la vie politique qui naît à cette époque. En effet, la reconnaissance des libertés
d’opinion, d’expression et de réunion donne naissance à de nombreux journaux et
clubs qu’ils fréquentent, notamment celui des Cordeliers. Ils agissent aussi auprès de
la Convention par des manifestations et des pétitions. Appartenant au petit peuple
urbain (artisans, boutiquiers, ouvriers), ils veulent le plus d’égalité possible et du
pain bon marché. C’est sous leur pression que les Girondins sont arrêtés et exécutés
et que les principales lois de la Terreur sont mises en place (loi du maximum, loi des
suspects), ceci au mépris des principes de 1789.
Les sans-culottes sont soutenus par de grands acteurs révolutionnaires montagnards
comme Robespierre, Hébert ou Marat qui estiment que l’avenir de la Révolution
passe par la satisfaction des souhaits des masses populaires. Marat, surnommé l’Ami
du Peuple, nom du journal révolutionnaire qu’il dirige, défend ardemment leur cause.
Il meurt assassiné en 1793 par la jeune Charlotte Corday, qui ne lui pardonne pas la
mort de ses amis Girondins.
Le peuple compte aussi des adversaires de la Révolution : en 1793, les vendéens,
dirigés par Cathelineau ou la Rochejaquelein se soulèvent, par réaction à la levée en
masse de 300 000 hommes pour combattre les ennemis de la Révolution mais aussi
par attachement à la royauté et au catholicisme.
Partisans et adversaires de la Révolution s’affrontent alors pendant la période la plus
meurtrière de la Révolution, la Terreur.
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— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 4 —
Séquence 4
Vocabulaire
Sans-culotte : un habitant des villes qui appartient au petit peuple. Il est surnommé ainsi car
il ne porte pas la culotte courte des nobles et des bourgeois.
Club : association de citoyens se réunissant pour débattre de questions politiques.
Suffrage universel : droit de vote donné à tous les citoyens.
Levée en masse : service militaire obligatoire pour tous les hommes célibataires de 18 à
25 ans, décrété pour faire face aux armées étrangères qui menaçaient le territoire national.
Loi du maximum : Loi de 1793 fixant le prix des denrées alimentaires de première nécessité
et les salaires.
Convention : Assemblée élue en 1792. Le 21 septembre de cette même année, elle abolit la
royauté et proclame la République.
Le savais-tu ?
La plupart des symboles de la République Française sont hérités de la Révolution.
C’est à La Fayette que l’on doit le drapeau tricolore : il a associé les couleurs de Paris, le
bleu et le rouge, au blanc, couleur du roi pour marquer la réconciliation du peuple avec
Louis XVI après la prise de la Bastille.
L’hymne national est la Marseillaise, chant de guerre écrit par Rouget de Lisle à Strasbourg
en 1792.
Une des fêtes nationales est le 14 juillet qui commémore la fête de la Fédération du 14
juillet 1790, considérée comme un moment de réconciliation entre tous les français.
En 1792, une femme coiffée d’un bonnet phrygien devient l’image officielle de la
République. On la surnomme Marianne, prénom féminin le plus usité alors. Son buste se
trouve encore aujourd’hui dans toutes les mairies ou sur les timbres.
J’approfondis : Histoire des arts
Exercice 13 : Je découvre les chants révolutionnaires
La Révolution française a donné naissance à de nombreux chants populaires. Tu connais
déjà la Marseillaise, écrite en 1792 par Rouget de Lisle, chant de guerre devenu aujourd’hui
notre hymne national. Découvre maintenant deux autres chants célèbres qui reflètent les
idées d’une partie du peuple à cette époque.
La Carmagnole est une chanson révolutionnaire anonyme et très populaire créée en 1792 au
moment de la chute de la monarchie (journée du 10 août 1792). Elle se popularise ensuite
dans toute la France après la chute du trône pour devenir un hymne des sans-culottes.
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179
Séquence 4 — séance 4
Document 14 : Extrait de la Carmagnole
La Carmagnole (1792)
Madam’ Veto1 avait promis (bis)
De faire égorger tout Paris (bis)
Mais son coup a manqué
Grâce à nos canonniers.
Dansons la Carmagnole
Vive le son (bis)
Dansons la Carmagnole
Vive le son du canon !
Monsieur Veto avait promis (bis)
D’être fidèle à son pays (bis)
Mais il y a manqué,
Ne faisons pas de quartier2.
Antoinette avait résolu (bis)
De nous faire tomber sur le cul (bis)
Mais son coup a manqué,
Ne faisons pas de quartier.
Amis, restons unis (bis)
Ne craignons pas nos ennemis (bis)
S’ils viennent nous attaquer,
Nous les ferons sauter.
Oui, nous nous souviendrons toujours (bis)
Des sans-culottes des faubourgs (bis)
À leur santé buvons,
Vivent ces francs lurons.
Chant révolutionnaire anonyme
http://cm1cm2.ceyreste.free.fr/chants.html
1 Le droit de veto est un droit dont dispose le roi pour s’opposer à l’exécution d’une loi
sous la monarchie constitutionnelle.
2 Cette expression signifie « massacrer tout le monde ».
1- D’après tes connaissances, qui sont Monsieur et Madame Veto ?
2- Quel sort leur réservent les acteurs de la chanson ? D’après tes connaissances, ont-ils
tenu parole ?
3- Cette chanson est-elle pacifique ? Justifie ta réponse avec des éléments du texte ?
4- À qui cette chanson rend-t-elle hommage ?
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— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 5 —
Séquence 4
Séance 5
Napoléon et le peuple : Du peuple conquis au peuple surveillé
Comme tu l’as étudié dans le chapitre précédent, la chute de Robespierre en 1794 met
fin au régime de la Terreur. Les nouveaux dirigeants conservent le régime républicain en
rétablissant les principes de 1789. Ainsi, la liberté économique est rétablie mais la situation
du peuple se dégrade alors. Les sans-culottes qui réclament le retour de la République de
1793 et le maximum des prix se révoltent mais ils sont réprimés. Pour la première fois depuis
1789, le peuple est réduit à l’impuissance.
Document 15 : La disette de l’an IV
© Roger-Viollet/D9072/CARD09072/27123-1
Jean-Baptiste Lesueur (1749-1826). Disette de pain, An 4, XVIIIe siècle, Musée Carnavalet,
Paris.
En 1799, profitant du désordre qui règne sur le pays, un jeune général corse qui s’est illustré
pendant la Révolution, Napoléon Bonaparte, prend le pouvoir par la force. Avec lui, la paix
et la prospérité reviennent et il sait maintenir diverses mesures très populaires qui lui valent,
dans un premier temps, l’attachement d’une grande partie de la population. Par exemple, il
ne remet pas en cause l’achat des biens nationaux, terres du clergé et une partie des terres
de la noblesse, qui ont été rachetées par la bourgeoisie et la paysannerie aisées dès 1790.
L’égalité des français devant la loi est aussi maintenue et les privilèges ne sont pas restaurés.
Désormais, chacun peut, quel que soit son milieu social, accéder aux plus prestigieuses
carrières et aux plus hauts rangs de la société. C’est ce que nous allons découvrir maintenant
à travers la carrière prestigieuse d’un célèbre maréchal d’Empire, Joachim Murat.
© Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e —
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Séquence 4 — séance 5
A
Un peuple conquis par Napoléon Bonaparte
Exercice 14 : Je découvre un exemple d’ascension sociale sous
l’Empire
Lis le texte à travers lequel tu vas faire connaissance avec un personnage célèbre du règne de
Napoléon, Joachim Murat.
Document 16 : Qui est Joachim Murat ?
« Il existe des hommes pour lesquels le danger est une chimère1 et le péril un jeu. Tel était
Joachim Murat, né à La Bastide, près Cahors, le 25 mars 1767. Joachim, poussé par une
vocation réelle pour l’état militaire, s’engagea en 1791, malgré ses parents2, dans les
chasseurs à cheval. Actif, intelligent et brave, son avancement ne pouvait manquer d’être
rapide. L’année suivante, il était lieutenant, et le 18 novembre 1793, il fut nommé chef de
brigade, puis aide de camp du général en chef Bonaparte.
Pendant la campagne d’Italie, il fit des prodiges (…) et le 10 mai 1796, il fut nommé
général de brigade sur le champ de bataille. (…). Murât suivit Bonaparte en Égypte. Là, il
fut nommé général de division.
Murat contribua puissamment à la victoire politique du 18 brumaire. Ce fut lui qui, à la
tête de ses grenadiers, dispersa le Conseil des Cinq-Cents. Tant de dévouement à la cause
de Bonaparte méritait une récompense. Le 29 décembre 1799, Murât épousa MarieAnnonciade-Caroline Bonaparte, soeur cadette du premier Consul, et âgée de dix-sept
ans. De cette union naquirent quatre enfants (…) À la proclamation de l’Empire, Murat
fut nommé maréchal de France, puis Gouverneur de Paris, et, quelque temps après, grand
amiral et Prince de l’Empire. (…)
Au commencement de la guerre d’Espagne, Murat fut nommé général en chef de l’armée
des Pyrénées. Le 2 mai 1808, il entrait à Madrid. (…)
Par un décret de Napoléon, en date du 1er août 1808, Murat fut proclamé Roi de Naples,
en remplacement de Joseph Bonaparte, son beau-frère, appelé au trône d’Espagne.
Il monta sur le trône sous le nom de Joachim-Napoléon. »
Chimère, dans le texte, signifie quelque chose qui ne peut pas arriver, qui est inexistant.
2 Les parents de Joachim Murat avaient onze enfants et tenaient une auberge
D.-L. Ambrosini et Adolphe Huard, La Famille impériale, histoire de la famille Bonaparte depuis
son origine jusqu’en 1860, 1860.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55097576/f452.image.r=Murat
1
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séance 5 —
Séquence 4
Document 17 : Portrait de Murat
Baron Gérard, Portrait de Joachim Murat (1764-1815), maréchal de l’Empire, en grande tenue, 1805,
musée de l’Armée, Paris.
© RMN/4491DEP/06-505701
Murat tient dans sa main droite un bâton de maréchal et dans sa main gauche un mouchoir
blanc brodé d’abeilles, symbole napoléonien. Outre les vêtements somptueux, il arbore le
collier de la Légion d’Honneur, dignité suprême réservé à un petit nombre de personnes
(collaborateurs éminents, membres de la famille impériale).
Document 18 : La Légion d’honneur
La Légion d’Honneur doit être une institution auxiliaire de toutes nos lois républicaines.
Elle paie au service militaire comme au service civil le prix du courage mérité : elle les
confond dans la même gloire, comme la nation les confond dans la reconnaissance. Elle
efface les distinctions nobiliaires1 qui plaçaient la gloire héritée avant la gloire acquise, et
les descendants des grands hommes avant les grands hommes.
D’après le rapport présenté par Roederer, Conseiller d’État, au corps législatif,
15 mai 1802.
1 De la noblesse
1- À l’aide du document, retrace rapidement la carrière de Murat en montrant son
ascension sociale prestigieuse.
2- Une telle carrière eût-elle été possible sous l’Ancien Régime ? Justifie ta réponse.
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183
Séquence 4 — séance 5
3- Quelle récompense prestigieuse porte Murat sur la poitrine ?
4- D’après le document 18, quelle est la fonction de la Légion d’Honneur ?
5- Explique la phrase soulignée.
En permettant à des hommes de condition modeste d’accéder à des postes prestigieux de
l’Empire et en les récompensant avec la Légion d’Honneur, Napoléon Bonaparte s’attache,
au début de son règne, une grande partie de la population. Il tire parti de son immense
popularité pour organiser alors un plébiscite. À la question : “Napoléon Bonaparte serat-il consul à vie ? ”, près de 3 600 000 de Français répondent “oui” contre 8374 “non”.
Cependant, le souverain met bientôt cette société sous surveillance afin de mieux la
contrôler.
B
Le peuple surveillé et muselé
Tu vas maintenant travailler sur plusieurs textes qui vont te permettre de comprendre
comment Napoléon Bonaparte met la société française sous surveillance.
Recopie le titre du B puis le numéro de l’exercice. Lis attentivement les textes puis réponds aux
questions au crayon à papier dans ton cahier.
Exercice 15 : Napoléon surveille et contrôle la société
Document 19 : Le rôle de la police sous le régime napoléonien
Texte A
« Monsieur Fouché,
Les journaux se plaisent, dans toutes les circonstances, à exagérer le luxe et les dépenses
de la cour, ce qui porte le public à faire des calculs ridicules et insensés. […] Réprimez un
peu plus les journaux, faites-y mettre de bons articles, faites comprendre aux rédacteurs
des Débats et du Publiciste que le temps n’est pas éloigné où, m’apercevant qu’ils ne sont
pas utiles, je les supprimerai avec tous les autres et je n’en conserverai qu’un seul, […] que
le temps de la Révolution est fini, qu’il n’y a en France qu’un parti ; et que je ne souffrirai1
jamais que les journaux disent ni fassent rien contre mes intérêts ; qu’ils pourront faire
quelques petits articles où ils pourront mettre un peu de venin, mais qu’un beau matin, on
leur fermera la bouche. »
1 Souffrir signifie ici supporter
Lettre de Napoléon au ministre de la Police, le 22 avril 1805.
1- De quoi Napoléon menace-t-il les journaux dans ce texte ? Pourquoi ?
2- Quelles libertés, proclamées dans la Déclaration des Droits de l’Homme, sont ici remises
en cause dans le texte ?
Vérifie tes réponses dans le livret de corrigés des exercices avant de continuer.
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— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 5 —
Séquence 4
Document 20 : Le contrôle des ouvriers
Texte B : Le livret ouvrier1 institué en 1803
« Art 1: Tout ouvrier travaillant en qualité de compagnon ou garçon devra se pourvoir
d’un livret […].
Art 3: […] L’ouvrier sera tenu de faire viser son dernier congé par le maire ou son adjoint,
et faire indiquer le lieu où il se propose de se rendre. Tout ouvrier qui voyagerait sans être
muni d’un livret visé sera réputé vagabond et pourra être arrêté et puni comme tel.
Art 5: L’ouvrier sera tenu de faire inscrire le jour de son entrée par le maître chez lequel il se
propose de travailler. »
Arrêté du 1er décembre 1803.
1 Le livret ouvrier est une sorte de passeport, délivré par la préfecture de police à chaque
ouvrier. Il comporte une description très détaillée de la personne concernée, permettant
ainsi un étroit contrôle policier sur une population jugée dangereuse.
3- À quoi sert le livret ouvrier ?
4- Quelle est la liberté supprimée pour les ouvriers par l’arrêté de 1803 ?
Recopie le résumé suivant au stylo sur ton cahier et apprends-le en insistant sur les phrases
en gras.
j e retiens
Arrivé au pouvoir par un coup d’état, Napoléon séduit le peuple en maintenant
certains acquis de 1789. Ainsi, l’égalité devant la loi, le droit à la propriété et la
possession des biens nationaux, achetés par les français dès 1789, ne sont pas remis
en cause. Ni les droits seigneuriaux, ni la dîme, ni les privilèges ne sont réinstaurés.
Désormais, la paysannerie n’est plus accablée d’impôts et de nombreux hommes
d’origine modeste vont pouvoir mener des carrières prestigieuses tel Joachim Murat,
fils d’aubergiste devenu maréchal d’Empire, roi de Naples et beau-frère de l’empereur
lui-même. En 1802, Napoléon Bonaparte crée la Légion d’Honneur qui vise à
récompenser les hommes pour leurs mérites civils et militaires. Ceux-ci forment la
noblesse d’Empire. Par le Concordat signé avec le pape en 1801, il instaure la liberté
religieuse, s’attachant les catholiques, persécutés pendant la Révolution. Enfin, il
amnistie les insurgés vendéens, mettant fin aux poursuites dont ils étaient l’objet. Il
s’allie ainsi le peuple qui lui accorde le consulat à vie par plébiscite la même année.
Cependant, Napoléon va bientôt imposer son autorité et museler le peuple. Victime
en 1800 d’une première tentative d’attentat, il met en place une police chargée
de surveiller la population et d’empêcher toute contestation du régime et toute
conspiration contre sa personne. Le livret ouvrier, instauré en 1803, vise à contrôler
une population jugée dangereuse et qui était devenue très influente pendant la
Révolution. Le régime impérial ne laisse plus de place au débat et toute vie politique
est désormais étroitement encadrée.
Recopie maintenant les mots de vocabulaire et leur définition.
Plébiscite : vote du peuple au suffrage universel sur une question posée par l’empereur.
Concordat : traité signé entre un état et le Pape.
Livret ouvrier : sorte de passeport permettant à la police de surveiller le comportement et
les déplacements des ouvriers.
Noblesse d’Empire : noblesse créée par Napoléon pour récompenser ses partisans. Elle ne
dispose pas de privilèges.
Légion d’Honneur : décoration récompensant un fait militaire ou civil exceptionnel.
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185
Séquence 4 — séance 6
Séance 6
Quels changements politiques, économiques, sociaux et
culturels donnent naissance à la France contemporaine ?
Nous allons, à travers cette séance, rappeler ou découvrir quelles transformations connaît la
France pendant la Révolution et L’Empire.
A
Quelles transformations connaît la France sous la Révolution ?
Écris dans ton cahier le titre de la séance 6, du A et de l’exercice 16 avant de prendre connaissance
des divers documents qui te sont proposés.
Exercice 16 : Je rédige un texte à partir d’informations extraites
de divers documents.
Document 21 : Le bilan de l’Assemblée constituante
On a feint d’ignorer quel bien a fait l’Assemblée nationale; nous allons vous le rappeler.
Les droits de l’homme étaient méconnus, ils ont été rétablis. La nation avait perdu le
droit de décréter les lois et les impôts, ce droit lui a été restitué. Des privilèges sans
nombre composaient tout notre droit public, ils sont détruits. Les finances demandaient
d’immenses réformes, nous y avons travaillé sans relâche. […] L’Assemblée a consommé
l’ouvrage de la nouvelle division du royaume1 qui seule, pouvait substituer à l’amourpropre des provinces l’amour véritable de la patrie… Elevés au rang de citoyens,
admissibles à tous les emplois […] puisque tout se fait par vous et pour vous, égaux devant
la loi, libre d’agir, de parler, d’écrire, ne devant jamais compte aux hommes, toujours à la
volonté commune, quelle belle condition!”
Proclamation de l’Assemblée Constituante, 11 février 1790.
1 La France est découpée en 83 départements.
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séance 6 —
Séquence 4
Document 22 : La liberté de la presse
« Liberté de la presse ». Anonyme, estampe. Paris, musée (...)
© Roger-Viollet/G26102/CARG026102/24170-3
Document 23 : La nationalisation des biens du clergé
« L’Assemblée nationale décrète que tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition
de la Nation1, à sa charge de pourvoir d’une manière convenable, aux frais du culte2, à
l’entretien de ses ministres3, et au soulagement des pauvres […]. »
Bulletins de Poncet-Depech, député du Quercy aux États-Généraux, 1789.
1 Les biens de l’Église sont mis en vente afin de faire face aux problèmes financiers du
royaume.
2 Les prêtres seront désormais salariés par l’État.
3 Membres du clergé.
Document 24 : La réforme de la justice sous l’Assemblée Constituante.
La torture subsistait en 1789 […]. Des supplices tels que la roue […] étaient encore
admis dans certains cas. L’Assemblée constituante abolit jusqu’au nom de ces barbaries
judiciaires.
Les procès criminels n’étaient pas instruits en public […].
M. de la Fayette, dès qu’il fut nommé chef de la force armée de Paris, déclara qu’il ne
pouvait se permettre d’arrêter personne si l’on n’accordait pas aux accusés un défenseur,
la communication des pièces1, la confrontation des témoins […].
L’Assemblée nationale substitua aux parlements, composés de membres dont les charges
étaient vénales2, l’admirable administration des jurés3 qui sera chaque jour plus vénérée, à
mesure qu’on en sentira mieux les bienfaits.
Madame de Staël4, Considérations sur la Révolution française, 1818.
1 Document destiné à servir d’élément de preuve dans un procès.
2 Un juge devait acheter “une charge” pour exercer son métier.
3 Citoyens qui remplissent occasionnellement et temporairement des fonctions judiciaires.
4 Fille de Necker, ministre des finances de Louis XVI. Cette intellectuelle fut une virulente
opposante de Napoléon Ier.
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Séquence 4 — séance 6
1- Que font les personnages du document 22 ?
2- Quel extrait du document 21 le document 22 illustre-t-il ?
3- Rédige quelques lignes dans lesquelles tu montreras les principaux changements que
connaît la France pendant la Révolution.
Vérifie les réponses dans le livret de corrigés des exercices avant de continuer.
B
Quelles institutions napoléoniennes donnent naissance à la France nouvelle ?
Afin d’améliorer le fonctionnement du pays, Napoléon met en place au début du XIXe siècle
de nombreuses institutions qui existent encore aujourd’hui. Ce sont les fameuses « masses
de granit », expression tirée d’une phrase prononcée par Napoléon dans laquelle il compare
la société française à une plage de sable dispersée par le vent. « Il est nécessaire de jeter des
masses de granit pour lier les grains de sables ».
À travers la séance précédente, tu as déjà rencontré une de ces institutions prestigieuses, la
Légion d’Honneur. Poursuivons maintenant notre travail avec l’étude d’autres institutions
napoléoniennes.
Écris dans ton cahier le titre du B puis le numéro de l’exercice 17.
Exercice 17 : À qui Napoléon Bonaparte confie-t-il
l’administration de la France ?
Lis attentivement ce texte afin de répondre aux questions.
Document 25 : Les préfets
“Vous êtes appelés à seconder le gouvernement dans le noble dessein de restituer la
France à son antique splendeur, d’y ranimer ce qu’elle a produit de grand et généreux, et
d’asseoir enfin ce magnifique édifice sur les bases inébranlables de la liberté et de l’égalité
[…]. Votre soin est de détruire sans retour, dans votre département, l’influence morale
des événements qui nous ont trop longtemps dominés. Faites que les passions haineuses
cessent, que les ressentiments s’éteignent, que les souvenirs douloureux s’effacent. Dans
vos actes publics, et jusque dans votre conduite privée, soyez toujours le premier magistrat
du département, jamais l’homme de la révolution. Je me borne à vous recommander de
vous occuper sans délai de la levée de la conscription et de la rentrée des contributions.
Aimez, honorez les agriculteurs, protégez le commerce. Visitez les manufactures et
distinguez par des témoignages d’une haute estime les citoyens qui leur donnent de
l’activité. Occupez-vous de la génération qui commence. Donnez des soins à l’éducation
publique. Formez des Hommes, des Citoyens, des Français.”
Lucien Bonaparte, ministre de l’Intérieur1, circulaire aux préfets, 13 février 1800.
1 On appelle ministre de l’Intérieur le ministre de la police. Lucien Bonaparte est le frère de
Napoléon.
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séance 6 —
Séquence 4
Costume de Préfet sous la première
République (1792-1804)
© Bridgeman Giraudon/CHT 168825
Document 26 : Un préfet sous Napoléon
1- D’après le texte, quelles sont les missions des préfets ?
2- Relève la phrase qui indique qu’ils doivent réconcilier les français.
3- Quelles valeurs issues de la Révolution doivent-ils répandre ?
4- Montre qu’ils doivent favoriser l’activité économique.
Vérifie les réponses dans le livret de corrigé des exercices avant de poursuivre.
Voyons maintenant comment Napoléon va former l’élite chargée de gouverner le pays à
travers la mise en place d’un enseignement public.
Écris le numéro de l’exercice dans ton cahier, lis les textes et réponds aux questions.
Exercice 18 : Napoléon organise l’enseignement
Document 27 : Les lois sur l’enseignement
Texte A
« Article 1. L’instruction sera donnée,
1° Dans les écoles primaires établies par les communes.
2° Dans des écoles secondaires établies par des communes ou tenues par des maîtres
particuliers.
3° Dans les lycées et des écoles spéciales entretenues aux frais du Trésor Public […].
Article 9. Il y aura un lycée au moins par arrondissement de chaque tribunal d’appel.
Article 10. On enseignera dans les lycées les langues anciennes, la rhétorique, la logique, la
morale et les éléments des sciences mathématiques et physiques.
Article 13. L’administration de chaque lycée sera confiée à un proviseur […] »
Loi sur l’instruction publique, 1802, La Documentation photographique n° 8073, janvier-février
2010.
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Séquence 4 — séance 6
Texte B
« Bien servir l’empereur, dans quelque carrière où le sort vous appelle, voilà votre premier
devoir. Et combien n’a t-il pas droit à votre dévouement ! […] Vous êtes plus heureux que
vos pères. Ils ont vu la société renversée, et vous la voyez rétablie. […]. Chacun pourra
suivre tranquillement sa carrière sous la garde des lois. Distinguez-vous par quelque
mérite, et vous êtes sûrs d’être distingués par le monarque. […] Que son regard vous
encourage, et que du milieu de vous s’élève une génération digne de lui ! Puissent des
hommes illustres en tout genre l’accompagner, et lui servir de cortège, quand il ira dans la
postérité prendre sa place au-dessus des plus grands rois. »
Discours prononcé par le grand Maître de l’Université impériale lors de la distribution générale des prix
aux élèves des quatre lycées de Paris, 16 août 1809.
1- Quel est le but du texte A ?
2- Quel doit être le rôle des lycées ?
3- Pourquoi les lycéens doivent-ils être dévoués à l’empereur d’après le texte B ?
4- Comment peux-tu qualifier ce discours ?
Vérifie les réponses dans le livret de corrigés puis passe à l’exercice suivant.
Lors de son exil à Sainte-Hélène, Napoléon Ier déclara : « Ma vraie gloire n’est pas d’avoir
gagné quarante batailles, Waterloo effacera le souvenir de tant de victoires. Ce que rien
n’effacera, ce qui vivra éternellement, c’est mon Code civil. »
Découvrons ce qu’est le Code civil.
Exercice 19 : Je découvre le Code civil
Document 28 : Édition originale du Code Civil de 1804
Le Code civil des Français, édition originale et seule officielle, Paris, an XII, château de la
Malmaison. © RMN/MM (Bibl.) 4656/99-004027
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— © Cned, Histoire-géographie et éducation civique 4e
séance 6 —
Séquence 4
Document 29 : Qu’est-ce que le Code civil ?
Texte A
« Qu’est-ce que le Code civil ? C’est un corps de lois destinées à diriger, à fixer les relations
de sociabilité, de famille et d’intérêt, qu’ont entre eux des hommes qui appartiennent à la
même cité. […]
Aujourd’hui, une législation uniforme sera un des grands bienfaits de la Révolution. Tant
qu’il a existé en France des différences et des distinctions politiques entre les personnes,
tant qu’il y a eu des nobles et des privilégiés, on ne pouvait faire disparaître de la
législation civile les différences et les distinctions qui tenaient à ces privilèges ».
Portalis, discours, Frimaire an X (24 novembre 1801).
Texte B
Article 212 : Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours et assistance.
Article 213 : Le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari.
Article 371 : L’enfant, à tout âge, doit honneur et respect à ses père et mère.
Article 545 : Nul ne peut être contraint de céder sa propriété si ce n’est pour une cause
d’utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité.
Article 1781 : Le maître est cru sur son affirmation pour le paiement du salaire.
Code civil, 1804.
1- Qu’est-ce que le Code Civil? Réponds par une phrase simple sans recopier exactement le
texte.
2- Quel principe de 1789 respecte-t-il ?
3- Quel droit, donné aux Français depuis 1789, est reconnu dans l’article 545 ?
4- Montre cependant que le principe d’égalité n’est pas respecté dans les articles 213 et
1781.
En 1800, Napoléon Bonaparte nomme une commission chargée de préparer un code civil.
Connu aussi sous le nom de Code Napoléon, la rédaction de ce recueil de plus de 2000 lois
va prendre quatre ans et reste la principale fierté du consul, futur empereur. Il le diffusera
d’ailleurs dans les pays étrangers conquis.
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Séquence 4 — séance 6
Recopie maintenant le résumé suivant au stylo et apprend-le en insistant sur les parties en gras.
j e retiens
Depuis 1789, les Français sont devenus des citoyens, ils ne sont plus des sujets. Ils
s’empressent de mettre en œuvre la liberté d’expression et de réunion que leur a
données la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen en créant de multiples
journaux et des clubs où l’on débat des idées politiques. On adopte des insignes,
comme la cocarde pour manifester son engagement. Le pouvoir doit désormais tenir
compte de l’opinion publique : c’est la naissance de la vie politique.
La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen pose aussi d’autres fondements
sur lesquels bâtir les nouvelles institutions de la France. Elle assure à tous les hommes
l’égalité, la propriété et les libertés fondamentales sont garanties par la loi, désormais
consentie par les citoyens. Le souveraineté appartient à la nation et non plus au roi.
L’œuvre de la Révolution ne s’arrête pas là : on lui doit également le découpage du
territoire en départements, cantons et communes qui seront désormais dirigés par des
maires. Le système métrique, en vigueur aujourd’hui, a été élaboré et institué en 1793.
Le mariage civil et le divorce sont aussi des innovations de la Révolution.
Désormais, les Français ne sont plus obligés de se marier à l’église : le mariage civil a
lieu à la mairie et le divorce est autorisé.
Une France nouvelle est donc bien en train de voir le jour.
Dès son arrivée au pouvoir, Napoléon entend réorganiser la France, ébranlée par dix
années de révolution, en mettant en place de nouvelles institutions. Il jette les bases
de notre système d’enseignement actuel par une loi de 1802 qui divise l’enseignement
en trois niveaux et dans lequel les lycées doivent assurer la formation des futures élites
qui dirigeront le pays. En 1808, il crée le baccalauréat. Afin de renforcer l’autorité de
l’État dans les départements, il nomme à leur tête les préfets : ceux-ci deviennent la
clé de voûte de l’administration. Souhaitant favoriser le développement économique
du pays, il crée en 1803 une monnaie stable, le Franc Germinal. Mais sa grande oeuvre
reste le Code Civil, institué en 1804. Cet ensemble de lois règlemente la vie en société
et confirme l’égalité des Français devant la loi et l’impôt, répondant ainsi aux voeux
exprimés par la bourgeoisie sous l’Ancien Régime, bourgeoisie qui reste la principale
bénéficiaire du régime.
En 1815, l’Empire s’effondre mais la période napoléonienne a établi les fondations de
la France d’aujourd’hui.
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séance 6 —
Séquence 4
Le coin des curieux
Si le sujet t’a intéressé(e), tu peux visionner le film suivant paru à l’occasion du Bicentenaire
de la Révolution :
Robert Enrico, La Révolution française ; les années Lumières, 1989.
Tu peux également te rendre sur les sites suivants :
www.carmagnole-liberte.fr/collections/vizille.html
www.napoleon.org
www.invalides.org
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