La Lettre de l’ARC – Fondation ARC pour la recherche sur le cancer – BP 90003 - 94803 Villejuif Cedex – Tél. : 01 45 59 59 09 - www.fondation-arc.org
– Directeur de la publication : Jacques Raynaud – Comité éditorial : Axelle Davezac, Sylvie Anger, Sylvie Droubay Luneau, Chantal Le Gouis, Claude Soto –
Rédaction: Laurence André, Swan Bargue, Guillaume Frasca, Hélène de Forges, Gwendoline de Piedoue, Nicolas Reymes – Réalisation : Studio Goustard –
Commission paritaire : 1014H85509 – Dépôt légal : décembre 2013 – Impression : Vincent Imprimerie – Tirage : 209 000 exemplaires. La Lettre de l'ARC n°27
est accompagnée d'un supplément legs – donations – assurances-vie.
| La Lettre de l'ARC | décembre 2013 | N°27 || La Lettre de l'ARC | décembre 2013 | N°27 |
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À savoir
La Fondation ARC
« relooke » ses
publications !
Les supports d’informations
édités par la Fondation ARC,
consacrés à la maladie et
la recherche, se présentent
désormais sous une nouvelle
forme. Celle-ci, moderne,
aérée et structurée, est mise
au service d’une lecture plus
facile pour les patients et leur
entourage. Ces changements
ont également été l’occasion
d’enrichir les contenus, de
rendre les lexiques plus
accessibles et les illustrations
encore plus pédagogiques.
Ainsi, la collection
« Comprendre et agir », qui
rassemble deux formats
(brochures et fiches), proposera
à terme plus d’une trentaine
de titres sur les cancers et les
questionnements précis que
peuvent se poser les malades
au cours de leur traitement.
Venez dès à présent découvrir
et commander gratuitement
les premiers titres disponibles
sur notre site(1) ou auprès de
votre service Relations
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(rubrique Publications)
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Tél : 01 45 59 59 09 – email :
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LA FLORE INTESTINALE
IMPLIQUÉE DANS LES
CANCERS COLORECTAUX ?
Membre de l'Académie
des sciences, professeur
au Collège de France,
le Professeur Philippe
Sansonetti, spécialiste
des infections
microbiennes, dirige
une unité Inserm à
l'Institut Pasteur de
Paris.
Quel rapport entre
microbes intestinaux et
cancer ?
C
es dernières années,
un coup de projec-
teur a été porté sur la
diversité du microbiote (aussi
appelé fl ore intestinale). On
a compris que des déséqui-
libres du microbiote, en par-
ticulier dans des zones clés
du côlon comme la crypte
colique où le tissu se régé-
nère en permanence à partir
de cellules souches intesti-
nales, peuvent perturber le
fonctionnement de ces cel-
lules et jouer un rôle dans
la survenue des cancers
colorectaux. Cet environ-
nement intestinal pourrait
également être impliqué
dans certaines tumeurs du
pancréas et dans des lym-
phomes intestinaux. Parmi
les questions en suspens,
nous devons déterminer si
un microbe particulier joue
un rôle dans la survenue de
ces cancers ou si un déséqui-
libre plus global du micro-
biote est en cause. Dans
notre équipe, nous étudions
l'influence de la bactérie
Streptococcus gallolyticus,
présente chez un grand
nombre de patients atteints
d'un cancer colorectal.
Comment le microbiote
intestinal peut-il
engendrer un cancer
colorectal ?
Pour l'heure, plusieurs pistes
existent. Il se peut qu'un
microbe qui ne devrait pas
se trouver dans la crypte
colique entraîne des pertur-
bations des cellules souches
et, directement ou indirec-
tement, des altérations de
leur génome pour abou-
tir à leur cancérisation. Les
microbes dangereux pour-
raient intervenir plus tard et
stimuler la prolifération de
cellules tumorales déjà pré-
sentes dans le côlon. Enfi n,
un déséquilibre micro-
bien pourrait causer une
inflammation qui, si elle
n'est pas contrôlée, altére-
rait les tissus intestinaux.
Quelles conséquences
ces recherches pourraient
avoir pour le traitement
des patients ?
Si l'on parvenait à bien
caractériser les microbiotes
associés à un risque accru
de cancer colorectal par
l’analyse de leur ADN, on
pourrait mieux prédire les
risques de cancer colorec-
tal et éventuellement les
prévenir. Aujourd'hui, cela
reste toutefois du domaine
de la recherche, car si
l’étude de l’ADN d’une
bactérie est technique-
ment « facilement » réa-
lisable (les appareils sont
disponibles et les coûts ont
baissé), l'analyse bioinfor-
matique des génomes de
l’ensemble du microbiote
reste un travail de titan.
On pourrait également
envisager des traitements
par des antibiotiques, des
bactériophages ou d'autres
approches innovantes pour
corriger les déséquilibres
microbiens pathogènes.
Le mot du chercheur
© Etienne Begouen - Inserm
© iStock
Professeur
Philippe Sansonetti,
Directeur de recherche à l'Inserm
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