Chers lecteurs,
Nous avons le plaisir de vous présenter l’étude réalisée pour et avec l’UIR CFDT sur les causes de la vie
chère à la Réunion.
La thématique de la vie chère est loin d’être nouvelle à la Réunion, comme dans l’ensemble des DOM.
L’année 2009 a été marquée par une explosion sociale d’une ampleur exceptionnelle, notamment dans
les deux départements antillais, qui a mis sous les feux de l’actualité la question des prix et du pouvoir
d’achat dans l’ensemble de l’outre-mer. Cette question a également été au cœur du débat politique en
métropole avant, pendant et surtout après 2007.
L’ambition de cette étude est d’apporter un éclairage utile au dialogue social sur la question du pouvoir
d’achat à la Réunion. Cela suppose une analyse non seulement de l’évolution des revenus, mais
également de celle des prix au travers de leur formation.
Le constat n’est plus à faire des écarts de prix significatifs pour des produits et services entre la
métropole et la Réunion, comme l’ensemble des DOM. Aussi, d’un point de vue méthodologique, avons-
nous écarté une énième approche comparative des prix, d’autant plus que les entreprises de la grande
distribution ont mis au point toute une batterie d’outils de gestion marketing rendant dans tous les cas
la comparaison des prix extrêmement difficile pour le consommateur.
Contrairement à de nombreuses autres publications sur la vie chère, vous ne trouverez ainsi pas de liste
comparative des prix pour un panier de biens. Une telle méthode, si elle a le mérite de frapper les
esprits, nous semble entachée de biais méthodologiques trop importants pour permettre de fournir des
résultats probants à même de changer la donne. Plutôt que d’essayer une fois de plus de légitimer le
constat, partagé par tous et toutes, de la vie chère, nous avons tenté de comprendre sa genèse, ou plus
précisément les facteurs de tensions expliquant les prix élevés. La mise au jour des mécanismes
concourant à ces niveaux élevés des prix vise à entamer une réflexion sur les moyens de les faire baisser.
C’est pourquoi nous avons favorisé principalement une approche méso-économique fondée sur la
recherche de dissonances pouvant exister entre les performances des sociétés de la Réunion et celles de
métropole. Dissonances qui participent à la vie chère à travers la rente de situation que procure
l’organisation des marchés.
Outre la mobilisation des statistiques disponibles auprès de l’Insee, de la direction des Ddouanes, des
services fiscaux ou encore de la direction de l’Agriculture, nous avons, avec J.-P. Rivière, Christine Nicol
de l’UIR CFDT et Jean-Jacques Manach de la CFDT, rencontré l’ensemble des acteurs économiques et
institutionnels au cours de deux missions effectuées à la Réunion entre le mois d’avril et septembre
2010. Le rapport que nous vous présentons s’est nourri de ces dizaines d’entretiens, qui furent autant
de sources d’inspiration et d’indication des pistes à analyser. Que les personnes ayant accepté de nous
rencontrer soient ici remerciées.
Si l’ensemble des acteurs apparaissent en accord sur la question de la vie chère, il nous est rapidement
apparu que toute tentative de passer d’un constat partagé à la formulation de propositions pour
remédier à cet état de fait se heurtait à l’opacité de l’économie réunionnaise. Comment nourrir
aujourd’hui le dialogue social sur la question de pouvoir d’achat sans pouvoir disposer au préalable d’une
information accessible à toutes et à tous, transparente et indispensable à l’exercice de la démocratie
économique ? Cette question n’est pas superfétatoire quand on sait :
- qu’aucune de nos demandes auprès des acteurs économiques n’a été satisfaite, bien que ces
derniers nous aient assuré de leur entière collaboration ;
- que les entreprises ne déposent pas leur compte au tribunal du commerce, contrevenant ainsi à
une disposition du code du Commerce ;
- que l’observatoire des entreprises de l’IEDEOM s’est refusé à traiter notre demande de convention
se rapportant à la constitution d’un échantillon représentatif des entreprises de la Réunion ;
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Pouvoir d’achat à la Réunion : incidence de la structure des coûts et des prix