5
nécessaire de maîtriser un vocabulaire technique, il suffit de s’exprimer dans un langage de
tous les jours de façon rigoureuse.
Au contraire, apprendre à penser permettrait d’acquérir du vocabulaire et plus
généralement une maîtrise de la langue.
Toutes ces questions nous amènent à définir la philosophie dont nous parlons : enseignement
doctrinal ou pratique réflexive ?
2/ De quelle philosophie parlons-nous ?
Quand on prononce le mot « philosophie », une image surgit à l’esprit de nombreux
d’entre nous : l’année de terminale au lycée.
Cependant, avec des élèves de l’école primaire, il ne s’agit pas d’apprendre la
philosophie, c’est à dire de connaître les grands systèmes de pensée ou encore les œuvres des
pères de la philosophie comme dans le programme de philosophie au lycée. Non, il s’agit de
faire de la philosophie et donc d’apprendre aux enfants à penser par eux-mêmes pour
répondre aux questions qu’ils formulent dans leur vie quotidienne et d’ainsi s’approcher de la
vérité.
Comme l’explique Michel Tozzi, « en philosophie, on modifie le sens même du
questionnement, personne n’a la réponse ». Le maître n’est donc plus en position d’attendre
une réponse précise, considérée comme « bonne », dont il est lui-même détenteur.
Philosopher signifie étymologiquement : la recherche de la sagesse. Il s’agit d’amener les
élèves à se positionner en recherche de sens, à se poser des questions, à les discuter
collectivement afin de développer leur esprit critique et leur capacité d’argumentation.
Plusieurs conditions doivent être rassemblées pour permettre la réflexion
philosophique.
Selon Michel Tozzi, les sujets proposés aux élèves sont non susceptibles d’une seule
solution, d’une réponse factuelle, de connaissances techniques ou scientifiques. Mais ce sont
des interrogations portant sur le monde, les activités humaines, la morale, l’esthétique,
susceptibles de différentes réponses fondées.
La place du maître dans le débat est alors particulière. Il n’est pas le détenteur du savoir, mais
est là pour organiser le débat, guider les enfants dans leur réflexion.
Les représentations sont exprimées dans le but de prendre conscience de ce que l’on
pense et d’identifier la source de ce savoir. Il s’agit ensuite, selon Gilles Geneviève, de
questionner ce savoir pour se rendre compte de ce qu’il vaut, de tenter de dépasser son
expérience, son opinion, pour prendre en considération celles des autres et les discuter.
Cette idée de philosophie pour les enfants a été développée par plusieurs courants qui
constituent des points d’appui pour toute pratique en classe. Voici les principales mises en
applications que l’on peut trouver dans le monde et en France.