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IUFM DE BOURGOGNE
CONCOURS DE RECRUTEMENT PROFESSEUR DES ECOLES
LE DEBAT PHILOSOPHIQUE
A L’ECOLE PRIMAIRE
MARECHAL Ellen
Directeur de mémoire : Pierre Durand, PIUFM
Année 2004/2005 Numéro de dossier : 04STA00271
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SOMMAIRE
SOMMAIRE……………………………………………………………………………….2
INTRODUCTION…………………………………………………………………………3
I / DE LA PHILOSOPHIE A L’ECOLE PRIMAIRE ?.......................................................4
1- Est-ce possible ?...............................................................................................................4
2- De quelle philosophie parlons-nous ?..............................................................................5
3- Les modèles de la philosophie pour enfants…………………………………………....6
a/ La méthode Lipman
b/ Les courants français
4- Pourquoi philosopher ?...................................................................................................8
a/ Structurer la pensée
b/ Développer des compétences langagières
c/ Eduquer à la citoyenneté
II/COMMENT METTRE EN PLACE LE DEBAT PHILOSOPHIQUE LORS D’UN
STAGE ?.............................................................................................................................10
1- Présentation du contexte et des objectifs……………………………………………...10
a/ La classe
b/ Le projet
c/ Les objectifs
2- Quel dispositif choisir?..................................................................................................11
a/ Les modalités
b/ Place et rôle de l’enseignante pendant le débat
c/ Les exigences intellectuelles du débat pour les élèves
3- Quels sujets et quelle préparation par le maître ?..........................................................15
a/ Les types de sujets
b/La préparation des débats
III/ ANALYSE DE LA PRATIQUE……………………………………………………………..19
1- Du point de vue des élèves………………………………………………………...….19
a/ La motivation
b/ Les difficultés
c/ Les progrès
2- Du point de vue de l’enseignant……………………………………………………….25
a/ Les difficultés rencontrées dans le rôle d’animateur
b/ Les questions que je me pose toujours
3- Prolongements…………………………………………………………………………29
a/ L’évolution possible du dispositif
b/ Et en maternelle ?
CONCLUSION………………………………………………………………………......32
BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………….34
ANNEXE 1 : retranscriptions des débats classe de CE1/CE2………………………..… 35
ANNEXE 2 : retranscriptions des débats classe de GS………………….………………49
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Introduction
Pourquoi un mémoire sur la philosophie à l’école primaire ?
Faire philosopher des enfants à l’école primaire est une pratique dont je n’avais jamais
entendu parler avant mon année de PE 2. C’est dans le cadre d’une réunion avec les
professeurs de philosophie pour le choix de notre sujet de mémoire que je l’ai découverte. La
pratique du débat m’intéressait, mais je ne connaissais pas le débat philosophique. Ma
première réaction a donc été la curiosité. Après une recherche bibliographique et la lecture
d’articles sur la philosophie pour enfants, j’ai eu envie de poursuivre mes recherches et
pourquoi pas de m’essayer à cette pratique malgré mon peu d’expérience en matière de
philosophie.
En effet, mise à part les cours de philosophie de terminale et ceux de philosophie de
l’éducation, je ne domine pas la discipline.
Ma motivation principale vient de mon expérience au contact des enfants de 6-8 ans que
j’avais en charge l’année passée. Nous nous posions la question « pourquoi va-t-on à
l’école ? » lors d’un mini débat improvisé après la réflexion du plus jeune de la
classe « J’aime pas l’école !»
J’ ai été étonnée de l’effort et de l’intérêt manifestés par les élèves. Après réflexion et
connaissance de la philosophie pour enfants, je me suis aperçue que cette question était à
portée philosophique et pouvait déboucher sur la question « qu’est-ce qu’apprendre ? » ou sur
le concept plus global du savoir.
Pratiquer la philosophie à l’école permettrait donc à ces enfants d’exprimer leurs questions,
leurs pensées et de tenter d’y répondre ou tout au moins de commencer d’y réfléchir.
Pourquoi choisirait-on de repousser leurs questionnements ou de ne pas exploiter les
questions à visées philosophiques que soulèvent les albums de jeunesse ?
L’envie d’expérimenter cette pratique, afin de comprendre ses intérêts mais aussi ses
exigences et ses limites, m’est venue également lors de discussions avec d’autres enseignants
sur ce thème, de leurs réticences, et de leur étonnement lié aux représentations de la discipline
philosophie,
Mon questionnement peut donc se formuler en ces termes : pourquoi faire de la philosophie
avec les élèves de l’école primaire, quels sont les intérêts de cette pratique ? Comment
l’enseignant peut-il mettre en place cette activité dans une classe et avec quelles exigences ?
Après m’être documentée sur la philosophie pour les enfants, sa définition, ses enjeux et les
différentes pratiques existantes dans le monde, j’ai réfléchi à la mise en place de cette activité
dans une classe de CE1/CE2 lors d’un stage en responsabilité. Enfin, j’ai tenté d’analyser
cette expérience en me plaçant du point de vue des élèves puis de celui de l’enseignant afin de
réfléchir aux intérêts, aux exigences et aux difficultés de cette pratique.
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I / De la philosophie à l’école primaire ?
1/Est-ce possible ?
La première question que l’on a pu me poser et qui est revenue de manière fréquente à
l’évocation du thème de mon mémoire a été : est-ce possible de philosopher avec des élèves
de l’école primaire ?
« Au prime abord, l’idée duit ou dérange, mais en tout cas surprend… » témoigne Jacky
Halimi dans La discussion philosophique à l’école primaire, coordonné par Michel Tozzi.
Cette démarche récente de laisser la parole à des enfants soulève de nombreuses
réticences en France. Michel Tozzi énonce les questions soulevées par cette pratique dans
son ouvrage L’éveil de la pensée réflexive à l’école primaire :
« Les enfants ne sont-ils pas trop jeunes pour parler de la vie, de l’amour, de la mort ? Ont-ils
les capacités intellectuelles, les connaissances requises, l’expérience suffisante, la maturité
psychique pour aborder ces problèmes ? Ceux-ci ne sont-ils pas délicats à aborder en classe,
avec trop d’implication personnelle (Pourquoi mémé elle est morte ?), de résonance
affective ? N’empiète-t-on pas ainsi sur le rôle éducatif de la famille ? N’y a-t-il pas atteinte à
la laïcité en abordant avec les enfants ces problèmes métaphysiques ? Ne risque- t-on pas de
les endoctriner ? N’est-il pas dangereux de cultiver le doute chez des êtres vulnérables qui ont
besoin de sécurité plus que d’incertitude ? Ne faut-il pas répondre à leurs questions plutôt que
de les laisser chercher dans la perplexité ? En développant si précocement la rationalité, ne
leur vole-t-on pas la part de rêve nécessaire à l’enfance ? Etc. ».
L’obstacle principal semble donc lié à l’âge : de si jeunes enfants ont-ils les capacités
intellectuelles pour accéder à la rigueur de pensée, à l’abstraction que demande la
philosophie ?
Selon Piaget, théoricien du développement de l’enfant, on ne peut brûler les étapes dans
l’apprentissage en raison des différents stades de développement chez l’enfant.
Michel Tozzi et Anne Lalanne, enseignante pratiquant la philosophie pour enfants,
confrontent à cette idée la capacité d’étonnement de l’enfant qui, dès qu’il apprend à parler,
interroge le monde, est en quête de sens perpétuelle.
Les enfants posent des questions philosophiques très tôt à leur entourage. Doit-on
attendre qu’ils soient adultes pour leur permettre de réfléchir de façon rationnelle à ces
questions ?
Et, faute d’être éveillés au questionnement, il semble qu’ils perdent cette capacité de
réflexion.
Quant à la nature abstraite de la philosophie qui s’oppose à l’intérêt sensible des
enfants pour le particulier et l’immédiat, Anne Lalanne objecte le fait que les enfants sont
initiés très jeunes à l’abstraction mathématique. Alors pourquoi ne pas leur laisser s’essayer à
celle des idées ?
Sur le plan du langage, on peut également se questionner sur l’acquisition d’un
vocabulaire suffisant pour philosopher. Or, pour réfléchir, selon Anne Lalanne, il n’est pas
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nécessaire de maîtriser un vocabulaire technique, il suffit de s’exprimer dans un langage de
tous les jours de façon rigoureuse.
Au contraire, apprendre à penser permettrait d’acquérir du vocabulaire et plus
généralement une maîtrise de la langue.
Toutes ces questions nous amènent à définir la philosophie dont nous parlons : enseignement
doctrinal ou pratique réflexive ?
2/ De quelle philosophie parlons-nous ?
Quand on prononce le mot « philosophie », une image surgit à l’esprit de nombreux
d’entre nous : l’année de terminale au lycée.
Cependant, avec des élèves de l’école primaire, il ne s’agit pas d’apprendre la
philosophie, c’est à dire de connaître les grands systèmes de pensée ou encore les œuvres des
pères de la philosophie comme dans le programme de philosophie au lycée. Non, il s’agit de
faire de la philosophie et donc d’apprendre aux enfants à penser par eux-mêmes pour
répondre aux questions qu’ils formulent dans leur vie quotidienne et d’ainsi s’approcher de la
vérité.
Comme l’explique Michel Tozzi, « en philosophie, on modifie le sens même du
questionnement, personne n’a la réponse ». Le maître n’est donc plus en position d’attendre
une réponse précise, considérée comme « bonne », dont il est lui-même détenteur.
Philosopher signifie étymologiquement : la recherche de la sagesse. Il s’agit d’amener les
élèves à se positionner en recherche de sens, à se poser des questions, à les discuter
collectivement afin de développer leur esprit critique et leur capacité d’argumentation.
Plusieurs conditions doivent être rassemblées pour permettre la réflexion
philosophique.
Selon Michel Tozzi, les sujets proposés aux élèves sont non susceptibles d’une seule
solution, d’une réponse factuelle, de connaissances techniques ou scientifiques. Mais ce sont
des interrogations portant sur le monde, les activités humaines, la morale, l’esthétique,
susceptibles de différentes réponses fondées.
La place du maître dans le débat est alors particulière. Il n’est pas le détenteur du savoir, mais
est là pour organiser le débat, guider les enfants dans leur réflexion.
Les représentations sont exprimées dans le but de prendre conscience de ce que l’on
pense et d’identifier la source de ce savoir. Il s’agit ensuite, selon Gilles Geneviève, de
questionner ce savoir pour se rendre compte de ce qu’il vaut, de tenter de dépasser son
expérience, son opinion, pour prendre en considération celles des autres et les discuter.
Cette idée de philosophie pour les enfants a été développée par plusieurs courants qui
constituent des points d’appui pour toute pratique en classe. Voici les principales mises en
applications que l’on peut trouver dans le monde et en France.
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