Corrigé : Questions, réécriture, dictée (15 points) Questions (15 points) Rappel : Les réponses doivent être rédigées. Si ce n’est pas le cas, vous perdez des points. Remarque : Dans ce corrigé, les réponses sont plus développées que ce qui est attendu au brevet, afin de vous montrer de quelle manière il est possible d’approfondir (plus vos réponses sont approfondies, plus vous avez de chances d’obtenir la note maximale). I. Impressions d’automne 1. Le lieu évoqué dans le texte est une cave. Cela nous est dit dès la première phrase de l’extrait : « On entre dans la cave. », l. 1. (1 point) 2. a. Dans le texte, l’odeur des pommes est associée à l’automne. (1 point) b. Les mots et expressions qui permettent de le dire sont : – « Il y a l’automne de l’école enfermé là », l. 10-11 – « La pluie bat les carreaux », l. 11-12 – « les herbes hautes et la mouillure du verger », l. 15-16 – « tous les bruns, tous les rouges », l. 17 – « Il faudrait devenir octobre, […] pluie » l. 20-21 (1,5 point) 3. a. Le temps verbal dominant du texte est le présent de l’indicatif. (1 point) b. Les récits sont généralement écrits au passé (le narrateur évoque des événements, des sensations, etc., qui ont déjà eu lieu au moment où il les raconte). L’utilisation du présent dans la narration (ce qu’on appelle justement le « présent de narration ») ou dans la description a pour effet de rendre l’épisode plus présent, plus vivant pour le lecteur. Par exemple, si l’on compare « Les pommes sont là » (l. 1-2) à « Les pommes étaient là », on se rend compte que l’utilisation du présent permet de faire croire au lecteur que l’épisode est en train de se dérouler sous ses yeux. Mais le présent a aussi d’autres valeurs, que l’on retrouve dans ce texte. Il permet de rendre les choses intemporelles, éternelles, ou alors d’exprimer la répétition. Par exemple, on peut comprendre « c’est ça qui vous prend » (l. 1) comme « À chaque fois qu’on entre dans la cave, c’est ça qui vous prend » ou « Quand on entre dans la cave, c’est toujours ça qui vous prend ». (1 point) 4. Une lecture attentive permet de se rendre compte que tous les sens sont mobilisés par le narrateur dans ce texte : – l’odorat : « L’odeur des pommes » (titre), « L’odeur des pommes est une déferlante » (l. 4), « ce pouvoir flottant de l’odeur » (l. 8-9), « ça sent bon » (l. 9), « ça sent fort » (l. 9), « une odeur intérieure, l’odeur d’un meilleure soi » (l. 10), « le parfum des pommes » (l. 13), « l’odeur » (l. 17, l. 18), « l’odeur des pommes » (l. 21) ; – la vue : « Les pommes sont là, disposées sur des claies » (l. 1-2), « les fruits ratatinés » (l. 6), « dans chaque ride » (l. 7), « La pluie bat les carreaux » (l. 11-12), « un souvenir de cave salpêtrée, de grenier sombre » (l. 14-15), « les herbes hautes » (l. 15-16), « tous les bruns, tous les rouges, avec un peu d’acide vert » (l. 17-18) ; – le goût : « cette enfance âcre et sucrée » (l. 5), « délicieux » (l. 6), « saveur confite » (l. 7), « goût identifiable » (l. 8) ; – l’ouïe : « La pluie bat les carreaux » (l. 11-12) ; – le toucher : « la douceur de la peau, son infime rugosité » (l. 18). (3 points) 5. En utilisant principalement le pronom indéfini « on » (plutôt que le pronom personnel « je » auquel on aurait pu s’attendre), le narrateur rend son évocation universelle : ce qu’il ressent, tout le monde peut le ressentir. Le narrateur ne parle pas seulement de lui, de ses propres souvenirs, mais d’un sentiment que tout le monde peut avoir. Plus précisément, en utilisant le pronom indéfini « on », le narrateur inclut le lecteur dans son évocation. Par exemple, quand il dit « On entre dans la cave » (l. 1), c’est comme s’il invitait le lecteur à entrer avec lui. Ainsi, le lecteur se sent plus concerné par ce que raconte le narrateur. On peut donc dire que l’utilisation du présent et celle du pronom « on » ont le même but : rendre l’évocation plus proche du lecteur. (1 point) II. Évocation de souvenirs 6. a. Dans le texte, on trouve le champ lexical du passé dans les mots suivants : « cette enfance âcre et sucrée » (l. 5), « l’automne de l’école » (l. 10), « encre violette » (l. 11), « de pleins, de déliés » (l. 11), « du passé » (l. 13), « autrefois » (l. 13), « souvenir » (l. 14), « une lenteur qu’on ne mérite plus » (l. 22). (1,5 point) b. Le narrateur fait allusion à son enfance. Il évoque notamment des souvenirs d’école : « automne de l’école », « encre violette », « de pleins, de déliés ». (1,5 point) 7. Comme le précise la note, une déferlante est « une vague puissante ». Ainsi, « L’odeur des pommes est une déferlante » est une métaphore qui signifie que cette odeur est comme une vague puissante qui submerge le narrateur de souvenirs au moment où il entre dans la cave : l’odeur amène chez lui une vague de souvenirs et d’émotions. Cette métaphore maritime commence d’ailleurs à la ligne précédente (on peut alors parler de métaphore filée) : « On n’avait aucune envie de se laisser submerger par un tel vague à l’âme ». (1 point) 8. L’émotion provoquée par la visite de ce lieu est la nostalgie : en effet le narrateur éprouve un « vague à l’âme » lié à son passé, et plus précisément à son enfance : « Comment avait-on pu se passer si longtemps de cette enfance âcre et sucrée ? » (l. 4-5) ; « L’odeur Annales de brevet 391 des pommes est douloureuse » (l. 21). Le narrateur, adulte, regrette cette période, « celle d’une vie plus forte, d’une lenteur qu’on ne mérite plus » (l. 22). (2 points) Réécriture (5 points) Le sujet de réécriture est relativement simple. La seule difficulté, c’est qu’il faut bien penser à modifier le pronom des verbes pronominaux (se laisser submerger et se passer). En outre, il faut bien penser à mettre le -i- de la terminaison de l’imparfait à la 1re personne du pluriel (nous pensions). Nous entrons dans la cave. Tout de suite, c’est ça qui vous prend. Les pommes sont là, disposées sur des claies – des cageots renversés. Nous n’y pensions pas. Nous n’avions aucune envie de nous laisser submerger par un tel vague à l’âme. Mais rien à faire. L’odeur des pommes est une déferlante. Comment avions-nous pu nous passer si longtemps de cette enfance âcre et sucrée ? Barème : – 0,5 point par modification. – 0,25 point en moins par erreur de copie (sur un maximum de 1 point). Dictée (5 points) Cette dictée n’est pas difficile, mais il faut faire très attention aux accords (entre le verbe et son sujet, et au sein des GN). Remarque : Les nom et prénom de l’auteur, le titre de l’œuvre ainsi que le prénom Stefano sont écrits au tableau. C’était1 une journée splendide, ensoleillée2, et3 la mer4 était5 calme. Stefano qui n’était6 jamais monté7 sur le bateau, courait8 tout heureux sur le pont, admirant les manœuvres compliquées9 des voiles. Et10 il posait de multiples11 questions aux marins12 qui, en souriant13, lui donnaient14 toutes15 les explications souhaitables16. Dino Buzzati, Le K, 1966 Traduit par Jacqueline Remillet 392 1 Il fallait bien l’écrire avec un -c- et non avec -s- : on ne peut pas remplacer par un pronom personnel d’une autre personne (* M’était une journée). 2 L’adjectif ensoleillée est construit sur soleil. Il se rapporte à journée : il faut donc l’accorder au féminin singulier. 3 On ne peut pas remplacer par était : ce n’est donc pas le verbe être, mais la conjonction de coordination. 4 Le texte de dictée est d’abord lu une première fois en entier pour que vous puissiez en comprendre le sens général : vous aurez donc compris que ce n’est pas de la mère (= maman) dont on parle, mais de la mer (= étendue d’eau). 5 On peut le mettre au présent : il s’agit donc bien de l’auxiliaire et non du participe passé (été). 6 Voir note 5. 7 Si on remplace par un verbe de 3e groupe, par exemple prendre, on dira qui n’était jamais pris et non qui n’était jamais prendre : monté est donc un participe passé et non un verbe à l’infinitif. Le verbe était monté est au plus-que-parfait. 8 On conjugue le verbe à la 3e personne du singulier, car le sujet est Stefano. 9 L’adjectif compliquées se rapporte à manœuvres : il faut donc l’accorder au féminin pluriel. 10 Voir note 5. 11 Multiples se rapporte à questions : on l’accorde donc au féminin pluriel (le e final est déjà présent au masculin). 12 Visiblement il s’agit d’un grand bateau, ce qui suppose qu’il y ait plusieurs marins : il faut donc mettre au pluriel le GN dans son ensemble : aux marins. Cela dit, on ne vous enlèverait pas de point si vous mettez le GN au singulier (au marin), mais dans ce cas il faut bien sûr accorder le verbe au singulier (au marin qui […] lui donnait […]). 13 En souriant est un gérondif (en + participe présent) : les gérondifs se terminent toujours par -ant et sont invariables (si en souriant se rapportait à des femmes, on dirait en souriant et non *en souriantes). 14 Le sujet de donnaient est « (les) marins » : il faut donc conjuguer le verbe à la 3e personne du pluriel. 15 Toutes se rapporte à explications : il faut donc l’accorder au féminin pluriel. 16 L’adjectif souhaitables se rapporte à explications : il faut donc l’accorder au féminin pluriel. Corrigé : Expression écrite (15 points) Sujet d’imagination Rappel du sujet : Vous retournez sur un lieu familier de votre enfance. Décrivez ce lieu puis précisez quels sont vos sentiments et les souvenirs qu’il vous évoque. Rédigez le texte en une vingtaine de lignes minimum. Pour rédiger votre texte, respectez les conseils suivants : – structurez votre texte ; – rédigez votre texte à la première personne ; – respectez les règles de l’orthographe, de la grammaire et de la conjugaison. Le sujet reprend grosso modo le thème de l’extrait de Philippe Delerm donné en première partie. À la lecture du sujet, quelles sont les consignes d’écriture que l’on peut dégager ? 22À quelle personne rédiger ? – Votre texte devra être rédigé à la 1re personne du singulier (« Vous retournez sur un lieu familier de votre enfance. Décrivez ce lieu puis précisez quels sont vos sentiments et les souvenirs qu’il vous évoque »). Cela vous est d’ailleurs précisé en toutes lettres dans les « conseils » : « Rédigez votre texte à la première personne. » Il vous est donc demandé de rédiger un récit de type autobiographique. Remarques – Un récit à la 3e personne impliquerait forcément une note inférieure à la moyenne, même si votre texte est d’une qualité exceptionnelle. – Rien ne vous oblige bien entendu à décrire un lieu réel de votre enfance ni à décrire des sentiments qui vous avez vraiment ressentis ainsi que de vrais souvenirs ! (et de toute façon les correcteurs n’ont aucun moyen de vérifier si ce que vous dites est vrai…) Vous pouvez donc très bien inventer ce que vous voulez, si vous le souhaitez (il s’agit bien d’un sujet d’imagination), tout comme vous pouvez vous inspirer de votre vécu. 22Le cadre spatio-temporel Il est relativement libre (il n’y a pas de consignes explicites à ce sujet). Cela dit, un récit qui se situerait au Moyen Âge ne serait pas cohérent avec le sujet : un élève qui est en classe de 3e au début du XXIe ne peut pas avoir des souvenirs datant du XIIe siècle… 22Structure (plan) de la rédaction lieu puis précisez quels sont vos sentiments et les souvenirs qu’il vous évoque. »). Pour la première étape : la description du lieu – Utilisez des connecteurs spatiaux pour organiser votre description. – Essayez de mobiliser le maximum de sens pour enrichir votre description : la vue bien sûr, mais aussi l’odorat, l’ouïe, pourquoi pas le toucher, voire même le goût ! Par exemple, si vous choisissez de décrire la cuisine de votre grand-mère, ne vous contentez pas de dire qu’elle est « petite » et « blanche », mais décrivez les ustensiles qui s’entassaient sur les étagères, le calendrier des pompiers au-dessus du frigidaire, l’odeur du café et du pain chaud le matin, le bruit de la radio, de l’horloge, du four, le goût des sauces qu’elle vous demandait de goûter, etc. – Utilisez des figures de style (comparaisons, métaphores, voire personnification) pour que votre description soit la plus précise et la plus intéressante possible. Ainsi, un four peut sembler vivant, avec sa chaleur, sa grande bouche que l’on ouvre pour y mettre des plats… Pour la seconde étape : les sentiments et souvenirs – Utilisez un vocabulaire précis et varié. – Ne vous contentez pas de nommer des sentiments (la tristesse, le bonheur, la nostalgie, etc.) mais soyez plus précis, en évoquant par exemple les conséquences physiques de ce que vous ressentez (« j’en avais la chair de poule », « mes mains tremblaient » pour la peur ; « les larmes me montaient aux yeux », « ma gorge se nouait » pour la tristesse, etc.). – Expliquez pourquoi tels sentiments ou tels souvenirs vous submergent quand vous vous trouvez dans ce lieu. Ce sont des petits détails qui déclenchent les souvenirs les plus profonds. Pour Philippe Delerm, c’est l’odeur des pommes ; pour Marcel Proust (grand romancier du XXe siècle), c’est le goût d’une madeleine trempée dans du thé… et pour vous ? 22Longueur de la rédaction La consigne est claire (« une vingtaine de lignes minimum »). Il s’agit bien d’un minimum, surtout si vous écrivez gros. 22Consignes complémentaires Enfin, comme dans toute rédaction, la qualité de l’expression (notamment la richesse et la diversité du lexique), la correction de la langue, l’orthographe, la conjugaison et la présentation sont prises en compte dans l’évaluation. C’est un point très important et le premier « conseil » insiste là-dessus (« Structurez votre texte. »). Mais quel plan adopter ? La seconde phrase du sujet vous demande clairement de construire votre récit en deux étapes (« Décrivez ce Annales de brevet 393 Sujet de réflexion Rappel du sujet : Un lieu auquel vous êtes attaché(e) est menacé par un projet de la mairie qui le transformera complètement. Vous écrivez au maire de la commune pour exprimer votre désaccord. Après avoir présenté ce lieu, vous développerez les arguments pour convaincre le maire de renoncer au projet. Rédigez votre lettre en une vingtaine de lignes minimum. Pour rédiger votre texte, respectez les conseils suivants : – Respectez la présentation de la lettre ; – Ne signez pas et ne mettez aucune coordonnée personnelle sur votre copie ; – Respectez les règles d’orthographe, de grammaire et de conjugaison. 22À quelle personne rédiger ? – Votre texte devra être rédigé à la 1re personne du singulier (« Un lieu auquel vous êtes attaché… », « Vous écrivez… », « … votre désaccord »). – Une fois encore, rien ne vous oblige à évoquer une vraie situation : ce qui importe, c’est que votre texte soit vraisemblable (que la situation que vous choisissez paraisse vraie). Cela concerne aussi le cadre spatio-temporel. 22Structure (plan) de la rédaction – Votre texte devra respecter les codes de présentation de la lettre (c’est d’ailleurs rappelé dans les « conseils »). Pour un rappel complet de ces codes, vous pouvez vous reporter au manuel de Français 4e (p. 315 à 320 pour la version papier). – Le corps de votre lettre devra être composé de deux parties : « Après avoir présenté ce lieu [1re partie], vous développerez les arguments pour convaincre le maire de renoncer au projet [2e partie] ». Concernant la 2e partie : variez les types d’arguments, organisez-les grâce à des connecteurs logiques (voir leçon de grammaire no 30), illustrez-les par des exemples précis, utilisez la modalisation (voir leçon de grammaire no 28), les questions rhétoriques (voir leçon de grammaire no 14), etc. Ce qui compte n’est pas la quantité des arguments, mais leur qualité et la manière dont ils sont organisés. 22Situation d’énonciation Elle est particulièrement importante dans ce sujet, notamment en ce qui concerne le destinataire. Comme vous vous adressez au maire, le niveau de langue doit être courant, voire soutenu (aucune familiarité), et les formules d’introduction et de conclusion de la lettre doivent être adaptées. Ainsi, votre lettre ne commencera pas par « Salut », mais par « Monsieur le Maire », 394 et ne se terminera pas par « Bisous. » mais par une formule comme « Je vous prie d’accepter, Monsieur le Maire, mes respectueuses salutations. ». Remarque concernant le deuxième « conseil » : « Ne signez pas et ne mettez aucune coordonnée personnelle sur votre copie. ». Il ne s’agit en fait pas d’un conseil, mais d’un ordre. Certes, toute lettre doit normalement être signée. Mais les contraintes de l’examen passent avant les contraintes du sujet : toutes les copies doivent être anonymes et ne comporter aucun signe distinctif. 22Longueur de la rédaction La consigne est claire (« une vingtaine de lignes minimum »). Il s’agit bien d’un minimum, surtout si vous écrivez gros. 22Consignes complémentaires Enfin, comme dans toute rédaction, la qualité de l’expression (notamment la richesse et la diversité du lexique), la correction de la langue, l’orthographe, la conjugaison et la présentation sont pris en compte dans l’évaluation.