Et si les hommes oubliaient un tant soit peu leur pudeur ?....
L’idée de ce spectacle est né autour d’un café, à la table d’une terrasse un jour de printemps. Il y a toujours
eu, chez les hommes, cette pudeur à parler entre eux des sentiments qui peuvent les animer lorsqu’ils
évoquent leurs rapports aux femmes. Sans systématiquement tourner à la conversation libidineuse, il convient
d’admettre que la retenue est souvent de mise. Ce fameux jour de printemps, sans trop savoir pourquoi, peut-
être parce que les femmes sont toujours plus belles au retour des beaux jours, les langues se sont
soudainement libérées. Et un ami de longues dates qui ne s’était jusqu’ici jamais réellement laissé aller à la
confidence, s’est soudainement livré dans ses sentiments vis à vis de celle qu’il aimait, libérant du même
coup, ma propre parole. Et des mots que je ne pensais jamais pouvoir entendre ou prononcer moi-même sont
arrivés là, entre un rayon de soleil et deux tasses de café vides.
Depuis, l’idée a fait un chemin étonnant.
Plutôt que de parler d’un d’amour vivant et présent, mon choix s’est porté sur la rupture sentimentale, sur le
départ d’une femme qu’on aime, comme si la fin d’une histoire d’amour pouvait être libératrice de la parole ; et
que les mots d’amour trop souvent retenus par les hommes, trop souvent espérées en vain par les femmes,
se livraient enfin dans un élan désespéré et pourtant jubilatoire.
Jérôme Sauvion
L’histoire… Simple… Banale ?...
Tout commence par Orly de Jacques Brel, chanté par le comédien et accompagné au piano.
Dans un hall d’aérogare, le témoin honteux d’un départ, de la séparation d’une femme et d’un homme. Un
couple qui se déchire dans l’insupportable des adieux.
A partir de cet instant, le narrateur devient le témoin de cette séparation, mais la situation s’inverse : c’est la
femme qui est partie et c’est donc l’homme que nous allons suivre à travers sa déambulation sur le chemin
d’une nouvelle vie, à réinventer en solitaire.
Et c’est l’histoire de cet homme, désormais seul dans sa vie, que nous allons suivre en musique, littérature et
chansons…
Mais l’écriture peu à peu se transforme, et le « il » du narrateur peut devenir le « je » de celui qui passe d’une
position de témoin à celle d’acteur de sa propre existence et finit par confondre le spectateur dans la
possibilité d’une histoire vécue.
Une fiction.
Avec LES FEMMES QUI PARTENT, nous marchons sur les pas d’un homme qui ne cherche même plus à
accepter l’inacceptable : l’amour de sa vie à jamais perdu.
Il s’agit ici de l’histoire d’un homme, mais ce récit pourrait être celui d’une femme, le thème est universel et le
domaine celui de la souffrance…
Mais malgré la douleur commune à tous ceux qui connaissent la fin d’une histoire d’amour, on trouve dans ce
voyage à la fois intérieur et mobile entrepris par cet homme, une forme d’espoir qui s’inscrit tout d’abord dans
le mouvement. Il va, dans un voyage qui nous mène aux quatre coins du monde, nous plonger dans la
redécouverte de ses lectures
Comme un hommage à la littérature, il signe ainsi un testament d’amour qui trouvera sa fin dans ce qu’il
appellera ‘le sanctuaire de Gala’, ce lieu unique et symbolique imaginé par l’artiste Dali pour sa muse dans sa
maison de Port Lligat.