SYSTEME BIOCENTRIQUE POUR LES ORGANISATIONS Liliana Santos VIOTTI Septembre 2007 SOMMAIRE Introduction ............................................................................................ 3 Le principe biocentrique ......................................................................... 3 Pourquoi les organisations existent-elles ? ............................................. 4 Mission des organisations ........................................................... 5 Comment les personnes sont traitées par l’organisation ............. 5 L’Organisation Biocentrique ................................................................... 6 Triple bottom line – «triple résultat net » ................................... 6 Responsabilité sociale corporative ............................................. 7 Indicateurs de RSC ..................................................................... 7 Besoins universels ...................................................................... 8 Gestion du personnel .................................................................. 8 La dimension des trois liens ....................................................... 8 Indices de vitalité chez les collaborateurs .................................. 9 Concept de la vie dans l’organisation ..................................................... 9 Gestion biocentrique ................................................................... 9 L’organisation vivante ................................................................. 10 Théorie des systèmes .................................................................. 10 Pulsation, individu, organisation ................................................ 10 Complexité .................................................................................. 11 Proposition pour un concept de la vie dans l’organisation ..................... 11 Les cinq aspects de la vie de l’organisation ................................ 12 L’organisation et les lignes de vivência du système biodanza ... 13 Bibliographie .......................................................................................... 14 2 INTRODUCTION ‘‘Tout au long de ce siècle ont eu lieu des transformations sociales, politiques et technologiques sans précédents. Des mutations plus profondes encore nous attendent. Afin de pouvoir prendre les décisions qui s’imposent nous devons comprendre la nature même du changement, ses causes et conséquences, les risques qu’il entraîne et les possibilités qu’il nous ouvre. Il est urgent et vital de savoir comment créer un futur plus désirable et plus humain.’’ Institut Smithsonien Où allons-nous? Quel sera le futur de notre planète et de ses habitants devant tant d’incertitude? Sera-t-il possible de continuer à développer la technologie sans menacer la nature et l’existence de la vie sur terre? Pouvons-nous mesurer la santé, le bien-être, le bonheur de l’homme et de la société à partir de données et d’indicateurs économiques et financiers ? Comment encourager la compétition sans causer l’exclusion sociale? Et en tenant compte de la protection de l’environnement? Comment multiplier la richesse sans porter atteinte à la justice sociale ? Nous sommes les spectateurs perplexes et effrayés de bouleversements rapides et imprévisibles, tant dans les organisations et la vie sociale que dans notre vie personnelle. Ces changements mettent en évidence une alarmante crise de la civilisation. La terre dévastée réagit au viol de ses ressources naturelles. Des groupes entiers vivent en marge de la société, exclus par la misère, par l’analphabétisme et le manque d’accès à l’éducation, par l’apparition de nouvelles maladies ou l’incapacité de soigner celles existantes, par le chômage ou l’exploration. De lourds investissements dans la sécurité nationale créent une insécurité globale. Les luttes et les guerres causées par des facteurs économiques accentuent les différences, augmentent le terrorisme et provoquent la haine entre les nations, les races et les religions. Les modèles traditionnels de gouvernement, d’institution et d’organisation ne répondent plus aux nécessités d’un monde en transformation. C’est le moment de revoir nos croyances, nos valeurs et nos attitudes, de créer des instruments et des mécanismes qui puissent en faire des moyens d’action efficaces dans nos institutions. LE PRINCIPE BIOCENTRIQUE Le Principe Biocentrique proposé par Rolando Torro prend la vie comme référence immédiate et s’inspire des lois universelles qui préservent les systèmes vivants et rendent leur évolution possible. Il établit une forme de sentir et de penser qui prend la vivencia comme référence existencielle. Surgit ainsi un projet culturel qui se nourrit des informations dont nous disposons sur les êtres vivants. Cette proposition surprend car nous sommes habitué aux déductions logiques ; nous n’aimons pas les conclusions pré-établies. Mais la méthode utilisée part d’un fait inquestionnable : l’existence de la vie « ici et maintenant », pour s’interroger sur l’origine du cosmos. Le Principe Biocentrique entend l’univers comme un système vivant. Le règne vivant inclut bien davantage que les végétaux, les animaux et l’homme. Tout ce qui existe, du neurone au Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 3/14 quasar, de la pierre à la pensée la plus subtile fait partie de ce prodigieux système vivant. Selon le Principe Biocentrique, l’univers existe parce que la vie existe, et non le contraire. Le Principe Biocentrique est donc un point de départ pour structurer les perceptions et les sciences du futur qui concernent l’existence : priorité à l’être vivant ; abandon progressif de la pensée linéaire en faveur de la synchronicité et de la résonnance des évènements ; disqualification des philosophies qui cherchent une unique vérité, puisque dans chaque vérité s’en cache une autre. Le déterminisme est une illusion; la relation de cause à effet n’est valable que pour les phénomènes macroscopiques. L’habitude intellectuelle de sélectionner, d’évaluer et de juger objets et phénomènes sera substituée par la capacité de percevoir régularités et nuances dans des situations chaotiques. A la question « pourquoi ?» succède la question « comment ? ». Puisque le sens de la vie réside en la vie même et rend inutile l’élaboration de significations extrinsèques, tout ce qui compte est la présence de l’être vivant qui se manifeste au milieu des bruits et des situations aléatoires. C’est pourquoi le phénomène de la conscience, telle qu’elle surgit chez l’homme, ne se bornera plus à prendre en considération les multiples réactions de l’entité vivante d’après les paramètres anthropologique ou mécaniques. S’il est possible de définir l’émotion comme l’expérience suprême du contact avec la réalité, alors la conscience s’insère dans le champs de la vivência, tout comme la physique trouve sa place au sein de la biologie. Si la vérité est une tautologie, selon la conception traditionnelle de la science, elle peut tout-de-même devenir une certitude quand elle s’organise en prenant la vie comme référence : « Soyons le sens même de notre existence, comme un danseur est le rythme et l’harmonie. » (R. Toro) A partir de cette perspective, il est possible de voir les organisations comme des systèmes vivants, avec des besoins, des normes et des comportements semblables à tout autre organisme. Le Principe Biocentrique est la vivencia de l’univers organisé en fonction de la Vie. Il donne priorité à ce qui vit car la vie est sacrée et doit être respectée comme telle. Cette idée devient le point de départ du comportement humain. La vie est un programme impliqué qui guide la construction du cosmos, ainsi elle précède l’existence de l’univers même. Nous vivons pour créer la vie au coeur de la vie. Sa grandeur se perçoit dans la routine quotidienne, le travail, le plaisir, les rencontres. Nous présenterons ici des réflexions et des propositions pour rendre opérationnel le Système Biocentrique pour les Organisations que propose Rolando Toro. POURQUOI LES ORGANISATIONS EXISTENT-ELLES ? Nous n’ignorons plus que les entreprises sont l’un des secteurs les plus forts de notre société. Haïes par certains, souvent par leurs propres collaborateurs, source de rédemption et raison de vivre pour d’autres, les grandes organisations multinationales sont devenues dangereusement puissantes. Nous pouvons dire sans gros risque de nous tromper qu’elles sont responsables de la survie de la vie sur terre ; toujours plus, elles dictent leur loi aux organisations sociales et imposent leurs valeurs à la société. Les Etats mesurent leur succès et leur développement à partir d’indicateurs, tels que le PIB, qui évaluent les activités productrices et industrielles mais, simultanément et de façon não explicite, évaluent l’épuisement des ressources naturelles de la planète. Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 4/14 Le consommationisme est devenu une valeur et une nécessité ; un besoin nouveau et impérieux est créé à chaque instant. Mais, face aux grandes transformations qui bouleversent notre planète – changement politiques, sociaux, de l’environnement, économiques et, surtout, évolution de la conscience – les organisations découvrent le besoin de revoir leur posture et leurs actions à partir de leur philosophie, de leur mission, de leurs valeurs et de leur responsabilité. Des organismes internationaux se sont penchés sur la question des différences sociales, des besoins de l’être humain et du rôle des organisations au sein du nouvel ordre économique et social. La première question qui doit être posée est : Pourquoi les organisations existent-elles ? Et une évidence oubliée nous saute aux yeux. La raison d’être des organisations est de satisfaire des gens. Mission des organisations SOCIET E CLIENT SATISFACTION DES PERSONNES ACIONNAIRE S COLLABORATEUR S Comment les personnes sont traitées par l’organisation Acionnaires Clients Résultat Satisfaction Société Contribution Collaborateurs Qualité de Vie L’ORGANISATION BIOCENTRIQUE Pendant longtemps l’homme a dominé la nature dont il se sentait détaché. La terre a été violée, pillée, ses ressources épuisées et ce n’est que récemment que des savants nous ont alertés du danger d’un possible anéantissement de la planète. La nature a réagit violemment à une civilisation déréglée où l’homme est devenu le pire ennemi de sa demeure. Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 5/14 Les entreprises sont les grandes responsables de ces attaque brutales et sans mesures. Bien que l’alerte ait été lancée depuis des années, les organisations sont lentes à réagir en faveur d’un développement durable. Mais, toujours plus fréquemment, les organisations internationales, y compris les grands investisseurs, attirent l’attention des entreprises sur les nouveaux paramètres de développement durable et poursuivent un travail mondial de conscientisation. Les grands liders des organisations qui s’étendent sur tous les continents sont devenus des citoyens planétaires et doivent développer une conscience de leur part de responsabilité dans la préservation de la vie. Toute action, toute décision dépasse les frontières nationales et peut transformer profondément la vie sur terre, altérant la distribution des revenus, contribuant à l’augmentation ou à la réduction de la pauvreté et de la faim, modifiant l’environnement jusqu’au niveau planétaire et portant atteinte à la sécurité sur terre. Les bilans, qui ne s’occupaient que de la santé économique des entreprises, doivent aujourd’hui montrer aussi les résultats des pratiques organisationnelles, leur impact sur l’environnement et sur les différents segments sociaux dans lesquels l’entreprise s’insère. Il est devenu indispensable que les entreprises participent effectivement au bien-être social et aux modifications nécessaires pour rendre la société plus juste et plus humaine. De nombreuses organisations du monde entier adhèrent à ce nouveau concept. Triple Bottom Line – «triple résultat net » Le triple résultat net évalue la performance de l’entreprise sous trois angles : Environnemental impact des procédés, produits et services sur l’air, l’eau, la terre, la biodiversité et la santé ; Social bien-être des travailleurs, droits des travailleurs, droits de l’homme, promotion de la diversité, investissement dans la communauté et autres; Economique valeur ajoutée, productivité et investissements. Responsabilité sociale corporative C’est « l’engagement permanent que prennent les entreprises et leurs cadres d’assumer un comportement éthique et de contribuer au développement soutenable par des actions consistantes qui puissent améliorer simultanément la qualité de vie de : • leurs travailleurs et leurs familles, • la communauté locale, • la société come un tout. » Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 6/14 LA RESPONSABILITE SOCIALE CORPORATIVE DONNE NAISSANCE A UNE TRANSFORMATION EVOLUTIVE DE LA SOCIETE ET FAVORISE L’INSERTION DURABLE DE L’ENTREPRISE DANS LA SOCIETE Indicateurs de RSC • • • • • • • Valeurs et transparence Public interne Environnement Fournisseurs Consommateurs, clients Communauté Gouvernement et société Sous l’optique du système biocentrique nous pouvons voir les organisations comme des organismes vivants, insérés dans un milieu, en interaction profonde et permanante avec leur environnement avec lequel ils échangent des investissements, des produits, des services, des idées, des sentiments. Ce sont des organisations flexibles, fluides, créatives, avec un grand potentiel d’homéostasie, en constant équilibre et déséquilibre, intégrant les forces Yin et Yang – féminines dans leur attention à la vie, aux valeurs de coopération, d’intégration et d’union, et masculines dans leur action transformatrice et leur capacité d’intervention. Des organisations qui se basent sur la création et la manutention d’un réseau affectif, tant dans leur environnement interne comme dans leur environnement externe, qui encouragent la revitalisation des valeurs essentielles, qui alimentent les liens entre les collaborateurs, les familles, les fournisseurs et la communauté. Des organisations qui mettent l’accent sur le potentiel de santé de l’entreprise et de ses travailleurs, offrant les conditions nécessaires pour la satisfaction de leurs nécessités de base et la possibilité d’élargir leurs capacités. Les valeurs essentielles de ces organisations sont les suivantes: Préserver la vie sous toutes ses formes; étudier l’impact de leurs actions sur leur environnement et prendre des mesures pour la protection de l’environnement en général. Assumer la responsabilité de leur impact sur la communauté dans laquelle elles s’insèrent, défendre les droits de l’homme et la satisfaction des besoins humains fondamentaux et universels (voir plus bas la définition des besoins universels). Avoir un rôle actif dans la préservation de rapports harmonieux entre les parties concernées – actionnaires, collaborateurs, clients, fournisseurs, communauté – tout en assurant la participation de tous dans les processus de décision et la concrétisation des objectifs. Garder une attitude éthique ainsi qu’une compréhension profonde de ses desseins. Inclure dans sa vision du futur tous ses membres, qui doivent être profondément impliqués, avoir un sens de propriété partagée et de responsabilité personnelle. Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 7/14 Besoins universels En réunion, l’OIT et l’ONU définirent les besoins fondamentaux de l’être humain comme suit: Nécessités de base – aliment, habitation, santé, éducation, emploi et sécurité personnelle. Sens de dignité de l’être humain. Sens de devenir – opportunité d’accéder à une vie meilleure. Sens de justice ou équité. Sens de réalisation – s’occuper de quelque chose qui vaille la peine. Sens de solidarité – faire partie d’un groupe de valeur et prendre part aux décisions qui affectent sa destinée ainsi que celle de ses membres. Gestion du personnel Pendant longtemps les organisations ont fonctionné ainsi : « Commande qui peut, obéit qui a de la jugeote. » Le système se maintenait grâce à la peur, aux tensions et aux menaces. Il y avait deux groupes distincts ; l’un, sélect, était chargé de penser. L’autre, la masse des « travailleurs, manoeuvres, ouvriers, manuels » vus uniquement comme une ressource matérielle, était était chargé de faire. Une entreprise vivante s’engage en faveur de l’intégrité des êtres humains sur lesquels elle compte – des individus qui sentem, pensent et agissent, autonomes et libres, courageux et créatifs, capables de faire face à un monde en transformation. La dimension des trois liens LE LIEN AVEC SOI-MÊME LE LIEN AVEC L’AUTRE Fortifier l’identité Le travail: expression et expansion de l’identité Sentir/penser/agir intégrés Dimensions existencielles: • Où est-ce que je vis? • Avec qui? • Qu’est-ce que je fais? Désir et instinct: éléments qui orientent les choix existenciels Connexions affectives Moi/Toi: la rencontre, une occasion de croissance Acceptation de la diversité Croître grâce aux différences Empathie Construction de groupes affectifs LE LIEN AVEC L’UNIVERS Perception de l’univers Changement des valeurs anti-vie en faveur de valeurs pro-vie Environnement Développement soutenable Prendre soin de la Terre Préserver la Vie Indices de vitalité chez les collaborateurs Vitalité Santé intégrale Activité et repos Auto-régulation Sexualité Plaisir Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 8/14 Motivation Principes qui orientent le féminin et le masculin Créativité Transformation Apprendre à apprendre Innovations Flexibilité Affectivité Création et préservation de liens Compétence interpersonnelle Compétence groupale Collaboration Transcendence Prendre soin de la Terre Perception de l’univers Préserver la Vie CONCEPT DE LA VIE DANS L’ORGANISATION Gestion Biocentrique C’est une façon de gérer l’organisation qui prend comme valeur et principe de base la conservation et l’évolution de la vie sur terre. Elle administre le niveau de vie au sein de l’organisation, est insérée dans le mouvement cosmique et tire profit de sa pulsation vitale pour atteindre ses objectifs, conservant et créant des modèles vivants toujours plus complexes. Elle viabilise le dessein de l’organisation de se mettre au service de la vie, non dans une attitude passive face à la réalité mais bien de façon active, créative, courageuse et aimante. Elle prend comme référence « l’expérience émouvante de nous sentir vivants » (R. Toro) qui donne à notre existence individuelle et collective son sens le plus profond. Ce système de gestion doit prendre les données suivantes en considération : L’entreprise, en tant qu’organisme vivant, établit des liens profonds avec le milieu dans lequel elle s’insère et dont elle reçoit stimulus, investissements, informations ; les deux s’influencent mutuellement. Mission, but et valeurs de l’organisation doivent être définis et mis en pratique suivant le Principe Biocentrique, c’est-à-dire en créant et préservant une haute qualité de vie, autant dans ses activités que dans son système de gestion interne. Le cadre de gestion de l’organisation assume la position du cultivateur, celui qui lance la semence et prépare la terre, qui vit l’imprévisibilité et les transformations d’un système vivant, qui est donc capable de fluidité, de flexibilité et d’auto-transformation et qui, profondément lié à son équipe, cultive l’affection, l’autonomie et la responsabilité partagée. Parallèlement à son activité professionnelle, l’organisation biocentrique exprime son identité par des actions qui soutiennent l’exercice de la citoyenneté, la défense des droits de l’homme, la protection de l’environnement ainsi que par l’élaboration de programmes visant au développement humain intégral. Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 9/14 L’organisation vivante « Pour que le potentiel créateur et la capacité d’apprentissage d’une entreprise soient maximisés, il est essentiel que les chefs et administrateurs comprennent l’interaction qui existe entre les structures formelles et explicites de l’organisation et ses réseaux informels et autogénérateurs. » « L’idéal serait que l’organisation formelle reconnaisse et donne son appui à ses réseaux informels de relations, puis qu’elle incorpore leurs innovations à ses structures. » (Traduit de : Fritjof Capra. Conexões ocultas – A organisação viva. Cultrix. SP, 2002. p. 121.) Capra dit que l’organisation vivante doit soutenir ces réseaux informels par la promotion de rencontres sociales, car ces activités libèrent l’énergie des participants, stimulent la créativité et déclenchent des processus de transformation. Théorie des systèmes Dans la vision systémique, ou globale, le milieu est un système vivant qui peut s’adapter et évoluer. L’attention ne se concentre plus sur l’évolution de l’organisme mais sur l’évolution conjointe de l’organisme et de son environnement. La vision systémique permet l’accès à la totalité et l’intégration de systèmes toujours plus étendus. Pulsation, individu, organisation L’individu est la cellule vivante de l’organisation, un système avec des caractéristiques, des aptitudes et des possibilités distinctes et inimaginables. Une entité déterminée génétiquement et façonnée par son environnement avec un potentiel vital, sexuel, créatif, affectif et transcendant, une grande capacité de différenciation, d’autorégulation et d’auto-organisation. Sensibiliser, potentialiser la vie de ce système peut déterminer le niveau de vie de l’organisation. L’organisation est une idée, une entité éthérée, fruit d’une nécessité humaine, d’une demande de la vie en société qui peut être formalisée ou non, concrétisée par une infra-structure, une adresse, des tables et des chaises, des ordinateurs... ou non. Toutefois sa réalisation, la transformation de ses idées en réalité (produits et services) ne peut être accomplie que par des gens, des êtres humains. Nous comprenons la relation d’interdépendance individu/organisation à partir d’une vision systémique où un système (partie/tout) s’insère dans un système plus grand (tout/part) sans pour autant abandonner son identité, en un processus de rétro-alimentation. De cette façon, plus les valeurs, l’identité, les relations, l’éducation et les réalisations de l’individu croîtront au sein de l’organisation, plus celle-ci sera vivante, effective et lucrative. Le rapport entre l’existence de l’individu et celle de l’entreprise se reflète directement sur la position que celle-ci occupe sur le marché, sur son identité, sa capacité de communication, ses associations, sa connaissance et sa capacité d’expansion. Cependant il n’y a pas de garantie pour l’affirmation que nous venons de faire. Il faut encore que les administrateurs à la tête de l’entreprise mettent en oeuvre une stratégie de gestion des Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 10/14 processus et des personnes basée sur l’éthique de la vie, sur l’humanisation de l’être et de l’action au sein de l’organisation. Complexité A première vue, la complexité (du latin ‘‘complexus’’, entrelacé) est un tissus de composants hétérogènes associés de manière inséparable : c’est le paradoxe de l’un et du multiple. Sous un autre angle, la complexité est effectivement le tissus des évènements, des actions, des interactions, des rétro-actions, des déterminations et des hasards qui constituent notre monde phénoménal. Elle se présente sous l’aspect inquiétant de la confusion, du désordre, de l’ambigüité, de l’incertitude... Le cosmos n’est pas une machine parfaite mais plutôt un processus simultané de désintégration et d’organisation. La vie n’est pas une substance, mais plutôt un phénomène d’auto-éco-organisation extraordinairement complexe qui produit l’autonomie. (Edgar Morin. Introduction à la pensée complexe. ESF. 1990) Toujours dans une vision de l’organisation à partir du Principe Biocentrique, nous pourrons postérieurement consacrer une réflexion aux concepts suivants : entropie, synchronicité et synergie PROPOSITION POUR UN CONCEPT DE LA VIE DANS L’ORGANISATION En accord avec le Principe Biocentrique, notre concept d’organisation prend comme base la VIE avec la volonté d’intégrer les besoins sociaux et les objectifs qui justifient l’existence d’une structure de production de biens et services. La vision systémique et la conscience de la pulsation simultanée de l’individu, de l’organisation, de la société et de la vie orienteront ses desseins. Les cinq aspects de la vie de l’organisation V aleurs – principes, conscience, dessein et mission. I dentité – potentiel humain, expression, diférenciation, spontanéité. V ivre ensemble – liens, relations, affectivité, communication, engagement humain. R éalisation – action organisée, actuation, faire, concrétiser. E ducation – développement humain, apprendre à apprendre, apprendre à être, apprendre à faire, apprendre à coexister, partage de la connaissance, apprentissage organisationnel. Les VALEURS de référence pour la conduite des organisations se basent sur le respect et la préservation de la vie, sur le Principe Biocentrique, afin de pouvoir organiser une structure organique pénétrée de conscience éthique et écologique. Cette dimension est ancrée sur la ligne de vivência de TRANSCENDANCE – l’instinct de fusion avec la totalité, la capacité humaine de se sentir partie d’un tout et d’occuper sa place dans le monde. • Principe Biocentrique • Conscience éthique Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 11/14 • Conscience écologique L’IDENTITE de l’organisation est liée à la compréhension du sens profond de la vie qui crée la vie, afin de permettre l’expression du potentiel, de la singularité, du différencié, de la créativité, de la spontanéité des êtres humains impliqués dans la réalisation de ses objectifs. L’identité de l’organisation sera reconnue par le marché dans la mesure où l’entreprise aura su fortifier l’identité de ses membres. Cette dimension est liée à la ligne de VITALITE qui englobe la santé, l’équilibre dynamique du système vivant et la motivation d’exister (instinct de conservation). • Caractéristique singulière qui identifie l’organisation attachée au Principe Biocentrique • Expression du potentiel humain de vitalité, sexualité, créativité, affectivité et transcendance VIVRE ENSEMBLE implique des liens affectifs, des rapports moi/toi et créature/créateur. Lorsque l’organisation croit à la nécessité d’unir les êtres humains pour la réalisation d’un objectif commun, elle stimule la connexion saine avec soi-même, avec l’autre et avec la nature qui crée et nourrit. Elle facilite la communication, transforme la routine en motivation enthousiaste et pleine de vie qui permet l’autoréalisation des individus impliqués dans l’obtention des résultats. Cet aspect est lié à la ligne de l’AFFECTIVITE, à la nécessité d’aimer et d’être aimé, aux instincts grégaire, nourrissier et communautaire. • Rapports toi / moi = nous (Martin Buber), humanisation des rapports et des processus. • L’homme est une créature rationnelle (Pichon-Rivière). Sa croissance dépend de ses rapports avec ses semblables. Il n’existe pas d’évolution solitaire. • Créature/créateur : l’homme est lié à sa création, s’identifie avec son oeuvre. La REALISATION de l’organisation est définie par l’autoréalisation des êtres humains impliqués dans la concrétisation de ses objetifs et par son engagement en faveur des besoins de la société. Ses actions s’organisent en fonction de situations informelles, du chaos et de la subjectivité humaine autant que de la structure organisationnelle de l’entreprise et du système dont elle fait partie. Elle est associée à la ligne de la SEXUALITE, au plaisir de créer et de produire. • Relation des principes qui orientent le Masculin et le Féminin dans l’organisation. Principe féminin : participation, collaboration, coopération, fléxibilité, perception de l’impact d’une action. Principe masculin : intervention, décision, action transformatrice. • Gestation, administration, naissance et entretien continus des actions, tout en laissant que la vie fasse le reste. L’organisation investit dans le développement humain en se basant sur la pédagogie de l’EDUCATION BIOCENTRIQUE qui potencialise la capacité de développer et partager connaissance et expérience vécue en un apprentissage continu conforme aux nécessités spécifiques de l’organisation. Elle peut prendre comme référence les pilliers de l’éducation proposés par l’UNESCO, c’està-dire : développer les capacités d’apprendre à apprendre, d’apprendre à être, d’apprendre à faire et d’apprendre à coexister. Elle se rattache à la ligne de la CREATIVITE, l’instinct d’exploration, la curiosité et la capacité humaine d’investiguer et de créer quelque chose de nouveau. Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 12/14 La connaissance de soi peut être développée par des vivências de Biodanza qui stimulent : • La conscience éthique et écologique (valeurs de respect pour la vie) ; • La motivation existencielle ; • L’intelligence de la flexibilité et de la fluidité, présentes dans la nature ; • L’instinct de lutte et fuite, détermination et agressivité ; • L’expression du potentiel génétique (vitalité, sexualité, affectivité, créativité, transcendance) ; • Le développement de la vision systémique ; • Le développement de compétences commerciales spécifiques ; • Le développement de compétences pour la planification et la gestion ; • Le développement de compétences technologiques. L’organisation et les lignes de vivencia du système Biodanza V I V R E valeur identité vivre ensemble réalisation éducation Transcendence Vitalité Affectivité Sexualité Créativité Principe Biocentrique dans les Organisations – Liliana Viotti – 2008 Ecoles de Biodanza® de Picardie & de Toulouse-Occitanie 13/14 BIBLIOGRAPHIE CAPRA, Fritjof. Les connexions invisibles. Editions du Rocher. 2004. CAPRA, Fritjof. La toile de la vie – Une nouvelle interprétation scientifique des systèmes vivants. Editions du Rocher. 2003. FRIEDMAN, George. Le travail en miettes. Gallimard. 1964. HARMAN, Willis. Vers une conscience globale : l'avenir d'une société en mutation. CEIA ED. 1993. KUHN, Thomas. La structure des révolutions scientifiques. Flammarion. 1999. LAND, George et JARMAN, Beth. Breakpoint and Beyond: Mastering the Future Today. Leadership 2000. 1998. SEN, Amartya. Ethique et économie. Presses Universitaires de France. 1999. SEN, Amartya. 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