E3. Atmosphère et climat récents

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E. Atmosphère et climats - 3. Récents
E3. Atmosphère et climat récents
En changeant d’échelle de temps, les indices disponibles pour caractériser le
climat et l’atmosphère de ces 800 000 dernières années sont plus variés.
Comme nous l’avons vu pour les paléoclimats, le climat général dépend
essentiellement d’un critère : la température. Deux facteurs permettent de la
déterminer dans l’histoire récente de la Terre :
- Les glaces
- Les fossiles (sédiments océaniques, pollen)
L’évolution de la température est dépendante de la composition de
l’atmosphère.
Bilan
E3.a EVOLUTION RECENTE DU CLIMAT – ETUDE DES BANQUISES
L’analyse des glaces permet de connaître la température de notre planète
ces derniers 800 000 ans.
i. Changement d’état et isotopes
Le passage entre état solide et gazeux dépend du poids d’une molécule
d’eau. Ainsi, une molécule d’eau possédant des isotopes d’oxygène et
d’hydrogène lourds (18O et D ou 2H) sera préférentiellement en phase liquide.
Une molécule possédant des isotopes légers (16O et 1H) sera préférentiellement en phase gazeuse.
ii. Conséquence sur les compositions isotopiques des océans, des
nuages et des banquises
A l’équateur, les isotopes légers se vaporisant plus rapidement, la proportion
de 18O et D dans la masse gazeuse au dessus des océans est plus faible que
celle de l’océan.
Alors que la masse gazeuse se
déplace, les isotopes lourds, qui
condensent plus rapidement, se
raréfient. La proportion de 18O et
D dans la masse gazeuse au
dessus des océans décroit donc
à mesure qu’on s’éloigne de
l’équateur.
Aux pôles, la neige qui tombe sur
les calottes glaciaires contient
donc relativement peu de 18O et
de D.
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E. Atmosphère et climats - 3. Récents
iii. Thermomètre isotopique
Il est possible de déterminer le δ18O et le δD (en 0/00) selon les formules suivantes :
[1]
𝛿 !"𝑂 =
[2]
𝛿𝐷 =
( !"!/ !"! )!"#$% ! ( !"!/ !"! )!"#$% !"# !"é!"#
( !"!/ !"! )!"#$% !"# !"é!"#
( !/ !! )!"#$% ! ( !/ !! )!"#$% !"# !"é!"#
( !/ !! )!"#$! !"# !"é!"#
× 1000
× 1000
Le δ18O et le δD varient de manière linéaire en fonction des températures
moyennes de formation des cristaux. Ainsi, les deux données forment un
thermomètre isotopique permettant d’analyser la température à différents
temps donnés.
è S’exercer
Le rapport (18O/16O) moyen de l’eau actuel est de 2.10-3.
1. Calculer le delta 18O pour une glace formée au Groenland dont le rapport
(18O/16O) est de 1,93.10-3.
2. Quelle température faisait-il au moment de la formation de cette glace ?
iv. Evaluation de la température du globe selon le thermomètre isotopique
L’utilisation d’un thermomètre isotopique fondé sur le rapport de concentration d’isotopes, calibré à la zone d’extraction des carottes glaciaires, permet
de déterminer la température des derniers 800 000 ans.
En effet, du fait des températures constamment négatives, les calottes glaciaires arctique et antarctique ont accumulé des épaisseurs de glace pouvant dépasser 3 kilomètres. On peut en extraire des carottes par forage. Au
Groenland, ces carottes représentent plus de 100 000 ans d’archives. En
antarctique, où les précipitations annuelles sont très faibles, le forage permet
de remonter à 800 000 ans.
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E. Atmosphère et climats - 3. Récents
è Analyser des documents
Doc 1 Localisation de quelques forages
dans les calottes glaciaires.
GRIP : Projet européen de carottage au
Groenland.
EPICA : projet européen de carottage en
Antarctique.
Doc 2 δD de la glace en fonction de son âge dans la
calotte glaciaire antarctique sur le site du Dôme C.
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Doc 3 δ O de la glace en
fonction de sa profondeur
dans la calotte glaciaire du
Groenland (site GRIP).
La profondeur à laquelle a été
prélevée la glace est indiquée
en rouge pour quelques
échantillons étudiés.
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Doc 4 δ O et δD de
la glace en fonction
de sa profondeur
dans
différentes
stations.
GRISP : Groenland Ice
Sheet Project (équipe
américaine)
3. D’après les documents ci-dessus, décrire l’évolution du climat sur Terre.
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E. Atmosphère et climats - 3. Récents
E3.b EVOLUTION RECENTE DU CLIMAT – ETUDE DES FOSSILES
i. Etudes des sédiments océaniques
Les FORAMINIFERES sont des animaux unicellulaires très répandus dans les
fonds marins. Ils sont logés dans une coquille, un test, formée de plusieurs
loges. Incorporant les atomes présents dans leur environnement, le δ18O des
tests de foraminifères correspondent au δ18O des océans dans lesquels ils
évoluaient.
Des tests de foraminifères peuvent directement être extraits des sédiments.
On peut alors effectuer deux types d’analyses :
- Mesurer leur δ18O (la référence utilisée alors est le rapport O18/O16
moyen des océans actuel)
- Analyser le type d’espèces car certaines espèces présentent des exigences climatiques très particulières.
En effet, le δ18O des foraminifères est déterminé par la quantité de glace
piégée dans les pôles. Si ce volume augmente, une grande partie de 16O y
sera séquestré. Le δ18O des océans et donc des foraminifères augmentent. En
cas de réchauffement, l’inverse se produit.
En utilisant une référence externe, il est possible de réaliser le même genre de
mesures sur les roches sédimentaires.
ii. Palynologie
Les associations végétales (forêt tropicale dense,
savane, toundra, …) sont appelés BIOMES. Elles se
trouvent dans des zones correspondant à des intervalles précises de température et d’humidité.
Les POLLENS sont de particulièrement bons indicateurs de ces biomes.
- Ils sont produits en grande quantité et disséminés (grande quantité de fossiles).
- Leur forme est caractéristique d’une espèce.
- Leur enveloppe contenant de l’exine les rend particulièrement résistants.
Le diagramme
pollinique
Ainsi, pour chaque région et temps donné, il est
possible d’analyser le spectre pollinique (nombre de
Il traduit donc l'évolution,
en ce lieu, des biomes au
pollens
de chaque espèce en pourcent).
cours
du temps.
Associés à des méthodes
de datation, les pollens
Le DIAGRAMME POLLINIQUE (évolution des frépermettent de retrouver les
grandes variations
quences
des différents pollens dans une région donclimatiques
récentes
née) traduit l’évolution d’un biome en un lieu donné
et donc les modifications température/humidité.
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E. Atmosphère et climats - 3. Récents
E3.c ORIGINES DES VARIATIONS CLIMATIQUES NATURELLES
i. Composition atmosphérique
La composition atmosphérique peut être, elle aussi, connue grâce à l’analyse
des glaces des calottes polaires pour
les longues durées et des glaciers
pour les plus courtes durées. En effet,
lors de la formation des glaces, des
bulles d’air sont piégées entre les
cristaux.
L’analyse de ces bulles d’air permet
de connaître la composition atmosphérique récente. Depuis 800 000
ans, les concentrations en CO2, en
protoxyde d’azote et en méthane
(GAZ A EFFET DE SERRE) ont varié
parallèlement et de façon cyclique,
avec une période de 100 000 ans
environ.
Ces gaz absorbent les radiations
infrarouges
réémises
lors
de
l’échauffement de la surface de la
Terre par les radiations solaires incidentes, s’échauffent et renvoient à leur tour des radiations infrarouges vers
cette surface. Ils sont responsables d’un EFFET DE SERRE qui permet d’expliquer
la température moyenne à la surface du sol de la planète.
Le CO2 est le
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principal gaz à effet de serre après l’eau.
Bien que les concentrations des GES évoluent de manière synchrone à celle
de la température terrestre, ils ne suffisent pas à expliquer les écarts de température caractérisant les variations du climat.
ii. Paramètres orbitaux
La température terrestre dépend aussi de l’INSOLATION, la quantité d’énergie
solaire reçue. L’insolation varie selon trois paramètres orbitaux :
1. L’EXCENTRICITE : valeur exprimant l’aplatissement de la trajectoire elliptique de la planète. L’excentricité de l’orbite terrestre varie de 0 à 6%
suivant des périodicités de 400 000 et 100 000 ans. Plus l’excentricité est
grande et plus l’insolation diminue.
2. L’OBLIQUITE : angle qui caractérise l’inclinaison de l’axe de rotation de
la Terre par rapport au plan de l’orbite ; elle oscille entre 22° et 25° suivant une périodicité de 41 000 ans.
3. La PRECESSION : mouvement très lent de rotation de l’axe d’un corps,
lui-même en rotation. La précession de l’axe de rotation de la Terre
évolue suivant des périodicités de 23 000 ans et 19 000 ans.
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E. Atmosphère et climats - 3. Récents
Ces facteurs orbitaux modifient peu l’insolation (< 0.2%) et peuvent expliquer
des différences de températures n’allant que jusqu’à 0.5°C à la surface de la
Terre. Ces modifications précédant les variations globales de température, il
est possible qu’elles soient leur élément déclencheur.
iii. Solubilité du CO2
La solubilité du CO2 dans l’eau diminue lorsque la température augmente.
Lorsqu’une augmentation d’insolation initie une augmentation de température des eaux océaniques superficielles, du CO2 est libéré depuis l’océan vers
l’atmosphère, ce qui amplifie le réchauffement du fait d’un effet de serre
accru.
A l’inverse, une baisse d’insolation induit une baisse de température qui
s’accompagne d’une dissolution accrue de CO2 dans l’océan et donc d’une
baisse de l’effet de serre.
iv. Albédo de la Terre
L’ALBEDO d’un objet est le rapport entre l’énergie qu’il réfléchit et l’énergie
solaire qu’il reçoit. Plus une surface est réfléchissante, moins elle s’échauffe.
Ainsi l’albédo des glaces est largement
supérieur à celui de la Terre (0.85
contre 0.2).
L’albédo moyen dépend de la surface
de glace recouvrant la Terre. Lors de
l’installation d’une période froide, le
développement des glaces polaires
augmente l’albédo de la planète. Le
rayonnement solaire est davantage
réfléchi et la planète s’échauffe moins. L’inverse se produit lors d’un réchauffement de la planète.
v. Variations climatiques naturelles - Résumé
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E. Atmosphère et climats - 3. Récents
E3.d ORIGINES ANTHROPIQUES DES VARIATIONS CLIMATIQUES
Avant 1960, la modélisation de l’évolution de la température ne prenant en
compte que le FORÇAGE NATUREL demeure relativement proche de celle
intégrant en plus le FORÇAGE ANTHROPIQUE, et de l’évolution constatée de
la température moyenne
globale.
Depuis 1960, l’évolution de
la température moyenne
globale s’est écartée de
l’évolution de la température modélisée à partir de la
seule prise en compte du
forçage naturel, tout en
demeurant proche de celle
modélisée sur la base de
forçages naturel et anthropique.
Cela signifie qu’à partir de
1960, l’augmentation des
rejets de gaz à effet de serre
en relation avec les activités
humaines est devenue un
facteur prépondérant de
l’évolution de la température, donc du climat.
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E. Atmosphère et climats - 3. Récents
E3. ATMOSPHERE ET CLIMAT RECENTS - Résumé
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E. Atmosphère et climats - 3. Récents
S’exercer au BAC
Asie 2016
II.b
La disparition des mammouths laineux
Le mammouth laineux (Mammuthus
primigenius) est une espèce fossile proche des
éléphants actuels.
Il y a quelques dizaines de milliers d’années, il
occupait encore une large partie de l’Eurasie et
de l’Amérique du Nord. Mais, il y a environ
10 000 ans, presque toutes ses populations ont
disparu.
D’après A. Hołda-Michalska, Geological Review,
2014
À l’aide de l’exploitation des documents proposés et de vos connaissances,
montrer que la disparition des mammouths laineux pourrait avoir deux causes
différentes.
Document 1 Variation de l’insolation à 60° de latitude nord durant les derniers 45 000 ans
L’insolation correspond à la quantité d’énergie solaire (en Watts) reçue par mètre carré de surface
terrestre. Elle dépend largement des paramètres astronomiques de la planète.
D’après G.M. MacDonald et al., Nature, 2012
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Document 2 Informations déduites de la composition isotopique des glaces
Document 2.a Relation entre le delta 18O de la glace du Groënland et la température
moyenne de l’air dans cette région
D’après J. Jouzel et al., Journal of Geophysical Research, 1994
Document 2.b Variation du delta 18O dans une carotte de glace du Groënland durant
les derniers 45 000 ans
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Document 3 Variation de la teneur en spores de végétaux du genre Sphagnum dans
une tourbière d’Alaska
Les végétaux du genre Sphagnum, caractéristiques des tourbières, présentent la
particularité de résister à des températures extrêmement faibles (jusqu’à -50°C). Toutefois,
elles sont plus abondantes lors des périodes chaudes. Pour leur reproduction, les Sphagnum
produisent des spores.
Selon les paléontologues, dans le passé, l’expansion des tourbières en Alaska se faisait au
détriment des plantes dont se nourrissaient les mammouths. Autrement dit, plus les
tourbières occupaient d’espaces et moins les mammouths disposaient de nourriture.
D’après G.M. MacDonald et al., Nature, 2012
Document 4 : territoires occupés par les mammouths laineux et par les Hommes
préhistoriques à différentes périodes
D’après G.M. MacDonald et al., Nature, 2012
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