N. IORGA
Professeur û l'Universit6 de Bucarest, .
Agréé à la Sorbonne, Correspondant de l'Institut,
Directeur de l'École Floumaine en France.
ESSAI DE SYNTHESE
DE
L'HISTOIRE DE L'HUMAN1TE
IV
EPOQUE CONTEMPORAINE
LIBRAIRIE UNIVERSITAIRE J. GAMBER, Éditeur
7, RUE DANTON, 7
PARIS
1928
ESSAI DE SYNTHESE
DE
L'HISTOIRE DE L'HUMANITE
ESSII DE SYNTHÈSE
DE
L'HISTOIRE DE L'HUMANIM
PAR
N. IORGA
Professeur à l'Université de Bucarest
Agree A la Sorbonne
Membre de l'Acadérnie Roumaine
Correspondent .de l'Institut
.IV
EPOQUE CONTEMPORAINE
PARIS
LIBRAIRIE UNIVERSITAIRE
J. GAMBER, RDITEUR
7, RUE DANTON, 7
1928
ESSAI DE SYNTHÉSE
DE L'HISTOIRE DE L'HUMANITÉ
ÉPOQUE CONTEMPORAINE
CHAPITRE PREMIER
Les nouvelles autonomies américaines.
La Couronne d'Angleterre avait refusé pendant une
guerre difficile A laquelle ses colons d'Amérique avaient
participé de leur argent, de leurs soldats et de leur initia-
tive, de leur permettre une confédération. Un congrès de.
ces Etats, dont quelques-uns avaient pour base une
charte royale, mais d'autres s'étaient formés d'eux-
mêmes et au prix d'un dur labeur et de longs sacrifices,
sur les ruines d'une race écartée, et en partie détruite,
apparaissait comme indésirable et dangereux aux minis-
tres de Londres.
L'esprit qui animait ces « dépaysés » et fondateurs de
pay,s A se serrer dans une ceuvre de nouvelle création
n'appartenait pas b. un seul territoire et 4 une Beale race.
Si les colons espagnols en général ne l'avaient pas, sauf
le cas, tout particulier, de ce Paraguay, où les Jésuites
s'étaient formés une république dont ils étaient l'oligar-
chie, avec la croix pour blason, l'église pour palais, la
règle de l'ordre pour constitution, les Franpis nour-
rissaient les mêmes sentiments envers la terre abandon-
née et celle qu'ils avaient conquise et organisée. Puisqu'il
n'y avait pas, comme dans l'Hindoustan, des despotes
2ESSAI DE SYNTHÉSE DE L'HISTOIRE DE L'HUMANITg
indigenes dont on pouvait se faire des amis, ou qui sur-
gissaient en ennemis, un tiers se trouvant entre la metro-
pole et la colonie, ils osaient prétendre à se diriger d'eux-
mêmes et 4 repousser les immixtions de la mère-patrie,
qui signifiaient trop souvent des abus administratifs ou
des tentatives d'exploitation.
On avait vu au commencement du xvine siècle un
gouverneur de la Martinique revenir en France parce
que les habitants de l'fie n'en avaient pas voulu. Au
Canada ce sn'était pas de Paris que venaient pendant la
guerre de sept ans les instructions d'agir, et cette guerre
même avait été en partie provoquée par des actes d'hos-
tilité, par des incidents sanglants pour lesquels les bu-
reaux parisiens n'étaient pas responsables. Il y eut
méme tel cas de marchandises refusées, en guise de pro-
testation contre des droits de douane trop élevés.
Ce n'était pas la theorie qui fagonnait les Ames.
D'elles-mémes elles arrivaient A penser ainsi dans ces
formes isolées où chacun se rendait compte de la partici-
pation au défrichement, au labeur, à la defense, dans ces
villages où se trouvaient ensemble ceux qui avaient col-
laboré à l'ceuvre commune, dans ces villes qui s'étaient
formées, avec une bourgeoisie d'importation, avec des
fonctionnaires envoyes, mais aussi par la selection méme
de ces elements ruraux, de travail, de patience et d'ini-
tiative.La race conservait son prix, car il y avait la langue la
rappelant. Les institutions traditionnelles manquaient
cependant presque totalement. Le prestige d'un prince,
d'une noblesse agissant comme telle, était absent. Les
produits de l'esprit pénétraient difficilement, les ouvrages
défendus en France encore plus que les autres. L'Eglise
restait beaucoup plus qu'en Europe mattresse des Ames,
et l'école en dépendait exclusivement.
S'il n'y avait pas eu la difference de religion profoncle-
ment marquee par cette fagon de vivre et de s'instruire,
si les jésuites n'avaient pas entretenu l'aversion pour
a l'hérétique » d'à-còté, on aurait passé facilement par-
dessus les recommandations du monde officiel pour se
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