Journal d`Opposition Conservatrice et Religieuse

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38me Année. — N° 113.
Samedi 20 Septembre 1879.
CN NUMÉRO I 2 0 CENTIMES.'
Journal d'Opposition Conservatrice et Religieuse
Chambéry, Savoie, Haute-Savoie et
1 AM
départements limitrophes
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Italie
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Les AuoNNEiuuîïTS sont rcçns na bni'can dn Journal,
Aveuiic du Chanip-de-Mars, 4, h Chnuiljcry.
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à M. CORDIER, rédacteur en chef.
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imprimeur du Journal, 4, avenue du Champ-de-Mars.
fait leur œuvre et de s'être comporté en
franc-maçon.
Eh bien I envers des francs-maçons nous
Nous venons de lire le récit de la réception do M. Jules Ferry à Toulouse, et vrai- ne pouvons nous comporter, nous catholiques, qu'en ennemis irréconciliables I Qu'on
ment nous avons été heureux.
Nous disons depuis longtemps que nos ne vienne donc plus nous parler de paix et
gouvernants sont, non pas Français, mais d'apaisement, enlre les francs-maçons et
francs-maçons, et que leur seul idéal eit de nous, guerre, guerre à mort 1
remplacer le christianisme par la franc-maçonnerie. En voici la preuve officielle :
M. le minisire de l'instruction publique
est en voyage, et, comme ministre de la Dès que les résultats de l'élection de BorRépublique française, il est officiellement deaux ont été connus à Paris, le télégraphe
complimenté par le chef de la franc-maçon- de l'Elysée les a transmis à Mont-sous-Vaudrey.
nerie toulousaine.
M. Grévy a été si enchanté de ce succès
Voici l'allocution :
de M; Achard,qu'un de ses confidents les plus
« La maçonnerie toulousaine nous a fai intimes a reçu hier de lui une lettre où il dil'honneur de nous déléguer pour vous saiten substance :
« Le succès de M. Achard m'est très agréasouhaiter la bienvenue et vous faire conble,
parce qu'il doit tranquilliser la France ;
naître l'expression des sentiments qu'elle
l'élection de M. Blanqui nous eût valu au
professe pour un ministre de la République,
moins deux séances orageuses et perdues
soutenant avec un courage persistant une pour les affaires. De ce côté, tout est maintelutte difficile contre les éternels ennemis de nant tranquille. »
la société civile. La France démocratique, laNous croyons savoir que le Président de
la
République ne se dissimule nullementque
borieuse ,est avec vous. La maçonnerie ne saul'extrême
gauche, à larentrée des Chambres,
rait oublier que le ministre de l'instruction
montera sur un autre cheval de bataille et
publique est un de ses fils les plus distin- demandera l'amnistie plénière. Selon son hagués; elle vous soutiendra dans la lutte par bitude constante, M. Grévy laissera agir les
tous les moyens en son pouvoir, car elle Chambres, il connaît trop pourtant l'histoire
comprend que, puisqu'on ne croit pas devoir de la Commune pour approuver le vœu des
appliquer aux jésuites la loi non abrogée, il gauches. Il croit avoir été, dans la, distribulion des grâces, jusqu'où il pouvait aller...
est urgent de leur arracher la jeunesse franEspérons, sans en dire plus,"que les majoriçaise.
tés lui donneront raison.
« Dites au gouvernement que, surtout
Le Constitutionnel n'est pas tendre pour le
pour celte question, la maçonnerie est avec
lui. Elle espère, en outre, qu'ému, comme projet de loi sur la presse, élaboré par la comla France entière, par de récentes manifes- mission présidée par M. Emile de Girardin.
Lisez plutôt :
tations, il accomplira un des vœux les plus
« Rien d'élevé, rien de généreux ; pas une
chers et ne tardera pas à rendre à la patrie vue d'ensemble, pas le moindre souffle libéles derniers exilés qu'elle attend avec con- ral ; des précautions méchantes qui font peur,
déniais enfantillages qui font rire; un amas
fiance.
« Veuillez agréer l'expression de nosde vieilles arquebuses monarchiques, remises
à neuf et remontées.
sentiments fraternels. »
« Refoulés encore une fois horsdudroit
C'est clair, c'est précis. Les francs-ma- commun, nous sommes traités comme de
çons félicitent ce ministre de France d'avoir simples jésuites. Ce projet de malheur est
CHAMBÉRY, 19 SEPTEMBRE.
INFORMATIONS
FEUILLETON DU COURRIER DES ALPES
LÉGENDE PONTIFICALE
Légende Napoléonienne
PIE YII ET NAPOLÉON I°r
18OO-1815
2
Le Saint-Père (plût au ciel que bien des
chefs d'Etat eussent suivi son exemple),
sans s'inquiéter des clameurs de ce petit
troupeau de gens « trop bien intentionnés »
qui, après avoir bouleversé la société par
leurs prétentions, s'empressent de se livrer
au sauve qui peut au moment du danger,
poursuit son but avec persévérance. Il connaît le prix du temps ; « il tempo è un gran
maestro I »
. Le cardinal Caprara est envoyé immédiatement à Paris pour terminer l'œuvre du rétablissement du culte catholique en France.
Le Pape avait été très affecté de la publication des Articles organiques, faite en môme
temps que celle du Concordat et de manière
à faire croire que la cour de Rome y avait
concouru.
Il avait refusé de donner l'institution canonique à quinze évoques constitutionnels,
à moins qu'ils ne signassent une adhésion à
la bulle Chantas.
ANNONCES
Paraissant les MARDIS, JEUDIS et SAMEDIS.
ABONNEMENTS :
Le Gérant, AUDE.
pour la liberté de la presse "ce que l'article 7
est pour la liberté de l'enseignement. Puissent l'un et l'autre se rejoindre dans le même
tombeau, enterrés par une réprobation commune! »
Annonces, la ligne
Réclames,
kl
Faits divers, id
Nous lisons dans Paris-Journal :
MORT DE M . VIOLLET-LEDUC
« Tout est mystère maintenant. — Le
M. Viollet-Leducest mort, hier so"nyi Paris,
voyage de M. Gambetta, celui de M. Le d'une attaque d'apoplexie.
Royer, le braconnier de Meudon, etc., etc.—
Mystère aussi Dumangin. Qu'est-ce que
Dumangin ? —Tout. — Que devrait-il être?
Etruiiç de guerre.
— Rien.
Plus que jamais, l'Angleterre est dans
Voici le secret de la mystérieuse fortune
l'impérieuse nécessité de pousser vigoudu factotum de M. Gambetta.
« Vers 1865, il était cafetier rue du fau- reusement la guerre et de châtier les
bourg Montmartre, en face du journal le assassins ; mais si l'émir a fait défection,
Temps, à l'enseigne de la Chaussée Bergère. pourra-t-on croire à la fidélité des tribus
— C'est chez lui qu'on célébrait l'anniver- sur lesquelles on 6royait pouvoir compter?
saire de la mort de Louis XVI, pérorant
Remarquons encore que les Anglais auMe Gambetta.
M. J. Richard racontait hier, dans le Gau- ront contre eux les intempéries de la sailois, une de ces fêtes de famille. C'était le 21 son rigoureuse.
janvier 1864 :
Quant aux dispositions de la Russie, à
La société était choisie. Il y avait là Hén juger d'après le Golos et la Gazette de
brard, aujourd'hui sénateur et homme d'affaiSaint-Pétersbourg,
elles ne seraient rien
res, Ulysse Parent, Floquet et son chapeau,
puis un vieuxjournaliste appelé Legault, le moins que favorables. Voici comment s'expère, je crois, de la jolie M"° Legault. Il*ré- prime la première de ces feuilles :
dige aujourd'hui,dans l'Yonne, le journal de
Si l'Angleterre soumet l'Afghanistan, la
M. Lepère. En outre, quelques ouvriers im- Russie ne peut pas rester indifférente. L'opportants, et je n'en suis pas sûr, car ce n'é- portunité se présente pour la Russie d'ar,raRi
tait pas alors un personnage de marque, ger ses propres affaires, de fortifier son presGambetta.
tige à Bokhara et d'affaiblir l'influence anMon voisinjun ouvrier, me débita un demi- glaise en Perse. Elle peut s'assurer ces avanvolume de Proudhon, et meremit une adresse tages en reconnaissant à l'Angleterre le droit
où l'on devait me vendre à moitié prix de la de soumettre Caboul et Candahar, à la conmédecine Ràspail. — Dumangin, d'ailleurs, dition qu'elle laisserait Hérat à la Perse et
ne s'était pas distingué : tout était mauvais. que la Russie prendrait en compensation un
Mais nous n'étions-par venu là pour manger ; territoire suffisant sur la rive gauche de
l'Attrek, pour s'assurer une base d'action sur
on avait annoncé des discours. »
Et voilà comment on monte jusqu'aux as- les côtes de la mer Caspienne, dans la directres ! Aujourd'hui au Palais-Bourbon, M. tion de Merq, et assez large pour pouvoir emDumangin fait faire antichambre aux puis- brasser le territoire occupé par les hordes de
Turcomans.
sants de la ferre.
On m'annonce la mort de Mgr de La Tour
d'Auvergne-Lauraguais (Charles), archevêque
de Bourges.
Mgr de La Tour d'Auvergne-Lauraguais était
âgé de cinquante-trois ans ; il était officier
delà Légion d'honneur depuis 1869.
Napoléon, alors au faite de la gloire, s'était « tenir en France ; eh bien 1 qu'on nous enfait proclamer empereur par le Sénat le 18 « lève la liberté, tout est prévu. Avant de
mai 1804.
« partir de Rome, nous avons signé une
Le Saint-Père, dans le but de mieux sau- « abdication régulière, valable, si nous somvegarder les intérêts de la religion, était « mes jetés en prison; l'acte est hors delà
venu sacrer le nouvel Empereur le 2 décem- « portée du pouvoir des Français.
bre 1806.
« Le cardinal Pignatelli en est dépositaire
Reçu avec les plus grands honneurs, ha- « à Palerme, et quand on aura signifié les
rangué par les principaux corps de l'Etat, le « projets qu'on médite, il ne vous- restera
Pontife recevait journellement toutes les per- « plus entre les mains qu'un moine misésonnes pieuses et distinguées qui témoi- « rable , qui s'appellera Barnabe Chiaragnaient le désir de s'approcher de son « monti. »
auguste personne. Toutefois, une semaine
Le soir même, les ordres de départ fune succédait pas à une autre qu'il no de- rent signés par l'empereur, et, le 16 mai
mandât la faculté de retourner à Rome.
1805, le Pape rentrait clans Rome après un
voyage
heureux, où partout, en France
Un- des grands officiers de l'Empire que le
comme
en
Italie, il avait reçu les témoignaPape n'a jamais voulu nommer, lui parla un
jour d'habiter Avignon, d'accepter un palais ges multipliés du respect et de la vénération
ï des populations.
papal à l'archevêché de Paris et de laisser >
établir un quartier privilégié , comme à
Cependant, l'heure des tribulations et de
Constantinople, où le corps diplomatique l'amertume était bien près de sonner.
accrédité près l'autorité pontificale, aurait le
Après la signature du traité de Tilsitti
droit exclusif de résider.
quelques mots avaient singulièrement frappé
Ce personnage aurait-il jamais osé hasar- l'empereur Napoléon.
der une pareille insinuation sans l'agrément
Ce czar lui dit un jour tout en causant :
de l'empereur?
« Moi, je n'ai jamais d'affaire de culte, je suis
S. S. crut devoir ainsi répondre à celte le chef de mon Eglise ! »
communication, la plus amere sans doute
L'empereur Alexandre avait-il « ingénuqu'Elle pût entendre de la bouche d'un Fran- ment » attaché une torpille sous la barque
çais. (Vie de Pie VII, par le chevalier Ar- ambitieuse que le vainqueur d'Austerlilz devait plus tard échanger contre la cabine du
taud) :
« On a répandu qu'on pourrait nous re- Bellérophon ?
20 cent.
40 —
50 —
M. HAVAS, rue Jean-Jacques Rousseau, 51, et MM. LAFFITE,
BULLIER et O , place de la Bourse, 8, sont seuls chargés à
Paris, de recevoir les annonces pour le Journal.
Ce prélat était le frère du prince Henry de
La Tour-d'Auvergne-Lauraguais, ancien officier d'ordonnance de Napoléon III, commandant aujourd'hui la subdivision de Médéah
(Algérie).
LA. MORT DE L ' À R C H E V È Q O E DE BODRGES
'. .<&
.envoyant vingt mille hommes de troupes russes pour défendre l'Afghanistan. Une intervention faite à propos de la part de la Russie
peut décider de l'existence de la puissance
anglaise dans celte contrée, et c'est maintenant le moment favorable de délivrerla'frontière orientale de la Russie du dangerpermanent que constitue pour elle la présence de
l'Angleterre.
On ne saurait être plus explicite. Ce côté
de la question examiné par les feuilles
russes, la presse anglaise s'occupe du rôle
que pourrait être appelé à jouer la France
dans l'hypothèse d'un [conflit anglo-russe.
Le corespondant du Standard nous donne
les appréciations suivantes :
Ici, à Paris, l'alliance russo est regardée
non seulement comme une chose désirable,
mais comme une chose conclue. Il va de soi
que si la Prusse déclarait la guerre à la Russie, la France envahirait les provinces annexées. Mais l'on sent la nécessité d'autres
alliances, outre celle de la Russie. J'ai entendu dire ouvertement que c'était là le but
du voyage projeté de M. Gambetta à Londres,
tnais j'ai refusé,d'y croire. Il y a une douzaine
ou une quinzaine de mois que M. Gambetta
était très chaud pour une alliance franco-anglaise. J'apprends aujourd'hui qu'il est tout
aussi ardent pour l'alliance franco-russe.
Les amis de M. Gambetta — on ne saurait
Croire le nombre d'amis qu'a en France un
homme qui vient au pouvoir — ont réussi à
le pénétrer de l'idée que les jours du gouvernement conservateur sont comptés et que
l'Angleterre est à la veiUe de voir arriver au
pouvoir un ministère tout nouveau, composé
en partie de whigs, en partie de radicaux, et
qui fraterniserait avec la Russie dans l'Asie
centrale et avec lé Gambeltisme en Europe,
et qui,en cas de conflit avec l'Allemagne,viendrait ES ranger aux côtés de la France. La
Voici maintenant comment s'exprime la visite de M. Gambella en Angleterre, s'il vefiait à la réaliser, ne pourrait manquer de le
Gazette de Saint-Pétersbourg :
désabuser. Mais aujourd'hui, étant donné ce
L'Angleterre, poursuit la Gazette, a toujours été l'ennemie, mortelle de la Russie. que les Français appelleraient son idée domiNotre politique en Russie ne peut donc con- nante, on s'explique la ton hostile que les
sister qu'en représailles contre l'Angleterre. organes gamLettistes ont pris depuis peu à
Il est nécessaire d'expulser l'Anglais du cen- l'égard de l'Angleterre.
tre de l'Asie, et on peut à présent y réussir en
Mais il y a un important élément dont ces
Dans une réponse de l'Empereur aux observations du Saint-Père, en date du 13 février 1808, on remarque ces paroles : «Votre Sainteté est souveraine de Rome; mais,
moi, je suis l'empereur. »
Le cardinal Fesch, ambassadeur de France
près le Saint-Siège, demandait bientôt officiellement qu'on expulscâl les Russes, les
Suédois, les Anglais et les Sardes, de Rome
et de l'Etat pontifical. Le cardinal Consalvi
déclara que Sa Sainteté s'entendrait, sur ce
point, directement avec l'Empereur.
Le 12 mars 1806, le Pape répondait à
l'Empereur en opposant à ces demandes un
refus plein de douceur et de dignité, et motivé sur le devoir qui lui incombait de conserver une attitude pacifique, pour mieux
sauvegarder les intérêts religieux auprès de
toutes les puissances.
Le général Miollis occupa Rome (2 février 1808), et le Pape ordonna au cardinal
Caprara de demander ses passeports ; M.
Lefôbre, secrétaire de l'ambassade française reçoit également ces pièces.
Monsignor Cavalchini , gouverneur de
Romo; Mgr Barberi, fiscal du governo ;
Mgr Riganli, secrétaire de la consulte, sont
arrêtés. Les cardinaux étrangers sont expulsés de Rome.
Le 10 juillet, le Pape réunit en consistoire tous les cardinaux présents à Rome,
et prononça la célèbre allocution : Nova
vulnera.
Le 6 septembre, un officier supérieur se
présente à la secrétaireris d'Etatet signifie au
cardinal Pacca son ordre de départ.
Le cardinal déclare qu'il ne partira pas
sans les ordres du Saint-Père. Le Pape
averti, vient prendre le cardinal par la main
et l'emmène dans ses appartements, en enjoignant à l'officier de signifier au général
son indignation contre les violences dont il
était l'objet depuis quelque temps.
Le 17 mai 1809, Napoléon rendait, à son
camp impérial dejYienne, un décret qui réunissait tous les Etats pontiScauxà l'Empire
français. La ville de Rome était déclarée ville
impériale et libre. Le décret fut publié par le
général Miollis, le 10 juin, à deux heures
après midi. Le pavillon pontifical fut abaissé,
et remplacé par le pavillon français. Cet
acte d'abord suivi d'une protestation du
Souverain-Pontife en langue italienne affichée dans les rues de Rome, fut bientôt après
anathématisé par une bulle d'excommunication, publiée et affichée dans les endroits
et suivant les formes ordinaires (nuit du
10 aujH juin).
Dans la nuit du 5 au 6 juillet, à trois
heures du matin, le général Radet pénétre
de vive force dans le palais pontifical, s'avance dans la salle du trône dite des Sancli-'
fications.
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