
38me
 Année.
 —
 N°
 113.
CN NUMÉRO
 I 20
 CENTIMES.'Samedi
 20
 Septembre
 1879.
Journal d'Opposition Conservatrice
 et
 Religieuse
ABONNEMENTS
 :
Chambéry, Savoie, Haute-Savoie
 et 1
 AM
 0
 MOUS
 2
 MOIS
départements limitrophes
 27 fr.
 14 fr.
 7 fr.
Autres départements
 34 17 8
 50
Suisse
 ' 36 18 9
Italie
 38 19 10
Les AuoNNEiuuîïTS sont rcçns
 na
 bni'can
 dn
 Journal,
Aveuiic
 du
 Chanip-de-Mars,
 4, h
 Chnuiljcry.
Les abonnements se renouvellent d'office
 et
 se continuent jusqu'à réception d'avis
contraire.
 —
 Tout trimestre commencé devra, suivant l'usage, être achevé.
Paraissant
 les
 MARDIS, JEUDIS
 et
 SAMEDIS.
Adresser tout
 ce
 qui
 concerne
 la
 Rédaction
 et
 l'Administration
à
 M.
 CORDIER, rédacteur
 en
 chef.
Pour
 les
 Annonces, s'adresser directement
 à
 M.
 CHATELAIN,
imprimeur
 du
 Journal,
 4,
 avenue
 du
 Champ-de-Mars.
Le Gérant,
 AUDE.
ANNONCES
Annonces,
 la
 ligne
 20
 cent.
Réclames,
 kl
 '.
 .<&
 40 —
Faits divers,
 id 50 —
M. HAVAS,
 rue
 Jean-Jacques Rousseau,
 51,
 et
 MM. LAFFITE,
BULLIER
 et O,
 place
 de la
 Bourse,
 8,
 sont seuls chargés
 à
Paris,
 de
 recevoir
 les
 annonces pour
 le
 Journal.
CHAMBÉRY,
 19
 SEPTEMBRE.
Nous venons
 de
 lire
 le
 récit
 de la
 récep-
tion do M. Jules Ferry
 à
 Toulouse,
 et
 vrai-
ment nous avons
 été
 heureux.
Nous disons depuis longtemps
 que nos
gouvernants sont,
 non pas
 Français, mais
francs-maçons,
 et
 que
 leur seul idéal
 eit
 de
remplacer
 le
 christianisme
 par la
 franc-ma-
çonnerie.
 En
 voici
 la
 preuve officielle
 :
M.
 le
 minisire
 de
 l'instruction publique
est
 en
 voyage,
 et,
 comme ministre
 de
 la
République française,
 il
 est
 officiellement
complimenté
 par le
 chef de
 la
 franc-maçon-
nerie toulousaine.
Voici l'allocution
 :
«
 La
 maçonnerie toulousaine nous
 a fai
l'honneur
 de
 nous déléguer pour vous
souhaiter
 la
 bienvenue
 et
 vous faire
 con-
naître l'expression
 des
 sentiments qu'elle
professe pour
 un
 ministre de
 la
 République,
soutenant avec
 un
 courage persistant
 une
lutte difficile contre les éternels ennemis
 de
la société civile. La France démocratique, la-
borieuse ,est avec
 vous.
 La
 maçonnerie ne sau-
rait oublier
 que le
 ministre
 de
 l'instruction
publique
 est un
 de
 ses
 fils les plus distin-
gués;
 elle vous soutiendra dans
 la
 lutte
 par
tous
 les
 moyens
 en
 son
 pouvoir,
 car
 elle
comprend que, puisqu'on ne croit pas devoir
appliquer aux jésuites
 la
 loi
 non abrogée,
 il
est urgent de leur arracher la jeunesse fran-
çaise.
« Dites
 au
 gouvernement
 que,
 surtout
pour celte question,
 la
 maçonnerie
 est
 avec
lui.
 Elle espère,
 en
 outre, qu'ému, comme
la France entière,
 par de
 récentes manifes-
tations,
 il
 accomplira
 un des
 vœux
 les
 plus
chers
 et ne
 tardera
 pas
 à
 rendre à la patrie
les derniers exilés qu'elle attend avec
 con-
fiance.
« Veuillez agréer l'expression
 de nos
sentiments fraternels.
 »
C'est clair, c'est précis.
 Les
 francs-ma-
çons félicitent ce ministre de France d'avoir
FEUILLETON
 DU
 COURRIER
 DES
 ALPES
LÉGENDE PONTIFICALE
Légende Napoléonienne
PIE
 YII
 ET NAPOLÉON
 I°r
18OO-1815
 2
Le Saint-Père (plût
 au
 ciel
 que
 bien
 des
chefs d'Etat eussent suivi
 son
 exemple),
sans s'inquiéter
 des
 clameurs
 de
 ce
 petit
troupeau de gens
 «
 trop bien intentionnés
 »
qui,
 après avoir bouleversé
 la
 société
 par
leurs prétentions, s'empressent
 de
 se
 livrer
au sauve
 qui
 peut
 au
 moment
 du
 danger,
poursuit son
 but
 avec persévérance.
 Il
 con-
naît le prix du temps
 ;
 « il
 tempo
 è
 un gran
maestro
 I
 »
. Le cardinal Caprara
 est
 envoyé immédia-
tement
 à
 Paris pour terminer l'œuvre
 du ré-
tablissement
 du
 culte catholique
 en
 France.
Le Pape avait été très affecté
 de la
 publi-
cation
 des
 Articles
 organiques, faite en môme
temps que celle
 du
 Concordat et de manière
à faire croire
 que
 la
 cour
 de
 Rome
 y
 avait
concouru.
Il avait refusé
 de
 donner l'institution
 ca-
nonique
 à
 quinze évoques constitutionnels,
à moins qu'ils
 ne
 signassent
 une
 adhésion
 à
la bulle Chantas.
fait leur œuvre
 et
 de
 s'être
 comporté
 en
franc-maçon.
Eh bien I envers
 des
 francs-maçons nous
ne pouvons nous comporter, nous catholi-
ques,
 qu'en ennemis irréconciliables
 I
 Qu'on
ne vienne donc plus nous parler de paix
 et
d'apaisement, enlre
 les
 francs-maçons
 et
nous,
 guerre, guerre
 à
 mort 1
INFORMATIONS
Dès
 que les
 résultats
 de
 l'élection
 de Bor-
deaux
 ont été
 connus
 à
 Paris,
 le
 télégraphe
de l'Elysée
 les
 a
 transmis
 à
 Mont-sous-Vau-
drey.
M. Grévy
 a
 été
 si
 enchanté
 de ce
 succès
de M; Achard,qu'un de ses confidents
 les
 plus
intimes
 a
 reçu hier
 de lui une
 lettre où
 il
 di-
saiten substance
 :
«
 Le
 succès
 de
 M. Achard m'est très agréa-
ble,
 parce qu'il doit tranquilliser
 la
 France
 ;
l'élection
 de
 M. Blanqui nous
 eût
 valu
 au
moins deux séances orageuses
 et
 perdues
pour
 les
 affaires.
 De ce
 côté, tout
 est
 mainte-
nant tranquille.
 »
Nous croyons savoir
 que
 le
 Président
 de
la République
 ne
 se dissimule nullementque
l'extrême gauche,
 à
 larentrée des Chambres,
montera
 sur
 un
 autre cheval
 de
 bataille
 et
demandera l'amnistie plénière. Selon
 son ha-
bitude constante,
 M.
 Grévy laissera agir
 les
Chambres,
 il
 connaît trop pourtant l'histoire
de
 la
 Commune pour approuver
 le vœu
 des
gauches.
 Il
 croit avoir
 été,
 dans
 la,
 distribu-
lion
 des
 grâces, jusqu'où
 il
 pouvait aller...
Espérons, sans
 en
 dire plus,"que
 les
 majori-
tés
 lui
 donneront raison.
Le Constitutionnel n'est
 pas
 tendre pour
 le
projet
 de loi sur la
 presse, élaboré par la com-
mission présidée
 par M.
 Emile
 de
 Girardin.
Lisez plutôt
 :
« Rien d'élevé, rien
 de
 généreux
 ;
 pas une
vue d'ensemble,
 pas
 le
 moindre souffle libé-
ral
 ;
 des précautions méchantes qui font peur,
déniais enfantillages
 qui
 font rire;
 un
 amas
de vieilles arquebuses monarchiques, remises
à neuf
 et
 remontées.
« Refoulés encore
 une
 fois horsdudroit
commun, nous sommes traités comme
 de
simples jésuites.
 Ce
 projet
 de
 malheur
 est
Napoléon, alors au faite
 de
 la
 gloire,
 s'était
fait proclamer empereur
 par
 le
 Sénat
 le 18
mai 1804.
Le Saint-Père, dans
 le
 but de mieux
 sau-
vegarder
 les
 intérêts
 de
 la
 religion, était
venu sacrer
 le
 nouvel Empereur
 le
 2
 décem-
bre 1806.
Reçu avec les plus grands honneurs,
 ha-
rangué
 par
 les principaux corps
 de
 l'Etat,
 le
Pontife recevait journellement toutes les per-
sonnes pieuses
 et
 distinguées
 qui
 témoi-
gnaient
 le
 désir
 de
 s'approcher
 de
 son
auguste personne. Toutefois,
 une
 semaine
ne succédait
 pas
 à
 une
 autre qu'il
 no de-
mandât
 la
 faculté
 de
 retourner
 à
 Rome.
Un-
 des grands officiers de l'Empire que
 le
Pape n'a jamais voulu nommer,
 lui
 parla
 un
jour d'habiter Avignon, d'accepter
 un
 palais
papal
 à
 l'archevêché
 de
 Paris
 et
 de
 laisser
établir
 un
 quartier privilégié
 ,
 comme
 à
Constantinople,
 où le
 corps diplomatique
accrédité près l'autorité pontificale, aurait
 le
droit exclusif
 de
 résider.
Ce
 personnage aurait-il jamais
 osé
 hasar-
der une pareille insinuation sans l'agrément
de l'empereur?
S.
 S.
 crut devoir ainsi répondre
 à
 celte
communication,
 la
 plus amere sans doute
qu'Elle pût entendre de la bouche d'un Fran-
çais.
 (Vie de Pie
 VII, par le
 chevalier
 Ar-
taud)
 :
«
 On a
 répandu qu'on pourrait nous
 re-
pour
 la
 liberté
 de la
 presse "ce que l'article
 7
est pour
 la
 liberté
 de
 l'enseignement. Puis-
sent
 l'un et
 l'autre
 se
 rejoindre dans
 le
 même
tombeau, enterrés
 par une
 réprobation
 com-
mune!
 »
Nous lisons dans Paris-Journal
 :
« Tout
 est
 mystère maintenant.
 — Le
voyage
 de
 M.
 Gambetta, celui
 de M. Le
Royer,
 le
 braconnier de Meudon, etc., etc.—
Mystère aussi Dumangin. Qu'est-ce
 que
Dumangin
 ?
 —Tout.
 —
 Que devrait-il être?
— Rien.
Voici
 le
 secret
 de
 la
 mystérieuse fortune
du factotum
 de
 M. Gambetta.
« Vers 1865,
 il
 était cafetier
 rue du fau-
bourg Montmartre,
 en
 face
 du
 journal
 le
Temps,
 à
 l'enseigne
 de
 la
 Chaussée Bergère.
— C'est chez
 lui
 qu'on célébrait l'anniver-
saire
 de
 la
 mort
 de
 Louis
 XVI,
 pérorant
Me Gambetta.
M.
 J.
 Richard racontait hier, dans
 le
 Gau-
lois,
 une de ces
 fêtes
 de
 famille. C'était
 le
 21
janvier 1864
 :
La société était choisie.
 Il y
 avait
 là
 Hé-
brard, aujourd'hui sénateur
 et
 homme d'affai-
res,
 Ulysse Parent, Floquet
 et son
 chapeau,
puis
 un
 vieuxjournaliste appelé Legault,
 le
père,
 je
 crois,
 de
 la jolie M"° Legault. Il*ré-
dige aujourd'hui,dans l'Yonne,
 le
 journal
 de
M. Lepère.
 En
 outre, quelques ouvriers
 im-
portants,
 et je
 n'en suis
 pas sûr,
 car ce n'é-
tait
 pas
 alors
 un
 personnage
 de
 marque,
Gambetta.
Mon voisinjun ouvrier, me débita
 un
 demi-
volume
 de
 Proudhon,
 et
 meremit une adresse
où
 l'on
 devait
 me
 vendre
 à
 moitié prix
 de
 la
médecine Ràspail. — Dumangin, d'ailleurs,
ne s'était
 pas
 distingué
 :
 tout était mauvais.
Mais nous n'étions-par venu
 là
 pour manger
 ;
on avait annoncé
 des
 discours.
 »
Et voilà comment
 on
 monte jusqu'aux
 as-
tres
 !
 Aujourd'hui
 au
 Palais-Bourbon,
 M.
Dumangin fait faire antichambre
 aux
 puis-
sants
 de la
 ferre.
LA. MORT
 DE
 L'ÀRCHEVÈQOE
 DE
 BODRGES
On m'annonce
 la
 mort de
 Mgr
 de La
 Tour
d'Auvergne-Lauraguais (Charles), archevêque
de Bourges.
Mgr de La Tour d'Auvergne-Lauraguais était
âgé
 de
 cinquante-trois
 ans
 ;
 il
 était officier
delà Légion d'honneur depuis 1869.
« tenir
 en
 France
 ;
 eh bien
 1
 qu'on nous
 en-
« lève
 la
 liberté, tout
 est
 prévu. Avant
 de
« partir
 de
 Rome, nous avons signé
 une
« abdication régulière, valable, si nous som-
« mes jetés
 en
 prison; l'acte
 est
 hors delà
« portée
 du
 pouvoir
 des
 Français.
«
 Le
 cardinal Pignatelli en est dépositaire
«
 à
 Palerme,
 et
 quand
 on
 aura signifié
 les
« projets qu'on médite,
 il
 ne
 vous- restera
« plus entre les mains qu'un moine misé-
« rable
 ,
 qui
 s'appellera Barnabe Chiara-
« monti.
 »
Le soir même,
 les
 ordres
 de
 départ
 fu-
rent signés
 par
 l'empereur,
 et,
 le 16 mai
1805,
 le
 Pape rentrait clans Rome après
 un
voyage heureux,
 où
 partout,
 en
 France
comme
 en
 Italie,
 il
 avait reçu
 les
 témoigna-
ges multipliés
 du
 respect
 et
 de
 la
 vénération
ï>
 des
 populations.
Cependant, l'heure
 des
 tribulations
 et
 de
l'amertume était bien près
 de
 sonner.
Après
 la
 signature
 du
 traité
 de
 Tilsitti
quelques
 mots
 avaient singulièrement frappé
l'empereur Napoléon.
Ce czar
 lui dit
 un
 jour tout
 en
 causant
 :
« Moi,
 je
 n'ai jamais d'affaire de culte,
 je
 suis
le chef
 de
 mon Eglise
 !
 »
L'empereur Alexandre avait-il
 «
 ingénu-
ment
 »
 attaché une torpille sous
 la
 barque
ambitieuse que le vainqueur d'Austerlilz de-
vait plus tard échanger contre
 la
 cabine
 du
Bellérophon
 ?
Ce prélat était
 le
 frère
 du
 prince Henry
 de
La Tour-d'Auvergne-Lauraguais, ancien offi-
cier d'ordonnance
 de
 Napoléon
 III,
 comman-
dant aujourd'hui
 la
 subdivision
 de
 Médéah
(Algérie).
MORT
 DE
 M.
 VIOLLET-LEDUC
M. Viollet-Leducest mort, hier so"nyi Paris,
d'une attaque d'apoplexie.
Etruiiç
 de guerre.
Plus
 que
 jamais, l'Angleterre
 est
 dans
l'impérieuse nécessité
 de
 pousser vigou-
reusement
 la
 guerre
 et de
 châtier
 les
assassins
 ;
 mais
 si
 l'émir
 a
 fait défection,
pourra-t-on croire
 à la
 fidélité
 des
 tribus
sur lesquelles
 on
 6royait pouvoir compter?
Remarquons encore
 que les
 Anglais
 au-
ront contre
 eux les
 intempéries
 de
 la
 sai-
son rigoureuse.
Quant
 aux
 dispositions
 de la
 Russie,
 à
n juger d'après
 le
 Golos
 et la
 Gazette
 de
Saint-Pétersbourg, elles
 ne
 seraient rien
moins
 que
 favorables. Voici comment
 s'ex-
prime
 la
 première
 de ces
 feuilles
 :
Si l'Angleterre soumet l'Afghanistan,
 la
Russie
 ne
 peut pas rester indifférente.
 L'op-
portunité
 se
 présente pour
 la
 Russie d'ar,raRi
ger ses propres affaires,
 de
 fortifier
 son
 pres-
tige
 à
 Bokhara
 et
 d'affaiblir l'influence
 an-
glaise
 en
 Perse. Elle peut s'assurer
 ces
 avan-
tages
 en
 reconnaissant
 à
 l'Angleterre
 le
 droit
de soumettre Caboul
 et
 Candahar,
 à la
 con-
dition qu'elle laisserait Hérat
 à la
 Perse
 et
que
 la
 Russie prendrait
 en
 compensation
 un
territoire suffisant
 sur
 la
 rive gauche
 de
l'Attrek, pour s'assurer
 une
 base d'action
 sur
les côtes
 de
 la
 mer
 Caspienne, dans
 la
 direc-
tion
 de
 Merq,
 et
 assez large pour pouvoir em-
brasser
 le
 territoire occupé
 par les
 hordes
 de
Turcomans.
Voici maintenant comment s'exprime
 la
Gazette
 de
 Saint-Pétersbourg
 :
L'Angleterre, poursuit
 la
 Gazette,
 a
 tou-
jours
 été
 l'ennemie, mortelle
 de la
 Russie.
Notre politique
 en
 Russie
 ne
 peut donc
 con-
sister qu'en représailles contre l'Angleterre.
Il
 est
 nécessaire d'expulser l'Anglais du
 cen-
tre
 de
 l'Asie,
 et
 on peut à présent
 y
 réussir
 en
.envoyant vingt mille hommes
 de
 troupes
 rus-
ses pour défendre l'Afghanistan.
 Une
 inter-
vention faite
 à
 propos de
 la
 part
 de
 la
 Russie
peut décider
 de
 l'existence
 de la
 puissance
anglaise dans celte contrée,
 et
 c'est mainte-
nant
 le
 moment favorable
 de
 délivrerla'fron-
tière orientale
 de la
 Russie
 du
 dangerperma-
nent
 que
 constitue pour elle
 la
 présence
 de
l'Angleterre.
On
 ne
 saurait être plus explicite.
 Ce
 côté
de
 la
 question examiné
 par
 les
 feuilles
russes,
 la
 presse anglaise s'occupe
 du
 rôle
que pourrait être appelé
 à
 jouer
 la
 France
dans l'hypothèse
 d'un
 [conflit anglo-russe.
Le corespondant
 du
 Standard nous donne
les appréciations suivantes
 :
Ici,
 à
 Paris, l'alliance russo
 est
 regardée
non seulement comme
 une
 chose désirable,
mais comme
 une
 chose conclue.
 Il
 va de soi
que
 si
 la
 Prusse déclarait
 la
 guerre
 à la
 Rus-
sie,
 la
 France envahirait
 les
 provinces
 an-
nexées. Mais
 l'on
 sent
 la
 nécessité d'autres
alliances, outre celle
 de
 la
 Russie.
 J'ai en-
tendu dire ouvertement
 que
 c'était
 là le
 but
du voyage projeté
 de
 M. Gambetta
 à
 Londres,
tnais j'ai refusé,d'y croire.
 Il
 y a une
 douzaine
ou
 une
 quinzaine
 de
 mois
 que M.
 Gambetta
était très chaud pour
 une
 alliance franco-an-
glaise. J'apprends aujourd'hui qu'il
 est
 tout
aussi ardent pour l'alliance franco-russe.
Les amis
 de M.
 Gambetta
 — on
 ne
 saurait
Croire
 le
 nombre d'amis
 qu'a
 en
 France
 un
homme
 qui
 vient
 au
 pouvoir —
 ont
 réussi
 à
le pénétrer
 de
 l'idée
 que
 les jours
 du
 gouver-
nement conservateur sont comptés
 et
 que
l'Angleterre
 est
 à
 la
 veiUe
 de
 voir arriver
 au
pouvoir
 un
 ministère tout nouveau, composé
en partie
 de
 whigs,
 en
 partie
 de
 radicaux,
 et
qui fraterniserait avec
 la
 Russie dans l'Asie
centrale
 et
 avec
 lé
 Gambeltisme
 en
 Europe,
et qui,en cas
 de
 conflit avec l'Allemagne,vien-
drait ES ranger
 aux
 côtés
 de la
 France.
 La
visite
 de
 M. Gambella
 en
 Angleterre,
 s'il
 ve-
fiait à
 la
 réaliser,
 ne
 pourrait manquer
 de le
désabuser. Mais aujourd'hui, étant donné
 ce
que
 les
 Français appelleraient
 son
 idée domi-
nante,
 on
 s'explique
 la
 ton
 hostile
 que les
organes gamLettistes
 ont
 pris depuis
 peu
 à
l'égard
 de
 l'Angleterre.
Mais
 il y a
 un
 important élément dont
 ces
Dans une réponse
 de
 l'Empereur
 aux ob-
servations
 du
 Saint-Père,
 en
 date
 du
 13
 fé-
vrier 1808,
 on
 remarque
 ces
 paroles
 :
 «Vo-
tre Sainteté
 est
 souveraine de Rome; mais,
moi,
 je
 suis l'empereur.
 »
Le cardinal Fesch, ambassadeur de France
près
 le
 Saint-Siège, demandait bientôt offi-
ciellement qu'on expulscâl
 les
 Russes,
 les
Suédois,
 les
 Anglais
 et
 les
 Sardes,
 de
 Rome
et de l'Etat pontifical.
 Le
 cardinal Consalvi
déclara que
 Sa
 Sainteté s'entendrait,
 sur
 ce
point, directement avec l'Empereur.
Le
 12
 mars
 1806, le
 Pape répondait
 à
l'Empereur en opposant
 à
 ces demandes
 un
refus plein de douceur
 et de
 dignité,
 et
 mo-
tivé
 sur le
 devoir qui lui incombait
 de
 con-
server
 une
 attitude pacifique, pour mieux
sauvegarder
 les
 intérêts religieux auprès
 de
toutes les puissances.
Le général Miollis occupa Rome
 (2 fé-
vrier 1808),
 et
 le
 Pape ordonna au cardinal
Caprara
 de
 demander
 ses
 passeports
 ;
 M.
Lefôbre, secrétaire
 de
 l'ambassade fran-
çaise reçoit également ces pièces.
Monsignor Cavalchini
 ,
 gouverneur
 de
Romo;
 Mgr
 Barberi, fiscal
 du
 governo
 ;
Mgr Riganli, secrétaire
 de la
 consulte, sont
arrêtés.
 Les
 cardinaux étrangers sont
 ex-
pulsés de Rome.
Le 10 juillet,
 le
 Pape réunit
 en
 consis-
toire tous
 les
 cardinaux présents
 à
 Rome,
et prononça
 la
 célèbre allocution
 :
 Nova
vulnera.
Le
 6
 septembre,
 un
 officier supérieur
 se
présente à la secrétaireris d'Etatet signifie
 au
cardinal Pacca son ordre
 de
 départ.
Le cardinal déclare qu'il
 ne
 partira
 pas
sans
 les
 ordres
 du
 Saint-Père.
 Le
 Pape
averti, vient prendre le cardinal
 par la
 main
et l'emmène dans ses appartements,
 en en-
joignant
 à
 l'officier
 de
 signifier
 au
 général
son indignation contre les violences dont
 il
était l'objet depuis quelque temps.
Le 17 mai 1809, Napoléon rendait,
 à
 son
camp impérial dejYienne,
 un
 décret qui réu-
nissait tous les Etats pontiScauxà l'Empire
français. La ville
 de
 Rome était déclarée ville
impériale
 et
 libre. Le décret
 fut
 publié par
 le
général Miollis,
 le
 10 juin,
 à
 deux heures
après midi. Le pavillon pontifical
 fut
 abaissé,
et remplacé
 par
 le
 pavillon français.
 Cet
acte d'abord suivi d'une protestation
 du
Souverain-Pontife
 en
 langue italienne affi-
chée dans
 les
 rues
 de
 Rome,
 fut bientôt après
anathématisé
 par
 une bulle d'excommuni-
cation, publiée
 et
 affichée dans les endroits
et suivant
 les
 formes ordinaires (nuit
 du
10 aujH juin).
Dans
 la
 nuit
 du
 5
 au
 6 juillet,
 à
 trois
heures
 du
 matin,
 le
 général Radet pénétre
de vive force dans
 le
 palais pontifical,
 s'a-
vance dans
 la
 salle
 du
 trône dite des Sancli-'
fications.