Partenariat 2010
Espèces - Espèces invasives
Résumé
Dans les décennies à venir, les changements globaux, incluant les changements
climatiques, l'élévation du niveau de la mer et les pressions anthropiques, auront des
impacts majeurs sur les écosystèmes aquatiques. La gestion de l’eau et des milieux
aquatiques devrait se compliquer au cours du XXIème siècle créant de nouvelles difficultés.
Les modèles climatiques appliqués dans ce contexte prévoient une augmentation globale
des températures, notamment en été et dans la moitié sud de la France. Cette évolution
couplée à l’augmentation des précipitations hivernale et à leur diminution en été (surtout au
sud) va entrainer des risques d’étiages plus sévères et de stress hydriques.
Plus généralement, l’augmentation des températures pourrait avoir de fortes conséquences
sur la qualité de l’eau (hypoxie, eutrophisation…). Les variations du régime hydrique
pourraient aussi présenter de fortes répercussions sur le fonctionnement et l’équilibre des
milieux aquatiques. Les effets directs des changements climatiques sur les espèces
autochtones des milieux aquatiques métropolitains, et indirects via les invasions biologiques,
vont obliger les décideurs à élaborer de nouvelles stratégies de gestion à de larges échelles
géographiques.
Faciliter les changements d'aires de répartition des espèces indigènes, augmenter l’inter-
connectivité des milieux et leur résilience, apparaissent comme pouvant largement
contribuer à leur survie à long terme. Les stratégies de gestions adaptatives à développer
dans le futur semblent les plus adaptées aux évolutions probables des territoires et des
communautés vivantes mais elles peuvent également s'accompagner de nouvelles invasions
biologiques qu'elles pourraient faciliter. En effet, en perturbant les milieux et en stressant les
espèces indigènes, elles pourraient rendre disponible des niches écologiques favorables à
l’installation d’espèces exotiques. Les évolutions des activités anthropiques, qui sont les
principales voies de transport d’espèces exotiques, sont aussi des facteurs à prendre en
compte dans les questions de gestion des espèces invasives.
La commercialisation et/ou l’exploitation d’espèces exotiques qui causent des difficultés de
gestion dans d’autres pays européens seront également à évaluer régulièrement. Par
exemple, pour les plantes aquatiques, seules les jussies et la caulerpe sont actuellement
interdites à la vente et au transport en France, alors que de nombreuses autres espèces
invasives avérées sont disponibles dans les points de vente spécialisés.
La question des changements globaux et des invasions biologiques doit évidemment être
abordée de façon intégrée, avec la mise en œuvre de modes de gestion adaptés aux
espèces à gérer mais aussi à l'échelle du territoire concerné, depuis le "terrain" du
gestionnaire local jusqu'à l'ensemble de la zone où se trouve l'espèce invasive avec une
nécessaire harmonisation de ces stratégies, au moins au niveau européen. Par ailleurs, si
des facilitations de la gestion des espèces invasives passent par le maintien du bon état
écologique des écosystèmes aquatiques au sens de la DCE, les évolutions fonctionnelles de
ces écosystèmes liées à ces changements globaux vont rendre plus complexes les choix et
les interventions de gestion.
Enfin, dans tous les cas, des évolutions notables des règlementations s'appliquant à cette
problématique sont indispensables, ainsi que de très importants efforts de sensibilisation des
décideurs et du grand public.
Mots clefs : Changement global, changement climatique, invasion biologique, espèces
exotiques envahissantes, espèces invasives, milieu aquatique, scénario, risque, gestion,
France métropolitaine.