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REVUE UFA
PRODUCTION VEGETALE
En 2006, la Confédération a complé-
l'ordonnance sur la protection des
végétaux par un article déclarant
obligatoire la lutte contre l'ambroisie.
Cette plante, qui produit un pollen aller-
gène, ne devrait avoir aucune chance de
s'installer dans notre pays. Sur les terres
cultivées de Suisse, l'ambroisie n'est heu-
reusement présente qu'en quelques en-
droits. Une grande attention est cepen-
dant de rigueur. En effet, des semences
peuvent être disséminées à partir des dé-
chets ou des composts de jardins privés.
Elles sont éparpillées sur des champs ou
sur des chantiers par les machines de tra-
vail du sol, de fenaison ou de récolte ou
par les transports de terre. Si l'on peut
connaître les endroits où, dans les envi-
rons, on peut trouver de l'ambroisie, on
peut ainsi savoir agir pour stop-
per sa diffusion. Il existe une mul-
titude de passages pour des
contrôles de toutes sortes; ils
peuvent servir, sans investissement sup-
plémentaire, à détecter la présence de
cette mauvaise herbe. La plupart du
temps, une contamination vient de l'ex-
térieur; il suffit donc, dans un premier
temps, de contrôler les bords des champs.
Dès qu'on découvre une plante d'am-
broisie, il y a lieu de l'arracher et de la dé-
truire immédiatement. Il est important de
chercher à savoir d'où elle a pu venir, afin
d'écarter une nouvelle contamination.
Biologie et diffusion L’ambroisie
est une dicotylédone annuelle. Elle pas-
se l'hiver exclusivement sous forme de
semence. Elle germe en avril et mai. Sa
floraison commence à mi-juillet et dure
jusqu'à fin octobre avec
un maximum en août
et septembre. Le pol-
len d'ambroisie pro-
longe de plus de deux
mois la période pé-
nible pour les personnes sensibles. L'am-
broisie se propage avant tout grâce aux
activités humaines. Elle pousse dans tous
les endroits ouverts en dehors des es-
paces agricoles: dans les jardins, le long
des routes et des voies ferrées, sur les
places de compostage, sur les surfaces
rudérales, sur les chantiers de construc-
tion ainsi que dans les gravières.
Le début d’une invasion L'am-
broisie peut se propager de manière ef-
ficace et très rapide, des pays voisins de
la Suisse en ont déjà fait l'expérience.
Potentiellement, tout le Plateau suisse
peut être colonisé par l'ambroisie. Les
mesures de lutte peuvent être d'autant
plus simples qu'elles sont prises tôt. Le
moment présent est par conséquent
idéal pour enrayer l'extension que l'on
peut craindre de cette plante.
Sensible à la concurrence dans
les prairies Dans une prairie par
exemple, une ambroisie isolée supporte
mal la concurrence. En revanche, dans
une culture de tournesol ou de toute
autre espèce qui met du temps à couvrir
le sol, elle peut devenir une mauvaise
herbe à problèmes. Comme l'ambroisie
peut se propager rapidement dans un
champ, l'obligation de la combattre est
tout à fait justifiée. Après moisson,
quelques plantes sont capables de pro-
duire des centaines de graines qui, avec
les travaux du sol, peuvent être dissémi-
nées sur toute la surface du champ. Des
recherches conduites par l'Institut de
géobotanique de l'Université de Zurich
ont montré que l'ambroisie peut se pro-
pager aussi rapidement que le chénopo-
de blanc ou que le gaillet gratteron mais
qu'elle est plus difficile à combattre.
DEPUIS BIENTÔT UNE ANNÉE, la lutte contre l'ambroisie a été déclarée
obligatoire. Il y a différents endroits dans le pays où il y a lieu d'empêcher l'extension
de cette mauvaise herbe. Coupée ou déchiquetée, cette plante est malgré tout capable
de repousser et de produire de nombreuses graines viables.
L’ambroisie est difficile à combattre
Christian
Bohren
Gabriel
Popow
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0
Semences par m
2
4.9 11.9 19.9 non coupé
Date de la coupe
Une coupe plus précoce n'a qu'un effet insignifiant sur la réduction du
nombre de semences que produit l'ambroisie.
Les ambroisies en
graines peuvent
mesurer de 5 à 150 cm;
une plante en fin de
cycle peut porter
jusqu'à 3000 graines;
la croissance et la
maturité prennent fin
avec les premiers
gels.
Graphique 1: Coupe et production de semences
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PRODUCTION VEGETALE
Stratégies de survie Dans les pre-
miers essais de lutte, on a pu observer
que l'ambroisie était capable de déve-
lopper des repousses à la base de la tige
lorsqu'elle n'est que coupée, déchique-
tée ou partiellement détruite par un her-
bicide insuffisamment efficace (voir Re-
vue UFA 9/05). Sur ces repousses
latérales, des graines viables peuvent être
formées à partir de fin août, dès que la
longueur du jour correspond aux besoins
de la plante. Dans cette situation, la taille
de la plante ne joue qu'un rôle secon-
daire. A partir de fin août, chaque am-
broisie produit autant de graines qu'elle
peut. On estime qu'un pourcent des
plantes, qui sont normalement mo-
noïques, ne produisent pas de fleurs
mâles en période de stress mais seule-
ment des fleurs femelles. Les premiers ré-
sultats d'essais conduits par Agroscope
semblent indiquer qu'une grande partie
des semences produites sont viables.
Eviter absolument la production
de graines Des graines d'ambroisie
peuvent survivre 40 ans et plus dans le
sol; plus elles sont profondes, plus elles
ont des chances de survivre longtemps.
A l'aide d'un modèle de simulation de
populations, on peut calculer l'évolution
du stock semencier d'un sol. On peut es-
timer quel doit être le taux d'efficacité
des mesures de lutte pour que ce stock
diminue, ou bien évaluer combien de
graines peut encore produire une plante
qui a échappé aux mesures de lutte. En
terre ouverte, quelque 7 % des graines du
stock semencier du sol germent chaque
année et 20 % des graines meurent par
l'effet du vieillissement, des attaques de
champignons ou de bactéries, etc. Ainsi,
si aucune plante n'atteint la maturité, le
stock semencier du sol diminue de
quelque 25 % par année. Mais cela ne
peut être le cas que si on laboure jusqu'à
début septembre, par exemple après une
céréale ou après du colza. Dans une prai-
rie, les graines restent en surface; environ
50 % d'entre elles germent chaque année
et 25 % meurent sous l'effet de facteurs
naturels. Le tableau montre combien une
plante survivante peut encore produire
de graines au maximum sans que le stock
semencier du sol n'augmente. En terre
ouverte, on peut atteindre une efficacité
des traitements herbicides de 95 à 99 %.
Lorsqu'on arrache des plantes, une par-
tie des petites échappent à l'opération.
Celles-ci peuvent aussi produire plusieurs
graines (voir illustration). Dans les prai-
ries et sur les bords de routes, une dimi-
nution durable du stock semencier, et par
conséquent du nombre de plantes qui lè-
vent chaque année, n'est réalisable qu'en
appliquant des mesures de lutte très in-
tensives.
Intervenir sur des plantes jeunes
Les sulfonylurées et autres herbicides
analogues n'ont souvent qu'une efficaci-
partielle. Le moment d'application est
un facteur important. Les plantes qui sur-
vivent sont plus vigoureuses, et d'autant
de produire des graines viables. Ce n'est
qu'en combinant les méthodes de lutte
que l'on peut espérer y parvenir. Les ap-
plications d'herbicides en automne sur
colza ou sur céréales sont sans effet. Les
ambroisies qui lèvent restent petites et
insignifiantes jusqu'à la récolte de ces
cultures. Si le déchaumage et un désher-
bage efficaces durant l'interculture sont
négligés, de nombreuses graines viables
seront produites. Les vieilles plantes qui
se sont développées dans les chaumes
de céréales sont souvent incomplète-
ment détruites par les herbicides totaux.
En présence d'ambroisie dans les terres
assolées, il est indispensable d'interve-
nir curativement par un labour. Dans les
prairies, la fauche n'est pas une mesure
de lutte suffisante.
Auteur Christian Bohren, Malherbologue, Agroscope Changins-
Wädenswil (ACW), 1260 NYON 1; Gabriel Popow, Préposé à
l'ambroisie du Canton de Zürich, Strickhof, 8315 Lindau
A l’adresse www.acw.admin.ch/ (thèmes, mauvaises herbes, ambroisie,
album de photos), vous trouverez une foule de photos d’ambroisie à
différents stades et sous différents formes.
INFINFOBOXB O X
INFOBOX
I N F O BOX
www.ufarevue.ch 6 · 07
25
20
15
10
5
0
Hauteur des plantes traitées
et survivantes en cm
pas de traitement
sulfonylurées
2 feuilles 4 feuilles 6 feuilles 8 feuilles Avant flor.Pleine flor.
Stade du traitement
Plus l’ambroisie est combattue tardivement avec des herbicides, plus les
plantes survivantes poussent vigoureusement.
Tableau: Production de semences par l'ambroisie
A partir du stock Hypothèse sur Le stock grainier
semencier du sol... l'efficacité du dans le sol reste
germent meurent traitement constant à partir de
(%) (%) (%) (semences/plante)
Terre 7 20 70 13
ouverte 90 39
95 77
99 386
Prairie 50 25 70 5
90 15
95 30
99 150
Après avoir été coupée, l'ambroisie
repousse et produit de nouvelles
fleurs; c'est ainsi qu'elle survit.
Cette ambroisie produit des semences
viables après avoir survécu à un
traitement herbicide au stade deux
feuilles.
plus si le traitement est tardif (graphique).
Les herbicides de contact, appliqués au
printemps sur des plantes à des stades
jeunes, ont généralement une bonne ef-
ficacité. Toutefois, comme l'ambroisie
germe tardivement, il est très difficile
d'optimaliser la technique de lutte mal-
gré les nombreux herbicides disponibles.
Conclusion: combiner les me-
sures de lutte Pour combattre effi-
cacement l'ambroisie, il faut l'empêcher
Graphique 2: Influence d'un traitement herbicide sur
la hauteur des plantes
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