Prisons et prisonniers (Y)

ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DU RHÔNE
SÉRIE Y
Prisons et prisonniers
dans le Rhône
an VIII-1940
Répertoire numérique établi par
Isabelle BRUNET
sous la direction de Georges CUER, conservateur
et
Franck IAFRATE
sous la direction de Florence BEAUME, conservateur
et André BROCHIER, documentaliste
et publié sous la direction de
Philippe ROSSET, conservateur général,
Directeur des Archives départementales du Rhône
Lyon
1998

Illustration du couverture : Carte postale représentant l’entrée de la prison Saint-Paul (vers 1894-1920)
Archives municipales de Lyon, 4 Fi 814
© Conseil général du Rhône - Archives départementales du Rhône
Reproduction interdite
ISBN 2-86069-020-4

AVANT-PROPOS
La série Y des archives départementales, affectée aux établissements
pénitentiaires ayant existé dans le département entre 1800 et 1940, comporte deux
parties nettement distinctes : d’ abord, les documents en provenance de la préfec -
ture, concernant le régime et l ’ administration des prisons ; ensuite, les fonds des
établissements eux-mêmes, bien ordonnés et individualisés. Telle se présente, avec
ses deux sous-séries règlementaires, la série Y des archives départementales du
Rhône. Son classement définitif a été réalisé pour le fonds de la préfecture par Mlle
Isabelle Brunet, sous la direction de M. Georges Cuer, et pour les fonds des éta -
blissements par M. Franck Iafrate, sous la direction conjointe de Mme Florence
Beaume et de M. André Brochier. Ainsi a-t-on pu aboutir, comme il est nécessaire,
à la rédaction d’ un instrument de travail dont les chercheurs sauront apprécier les
solides qualités et l’incontestable intérêt.
Sans doute ces fonds ne nous sont-ils pas parvenus dans leur intégralité.
Ni celui de la préfecture, ni ceux des établissements pénitentiaires n ’ont traversé
sans dommage l ’ épreuve du temps et on déplorera, ici ou là, certaines lacunes
irrémédiables. Malgré tout, ce qui subsiste n ’ est nullement négligeable. L ’ en-
semble, qui comprend 1072 dossiers ou registres, n’occupe pas moins de 62 mètres
linéaires de rayonnages. Il constitue une précieuse mine d ’ informations sur le
système pénitentiaire et sur le monde carcéral, sur l’ organisation et le fonctionne-
ment des prisons, sur leur évolution qui s’ inscrit à sa manière, mais de façon sin-
gulièrement révélatrice, dans celle, plus large, des mentalités.
Naguère encore, faute d’ un traitement approprié, les documents décrits
ici demeuraient, dans une large mesure, hors de la portée des historiens. Désormais
clairement identifiés et aisément accessibles, ils offrent matière à bien des études
dans un domaine dont la recherche historique, depuis quelque temps déjà, a su
faire valoir l ’importance. La publication du présent volume témoigne d ’ une
volonté d’ ouverture des archives et de l’effort poursuivi en vue de fournir au public

PRISONS ET PRISONNIERS DANS LE RHÔNE (AN VIII-1940)
les outils indispensables à une réelle connaissance et à une exploitation efficace
des fonds. Elle se situe par là même, de toute évidence, au coeur des missions d’un
service d’ archives départementales.
Philippe ROSSET
Conservateur général du patrimoine
Directeur des Archives départementales du Rhône

INTRODUCTION
HISTORIQUE
Les établissements pénitentiaires
Il existait à Lyon à l ’orée du XIXesiècle deux prisons bien distinctes,
situées toutes deux au coeur de la cité.
La première, la prison de Roanne, contiguë au Palais de Justice du quar-
tier Saint-Jean, dont l ’origine remonte au Moyen-Age, avait été reconstruite en
1784, comme une forteresse, par l ’architecte Bugniet. Cette maison d ’ arrêt et de
justice était destinée à recevoir les prévenus qui attendaient leur jugement, les
accusés qui devaient passer en cour d ’ assises, des condamnés à mort ou aux fers
dans l’attente de l’ exécution de leur peine et des passagers (militaires de passage,
mendiants etc.).
La deuxième était la prison Saint-Joseph, installée pendant la Révolution
dans d’ anciens bâtiments conventuels1, au sud de la place Bellecour. De par leur
destination première, ces bâtiments ne répondaient pas aux normes de sécurité d’ une
prison. Etaient enfermés dans cette maison de correction les condamnés correction-
nels à moins d’ un an et parfois certains condamnés à des peines excédant une année.
Il se trouvait aussi à Villefranche, sous-préfecture du département, une
maison d’ arrêt et de justice.
Pour les longues peines2avaient été créées par le décret impérial du 16
août 1808 des maisons centrales de détention. Il n’ en existait pas dans le Rhône et
1. Les bâtiments de la prison Saint-Joseph étaient devenus une propriété particulière. Le 23 juin 1802, après
l’échec du projet de transfert des détenus dans la portion de la maison claustrale des Carmes déchaussées,
occupée précédemment par les filles de mauvaise vie (arrêté consulaire de l’an VIII), le département signa
un bail de location pour vingt-sept années consécutives.
2. L’ordonnance royale du 18 avril 1817 destine aux maisons centrales les condamnés à une peine supé -
rieure à un an.