// N°490 Septembre 2015 // Revue Française de Comptabilité
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Dossier spécial
Il est intéressant de remarquer que cette
épreuve porte sur la capacité d’expres-
sion écrite et parlée des futurs “profes-
sionnels du chiffre“. En effet, les chiffres
sans les mots pour les commenter sont
souvent inexpressifs.
Souvenance
Les anciens mémorialistes, que sont
la plupart des experts-comptables, ne
peuvent que compatir en songeant aux
heures de travail et aux sacrices que
suppose la préparation de cette épreuve.
Ils se souviennent de la difficulté à
trouver un thème original, adapté à leur
expérience et surtout suffisamment
motivant pour les tenir en haleine plu-
sieurs mois. Une notice de vingt pages
plus un mémoire de cent pages (hors
annexes), soit environ 240 000 signes:
c’est deux ou trois cents heures “de tête
à texte“.
Ils se remémorent la recherche biblio-
graphique qui précède la rédaction,
souvent trop rapide, d’une notice et d’un
plan. Quelques semaines plus tard, une
première sanction tombe : l’agrément le
“4.1“ ou le “4.2“ parfois très utile à la lec-
ture des observations de l’examinateur.
Plus rarement, le “4.3“ oblige le candidat
à trouver un autre sujet.
Viennent ensuite les vacances, per-
turbées par la rédaction du mémoire.
Puis, une fois les relectures successives
terminées, les exemplaires sont postés
au centre des examens.
Le répit est de courte durée car il faut
maintenant que le candidat se prépare à
l’épreuve de soutenance en s’entraînant
devant des amis stagiaires ou encore
mieux, devant son maître de stage.
Arrive ensuite l’angoisse de la soute-
nance : la première prise de contact,
la présentation et les questions des
deux examinateurs. L’heure d’épreuve
se termine par des observations sou-
vent prises comme des blâmes, tandis
qu’elles ne sont que le prolongement du
débat. Puis, il faut attendre le résultat, la
dernière épreuve.
La réussite2 marque généralement la sor-
tie du système scolaire et universitaire.
Les chiffres
Il faut relever qu’à l’occasion des quinze
sessions intervenues de mai 2008 à mai
2015, 7 054 diplômes d’expertise comp-
table ont été délivrés, soit une moyenne
annuelle de 940.
En ce qui concerne particulièrement
l’épreuve du mémoire, dans les trois-
quarts des cas, la note est supérieure
ou égale à 103.
Pour terminer sur les chiffres, il serait
intéressant de tenter de valoriser, au coût
de revient horaire du cabinet, le mémoire.
Il est probable que ce coût ressortirait
à plus de 10 000 €. Pour ce montant,
il convient donc que ce mémoire soit
excellent.
Les mots
Nous avons déjà évoqué dans des
renvois l’étymologie4 des mots stage et
réussite. Nous évoquerons maintenant
les mots échec, mémoire, soutenance
et candidat.
L’origine du mot “échec“ vient du jeu
d’échecs et particulièrement de l’inter-
jection qui notie à l’adversaire sa mise
en difculté, avant “l’échec et mat“ qui
clôture la partie. Cette dernière expres-
sion, qui a donné son nom au mot, est
empruntée au persan
mat
qui veut
dire “le roi est mort“.
Le mot androgyne “mémoire“ vient du
latin memoria “aptitude à se souvenir“
et aussi “ensemble des souvenirs“. Le
mot féminin et le mot masculin ont la
même origine.
Le mot “soutenance“ vient du latin suste-
nere “tenir par-dessous“. Le mot est uti-
lisé dans un sens universitaire “soutenir
une thèse“ depuis 1835. Heureusement,
le candidat ne s’est pas vu qualier du
mot de “souteneur“ réservé à une autre
activité.
Le “candidat“, avant de pouvoir porter
l’écharpe rouge5 des diplômés, n’est
pas tenu de se présenter en blanc à
l’examen. En effet, le mot dérive du latin
candidus dont le sens propre est “vêtu
de blanc“, le mot “candide“ a la même
origine.
Les clefs de la réussite
Les articles du présent dossier de la
RFC ont notamment pour objectif d’aider
les mémorialistes dans leur démarche.
Ceux-ci pourront, par ailleurs, bénécier
du “coaching mémoire“ proposé conjoin-
tement par l’ANECS et la FAOREC
(AMECAR en Ile-de-France)6.
Enfin, conseillons aux candidats une
lecture régulière de la RFC, celle-ci
constitue un gage de réussite au
mémoire et particulièrement à l’épreuve
de soutenance
.
DEC
Souvenance de mémoire
L’épreuve du mémoire marque, pour la plupart des experts-comptables,
la fin d’un
“steeple-chase“
qui conduit d’épreuve en épreuve au
stage 1 et à la consécration du diplôme d’expertise comptable. Si
les modalités de ce diplôme ont été plusieurs fois modifiées ces
dernières décennies, le mémoire en constitue une constante.
Par Pierre-Alain MILLOT, Expert-comptable, Rédacteur en chef de la RFC
chiffres et mots
1. Le mot “stage“ est emprunté au latin
stagium qui signifie “séjour“. En droit féodal
le mot exprimait « l’obligation pour le vassal
de séjourner dans le château du suzerain
pour le défendre ».
2. Le mot “réussite“ est emprunté à l’italien
riuscita qui a la même signification qu’en
français. Celui-ci découle du mot uscita
“issue - sortie“ qui vient du verbe latin exire
“sortir“. Notons aussi le mot latin exit entré
dans le vocabulaire anglo-saxon.
3. Voir rapport du jury sur la session
de mai 2015 du 25 juin 2015, sur
www.siec.education.fr/vitre-examen/dec/
actualites
4. Les étymologies sont tirées de l’ouvrage
d’Alain Rey Alain, Tristan Hordé, Chantal
Tanet, Marianne Tomi (2000), “Le Robert
– Dictionnaire historique de la langue
française“, Dictionnaires Le Robert,
3 tomes, 4 294 pages.
5. Les 1 176 admis aux sessions du DEC de
novembre 2013 et de mai 2014 ont reçu leur
diplôme le vendredi 19 décembre 2014 et
portaient une écharpe rouge. Voir article SIC
n° 336 de janvier 2015, p. 12.
6. Voir dans ce dossier V. Deschamps,
“Vous êtes stagiaire ou mémorialiste ?
Découvrez les avantages de l’ANECS à
chaque étape du stage“, dans ce dossier
p. 47.
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sah