• « Plus jamais la guerre », ce mot d’ordre qui a animé le rapprochement des
pays fondateurs ne peut plus parler aux générations récentes. L’Europe qui
bénéficie d’une identité forte et unique, faite de la capacité à concilier liberté
individuelle et intérêt collectif, son expérience d’intégration régionale, son
modèle économique et social, sa richesse culturelle, peut se trouver une autre
vision, une ambition apte à mobiliser et unir ses citoyens. Un continent qui
représente 7% de la population mondiale, mais 25% de la production
mondiale, 50% des prestations sociales et 100% de démocraties, peut et doit
jouer un rôle premier de maitrise et de civilisation de la mondialisation. C’est
là qu’elle est attendue.
• Selon les « pères fondateurs », à l’intégration économique devait succéder
l’intégration politique. Si progressivement le Parlement qui représente
directement les citoyens, a augmenté ses pouvoirs, pour la plupart des partis il
n’a pas encore réussi à dépasser les enjeux nationaux et engager les débats
que mériterait un véritable espace d’appartenance et de solidarité. Les
dirigeants nationaux souvent, les partis extrémistes systématiquement se
servent de l’Europe comme excuse ou comme repoussoir. On voit donc
croître un déficit d’appartenance auquel il est vital de s’attaquer. Mais
comment resserrer les liens, comment créer une citoyenneté commune ?
Capitaliser sur le désir des jeunes de s’ouvrir, de découvrir, de travailler
ensemble. Se baser sur Erasmus qui permet chaque année à 200 000 étudiants
de découvrir un autre pays dans leurs études, doubler les investissements dans
ce programme. Renforcer l’espace européen de la recherche qui a déjà vu son
budget commun multiplié par 12 en vingt ans. Ainsi se créera, par ces
réseaux, ces liens, ces opportunités de rencontres et d’apprentissage et de
travail en commun, un sentiment d’appartenance, « une solidarité qui unit ».
P. Lamy propose d’autres mesures afin de prévenir le risque de « dumping
fiscal et social » : l’instauration d’un salaire minimum européen, la création
d’une « garantie jeunesse » pour permettre à chaque jeune européen de ne pas
rester plus de quatre mois sans emploi ni formation, la généralisation de
comités d’entreprise européens, la création d’un fonds européen d’ajustement
à la mondialisation, l’harmonisation de l’impôt sur les profits des
entreprises….
• Les Européens se doivent de combler le déficit de croissance. Non pas pour la
croissance elle-même, mais parce qu’une économie sociale de marché et donc
la redistribution ne peuvent opérer qu’à la condition d’une croissance
minimale, de 2% environ. Même si de nombreux facteurs de croissance
résident aux niveaux nationaux, une coordination plus active des politiques
économiques et les effets d’échelle (réseaux de transport, distribution,
énergie, recherche-développement, actions sur les obstacles à l’ouverture des
marchés, mobilité des travailleurs,…) pourraient redonner à l’Europe le
surcroît de compétitivité qui lui manque. Et compétitivité n’est pas synonyme
de compression sur l’emploi et de chômage, bien au contraire. Or l’Europe