IMAGERIE DU CANCER DE LA PROSTATE Le 27/02/2015 Dr SAMIR Samar Radiologie CLCC François Baclesse - CAEN GENERALITES SUR LE CANCER DE LA PROSTATE 1er rang des cancers incidents et 3ème cause de décès par cancer chez l’homme Bon pronostic: survie relative à 5 ans estimée à près de 80 %, formes indolentes L’incidence augmente (vieillissement de la population, diffusion du PSA) 2009 : 1ère étude randomisée du dépistage du cancer de prostate (Fritz H. Schröder NEJM Screening and prostate-cancer Mortality in a randomized european study) 1410:48:1 La mortalité diminue (diagnostic à des stades plus précoces, amélioration des traitements) SUR-DIAGNOSTIC ET SUR-TRAITEMENT Progrès thérapeutiques QUI, QUAND et COMMENT TRAITER? Développement de l’imagerie pour orienter la prise en charge QU'ATTENDEZ-VOUS DE L’IRM? Réduire l'incertitude du diagnostic (localisation, gradation du risque) Evaluer la gravité de la maladie locale (Lésion Cliniquement Significative (LCS), agressivité) Surveiller les résultats de la prise en charge (SA, ttt focaux) NOTRE MISSION Rechercher les LCS Standardiser nos pratiques pour être Reproductible et garantir une qualité constante Compréhensible pour tous nos interlocuteurs ANATOMIE ZONALE 70 % 30 % ZP ZC : autour canaux éjaculateurs jusqu'au veru montanum (régresse avec l’âge) ZT : 2 lobes (augmente avec l'âge => HBP) SFMA Fréquence des cancers varie selon la zone IMAGERIE DU CANCER DE LA PROSTATE ECHOGRAPHIE ECHOGRAPHIE Mode B • Endorectale, sonde haute fréquence • Cancer palpable: hypoéchogène dans 95% • Cancer non palpable: hypoéchogène (si volumineux et PSA élevé) ou isoéchogène (40%) => manque de sensibilité => développement de techniques complémentaires: DOPPLER COULEUR OU PUISSANCE • Hypervasculaire ECHOGRAPHIE DE CONTRASTE • Limité dans la ZT hypervasculaire • Sur une cible ou balayage permanent ELASTOGRAPHIE • Evalue élasticité tissulaire • Amélioration Se-Spé: encore à évaluer IMAGERIE DU CANCER DE LA PROSTATE IRM multiparamétrique AIMANT 1,5 ou 3T ANTENNE: • de surface en réseau phasé • endorectale EXTENSION IMAGERIE ANATOMIQUE • T1 • T2 STADIFICATION IMAGERIE FONCTIONNELLE • diffusion • perfusion • spectroscopie DETECTION Devant la variabilité des protocoles et la multitudes d’indications de l’IRM, l’ESUR propose des recommandations consensuelles pour standardiser les pratiques avec: un protocole d’acquisition pour la détection, la stadification et le bilan d’extension ganglionnaire et osseux un schéma de localisation et un score d’évaluation (PI-RADS) avec compte-rendu standardisé IRM multiparamétrique ANTENNE AIMANT DE SURFACE EN RESEAU PHASE 1,5 T Non invasive Polyvalence Reproductible Pas de contre-indication propre Pas de compression Pas d’artéfact de codage de phase ni distorsion Moins bonne résolution ENDORECTALE Meilleure résolution spatiale Inconfort, coût Compression Contre-indications propres Artéfacts de codage de phase et distorsion En endorectal, la résolution est équivalente à 3T en réseau phasé 3T Meilleure résolution spatiale et/ou temporelle qu’à 1,5T sans ER Perfusion: meilleur compromis entre les résolutions spatiales et/ou temporelles Spectroscopie: meilleure intensité du signal et résolution spectrale Artéfacts (susceptibilité magnétique, déplacement chimique, inhomogénéité de champs, effet « diélectrique ») IRM multiparamétrique PROTOCOLE Avant biopsies ou 6 sem après (artéfacts hémorragiques) ± spasmolytiques (diminue les mouvements rectaux) Antenne pelvienne en réseau phasé Repérage en T2 rapide sagittal => orientation coupes axiales obliques perpendiculaires à la face postérieure de la prostate => reproductibilité et comparaison au plan anatomopathologique T2 TSE : 2-3 plans Imagerie de diffusion (DWI) Imagerie de perfusion (DCE) ± Spectroscopie Séquences axiales T2 jusqu'aux hiles rénaux: bilan locorégional « ganglionnaire » IRM multiparamétrique SÉQUENCE AXIAL T1 1er temps de l’acquisition dynamique suffit ZP-ZT-vésicules de signal intermédiaire homogène, graisse péri-prostatique en hyperT1 Détecte les artéfacts hémorragiques post-biopsies: hyperT1-hypoT2 => Délai conseillé de 6-8 semaines Détection des adénomégalies et métastases osseuses (sans FS, n’est plus fait à titre systématique) IRM multiparamétrique SÉQUENCES T2 Axial + Sagittal pour la détection et 3 plans pour la stadification MORPHOLOGIQUE => anatomie zonale avec: ZP hyper homogène, striations hypoT2 normales ZT hétérogène (HBP) Capsule, sphincter distal et SFMA: hypoT2 franc Vésicules: hyperT2 avec cloisons hypoT2 fines Graisse péri-prostatique: hyperT2 IRM multiparamétrique AXIAL DIFFUSION Reflète cellularité tissulaire Diffusion des protons de l’eau Au moins 2 degrés de pondération: b0 (+/- b50-100) et b élevé (≥ 1400) Calcul Coefficient de Diffusion Apparent (ADC) => Cartographie ADC b élevé et ADC homogènes Corrélée à l’agressivité: Plus le score de Gleason est élevé, plus la diffusion est sensible. IRM multiparamétrique PERFUSION Acquisitions dynamiques axiales T1 EG 3D avec saturation de la graisse après injection intra-veineuse de gadolinium pendant 3 à 4 min Rehaussement homogène ZP-ZT, puis ZT hétérogène avec l’HBP IRM multiparamétrique SPECTROSCOPIE Détection non invasive de métabolites actifs par leur fréquence de résonnance => spectres qui reflètent la concentration: De la choline: augmente dans le cancer Du citrate: diminue dans le cancer En pratique: ratio Choline+Créatine augmente Citrate Limites: Long, onéreux, non anatomique Artéfacts ++, dégradation spectrale post-biopsies FP (PC, HBP stromale) Développement en cours de techniques plus rapides encore en évaluation, but = augmenter spécificité notamment pour différencier prostatite ou nodule stromal dans la ZT IRM multi-paramétrique SEMIOLOGIE DU CANCER T2 ZP: Hyposignal focal, nodulaire, homogène circonscrit T2 ZT: Hyposignal homogène lenticulaire mal limité et antérieur (1/3) SFMA: Hyposignal intermédiaire (moins marqué que le SFMA nl) IRM multi-paramétrique SEMIOLOGIE DU CANCER Diffusion: Restriction focale de l'ADC Séquences à b élevé en iso ou hypersignal T2 ADC Diffusion IRM multi-paramétrique SEMIOLOGIE DU CANCER Perfusion: Le type de courbe 2-3 ne permet pas de différencier le cancer De la prostatite en ZP Du nodule stromal en ZT (chevauchement ++ des courbes de réhaussement) => peut faire des acquisitions plus courtes On ne s'intéresse plus qu'aux prises de contraste concordant à un hyposignal T2 focal (sauf HBP) => IRM multi-paramétrique LIMITES: Diagnostics différentiels T2 Diffusion Faux positifs Hémorragies Atrophie, fibrose Prostatite PIN Nodule stromal (HBP) Fibrose Nodule stromal Faux négatifs Kc infiltrants, non nodulaires Gleason < 6 Kc peu agressifs Kc + prostatite Perfusion Prostatite Atrophie Nodule stromal Gleason < 6 IRM multi-paramétrique LIMITES: Critères d’interprétation Taille : limite de résolution de l’IRM ZP : 6 mm 0,2 cc ZT : 10 mm 0,5 cc (déjà très hétérogène sur toutes les séquences) Lésions peu agressives => LCS = Lésions > 0,5 cc et/ou Grade de Gleason ≥ 4 Interprétation subjective : De la topographie et de l'étendue Du caractère pathologique de l’hyposignal T2 ou d'une PDC Sémiologie non concordante ++ IRM multiparamétrique STADIFICATION T3a: Hyposignal T2 dans la graisse péri-prostatique Comblement des angles rectoprostatiques Asymétrie des PVN Contact capsulaire >12mm, déformation ou irrégularité !! Au moins dans 2 plans!! T3b: HypoT2 de la portion extraprostatique des VS comblant l’angle vésiculo-prostatique (T3a d’abord dans 94%) RECOMMANDATIONS ESUR PROTOCOLES ESUR => TOUT EST STANDARDISÉ DETECTION <30 min PLAN T2 Axial + Sagittal 4mm DIFFUSION Axial PERFUSION Axial STADIFICATION 45 min PLAN T2 3 plans EPAISSEUR DE COUPE 1,5T 3T RESOLUTION 1,5T 3T 3mm 0,5x0,5 à 0,7x0,7 mm 0,5x0,5 à 0,7x0,7 mm 5mm 4mm 1,5x1,5 à 2x2 mm 1x1 à 1,5x1,5 mm 4mm 4mm 1x1 mm 0,7x0,7 mm EPAISSEUR DE COUPE 1,5T 3T 3mm 3mm RESOLUTION 1,5T 3T 0,3x0,3 à 0,7x0,7 mm COMMENTAIRES 1,5T et antenne de surface de 8 à 16 canaux suffit 3 valeurs de b: 0, 100 et ≥ 1400 s/mm² - Etude (semi-)quantitative non nécessaire - Résolution temporelle maximale de 15s - Durée de 5 min => Réduit avec la v2 - 3ml/s COMMENTAIRES 0,3x0,3 à 0,5x0,5 mm Antenne endorectale et anti-péristaltiques DIFFUSION et PERFUSION : même protocole que pour la détection EXTENSION GANGLIONNAIRE ET METASTATIQUE OSSEUSE <30 min RACHIS LOMBAIRE ET PELVIS RACHIS CERVICO-DORSAL PLANS et SEQUENCES Coronal T1 Coronal T2 (3D) Coronal Diffusion Sagittal T1 Sagittal STIR ou diffusion PARAMETRES TECHNIQUES 3mm d’épaisseur de coupe en isovolume 3- d’épaisseur de coupe b 0 et b 600 SCHEMAS DE LOCALISATION ESUR Limite antéro-postérieure = ligne à 17mm de la paroi postérieure (longueur des biopsies). 12 secteurs postérieurs = schéma étendu de biopsies 3 étages (Muller-Lisse 2005): BASE: plancher vésical au plus grand diamètre MOYEN: plus grand diamètre au veru montanum APEX: sous le veru montanum Faciliter la communication entre: Radiologues Cliniciens Anatomopathologiques SCORE PI-RADS v1 DETECTION Score de la zone périphérique en T2 1. Hypersignal homogène 2. Hyposignal mal limité 3. Intermédiaire (ni 1, 2, 4 ou 5) 4. Hyposignal homogène nodulaire 5. Idem 4 + Extension extra-capsulaire Bombement capsulaire Contact > 15mm Score de la zone transitionnelle en T2 1. Adénome nodulaire hétérogène bien limité Nodule en hyposignal homogène entouré de kystes, à contours nets, capsule continue 2. Hyposignal nodulaire homogène bien limité 3. Intermédiaire (ni 1, 2, 4 ou 5) 4. Hyposignal homogène nodulaire mal limité sans capsule 5. Idem 4 + Atteinte stroma fibro-musculaire antérieur Atteinte ZT antérieure Forme lenticulaire/goutte Score de la diffusion b 1000 1. Normal 2. Hypersignal 3. Intermédiaire (ni 1, 2, 4 ou 5) 4. Normal 5. Hypersignal Score de la perfusion ADC Normal Diminué, diffus Diminué, focal Diminué, focal 1.Courbe de type 1 2.Courbe de type 2 3.Courbe de type 3 + 1point si rehaussement focal de type 2-3 + 1point si asymétrie ou localisation inhabituelle STADIFICATION EXTENSION EXTRA-CAPSULAIRE 1= Contact simple 3= Irrégularité 4= Epaississement du pédicule vasculo-nerveux 4= Bombement, interruption capsulaire 5= Pathologie extra-capsulaire mesurable Selon la position de la lésion, préciser l’extension au : COL VESICAL 2= Adjacent à la tumeur 3= Perte de l'hyposignal T2 du muscle vésical 4= Réhaussement anormal ENVAHISSEMENT DES VS 1= Distension sur obstacle tumoral 2= Hyosignal T2 3= Comblement de l'angle vésiculo-prostatique 4= Restriction de la diffusion et réhaussement SPHINCTER DISTAL 3= Adjacent à la tumeur 3= Perte de l'hyposignal T2 musculaire 4= Réhaussement anormal SCORE PI-RADS Pas de modification pour la stadification Pour la détection: La 2è version définit une séquence dominante (T2 => ZP, Diffusion => ZT, Perfusion => moins importante) Score 1-2 = Normal ou bénin Score 4 = Suspect Score 5 = Suspect ET Invasif: Extension extra-prostatique, ZP-SFMA (si ZT) Ou > 15 mm Score 3 = Anomalie focale ne pouvant être classé ni 1-2, ni 4-5 => peut être affiné par la perfusion ou la diffusion PLACE DE L’IRM Anomalie au toucher rectal (cTNM), Elévation du PSA sérique total (>4ng/ml) BIOPSIES PROSTATIQUES Schéma étendu à 12 biopsies minimum recommandé IRM DIAGNOSTIC POSITIF CLASSIFICATION HISTOPRONOSTIQUE DÉTECTION DE LÉSIONS PRÉCANCÉREUSES CLASSIFICATION DE D’AMICO Stade clinique Score de Gleason PSA sérique total Faible Risque ≤T2a Et ≤6 Et <10 Risque Intermédiaire T2b Ou 7 Ou entre 10 et 20 Haut Risque T2c-T3a Ou ≥8 Ou >20 IRM TRAITEMENTS RADICAUX TRAITEMENTS FOCAUX TRAITEMENTS DIFFERES TRAITEMENTS MEDICAUX Prostatectomie radicale HIFU Surveillance active Hormonothérapie Radiothérapie externe Cryothérapie Abstention surveillance clinique Chimiothérapie PLACE DE L’IRM Détection et guidage des biopsies • • Plus sensible que l’échographie et les biopsies étendues Permet de cibler au-delà des limites de détection des biopsies (zones antérieures, apicales et très latérales) • Oriente le secteur à biopsier, possibilité de fusionner les images IRM-écho Evaluation pronostique: agressivité, volume et stadification • Cancer hétérogène et multifocal => Lésion cliniquement significative • • Biopsies: Mauvaise estimation du grade et volume donc du risque avant ttt Corrélation négative de l’ADC et du grade de Gleason, meilleure estimation du volume tumoral Guidage des traitements: détection (cartographie), stadification (bilan d’extension) • • Développement de traitements focaux et différés Stade intermédiaire hétérogène, limites cliniques pour définir les stades localisés et le volume tumoral • Limites de résolution (max 0,5 cc ZT) LCS => permet orienter biopsies lors SA, guider ttt focaux selon localisation et volume PLACE DE L’IRM L’indication et le protocole d’imagerie dépendra du but de la prise en charge et du risque pronostique de D’Amico: Risque faible: détection de lésion index pour la surveillance active, stadification pour le choix et le guidage des traitements (radicaux ou focaux) Risque intermédiaire: stadification avant traitement radical Risque élevé: extension ganglionnaire et à distance CONCLUSION ● Multiparamétrique avec T2+DWI+DCE complémentaires => Rechercher Lésions Cliniquement Significatives ● ● Recommandations ESUR => standardisation ● Protocole, ● Schéma de localisation, ● Vocabulaire et CR commun, ● Score Pi-RADS (récent et évolue encore sur le modèle du Bi-RADS en sénologie) => Plus reproductible et facilite la communication entre les multiples intervenants Utile à tous les stades ● Détection et guidage des biopsies, ● Stadification, ● Surveillance active, ● Récidive FIN