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MAPAR 2014
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cohortes prospectives. La recherche de facteurs de risque spécifiques d’ISO
en chirurgie prothétique doit bien évidemment rester associée aux mesures
préventives habituelles pour toute chirurgie orthopédique : antibioprophylaxie,
salles opératoires à flux laminaire, asepsie stricte, préparation, détersion et
antisepsie cutanée minutieuse, limitation des entrées-sorties dans la salle
d’intervention, prévention de l’hypothermie, optimisation de l’hémodynamique
et de l’oxygénation peropératoire.
1.1. PATIENTS COLONISÉS PAR UNE FLORE BACTÉRIENNE NOSOCOMIALE
ET/OU BÉNÉFICIANT D’UNE RÉ INTERVENTION PRÉCOCE POUR UNE
CAUSE NON-INFECTIEUSE
Les patients hospitalisés plus de 48 heures avant l’intervention, résidants
dans une structure de moyen/long séjour ou récemment hospitalisés sont à
risque de colonisation par des germes multirésistants, en particulier par le
Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM). Il semble logique
d’intégrer les patients ayant bénéficié d’une antibiothérapie récente par fluo-
roquinolones ou pénicilline et les personnels travaillant dans le milieu de la
santé humaine ou animale, dans le groupe de patients « nosocomiaux » [4]. Le
dépistage du SARM doit être effectué au minimum par un écouvillonnage nasal.
D’autres sites ont également été décrits en complément de ce prélèvement :
aisselles, périnée, plaies/cicatrices, gorge, sonde urinaire à demeure [4]. En l’ab-
sence de dépistage préopératoire, ces patients doivent être considérés comme
porteurs de SARM. Certains travaux nord-américains explorent le dépistage
systématique du SARM pour tous les patients admis à l’hôpital. Cette stratégie
reste discutée et semble peu pertinente en France où le taux de portage de
SARM dans la population communautaire est nettement plus faible [4]. Il est
important de souligner que ce dépistage ne concerne que les staphylocoques
aureus et ne s’applique pas aux souches de staphylocoques à coagulase négative
qui sont fréquemment résistantes à la méticilline. L’incidence des bactéries à
béta-lactamase à spectre élargie (BLSE) dans les infections prothétiques est
mal documentée et reste probablement assez faible. Ainsi, leur dépistage par
écouvillonnage rectal ne saurait être recommandé de façon systématique mais
peut-être envisagée au cas par cas selon les antécédents de colonisation du
patient ou l’écologie bactérienne du service d’origine [5].
1.2. PATIENTS IMMUNODÉPRIMÉS
Ce groupe recouvre plusieurs catégories nosologiques différentes : infection
à VIH, traitements immunosuppresseurs, corticothérapie prolongée, dialyse
au long cours, cirrhose, dénutrition sévère. Ces patients sont particulièrement
concernés par des problèmes d’ostéonécrose (corticoïdes, traitements anti-rétro-
viraux, éthylisme) pouvant conduire à la nécessité d’une chirurgie prothétique. Il
n’existe pas de recommandations précises concernant l’évaluation préopératoire
du risque infectieux prothétique chez ces patients [6]. Au-delà du bilan préopé-
ratoire « habituel », il semble licite de vérifier l’absence de syndrome infectieux
(examen clinique, NFS, CRP), le statut virologique (taux de lymphocytes CD4,
charge virale) et l’état nutritionnel (albuminémie, pré-albuminémie). Enfin dans
certaines situations, il peut être envisagé de décaler, voire de récuser, le patient
pour une chirurgie prothétique fonctionnelle quand le risque infectieux et/ou
général apparaît comme majeur : VIH au stade SIDA, transplantation récente,
cirrhose Child C, dénutrition sévère. Il est à noter que ces patients sont à consi-