Economie Monétaire et Financière
Cours de Jézabel Couppey-Soubeyran et Dany Lang
LICENCE d’économie, 2
ème
année
Dossier de Travaux Dirigés n°5
La politique monétaire
Partie I - Le cadre de la politique monétaire
Pour répondre aux questions suivantes, allez sur le site de la Banque Centrale Européenne,
www.ecb.int
Cliquez sur « The European Central Bank », puis sur « FR » si vous voulez la page en
Français.
1. Qu’est-ce que l’Eurosystème ?
2. Quelle est la place des banques centrales nationales au sein du SEBC ?
3. Quelles sont les responsabilités assurées par : (a) le conseil des gouverneurs ; (b) le
directoire ; (c) le conseil général ?
4. Parmi les missions suivantes, lesquelles relèvent de l’Eurosystème ?
a. Fixer le taux de change de l’euro par rapport au dollar.
b. Conduire les opérations de change.
c. Réglementer et surveiller les systèmes bancaires des pays de la zone euro.
d. Détenir et gérer les réserves officielles de change des États membres.
e. Sanctionner les pays qui ne respectent pas le pacte de stabilité et de croissance.
f. Promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de paiement.
g. Lutter contre la spéculation et les bulles financières.
h. Financer les Etats
i. Soutenir les investissements européens à l’étranger
j. Définir et mettre en œuvre la politique monétaire de la zone euro.
k. Lutter contre le protectionnisme
5. Quel est le mandat de la BCE (tel que défini dans le traité de Maastricht) ? Quelle
interprétation en donne la BCE ?
6. En quoi le mandat de la BCE se distingue-t-il de celui de la Fed ?
7. En quoi consiste la stratégie à deux piliers ?
8. De qui la BC est-elle indépendante ? Pourquoi ?
9. Soit l’équation suivante :
* *
( ) ( )
t t t t t
i r y y
π α π π β
= + + + avec i le taux d’intérêt
nominal, r le taux d’intérêt réel, π l’inflation observée,
*
π
la cible d'inflation, y le PIB
observé et
*
y
le "PIB potentiel".
a) Interprétez cette règle. Quel économiste lui a donné son nom ?
b) Discutez de l'importance relative des paramètres
α
et
β
. En vous servant
des réponses fournies aux questions 5 et 6, que pouvez-vous dire de ces
paramètres pour la BCE? Pour la Fed?
c) En faisant l’hypothèse que le taux d'intérêt réel est évalué à 1,5%, le taux
d'inflation à 3%, et l'output gap à -0.5% , à quel niveau une banque
centrale qui accorde autant d’importance à l’inflation qu’à l’activité doit-elle
établir son taux directeur ?
d) Commentez les graphiques suivants. A votre avis, la politique monétaire
de ces deux banques centrales à partir de 2001 a-t-elle été
accommodante ou restrictive ? Cela a-t-il pu avoir une incidence sur
l’instabilité financière des zones concernées ?
Taux d’intérêt à court terme et taux de Taylor (2000-T1 / 2007-T2)
(a) Etats-Unis
(b) Zone euro
0
1
2
3
4
5
6
7
8
2002Q4
2003Q1
2003Q4
2004Q1
2007Q2
SHORT-TERM INTEREST RATES - units: Per cent per annum USA Taylor Déflateur
0
1
2
3
4
5
6
2000Q4
2001Q4
2002Q4
2005Q3
2006Q1
2006Q3
2007Q1
EMU 3-month EURIBOR-Quantum (non-additive or stock figures) - units: % p.a. - power: 0 EMU Taylor Déflateur
Partie II - Le ciblage d’inflation en débat
Répondez aux questions suivantes en vous appuyant sur les deux textes ci-après, dont
l’avis diverge quant à l’intérêt du ciblage d’inflation comme stratégie de politique monétaire.
Questions :
1) En quoi consiste le ciblage d’inflation ?
2) Enumérez les avantages et inconvénients d’une stratégie de ciblage d’inflation.
3) Dans quels pays cette stratégie de politique monétaire est-elle mise en œuvre ?
4) Distinguez inflation apparente et inflation sous-jacente.
5) Comment peut-on expliquer la faible inflation qu’ont connue la plupart des pays
industrialisés durant la dernière décennie ?
6) En quoi la crise financière récente remet-elle en cause les stratégies de ciblage
d’inflation ?
L'échec du ciblage d'inflation
Par JOSEPH E. STIGLITZ, prix Nobel d'économie 2001, professeur à l'université Columbia
(New York) [ LES ECHOS, 26/05/08]
Les banquiers des banques centrales forment un club fermé qui a ses modes. Au début
des années 1980, c'était le monétarisme prôné par Milton Friedman. Après son discrédit a
débuté la quête d'un nouveau mantra. Ce fut le « ciblage d'inflation ». Selon cette règle, les
taux d'intérêt doivent être relevés quand la hausse des prix excède un niveau cible. Cette
méthode rudimentaire repose sur une théorie économique médiocre et peu de preuves
empiriques - il n'y a pas de raisons de croire que, quelle que soit la source d'inflation, la
meilleure solution est d'augmenter les taux d'intérêt.
Le ciblage d'inflation échouera vraisemblablement. Si les pays en développement subissent
une inflation plus forte, ce n'est pas à cause d'une mauvaise gestion, mais de la poussée
des prix du pétrole et des denrées alimentaires, qui absorbent une partie du budget des
ménages plus grande que dans les pays riches. L'inflation dépasse par exemple 8 % en
Chine et devrait bientôt atteindre 18 % au Vietnam, alors qu'elle reste à 4 % aux Etats-Unis.
Les pays en développement doivent-ils augmenter leurs taux davantage que les Etats-Unis
?
Dans ces pays, l'inflation en grande partie est importée. Accroître leurs taux n'aurait que
peu d'impact sur les cours mondiaux des céréales ou du pétrole. L'économie américaine
étant plus puissante, un ralentissement aux Etats-Unis aurait plus d'effet sur les prix
mondiaux. Au point de vue mondial, il faudrait relever les taux d'intérêt américains et non
ceux des pays en développement !
Pour nombre de pays en développement, les prix élevés du pétrole et des produits
alimentaires constituent une menace à trois niveaux : ils doivent payer plus pour payer
leurs céréales importées, pour les faire venir et pour les livrer aux consommateurs qui
vivent loin des ports. L'augmentation des taux d'intérêt peut réduire la demande mondiale,
qui peut, à son tour, ralentir l'économie et contenir les hausses de prix. Mais, à moins que
les taux ne soient portés à un niveau insupportable, ces mesures seules ne peuvent
ramener l'inflation au taux visé. Supposons que les prix mondiaux de l'énergie et des
denrées alimentaires augmentent à un taux plus modéré qu'actuellement, par exemple de
20 % par an. Pour ramener le taux d'inflation à 3 % dans un pays donné, il faut que tous les
autres prix ralentissement brutalement, voire diminuent, au risque d'un ralentissement
marqué de l'économie et une augmentation du taux de chômage. Le remède serait pire que
le mal.
Que faire ? D'abord, il ne faut pas rendre les politiciens et les banques centrales
responsables de l'inflation importée, ni leur attribuer le mérite d'une inflation contrôlée
lorsque la conjoncture mondiale est propice. La faible hausse des prix observée en
Amérique lors des années Greenspan vient ainsi d'abord de la baisse des prix des produits
alimentaires et de la déflation en Chine. Ensuite, nous devons reconnaître que la hausse
des prix provoque une forte angoisse. Les émeutes dans certains pays en développement
ne font que révéler ce malaise.
Les défenseurs de la libéralisation du commerce ne seront jamais totalement honnêtes sur
ses risques. Il y a plus de vingt-cinq ans, je démontrais que, dans des conditions plausibles,
la libéralisation du commerce pourrait tous nous appauvrir. Je n'argumentais pas en faveur
du protectionnisme mais lançais plutôt un appel à la prudence. Lorsqu'il s'agit d'agriculture,
les pays développés protègent les consommateurs et les agriculteurs contre les risques.
Pour éviter un retour de bâton encore plus violent que celui de la mondialisation, l'Occident
doit répondre vite et fort. Il faut supprimer les aides à la production de biocarburants, qui
ont encouragé à passer de l'alimentation à l'énergie. Plus important encore, il faut
abandonner le ciblage d'inflation. Il est déjà assez difficile de tenir la distance face à la
hausse des prix des denrées et de l'énergie. Le ciblage d'inflation n'aura que peu d'impact :
il ne fera que compliquer la survie dans ces conditions.
Oui, le ciblage d'inflation marche !
Par THOMAS BARON, doctorant en économie à l'Essec et à l'Université Paris-I, et ANDRÉ
FOURÇANS professeur d'économie à l'Essec.
[LES ECHOS, 05/09/08]
Faut-il abandonner le ciblage d'inflation ? Le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz réclame
la suppression de ces politiques monétaires cherchant à atteindre un taux d'inflation de
moyen terme déterminé à l'avance. Cette demande est cependant loin de faire consensus.
Avant d'aborder les différentes critiques de Stiglitz, il faut rappeler que ce système, avec
ses diverses variantes, a permis de maintenir les anticipations d'inflation à un niveau faible
dans maints pays industrialisés et en développement, favorisant ainsi la stabilité des prix et
la croissance. Ces exemples démontrent que le ciblage d'inflation peut être efficace dans la
lutte contre la flambée des prix, même s'il n'est pas exempt de difficultés. Curieusement,
Joseph Stiglitz ne les mentionne pas. Il faut le mettre en oeuvre de façon cohérente et sur
la durée, étant donné les décalages entre les mesures prises et leur effet sur les étiquettes.
Et aussi en tenant compte du contexte institutionnel (surtout la structure du système
financier), de la situation économique du pays considéré et du système de change en
vigueur (les changes flexibles sont fortement recommandés, surtout dans les pays
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