Imagerie moléculaire et produits de Contraste Mis à jour le 03/05/2011 par SFR Eric BRILLET Département de Radiologie et d’Imagerie médicale Hôpital Pontchaillou Rennes. L’imagerie moléculaire est une discipline émergente de la fonctionnement des organes in vivo, par des moyens non invasifs. radiologie, visant à observer le Aujourd’hui, de nombreuses techniques émergent, dans le domaine des ultrasons, de l’IRM et de l’imagerie optique. Elles viendront sans doute rapidement concurrencer le PET et le SPECT, qui sont actuellement les méthodes d’imagerie moléculaire les plus employées en clinique. Leur champ d’application concerne principalement l’imagerie oncologique, mais de nombreux autres domaines sont concernés, comme l’inflammation, les maladies cardio-vasculaires ou la neurologie. En IRM, l’imagerie moléculaire est déjà largement utilisée. L’IRM de diffusion permet d’étudier la cellularité et la néo-angiogénèse des tissus tumoraux est passée dans la pratique clinique courante. Cependant, son développement doit maintenant mettre l’accent sur la standardisation et l’étude de sa reproductibilité (A. Luciani A-095). Les USPIO, ou particules super-paramagnétiques, sont des nanoparticules d’oxyde de fer captées par les macrophages. Elles apparaissent prometteuses dans l’imagerie du ganglion tumoral, les métastases ganglionnaires modifiant le contraste en T2* (E.A. Schellenberger A-471). De plus, ces particules peuvent être liées à certaines molécules et utilisées dans le marquage et la détection de cellules. Des marqueurs de fonction d’apoptose permettent d’étendre leur utilisation aux études des rejets de greffe, des cardiopathies ou des AVC ischémiques, ou dans la maladie d’Alzheimer. La liaison à certaines protéines métalloprotéases peut avoir un intérêt dans la détection de lésions inflammatoires ou tumorales. Cependant, leur mise sur le marché est ralentie par des risques d’immunogénécité. L’imagerie moléculaire en échographie est peu chère, non irradiante et rapide. Il est possible de lier des microbulles à des marqueurs de l’angiogénèse (M. Palmowski A-470), comme le VEGF, facteur de croissance produit par les cellules tumorales. La quantification de ces microbulles permet un reflet de l’angiogénèse,et est utilisé en pathologie tumorale, dans la caractérisation tumorale ou le suivi de traitement. Elle peut aussi être utilisée en pathologie inflammatoire ou ischémique (par exemple lors de l’étude de la revascularisation après un infarctus du myocarde ou l’étude de rejet de greffes). L’imagerie moléculaire en imagerie par cohérence optique est utilisée depuis longtemps dans des études précliniques chez le petit animal. On injecte un traceur marqué par une substance fluorescente, par exemple du vert d’indocyan, émettant dans le proche infrarouge (C. Lowik A-469). Cette technique semble fiable et la caméra de détection est de petite taille, peu chère. Elle est actuellement testée dans les arthropathies inflammatoires, mais son utilisation semble intéressante dans la détection des ganglions sentinelles, dans le sein ou le mélanome, ou l’étude des marges de résection tumorales et dans l’imagerie de la plaque athéromateuse (L. Hofstra A-174). L’avenir de l’imagerie moléculaire passera sans doute par une collaboration plus étroite avec nos confrères médecins nucléaristes. Cette perspective a fait l’objet d’un workshop préalable au début du congrès (E. Breatnach - P. Bourguet Session WS 1a), menée conjointement par l’ECR et l’EANM. Les différentes communications ont permis de comparer les différentes approches entre les deux spécialités concernant différents types de cancers (poumon, lymphome, urogénital, digestif, primitif inconnu…). Plusieurs communications ont dépassé le cadre de l’oncologie, en montrant une complémentarité entre les deux disciplines, notamment en neurologie dans la maladie d’Alzheimer avec les traceurs ciblant les plaques amyloïdes (F. Gärtner A-116, J. Alvarez-Linera A-058 et K. Tatsch A-059). La possibilité d’une joint-venture entre les spécialités semble se rapprocher, d’autant plus qu’il était beaucoup question des machines combinées PET-MRI dans les allées de l’exposition technique, et lors d’une communication (O. Ratib B-772). D’autres communications ont montré un intérêt à l’injection de produits de contraste lors de la réalisation de PET-CT dans le lymphome (F. Ricard B-116). De nouveaux traceurs en PET sont en cours de développement pour des études de perfusion, de métabolisme, ou d’innervation (F. Gärtner A116). Enfin, plusieurs communications ont concerné la sécurité des produits de contraste. Les résultats de l’étude CIRTACI ont été présentés (O. Clément B-701) et encourage une prise en charge allergologique après une réaction supposée allergique à un produit de contraste (iode ou gadolinium). Une communication intéressante (G. Jost B-704) a démontré une diminution du coefficient (ADC) de diffusion après injection de produits de contraste iodés, attribué probablement à leur viscosité. La physiopathologie de la néphropathie induite par les produits de contraste iodés est complexe, résultant probablement d’une mauvaise balance entre vasoconstriction et vasodilatation. La prévention passe en premier lieu par une identification des patients à risque (R. Geenen A-114). Environ 50 % des IRM nécessitent une injection de produits de contraste. La fibrose néphrogénique systémique (NSF) touche principalement les patients ayant une insuffisance rénale terminale, notamment les patients dialysés. D’après Medwatch, 589 patients ont développé une NSF entre 1997 et 2007, la plupart des cas étant causés par des chélates de gadolinium linéaires (G. Heinz-Peer A-115). Les produits de contraste actuels apparaissent plus sûrs que les précédents. Cependant, aucun produit n’est sûr à 100 % et certains paramètres sont à prendre en compte avant une prescription, comme l’histoire clinique du patient, la fonction rénale, les antécédents allergiques du patient.