IMB, cas clinique de Mr N.

publicité
Présentation d’un cas clinique, Mr N.
Approche éthique de l’expression de l’intimité et de la
sexualité en UCC
Par l’Institut Médical de Breteuil
Mme Mourot, directrice des
soins
Mme Guidez, psychologue
1
Présentation de l’IMB
• Ouvert en Mars 2012, l’Institut Médical de Breteuil est un
centre de Soins de Suite et de Réadaptation.
• Cinq services composent l’établissement:
- Une unité de soins polypathologiques gériatriques de 33
-
lits, comprenant 12 lits en UCC.
Une unité de neurologie lourde
Une unité de neurologie légère
Une unité de soins polyvalents
Un hôpital de jour
Institut Médical de Breteuil
2
Connaissances de la situation
Mr N. entre dans l’établissement en septembre 2012.
Mr N. est âgé de 85 ans. Il a trois enfants. Divorcé de sa première
femme, il vit avec une compagne depuis une dizaine d’années.
Il est originaire de Picardie, région dans laquelle il est reconnu
pour sa profession.
Il arrive à l’IMB suite à un transfert depuis l’étranger où il était en
vacances avec sa compagne. Au cours de ses vacances, seul, il
décida de se baigner et manqua de se noyer. Sauvé par 2 jeunes
hommes, il passe plusieurs jours en hospitalisation (à l’étranger
et à Amiens) pour pneumopathie d’inhalation et arrive dans
notre établissement pour convalescence en vue d’une
majoration des troubles cognitifs suite à une anoxie transitoire.
Institut Médical de Breteuil
3
• Un diagnostic de maladie de Parkinson est posé depuis
10 ans.
• Le dossier médical fait état de troubles cognitifs
évoluant depuis une dizaine d’années, consécutifs à sa
maladie de Parkinson.
• Compte tenu de ses informations, Mr N. intègre
d’Unité Cognitivo- Comportementale (UCC) de
l’établissement. Il côtoie ainsi d’autres personnes
souffrant de troubles apparentés aux siens.
Institut Médical de Breteuil
4
Le discours de Mr N. après son entrée est parfois
confus, et entravé par un manque du mot conséquent.
(Ces troubles régresseront au cours de son séjour.)
Le bilan neuropsychologique révèle une altération de
l’ensemble des fonctions cognitives (MMS à 14/30;
altération des capacités langagières, de la mémoire,
trouble praxique massif…)
Les souvenirs anciens sont difficilement accessibles.
Institut Médical de Breteuil
5
Toutefois, les capacités de communication de Mr N.
sont encore bien conservées, il garde une part de
jugement et peut mener des raisonnements sensés,
s’appuyant pour cela, sur un niveau socio-culturel
relativement élevé.
Une expertise médicale conclura que Mr N. n’est
plus apte à prendre, seul, ses décisions. L’un des
enfants devient curateur renforcé.
EHPAD La Compassion - Domfront
6
Intégration de Mr N. en UCC
Au début de son séjour, Mr N. refuse son
institutionnalisation et demande à rentrer chez lui. Il
se montre parfois agressif et erre beaucoup dans les
couloirs de l’Unité.
Son projet de devenir reste à travailler. Mr demande un
retour à domicile, ce que les enfants refusent
totalement, suspectant des mauvais traitements de la
part de la compagne. Un conflit éclate entre enfants et
compagne. La discussion est rompue.
Quotidiennement, Mr N. réclame la présence de sa
compagne, qui, au regard des conflits avec les enfants
de Mr, se montre de plus en plus distante.
Institut Médical de Breteuil
7
Peu à peu, grâce au travail des soignantes, de
l’assistante sociale et de la psychologue, Mr N. accepte
la vie en collectivité, prend contact avec les autres
patients.
La compagne de Mr N. laisse entendre l’idée d’une
séparation par l’intermédiaire d’amis de Mr et envoie
une lettre de rupture à Mr N…
Mr N., se résout, non sans mal, à l’idée d’une
séparation. Il s’était jusqu’alors montré très loyal
envers sa compagne, ne pouvant imaginer la « laisser
tomber ».
Institut Médical de Breteuil
8
Libéré de ses « engagements » de couple, Mr N. se lie
de plus en plus avec d’autres patientes, se montre
affectueux et se rapproche physiquement.
Il est parfois tactile avec le personnel soignant féminin,
qui parvient toutefois à maintenir une distance.
Il est régulièrement retrouvé, en journée et soirée,
dans la chambre d’une autre patiente, Mme V., veuve,
atteinte de la maladie d’Alzheimer.
Institut Médical de Breteuil
9
Une nuit, l’infirmière faisant son tour de garde,
surprend Mr N. nu dans la chambre de Mme V.
Choquée, elle fait rapidement sortir Mr. Ce que Mme
V. ne comprend absolument pas.
L’infirmière, alertée par la situation, maintient une
surveillance accrue le reste de la nuit.
Dans un second temps, elle rédige un courrier à son
responsable pour l’alerter de ce qu’elle a vu.
Les jours suivants, les patients maintiennent leur
proximité, et la même situation se reproduit…
Institut Médical de Breteuil
10
Questions
Comment gérer ses comportements?
Comment apaiser les salarié(e)s?
Doit-on informer les familles?
Quelle doit être la conduite à tenir?
Institut Médical de Breteuil
11
Réponses apportées
Echange en équipe pluridisciplinaire pour réfléchir à cette
situation. Echanges avec les salariées pour mieux comprendre et
respecter les libertés des patients.
Malgré les troubles cognitifs des deux patients, leur sexualité ne
peut pas être interdite. Ceci en partant du principe que la
capacité de décision concernant les notions de base et le plaisir
immédiat (comme l’acte sexuel) reste conservée.
Respect de l’intimité des deux patients.
Surveillance majorée pour mieux comprendre la situation et pour
éviter de perturber les autres patients. La présence est aussi une
façon de s’assurer du consentement des deux patients.
Institut Médical de Breteuil
12
Attention portée aux éventuels changements de
comportements des patients, possiblement révélateurs de
perturbations liées à leur sexualité.
Choix de prévenir les deux familles concernées.
Projet de devenir travaillé assidument et démarches rapides
afin de limiter le temps de séjour de Mr N. au sein de l’IMB.
Sortie de Mr N mi décembre 2012.
Institut Médical de Breteuil
13
Réflexions
L’information aux familles est-elle nécessaire?
Comment réagir lorsqu’il s’agit de personnes âgées encore
en couple?
Comment former le personnel? Un protocole doit-il être
établi?
La prise en charge diffère-t-elle selon les établissements
(lieu de soins, lieu de vie...)? Faut-il adapter le règlement
intérieur?
Institut Médical de Breteuil
14
Merci pour votre attention et...
À vos retours !
Institut Médical de Breteuil
15
Retours de l’auditoire
Ne pas utiliser le terme de « protocole », il faut
instaurer une réflexion du salarié… Est-ce que la
situation est dangereuse? Est-ce que l’un des patients
n’est pas consentant? Proposer une réflexion sur une
démarche, conduites à tenir à suivre lors de ses
situations…
Proposer de réfléchir, analyser avant d’agir…
Pourquoi ne pas refermer la porte de la chambre et
attendre qu’ils se rhabillent?
EHPAD La Compassion - Domfront
16
Pourquoi informer les familles si les deux patients sont
consentant? En couple légitime et reconnu?
Cela se fera forcément en fonction des situations… pour
le cas du Mr N., il a des troubles cognitifs qui lui
permette toutefois de savoir ce qu’il fait, de comprendre
certaine situation…
Il est rappelé que aucunement dans la loi de 2002, est
indiqué qu’il faut prévenir les familles de l’état de santé
du patient… Il est spécifié par contre que le patient doit
être informé de son état de santé, il peut être assité à sa
demande d’une personne confiance…
EHPAD La Compassion - Domfront
17
Avant d’arriver à la rupture de Mr N. et de sa
compagne, n’aurait il pas fallu ouvrir une discussion =
la compagne a été contacté à plusieurs reprises par la
psychologue, en lui laissant des messages sur
répondeur ainsi que par le service sociale, elle n’a
jamais donné suite…
Des adaptations doivent certainement se faire dans les
règlements intérieurs, de fonctionnement… mais les
modalités sont à revoir….
EHPAD La Compassion - Domfront
18
Téléchargement