
QUESTIONS À...
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Michel Ducreux
coordonnateur médical
et Chef du service
d’oncologie digestive
Où en est-on dans la lutte contre
le cancer colorectal ?
Aujourd’hui en France, le mois de mars est
consacré à une problématique de santé
publique : le cancer du côlon, et en particulier,
son dépistage. Il s’agit d’une pathologie
que l’on arrive à diagnostiquer de plus en
plus tôt, mais pour laquelle nous n’arrivons
malheureusement pas à guérir tous les
patients. Les recherches en immunothérapie
et les dernières innovations chirurgicales
laissent entrevoir de belles perspectives, mais
il reste encore de très gros progrès à faire.
Quelle prise en charge
est proposée à l’Institut ?
Détecté à temps, le cancer colorectal se guérit
dans 9 cas sur 10. Le nouveau test de dépistage,
plus simple et plus performant, devrait
permettre de détecter plus de cancer avec 80%
d’efficacité contre 50% auparavant. La coloscopie
permet ensuite de poser un diagnostic fiable.
En fonction de la gravité ou de l’avancée de la
maladie, un traitement personnalisé est proposé
à chaque patient (chirurgie, radiothérapie,
chimiothérapie, médicaments ciblés ou une
combinaison de ces thérapies pour plus
d’efficacité). A un stade avancé, les patients
doivent bénéficier de traitements experts. À titre
d’exemple, on peut citer la chimio-hyperthermie
intrapéritonéale. Initiée à Gustave Roussy, elle
sauve des vies depuis 20 ans et permet d’obtenir
de bons taux de guérison.
Pourquoi mobiliser
la générosité du public ?
Avec le dépistage simplifié, nous espérons
bien arriver à endiguer le cancer du côlon.
Mais les progrès dans les traitements et la
prise en charge des patients, eux, ne peuvent
venir que de la recherche. Le financement
accordé au niveau national n’est pas suffisant.
C’est pourquoi nous faisons, tout au long de
l’année, appel à la générosité de tous dans le
but de mettre en place des programmes qui
permettront d’obtenir des résultats toujours
plus intéressants.
www.gustaveroussy.fr
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LE CANCER COLORECTAL,
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A l’occasion de Mars Bleu,
mois de mobilisation contre le cancer
colorectal, Gustave Roussy réaffirme
son engagement dans la lutte contre
ce cancer, qui reste l’un des plus
fréquents et des plus meurtriers.
Grâce, notamment, à une meilleure prise en
charge thérapeutique, le taux de mortalité du
cancer colorectal a baissé de 21% en 20 ans.
Il est cependant essentiel de poursuivre
les efforts en matière de dépistage et de
détection de la maladie et de soutenir la
recherche menée à Gustave Roussy.
L’immunothérapie est actuellement l’un
des axes de recherche les plus prometteurs
en oncologie. Elle consiste à stimuler
par différents traitements le système
immunitaire afin de lui permettre de
combattre les cellules tumorales.
Après le mélanome et le cancer du
poumon, cette nouvelle voie thérapeutique
commence à se développer en cancérologie
digestive.
Les chercheurs de Gustave Roussy mènent
actuellement plusieurs études pour évaluer
l’intérêt de l’immunothérapie sur le cancer
colorectal dont plus de 40 000 nouveaux cas
sont déclarés chaque année.
Parmi elles, une étude de phase I (MEDI
4736), initiée fin 2013, a permis d’évaluer
une nouvelle immunothérapie anti-PD-L1,
le durvalumab, chez 500 patients touchés
par différents types de cancer (côlon, peau
et poumon).
«Ces traitements semblent très prometteurs
pour certains types de cancers du côlon,
mais aussi dans d’autres pathologies
cancéreuses digestives »
commente le
Dr Christophe Massard, Chef du comité des
essais précoces à GustaveRoussy.
Stimuler localement la réponse immunitaire
pour diminuer la taille des tumeurs est
l’objectif d’ISILI, le nouvel essai que
Gustave Roussy va lancer au 2e semestre
de cette année.
Pour soigner les patients ayant des
métastases au niveau du foie, premier site
de rechute tumorale, une immunothérapie
sera injectée directement par radiologie
interventionnelle dans ces métastases.
Ce procédé innovant permettra
d’administrer le traitement à faible dose
sans pour autant risquer de perdre de son
efficacité. Le résultat attendu de cet essai
est d’améliorer la réponse au traitement
de ces patients, d’accroître leur opérabilité
et leur survie tout en diminuant les effets
secondaires.
Adossé à cette étude internationale
coordonnée par le Dr David Malka, Chef
du comité de pathologie digestive, un projet
de recherche coordonné par le Pr Laurence
Zitvogel, le Dr Aurélien Marabelle et le
Dr Judith Michels, visera à mieux connaître
le profil immunitaire des patients afin de
déterminer ceux qui pourraient bénéficier
de cette nouvelle prise en charge.
L’immunothérapie contre
le cancer colorectal
LETTRE INSTITUTIONNELLE // AVRIL 2016