té et la profondeur des réflexions qui, en quelques
mots, résument des volumes entiers. C’est un de
ces chefs-d’œuvre littéraires qui sont l’honneur
d’un siècle et d’un pays.
La Harpe suppose, je ne sais sur quel fonde-
ment, que les Considérations faisaient partie du
plan primitif de l’Esprit des lois. « Il est probable,
dit-il, que l’auteur se détermina à faire de ces
Considérations un traité à part... afin que les Ro-
mains seuls ne tinssent pas trop de place dans
l’Esprit des lois, et ne rompissent pas les pro-
portions de l’ouvrage. » La supposition n’a rien
d’invraisemblable ; mais il est tout aussi naturel de
croire que Montesquieu, grand admirateur de Flo-
rus et de Tacite, a été séduit par l’idée de rivaliser
avec eux, et qu’il a voulu s’essayer sur un beau sujet
et se faire la main avant d’achever l’Esprit des lois.
Suivre le peuple romain au travers de toutes les
révolutions qu’il a subies n’était pas une idée nou-
velle ; des réflexions générales sur les institutions
romaines n’étaient pas, non plus, chose inconnue.