TH3 - Puissances et tensions dans le monde de la fin de la 1ère Guerre Mondiale à nos jours 3.Un foyer de conflits : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflit depuis la fin de la Première guerre mondiale. Introduction : Depuis la fin de la 1 ère Guerre Mondiale, le proche et le Moyen-Orient sont une des régions du monde les plus conflictuelles. Dominé jusqu'en 1918 par l'empire ottoman, cet espace est partagé en zones d'influences britanniques et françaises en 1923 ; l'hostilité née de la création de l'Etat d'Israël en 1948 suscite des tensions, d'autre part la présence occidentale, donne une dimension internationale aux conflits du Moyen orient. Aux divisions religieuses et culturelles s'ajoutent des enjeux stratégiques, et notamment la question des ressources pétrolières qui font de la région une des zones les plus instables du monde. Problématique : Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ? Pourquoi ces conflits ont-ils dans le monde une telle résonnance ? Plan I.Racines des problèmes et enjeux (1918 – 1948) A.Conséquences de la 1ère GM : fin de l’Empire ottoman, nouvelles frontières et développement du nationalisme arabe et l’islamisme B.La Palestine sous mandat britannique : un espace de tension C.L’enjeu pétrolier II.Un espace majeur de conflits pendant la Guerre froide (1948-1991) A.Le Moyen-Orient est au cœur de la Guerre froide. Le panarabisme s’affirme avec Nasser pour refuser la logique des blocs. B.Après la proclamation d’Israël, les guerres israélo-arabes se multiplient. C.D’autres conflits traversent le Moyen-Orient III.Le Proche et le Moyen-Orient depuis 1991 A.La guerre du Golfe et les enjeux liés au pétrole B.La question palestinienne toujours pas résolue. C.Printemps arabes et montée du terrorisme Proche-Orient : expression employée par les diplomates français dès la fin du XIXème siècle, désigne les régions orientales du bassin méditerranéen de la Turquie à l’Egypte. Moyen-Orient : expression qui remonte au début du XXème siècle et est utilisée pour la première fois en 1902 par l’historien et stratège naval américain Alfred T. Mahan (1840-1914). Le Middle East anglo-saxon désigne alors les territoires situés entre la Méditerranée, l’Empire des Indes britanniques et l’Asie orientale, soit la Péninsule arabique, le Golfe, la Mésopotamie et le monde persan. → Le Moyen et le Proche-Orient sont donc des notions qui varient selon l’approche envisagée, et renvoient à des découpages géopolitiques effectués il y a un siècle par les européens. Une région à forts enjeux 1.Une grande importance géostratégique : une position de carrefour de la région. Historiquement, le Proche et Moyen-Orient est une zone de passage mettant en contact l’Europe et l’Asie, suscitant l’intérêt et les appétits des puissances extérieures depuis le XIXe siècle. 2.Une grande diversité ethnique et culturelle : une mosaïque de peuples et de religions qui se partagent historiquement le Proche et le Moyen-Orient : les Perses, les Turcs et les Arabes. + une grande opposition entre les deux grands courants de l’islam : Sunnisme et Chiisme. + La population juive ainsi que les minorités chrétiennes sont des éléments de cette diversité. 3.La présence des lieux saints des trois grands monothéismes : Jérusalem mais aussi La Mecque et Médine. 4.Une forte pression démographique : qui pose la question du développement économique et de la forte pression qu’exerce cette population sur les ressources, notamment l’eau. 5.Les plus importantes réserves mondiales de pétrole : avec près des deux tiers des réserves pétrolières conventionnelles mondiales estimées et 40% des réserves gazières aujourd’hui connues, le Moyen-Orient est devenu un lieu majeur de production couvrant une part essentielle des besoins énergétiques mondiaux. L’importance des réserves pétrolières et gazières du Moyen-Orient est un facteur clé de compréhension pour tout ce qui touche aux grands équilibres géopolitiques de cette région, sans pour autant être le seul. Depuis la découverte des premiers gisements en Perse en 1908, son contrôle est devenu un enjeu majeur pour les grandes puissances, avant de devenir une chance, voire une arme, pour les pays qui disposent de cette manne. Sykes-Picot ? Ces deux noms très présents ces derniers temps dans le discours des jihadistes font référence à l’accord de 1916 qui a donné naissance à ce qui allait devenir les frontières actuelles de l’Irak. A l’époque, le monde est en pleine Guerre mondiale. Dans les chancelleries européennes, on se partage l’Empire ottoman en déroute. «Dans la région de l’Irak actuel, il n’y avait pas de frontières autres que régionales», rappelle Pierre-Jean Luizard, directeur de recherches au CNRS, spécialiste de l’Irak. «Ces provinces ottomanes étaient délimitées selon des critères géographiques plus que confessionnels : le vilayet de Mossoul, le vilayet de Bagdad, celui de Kirkouk, de Bassora, etc.» Le Français François Georges-Picot, premier secrétaire à l’ambassade de Londres et spécialiste de la Syrie alors sous influence française, et l'Anglais Mark Sykes sont chargés de tracer les limites entre ce qui est alors l’Arabie britannique et la Syrie française. Un accord secret est conclu en mai 1916 par un échange de lettres entre les diplomaties françaises et britanniques. La ligne dite de Sykes-Picot divise la région en cinq zones. Une première zone, du littoral syrien jusqu’à la Cilicie, est placée sous l’administration directe de la France. Une deuxième zone, qui recouvre la Mésopotamie et s’étend jusqu’à l’actuel Koweit, est placée sous administration britannique. Deux autres zones sont des «zones d’influence», la zone A côté français, la zone B côté britannique. La Palestine, enfin, devient une «zone brune» partagée en plusieurs lots. Les lieux saints sont placés sous régime international. «Cette frontière coupe la vallée de l’Euphrate, qui a une réelle unité humaine. Ce tracé a séparé des tribus de semi-nomades et empêché toute transhumance», relève Pierre-Jean Luizard. «Pour l’EIIL, Sykes-Picot illustre le caractère impérialiste de la division du Moyen-Orient et la trahison des promesses occidentales de l’instauration d’un royaume arabe indépendant quand, en 1920, la Société des Nations partagea la région en mini-Etats placés sous mandats français et britannique. On est là beaucoup dans le symbole.» Au passage, note le chercheur, «c’est une approximation historique de la part de l’EIIL puisque selon le tracé de Sykes-Picot Mossoul faisait partie de la même entité qu’Alep et Damas.» D’abord attribué aux Français, Mossoul est rattaché à l’Irak actuel en 1925. Mais c’est bien ce partage secret de SykesPicot qui a servi de base au tracé des frontières actuelles de la région. Les jihadistes veulent y mettre fin pour créer un Etat islamique qui engloberait, a minima, la partie sunnite de l’Irak, la Syrie et une partie du Liban. Libération 17 Juin 2014 I.Racines des problèmes et enjeux (1918 – 1948) A.Conséquences de la 1ère GM, fin de l’Empire ottoman, nouvelles frontières et développement du nationalisme arabe et de l’islamisme. La Première Guerre mondiale remodèle profondément le Moyen-Orient. Le démantèlement de l’Empire ottoman (1916 : accords Sykes-Picot) au lendemain de la Première Guerre mondiale a plusieurs conséquences. Il profite tout d’abord aux puissances occidentales qui parviennent à dominer une partie de la région en administrant les possessions arabes de l’Empire. En effet, Français et Britanniques se partagent la région en établissant des mandats, lors de la conférence de San Remo. Traité de Sèvres, 1920 : Les possessions arabes de l’empire ottoman sont confiées par la SDN à la France et au Royaume Uni. c’est-à-dire une tutelle accordée par la SDN à une grande puissance, dont l’objectif est théoriquement de guider le territoire concerné vers l’indépendance. Les deux puissances européennes ne tiennent donc pas compte des aspirations nationales et les frontières qu’elles tracent sont artificielles, en suivant les besoins des occidentaux. Ainsi, la France reçoit un mandat sur la Syrie, dont elle détache le Liban pour satisfaire aux revendications des chrétiens maronites, légèrement majoritaire dans la région et protégés par la France pendant la période ottomane. Les Britanniques obtiennent un mandat sur la Palestine et sur la Mésopotamie (l’Irak et la Transjordanie) et continuent d’exercer leur influence sur l’Égypte et les émirats du Golfe persique - Koweït, Qatar, Oman, Yémen. En effet, les premiers gisements de pétrole, découverts en Iran et en Irak avant la Première Guerre mondiale, représentent déjà un enjeu pour les Britanniques. Les lieux saints de l’Islam sont attribués à l’Arabie saoudite qui est indépendante Le Royaume-Uni n’a donc pas respecté sa promesse de créer un grand royaume arabe dans la région. Conséquences de cette domination de l’occident Elle alimente le nationalisme arabe et fait naître en Égypte, autour des Frères musulmans, une nouvelle idéologie politique : l’islamisme qui se donne pour objectif d’instaurer un Etat arabe qui s’appuie sur le respect de la loi coranique : la charia. Elle réveille le nationalisme turc qui, avec Mustafa Kemal, donne naissance à une nouvelle Turquie. (Traité de Lausanne, signé en Juillet 1923) Elle fait enfin de la Palestine un nouveau foyer de tensions, le Royaume-Uni s’étant montré favorable à l’établissement d’un foyer national juif dans cette région, politique qui rencontre l’opposition des Arabes. Ce démantèlement de l’empire ottoman redessine la carte du Moyen-Orient, consacre la domination occidentale sur la région et alimente les nationalismes arabe et turc. B.La Palestine sous mandat britannique : un espace de tension La Palestine accueille à partir de la fin du XIXème siècle, plusieurs vagues d’immigration juive. L’antisémitisme, stimulé par l’essor des nationalismes, se manifeste par des pogroms en Russie et en Europe de l’Est, où réside la majeure partie des Juifs d’Europe. Une idéologie, le sionisme, incite les Juifs à rejoindre la terre originelle du Judaïsme et à organiser le travail de la terre en collectivités autonomes, les Kibboutz. (congrès de Bâle). En 1917, les Britanniques s’engagent par la déclaration Balfour, à aider un foyer national juif en Palestine. Les pays arabes voient dans ce peuplement juif une enclave occidentale. En 1929, les Juifs d’Hébron sont massacrés par la population arabe. En 1936, la répression britannique contre une révolte arabe, provoque l’émigration d’une partie des notables palestiniens. La 2nd GM accélère l’émigration juive. Après l’échec des deux plans de partage de la Palestine en 1937 et 1938, face aux difficultés britanniques, l’ONU adopte en 1947 un nouveau plan de partage de la Palestine en deux Etats distincts. Il est refusé par les Arabes de Palestine et les Etats arabes voisins, dans un contexte de quasi guerre civile. L’Etat Hébreu (fondation de l’Etat d’Israël par David Ben Gourion prévu par le partage de l’ONU en 1947) naît en 1948 dans le contexte de la première guerre israélo-arabe lors de laquelle les sionistes, par leur victoire, parviennent à assurer l’existence du tout nouvel État C. L’enjeu pétrolier La découverte de gisements d’hydrocarbures a accru l’enjeu stratégique que représente le Moyen-Orient. L’exploitation des puits de pétrole commence en 1908 dans le Kurdistan iranien, puis au Bahreïn, en Irak et en Arabie saoudite. Durant la première moitié du XXème siècle, l’exploitation est aux mains de grandes compagnies privées européennes et américaines (les majors). En 1928, par les Accords dits "de la Ligne rouge" les majors se partagent le Moyen-Orient et la péninsule arabique. Puis se constituent en cartel par l’accord Achnacarry. En 1945, le Pacte de Quincy est conclu entre le président Roosevelt et le roi saoudien afin de permettre l’accès des Etats-Unis au pétrole saoudien en échange d’une protection militaire et d’une aide en matériel militaire américaine. Les « sept soeurs » dictent leur loi aux pays producteurs en maintenant un prix bas qui sert l’Occident dans son développement. En 1960, les pays producteurs se réapproprient leurs ressources pétrolières. Ils achètent des parts dans les majors ou procèdent à des nationalisations. L’Iran, l’Irak, l’Arabie saoudite, et le Koweït fondent l’OPEP pour peser sur les cours mondiaux de pétrole, maintenus artificiellement à des niveaux très bas par les majors. L’organisation s’affirme surtout à partir 1973 en doublant le prix du pétrole lors de la guerre du Kippour. Tout au long du XXe siècle, le pétrole s’impose comme un enjeu dans de nombreux conflits : en Iran entre 1951 et 1953, en 1956 lors de la crise de Suez (nationalisation du canal de Suez en par Nasser), en 1967 lors de la guerre des Six Jours, lors de la révolution iranienne de 1979 ou encore lors des guerres du Golfe de 1991 et 2003. Le Moyen-Orient est toujours aujourd’hui la première région pétrolière du monde tant au niveau des réserves prouvées, évaluées aujourd’hui à 60 % du total mondial, qu’au niveau de la production. II.Un espace majeur de conflits pendant la Guerre Froide. (1948 – 1991) A.Le Moyen-Orient est au cœur de la Guerre Froide. Le panarabisme s’affirme avec Nasser pour refuser la logique des blocs. De 1948 à 1991, le Moyen-Orient s’impose comme un terrain de Guerre froide, au cœur des rivalités entre les Etats-Unis et l’URSS. Dans les années 1950, les pays de la région entrent dans la logique des blocs malgré les tentatives de certaines puissances, telle l’Égypte de Nasser, d’y échapper. La crise de Suez (1956) marque la fin de l’influence française et britannique. La région bascule alors dans la Guerre Froide Le Moyen-Orient devient une zone de tension extrême durant la Guerre Froide car l’URSS est territorialement très proche des gigantesques réserves de pétrole de la région. C’est pourquoi, les Etats-Unis en font une zone stratégique dans leur politique du containment. Leur but est alors de créer un « pont stratégique » entre l’Asie occidentale et l’Occident afin d’encercler l’URSS (signature du pacte de Bagdad en 1955 et soutien à l’État d’ Israël). Pour l’URSS, après le soutien à l’Égypte lors de la crise de Suez, il s’agit de se poser comme le champion des pays arabes (soutien à la Syrie, à l’Égypte et à l’Irak ainsi qu’aux Palestiniens dans leur lutte contre Israël). Cet affrontement par États interposés prend une vigueur particulière lors des conflits israélo-arabes de 1967 et 1973. B.Après la proclamation d’Israël, les guerres israélo-arabes se multiplient. Israël subit des attaques depuis la frontière égyptienne et le Sinaï. Pour les faire cesser, elle s’allie en 1956 avec la France et le Royaume-Uni lors de la crise de Suez qui a pour origine la nationalisation du canal de Suez par le colonel Nasser. L’offensive francobritannique se double donc d’une offensive israélienne en Egypte. Les alliés doivent retirer leurs troupes sous la pression des grandes puissances et des casques bleus sont déployés à Gaza et le long de la frontière Egyptienne. Mais cette victoire montre que l’indépendance de l’Etat israélien est bien établie. Dans le contexte de guerre froide, Israël devient l’allié privilégié des Etats-Unis tandis que les Etats arabes sont soutenus par l’URSS. L’affrontement israélo-arabe devient donc un conflit de la guerre froide. En 1967, les Etats arabes voisins massent des troupes à la frontière israélienne. Les israéliens déclenchent une guerre préventive : ils détruisent l’aviation arabe et écrasent l’armée égyptienne dans le désert du Sinaï qu’ils occupent. La "guerre des six jours" est une nouvelle victoire pour les israéliens, comme la "guerre du Kippour" en 1973, déclenchée par une offensive égyptienne. La paix est finalement signée avec l’Egypte en 1979 - les accords de Camp David -, mais Israël doit continuer de faire face à l’opposition de l’Organisation de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat et à la révolte des Palestiniens dans les territoires occupés (les Intifadas se succèdent). Israël intervient également à plusieurs reprises au Liban : en 1978, l’armée israélienne entre au Sud Liban afin de créer une zone tampon protégeant son territoire des raids de combattants palestiniens de l’OLP. Tsahal se retire rapidement mais laisse L’Armée du Liban Sud, son alliée, combattre les Palestiniens de l’OLP. En 1982, pour faire cesser les attaques des Palestiniens contre son territoire, Israël lance l’opération " Paix en Galilée ". Tsahal fait le siège de Beyrouth et l’occupation israélienne dure trois ans, ce qui ne met pas fin à la guerre civile. Des accords de paix israélo-libanais sont signés, mais ils ne sont pas reconnus par la Syrie ni par l’OLP. Le conflit se complique encore avec la formation du Hezbollah, mouvement armé chiite libanais, soutenu par l’Iran et la Syrie, lequel devient l’adversaire principal d’Israël. C.D’autres conflits traversent le Moyen-Orient (Irak, Iran, Liban) Ces conflits échappent de plus en plus à la logique de la guerre froide et trouvent leur origine dans des causes régionales multiples. C’est le cas par exemple de la longue guerre entre l’Iran et l’Irak (1980-1988). En 1979, Saddam Hussein accède au pouvoir en Irak à la tête du parti Baas et s’appuie sur la minorité sunnite du pays. La même année, le retour de l’ayatollah Khomeini en Iran entraîne la création d’une République islamique chiite. À ces causes religieuses (sunnites contre chiites), ethniques (Arabes contre Perses) et géopolitiques s’ajoute un ancien conflit frontalier entre l’Irak et l’Iran, concernant le fleuve Chattel-Arab, situé dans la province du Khuzestan qui délimite la frontière entre les deux Etats et se jette dans le Golfe persique. Côté irakien, les villes de Bassorah et de Fao sont accessibles aux pétroliers grâce au fleuve. Côté iranien, on trouve la ville portuaire de Khorramshar et les raffineries d’Abadan. L’enjeu du pétrole et de l’accès au Golfe persique représente donc un autre facteur auquel il faut ajouter l’ambition personnelle de Saddam Hussein. Il lance ses troupes sur l’Iran, persuadé que la guerre sera courte. La région du Chatt-el-Arab est occupée ainsi que plusieurs villes au centre et au nord de l’Iran. Mais l’agression de l’Irak et l’intense propagande du régime de Téhéran galvanisent les Iraniens qui s’enrôlent en masse dans l’armée. La guerre dure huit ans et conduit à un quasi statu quo dans la région. En revanche, la guerre d’Afghanistan (1979-1989) s’inscrit bien dans une logique de guerre froide. En 1979, les Soviétiques interviennent militairement pour secourir le gouvernement communiste menacé par les milices tribales. Les troupes de l’Armée rouge contrôlent les principales villes, mais s’enlisent dans les combats contre les moudjahidines soutenus par les États-Unis. La guerre dure dix ans et laisse un pays politiquement éclaté aux mains des chefs de milices tribales. De 1992 à 1996, un nouveau conflit éclate entre les forces gouvernementales du commandant Massoud et les talibans qui veulent créer un État fondé sur la charia. Ces derniers l’emportent et l’Afghanistan devient la base arrière du terrorisme islamiste et en particulier d’Al-Qaïda. À ces conflits, il faut ajouter la guerre civile quasi-permanente qui déchire le Liban des années 1970 à 1990 À partir de 1975, une guerre civile éclate entre les Phalanges armées maronites (chrétiennes) et les Palestiniens au Liban et leurs alliés arabes sunnites. Les camps de réfugiés palestiniens sont pris pour cible par les phalanges chrétiennes et, de leur côté, les Palestiniens massacrent des civils chrétiens et mènent une guérilla urbaine. Le conflit s’étend et entraîne une première intervention militaire de la Syrie, inquiète du basculement possible de l’équilibre des forces dans un Etat qu’elle considère comme appartenant à sa zone d’influence. Israël intervient à son tour. Au début des années 1980, le conflit se complique encore avec la formation du Hezbollah, mouvement armé chiite libanais, soutenu par l’Iran et la Syrie, lequel devient l’adversaire principal d’Israël. Les attentats-suicides qu’il organise contre les Occidentaux à Beyrouth entraînent le départ des forces internationales qui quittent la capitale. En 1988, le pays se divise à nouveau lorsque le maronite Michel Aoun est nommé Premier ministre : la majorité des arabes sunnites soutiennent un second gouvernement pro-syrien dirigé par le sunnite Selim Hoss. Aoun entreprend alors une " guerre de libération " contre la Syrie. En 1989, les accords de Taëf (Arabie Saoudite) sont signés : ils prévoient une répartition équilibrée des pouvoirs au Liban. Toutefois, le pays reste en partie occupé par la Syrie et le Hezbollah continue de mener depuis le Sud des attaques contre Israël, qui bombarde ses positions à plusieurs reprises III.Le Proche et le Moyen-Orient depuis 1991 La fin de la Guerre froide laisse espérer un « nouvel ordre mondial » qui doit passer par la paix au MoyenOrient ➜ Comment expliquer que le Moyen-Orient soit au cœur des enjeux internationaux depuis 1991 ? À partir de 1991, le Moyen-Orient occupe une place centrale dans les relations internationales. Il est le terrain d’expérimentation du nouvel ordre mondial, expression employée par George Bush au lendemain de la guerre du Golfe. Les objectifs du président américain dans la région : « mettre sur pied des accords de sécurité mutuelle », « contrôler la prolifération des armes de destruction massive », « créer de nouvelles conditions pour la paix fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ». Reste que le nouvel ordre mondial a du mal à s’imposer dans la région. La question palestinienne n’est toujours pas résolue : en septembre 2011, les États-Unis s’opposent à la reconnaissance d’un État palestinien à l’ONU. La question de l’arme atomique iranienne fait débat et risque de causer une intervention militaire israélienne contre les installations nucléaires iraniennes. Enfin, le danger du terrorisme islamiste n’est toujours pas écarté. A.La guerre du Golfe et les enjeux liés au pétrole : ➜ Quels facteurs de tension font de l’Irak une puissance déstabilisatrice pour le Moyen-Orient depuis 1979 ? Devenu président de l’Irak en 1969, Saddam Hussein tente dès lors de faire de son pays la puissance régionale et le leader du monde arabe. C’est en partie dans cette optique qu’il s’attaque à l’Iran, pays perse et non arabe. Saddam Hussein mène par ailleurs une politique de terreur pour réduire l’opposition, n’hésitant pas à gazer des villages kurdes en 1988. En 1990, l’Irak envahit le Koweït, son voisin du sud riche en pétrole, entraînant une deuxième guerre du Golfe qui se traduit par la défaite irakienne. (intervention des force américaines et de l’ONU) L’Irak est de nouveau au centre des relations internationales en 2003, suite à l’intervention américaine liée au contexte post-onze septembre. Qualifié d’État-voyou, l’Irak est alors suspecté d’abriter des armes de destruction massive et de financer le terrorisme international. Saddam Hussein est capturé et la présence militaire de la coalition se poursuit pour stabiliser le pays, en vain, la chute du tyran étant suivie d’une guerre civile entre les différentes communautés d’Irak (chiites, sunnites et kurdes). Les États-Unis se retirent finalement en 2011 B.Les territoires palestiniens depuis les accords d’Oslo (1993) ➜ Quel est le sort des Palestiniens depuis la reconnaissance mutuelle de 1993 ? Les accords d’Oslo aboutissent à la reconnaissance mutuelle d’Israël et de l’OLP et ouvrent un processus de négociations par étapes devant conduire, à terme, à l’établissement d’un État palestinien. En 2003, les États-Unis, avec l’appui de la Russie, de l’UE et de l’ONU relancent le processus avec l’adoption d’une feuille de route devant conduire à la création d’un État palestinien en 2005. À la même date, les Israéliens se retirent de Gaza. Les accords d’Annapolis (États-Unis) de 2007 entre Israéliens et Palestiniens fixent à 2008 la date de la création d’un État palestinien. L’idée d’un État pour les Palestiniens fait lentement son chemin C.Printemps arabes et montée du terrorisme ➜ Les révolutions du "printemps arabe" : Le Proche-Orient peine enfin à se démocratiser. Dans la région, seule Israël et la Turquie peuvent être considérés comme des démocraties. Dans la plupart des pays, la censure touche les opposants de toutes sortes. Les systèmes politiques de la région sont actuellement profondément contestés. La mondialisation, l’évolution des sociétés et l’accès aux technologies modernes de communication ont donné naissance ces dernières années à une opinion publique réclamant plus de justice et un partage équitable des richesses locales : c’est le « Printemps arabe ». Les manifestations sont sévèrement réprimées à Bahreïn et au Yémen en 2011, avec l’appui de troupes venues d’Arabie saoudite. Et le mouvement qui a conduit à la destitution du président égyptien Hosni Moubarak en 2011 ne présume pas pour autant d’une démocratisation du pays sur le long terme et les élections montrent une forte progression des islamistes. De même, l’avenir politique de la Libye, après la chute du colonel Kadhafi, facilitée par les Occidentaux, demeure incertain. ➜ Islamisme et montée du terrorisme : L’islam politique a repris le flambeau des indépendances nationales face aux ingérences des grandes puissances. (Frères musulmans en Egypte au moment du traité de Sèvres) En Iran par exemple, avec la révolution islamique de 1979 et l’avènement d’un chef religieux chiite, l’ayatollah Khomeiny. Le mouvement islamiste Hamas, créé en 1987 concurrence les mouvements nationalistes palestiniens plus anciens face à l’Etat d’Israël. Au lendemain des attentats du 11 septembre, le Moyen-Orient apparaît comme le foyer du terrorisme islamiste, qui s’est développé depuis les années 19701980 dans l’ensemble de la région. Conclusion Le Moyen-Orient demeure donc au coeur de "l’arc des crises" et plusieurs conflits engagés ou potentiels fragilisent la région. Cette situation est liée à une multiplicité de facteurs : l’instabilité des frontières, la fragilité des États, la diversité ethnique et religieuse, la montée de l’islamisme radical, la rivalité pour les ressources naturelles, les fractures sociales et démographiques ….. Les Occidentaux ont soutenu les révolutions du "printemps arabe" dans l’espoir qu’une démocratisation de la région permette l’instauration d’une paix durable. Mais il n’est pas certain que cet objectif soit réalisable à court terme. Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflit depuis la fin de la Première guerre mondiale 1.Une région aux enjeux multiples A) Le Proche et le Moyen-Orient : définitions le Moyen-Orient est l'ensemble des pays de la Turquie à la péninsule arabique et de l’Égypte à l’Iran ; au sein du Moyen-Orient, le Proche-Orient désigne les pays riverains de la Méditerranée orientale, de la Turquie à l’Égypte géographiquement, un carrefour stratégique entre Europe, Asie et Afrique historiquement, une zone de passage, d’échanges et de rivalités depuis l’Antiquité B) Une mosaïque de peuples et de religions une mosaïque de peuples : 3 peuples majoritaires (Turcs, Arabes et Perses) le peuple juif les Kurdes, peuple sans État le berceau des 3 monothéismes : les musulmans sont majoritaires, divisés entre chiites et sunnites les communautés chrétiennes, très anciennes, sont minoritaires et dispersées les Juifs vivent majoritairement au sein des frontières d’Israël de nombreuses minorités musulmanes (druzes, alaouites) ou chrétiennes (coptes, maronites) l’enjeu des lieux saints : Jérusalem, ville sainte des chrétiens, juifs et musulmans La Mecque et Médine, 2 grandes villes saintes de l’islam C) Une région aux ressources convoitées et sources de conflits le pétrole et le gaz : ⅔ des réserves pétrolières du monde, 40 % des réserves gazières mondiales l’enjeu du contrôle de la terre et de l’eau, une ressource inégalement répartie, rare et convoitée en milieu aride le contrôle des détroits et canaux la pression démographique sur les ressources D) Une région organisée ? des États fragiles : absence d’une réelle tradition étatique domination de groupes communautaires frontières issues d’un découpage colonial effectué sur fond de rivalités pétrolières, sans tenir compte des réalités humaines et des aspirations des peuples la Ligue arabe, organisation régionale l’OPEP, club pétrolier Transition : le Moyen-Orient est une région complexe, mosaïque de peuples et de religions, aux ressources convoitées qui sont sources de multiples conflits. 2.Le Moyen-Orient au cœur des rivalités internationales depuis 1945 A) Le Moyen-Orient dans la Guerre froide perte d’influence des anciennes puissances coloniales sur la région : la crise de Suez en 1956 l’Égypte de Nasser, leader du mouvement des non-alignés et promoteur du panarabisme la logique de blocs : les États-Unis veulent protéger leur approvisionnement en pétrole et endiguer la progression du communisme dans une zone stratégique : alliances avec la Turquie, Israël, la Jordanie et les pays pétroliers ; signature du Pacte de Bagdad en 1955 l’URSS soutient les mouvements nationalistes en Égypte, en Syrie et en Irak B) Le Golfe persique au cœur des conflits la révolution islamique en Iran en 1979 : renversement du Shah et arrivée au pouvoir de l’ayatollah Khomeiny, chef religieux chiite la guerre Iran-Irak de 1980 à 1988, conflit qui échappe à la logique de la Guerre froide : l’Irak attaque l’Iran chiite, 1 million de morts l’annexion du Koweït par l’Irak en 1990 provoque la première guerre du Golfe, intervention directe des Occidentaux dans la région l'invasion de l’Irak en 2003 par les Américains : l’interventionnisme américain est perçu comme une nouvelle forme d’impérialisme dans le monde arabe C) Une région instable, soumise à de multiples tensions l’islamisme, qui se présente comme une alternative à l’occidentalisation, émerge dans les années 1970 et se diffuse dans les années 1980 (République islamique d’Iran en 1979) le tournant du 11 septembre 2001 : le terrorisme islamique devient un acteur central des relations internationales un antagonisme persistant entre 2 puissances régionales : l’Arabie Saoudite et l’Iran les Printemps arabes et la difficile greffe de la démocratie des conflits continuent de déstabiliser la région : guerre civile syrienne, Irak Transition : le Moyen-Orient est au cœur de rivalités depuis 1945. De nombreux conflits, aux répercussions parfois internationales, déstabilisent encore la région. 3.Le conflit israélo-arabe depuis 1948 et le processus de paix israélopalestinien A) Les conflits entre Israël et ses voisins arabes, du conflit armé à la coexistence naissance d’Israël sous l’égide de l’ONU : adoption du plan de partage de l’ONU en 1947, qui prévoit un État juif, un État arabe et un statut international pour Jérusalem la proclamation de l’État d’Israël en 1948 entraîne une série de guerres avec les pays voisins : 1ère guerre israélo-arabe en 1948-1949 guerre des Six-Jours en 1967, victoire éclatante pour l’État d’Israël guerre du Kippour en 1973 les relations entre Israël et les pays arabes voisins évoluent de la non-reconnaissance à la normalisation à partir des années 1980 B) La question palestinienne création de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en 1964, qui abandonne ensuite la lutte armée dans les années 1980 Intifadas de 1987 et 2000 : révoltes contre Israël dans les Territoires occupés rivalités entre l’Autorité palestinienne (Cisjordanie) et le mouvement islamiste du Hamas (Bande de Gaza) les négociations sur la question d’un État palestinien achoppent sur : le découpage territorial du futur État le statut de Jérusalem le problème des colonies de peuplement israéliennes C) Une portée mondiale attentat de Munich en 1972 perpétré par l’OLP contre les athlètes israéliens exportation du conflit israélo-arabe au Liban : guerre civile libanaise de 1975-1990 les tentatives de médiation internationale : les accords de Camp David en 1978 et les accords d’Oslo en 1993 Bilan : de nombreux conflits sont liés à l’existence depuis 1948 de l’État d’Israël et à ses relations avec les États arabes. Le conflit israélo-palestinien a une portée qui dépasse le Moyen-Orient. Ou bien https://www.assistancescolaire.com/eleve/TES/histoire/reviser-le-cours/le-proche-et-le-moyen-orient-un-foyer-deconflits-depuis-la-fin-de-la-premiere-guerre-mondiale-t_his_11 Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale Le Moyen-Orient est une des régions du monde où les tensions et les conflits sont les plus nombreux. C'est le paradoxe d'une région qui compte un héritage culturel d'une extrême diversité et d'une grande richesse, et qui dispose de ressources stratégiques clés comme le pétrole. Ces atouts potentiels se sont pourtant transformés en sources de conflits car la situation géopolitique de la région depuis la fin de la Première Guerre mondiale est devenue extrêmement complexe. Quels sont les conflits qui ont marqué le Moyen-Orient ? Quels en sont les causes et les enjeux ? 1. Une région bouleversée par les puissances européennes (1918-1948) Une mosaïque de peuples et de cultures • Une multitude de peuples Le Moyen-Orient abrite une grande diversité de peuples. Les Arabes sont présents de la péninsule arabique jusqu'aux rives de la Méditerranée, ainsi qu'en Égypte. On trouve aussi des Turcs sur le territoire de l'actuelle Turquie et des Perses en Iran. Par ailleurs sont également présents des Kurdes. Chacun de ces peuples possède sa propre langue et ses propres traditions. • Une mosaïque religieuse La région est majoritairement marquée par la religion musulmane. Cependant, les divisions religieuses sont nombreuses. Elles sont parfois différentes de celles des peuples. Ainsi, la majorité des Arabes et des Turcs appartient à l'islam sunnite et la majorité des Persans est chiite. Cependant, une partie des Arabes est chiite (au sud de l'Irak, sur les rives du golfe Persique et dans certaines régions du Liban) et certains Turcs sont alévis (une branche du chiisme). Les chrétiens sont également présents. Ils sont les héritiers des cultures et des langues présentes au Moyen-Orient avant l'arrivée des Arabes au VIIe siècle. Minoritaires, ils sont aussi très divisés en différentes Églises, parmi lesquelles on peut mentionner les coptes en Égypte, les chaldéens en Irak ou les syriaques en Syrie. Le judaïsme est également présent dans les grandes villes de la région et l'immigration de certains juifs d'Europe en Palestine a commencé à la fin du XIXe siècle, motivée par le mouvement sioniste. • Des enjeux stratégiques Dès le XIXe siècle, les ressources en pétrole du Moyen-Orient sont un enjeu. Les Anglais installent des points d'appui, comme au Koweït, et contrôlent la route stratégique du canal de Suez. Un partage sur les ruines de l'Empire ottoman • Un empire multiculturel Toute la région est dominée jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale par l'Empire ottoman, vaste empire multiculturel dirigé par un sultan turc qui porte le titre de calife (commandeur des croyants) car l'Empire contrôle La Mecque. • Les espoirs des peuples Lors de la Première Guerre mondiale, l'Empire ottoman s'engage aux côtés de l'Allemagne. Les Anglais suscitent alors en 1916 une révolte des populations arabes en leur promettant de retrouver leur indépendance. • Le système des mandats En réalité, les Européens, essentiellement les Français et les Anglais, envisagent de mettre la région sous tutelle et d'établir un partage. C'est l'objet des accords Sykes-Picot signés en mai 1916. En 1918, l'Empire ottoman s'effondre. Le traité de Sèvres établit son partage en 1920. La France et l'Angleterre reçoivent des mandats de la Société des nations pour administrer les territoires. Syrie et Liban pour la France, Irak, Jordanie, Palestine pour l'Angleterre. L'Arabie Saoudite reçoit la région de La Mecque, et son roi contrôle désormais les lieux saints de l'Islam. Vers les premières indépendances • Diviser pour régner Les Européens tracent des frontières qui ne respectent pas toujours la répartition des différents peuples. Ils répriment les révoltes et les volontés d'indépendance. • Vers l'autonomie Cependant, dans les années 1930, les Anglais comprennent la nécessité d'accorder une certaine autonomie aux territoires qu'ils contrôlent. L'Égypte, sous tutelle britannique depuis le XIXe siècle, est indépendante en 1922. En 1932, l'Irak accède à l'indépendance. En 1943, la France donne l'indépendance au Liban, puis en 1946 à la Syrie. • La constitution d'un « foyer national juif » Depuis la fin du XIXe siècle, il existe parmi les juifs d'Europe un mouvement sioniste, fondé par Theodor Herzl, qui souhaite le retour des juifs en Palestine. En 1917, une déclaration de Lord Balfour, ministre des affaires étrangères britannique, accepte la constitution d'un « foyer national juif » en Palestine. L'immigration juive s'intensifie. 2. Les aléas du conflit israélo-arabe Le contexte de la création de l'État d'Israël • Le désengagement britannique À la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux juifs d'Europe, rescapés de la Shoah, souhaitent s'installer en Palestine, ce qui pose le problème de l'indépendance de ce territoire, où cohabitent difficilement Arabes et Juifs. • Les plans de partage et leur échec En 1947, l'ONU réalise un plan de partage de la Palestine qui prévoit un État juif et un État arabe de superficies égales. Jérusalem, ville sainte des trois monothéismes, devait avoir un statut international. • La guerre Ce plan ne sera jamais appliqué. Le 14 mai 1948, lorsque les Anglais se retirent, les Juifs proclament la naissance de l'État d'Israël. Le lendemain, les États arabes voisins attaquent Israël. Ils sont vaincus et Israël occupe 78 % du territoire de la Palestine. Le reste est annexé par les États arabes. Des conflits nombreux pendant la guerre froide • La crise de Suez Le conflit israélo-arabe est marqué par la guerre froide. Les États-Unis soutiennent plutôt Israël et l'URSS, plutôt les pays arabes. En 1956, la crise de Suez marque la fin de l'influence française et britannique. • La guerre des Six-Jours Le conflit israélo-arabe s'intensifie par une guerre en 1967. Menée en quelques jours, l'attaque israélienne conduit à l'occupation des territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, les « territoires occupés », ainsi qu'à celle du plateau du Golan. • La guerre du Kippour En 1973, les États arabes passent à l'offensive pendant la fête juive de Kippour, mais sont battus. Un processus de paix en demi-teinte • La lutte des Palestiniens Les Palestiniens en exil dans les pays voisins créent en 1964 une organisation de libération de la Palestine, dirigée par Yasser Arafat. • Une radicalisation depuis les années 1980 Depuis la fin des années 1980, des mouvements plus radicaux sont apparus. Du côté palestinien, des mouvements islamistes radicaux comme le Hamas tentent de faire de cette question nationale une question religieuse. Du côté israélien, des mouvements religieux orthodoxes et la droite radicale lancent des entreprises de colonisation dans les territoires occupés. • Les tentatives de dialogue Depuis les années 1980, souvent sur initiative américaine, un processus de paix a été cependant engagé. En 1981, l'Égypte reconnaît l'existence d'Israël. En 1993 sont signés les accords d'Oslo entre Israéliens et Palestiniens qui prévoient la création d'une autorité palestinienne. Malgré cela, les violences se poursuivent. 3. Une région sous tension Les enjeux identitaires • Des États divisés Ailleurs dans la région, certains États sont très instables compte tenu de leur division en plusieurs peuples ou religions. C'est le cas de l'Irak depuis 2003. Le Nord, peuplé de Kurdes, a acquis une indépendance de fait. Le Sud est frappé d'une guerre civile entre Arabes chiites et sunnites, et les chrétiens sont persécutés et conduits en exil. Le Liban est très instable depuis la guerre civile, qui a duré de 1975 à 1990. Le pays est composé de chrétiens, de musulmans sunnites et chiites, et d'autres minorités comme les Druzes. • Islam et politique La région est par ailleurs marquée par l'émergence de l'islam politique. Dans les monarchies du golfe Persique, la charia (la loi islamique) est strictement appliquée. En Iran, depuis 1979, la Révolution islamique a porté au pouvoir le clergé chiite, avec la figure de l'ayatollah Khomeini. Le régime développe un discours anti-occidental et antisioniste. Dans les autres pays de la région existent des mouvements radicaux, parfois terroristes. En Turquie cependant, c'est par des élections que les islamistes modérés du parti AKP sont arrivés au pouvoir. Les enjeux stratégiques • Le contrôle du pétrole Dans ce contexte, la maîtrise des ressources en pétrole est fondamentale. Les États-Unis ont donc implanté dans la région un réseau de bases pour contrôler les routes stratégiques. Ils soignent leur alliance avec l'Arabie Saoudite, principal producteur. Cela les conduit à s'opposer à l'Iran. De 1980 à 1988, ils soutiennent l'Irak dans la guerre Iran-Irak. Aujourd'hui, ils ont engagé un bras de fer diplomatique avec l'Iran, soupçonné de tenter d'acquérir l'arme nucléaire. • Le contrôle de l'eau D'autres ressources naturelles peuvent conduire à des tensions, telles que l'eau, rare dans la région, comme en Palestine, ou entre Turquie, Syrie et Irak, pour le contrôle des eaux de l'Euphrate. • Les interventions internationales La région a été l'objet d'interventions nombreuses. Les forces de l'ONU – les Casques bleus – sont présentes au Liban. En 1991, les États-Unis prennent la tête d'une alliance sous mandat de l'ONU pour libérer le Koweït, envahi par Saddam Hussein, chef de l'État irakien. Les attentats du 11 septembre 2001 montrent que les tensions du Moyen-Orient peuvent avoir des répercussions dans le monde entier. En 2003, les États-Unis, sans l'accord de l'ONU, attaquent à nouveau l'Irak, sous prétexte que Saddam Hussein tenterait de se doter d'armes de destruction massive. Depuis 2001, l'OTAN est présente en Afghanistan pour lutter contre l'influence des talibans. L'enjeu démocratique • Les espoirs du printemps arabe En 2011, le mouvement du « printemps arabe » a conduit à la chute des dictatures en Tunisie et en Libye (qui ne se trouvent pas au Moyen-Orient). L'Égypte est également marquée par le mouvement, et le président Hosni Moubarak est chassé du pouvoir. • Un avenir incertain Aujourd'hui, l'avenir est incertain. En Syrie, Bachar El-Assad conserve le pouvoir par une répression féroce. En Égypte, l'armée contrôle le pouvoir. Souvent, des partis islamistes semblent en position de remporter les élections. Plusieurs facteurs ont donc conduit le Moyen-Orient à devenir une des zones du monde où les tensions et les conflits sont les plus nombreux et les plus violents. La forte croissance démographique de la région et la gestion de ses ressources posent pourtant des questions auxquelles seule une réponse concertée pourrait apporter une solution.