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En réalité, ce coût total ne rend pas en compte les phénomènes d’adaptation. Il ne faut donc pas
faire l’équivalence entre ce surcoût et la nécessité d’un apport supplémentaire qu’en l’absence
d’inadaptation métabolique et comportementale. Il n’y a en effet pas d’anomalie de la croissance
fœtale tant qu’il n’y a pas de restriction calorique sévère.
De fait, pour la triple raison de la capacité d’adaptation de l’organisme maternel, de l’adaptation
comportementale aussi (réduction de la mobilité en fin de grossesse), et du niveau calorique
habituel de la population générale, il n’y a généralement pas de raison d’inciter à augmenter les
apports.
Dans l’obésité, il est parfois même recommandé de réduire l’apport calorique (dans le cas du gain
de poids excessif pendant la grossesse).
6. Recommandations pour l’apport en protéines au cours de la grossesse
Sur la base des études factorielles, du bilan azoté, et de l’accroissement de l’efficacité de
conversion en protéines tissulaires, un apport supplémentaire de 1,3, 6,1, et 10,7 g de protéines par
rapport aux besoins de base (de 0,75 g/kg/j) est nécessaire, respectivement, pour les 1er, 2e, et 3e
trimestres, dont la moitié de protéines animales. C’est plus encore dans l’allaitement (la teneur en
protéines du lait est de 1,1 à 1,2 g/100 ml).
Cependant, dans la mesure où l’apport protéique habituel est très généralement supérieur à ce
niveau de base, il n’y a pas de raison non plus d’augmenter la ration en protéines.
7. Recommandations pour l’apport en fer
La carence en fer, non l’anémie, peut être responsable d’accouchements prématurés et d’un poids
de naissance plus faible. Or, la grossesse entraîne une augmentation des besoins (élévation de la
masse sanguine, croissance fœtale, développement placentaire). Pour autant, l’absorption du
fer est multipliée d’un facteur 5 à 9. En conséquence : pas de supplémentation systématique (qui
n’est pas sans risque : risque hypotrophie fœtale), sauf dans les situations à risque (adolescentes,
alimentation pauvre en fer héminique, grossesse répétées, ménorragies abondantes, alimentation
pauvre en fer héminique, milieu défavorisé : 40 à 60 mg/j.
8. Des recommandations pour d’autres nutriments ?
- Glucides : veiller à réduire l’excès de glucides rapides (stimulation de la sécrétion d’insuline
du fœtus & risque de prise de poids) ;
- Sel : alimentation normale en sel ;
- Calcium : couverture des besoins accrus par l’augmentation de l’absorption ;
- Magnésium : probable transport actif par le placenta ; pas de justification à supplémenter ;
- Iode : il est simplement conseillé de consommer des aliments riches en iode (lait et produits
laitiers, poissons de mer, sel iodé, œufs, etc.) ;
- Acide folique : augmentation des besoins (sources : feuilles, lég. verts, foie, fromages
fermentés, fruits secs). Un déficit à la phase décisive (du 14e au 21e jour de grossesse) peut
entraîner des malformations graves, telle la spina bifida, voire l’anencéphalie. Il faut par
conséquent envisager une supplémentation de 400 mcg au début de la grossesse et pour une
période d’environ 8 semaines, en particulier en cas de : tabagisme, contraception orale
(prescrire dès l’arrêt chez les femmes désireuses d’une grossesse), régime restrictif,
médicament interférant avec le métabolisme de l’ac. folique. En cas d’antécédent de
pathologie du tube neural, effectuer un traitement préventif dès 1 mois avant la grossesse
(à une dose supérieure : 5 mg/j) ;
- Vit. D : les besoins sont habituellement couverts pour 1/3 par l’alimentation courante, et
pour 2/3 par production de vitamine D dans l’épiderme. C’est à partir des réserves
maternelles que se constituent celles du nouveau-né. Dans les situations à risque
(hypovitaminose, faible ensoleillement et mois en « r », grossesses répétées et
rapprochées), il faut donc prévenir l’hypocalcémie néo-natale, l’ostéomalacie, et le
rachitisme soit par 400 U/j pendant toute la durée de la grossesse, soit par 1 000 U/j à
partir du 3e tr., soit encore pour une dose unique de 80 000 à 100 000 U au 6e ou au 7e mois
(40 UI = 1 g). Ces apports ne dispensent pas de consommer des aliments riches en vitamine
D (poissons gras en particulier) ;
- Autres vitamines et oligo-éléments : pas de supplémentation nécessaire.
Conclusion :
- Généralement pas de mesure spécifique à adopter, dans le cas de figure habituel d’une
alimentation suffisante et variée ;
- Mais la grossesse demeure une période privilégiée pour (re)mettre en place l’équilibre
alimentaire.