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En tenant compte des impératifs médicaux de ces découvertes,
un modèle psychothérapeutique a été proposé, qui ciblait les
facteurs de risque psychosociaux retrouvés expérimentale-
ment au cours de SDPUC (émotions négatives, aide sociale,
et catastrophisme),37 et une étude a examiné la faisabilité
thérapeutique d’une intervention visant à réduire un facteur de
risque.38 Nous avons recherché à déterminer la faisabilité d’un
programme de gestion des symptômes cognitivo-comporte-
mentaux pour une amélioration rapide des facteurs de risque
psychosociaux liés à la diminution de la qualité de vie chez des
patients avec une PC/SDPC. Dans cette étude, la moyenne des
scores de base montrait une diminution signicative linéaire de
la douleur, du handicap, et du catastrophisme au l du temps.
De même, des changements positifs mais modestes apparais-
saient sur les symptômes de dépression et l’aide sociale. L’étude
a aussi montré que les scores de suivi de la qualité de vie étaient
améliorés et que les symptômes de PC/SDPC étaient signica-
tivement réduits. De plus, l’analyse entre le début et la n des
8 semaines de l’étude montrait que la modication des scores
des symptômes de PC/SDPC et des facteurs de risque psycho-
sociaux était prédite par la réduction du catastrophisme. Nous
avons conclut que des programmes de gestion psychosociale
pouvaient cibler et signicativement réduire divers facteurs de
risque psychosociaux associés avec des résultats médiocres de
PC/SDPC, mais une étude randomisée contrôlée avec un suivi
longitudinal est nécessaire.
Cystite interstitielle / Syndrome
de la Vessie Douloureuse
La CI/SVD est un syndrome pelvien douloureux chronique, avec
une pression ou une douleur perçue comme étant liée à la vessie,
avec au moins un autre signe urinaire, tels qu’une impériosité
urinaire ou une pollakiurie et aucune infection objectivable
ou autre maladie surajoutée.39 La CI/SVD peut être divisée
en deux grands sous-types : ulcérante et non-ulcérante.40 La
douleur est le plus souvent sus-pubienne, irradiant vers l’aine,
le vagin, le rectum, ou le sacrum,41 avec des patients rapport-
ant de multiples localisations douloureuses externes à la région
abdomino-pelvienne42 (voir Fig. 3). La douleur de la CI/SVD
est faible à modérée mais peut être constante, est parfois sévère,
et est habituellement associée à une sensation de plénitude vési-
cale. Les patients avec une CI/SVD souffrent aussi de multiples
co-morbidités avec la douleur comme symptôme commun (e.g.,
syndrome du côlon irritable, bromyalgie).30 La fréquence de
moments douloureux peut atteindre 10 à plus de 25 fois par
jour.43 La prévalence des symptômes de CI/SVD est estimée à
3300-11200/100 000.44 Typiquement, les symptômes débutent
entre 20 et 40 ans, après une cystite aiguë bactérienne.43 Les
traitements biomédicaux de la CI/SVD ciblant dans un premier
temps la vessie sont souvent inefcaces.40 Malgré le fait que le
diagnostic soit effectué chez l’homme et que quelques uns répon-
dent parfois au traitement, la CI/SVD est diagnostiquée le plus
souvent chez la femme (ratio femme/homme 9:1),43 cette revue
se focalisera donc sur le devenir de la douleur et de la qualité de
vie chez la femme.
La CI/SDV a été associée avec des phénotypes cliniques distincts
sur la base du chevauchement des syndromes (SDV et aucun au-
tre symptôme, SVD et syndrome du côlon irritable seul, SVD et
bromyalgie seule, SVD et syndrome de fatigue chronique seule,
et toutes ces pathologies associées).30 Ainsi, au fur et à mesure
que les pathologies associées augmentent, les patients dans une
étude bougent d’une présentation localisée vers une présentation
systémique, avec douleur, stress, dépression, et troubles du som-
meil augmentant alors que l’aide sociale, la fonction sexuelle, et
la qualité de vie se détériorent. A la fois l’anxiété et le catastroph-
isme sont très élevés à travers ces phénotypes.46 De plus, une du-
rée accrue des symptômes est également associée à la progression
du phénotype (de localisé à systémique). Dans une étude de car-
tographie des douleurs chez des patients présentant une CI/SVD,
les patients rapportaient plus de douleurs que les sujets ‘contrôles’
dans toutes les aires corporelles étudiées, et quatre phénotypes de
douleur ont été créés en se basant sur le nombre de localisations
corporelles. Les patients rapportaient plus de zones corporelles
douloureuses, en même temps que plus de douleur, de symptômes
urinaires, de dépression, de catastrophisme, et une diminution de
la qualité de vie par rapport aux sujets ‘contrôles’. Le phénotype
‘douleur augmentée’ était associé avec une adaptation psychoso-
ciale faible et une qualité de vie physique altérée, avec des scores
de catastrophisme et de qualité de vie mentale restant stables à
travers tous les groupes.42 Ces études suggèrent que les cliniciens
doivent attentivement considérer la distribution des localisations
douloureuses et l’impact potentiel des phénotypes de douleurs cor-
porelles au cours de l’évaluation et du traitement des patients.
Les patients présentant une CI/SVD exprimant un catastrophisme
plus important rapportent également une dépression plus im-
portante, une santé mentale pauvre, un mauvais fonctionnement
social, et une plus grande douleur.47 De plus, le catastrophisme,
mais pas l’âge ou la sévérité des symptômes, était lié à des
symptômes plus graves à la fois pour la dépression et la qualité
de vie, suggérant une association similaire à d’autres popula-
tions douloureuses. L’expérience douloureuse et le catastroph-
isme ont aussi été testés dans une étude expérimentale étudiant
l’hypersensibilité cutanée générale, et a trouvé que le catastro-
phisme était corrélé à une prolongation des symptômes et à des
seuils aux stimuli ‘chaleur’ sur le dermatome T12 modiés, sug-
gérant que l’habituation aux stimuli somatiques est altérée chez
les patients. Avec beaucoup de précautions pour décrire leurs
conclusions, les auteurs suggèrent que les différences physiques
et psychologiques trouvées dans leur étude peuvent potentielle-
ment prédisposer les patients présentant une CI/SDV à une dou-
leur chronique.48
La CI/SDV a également été examinée selon l’association unique
et partagée entre qualité de vie, symptômes, catastrophisme,
dépression, douleur et fonction sexuelle.49 Des femmes de trois
centres d’Amérique du Nord ont rempli des questionnaires, et les
données ont alimenté une régression hiérarchique, qui étudiaient
à la fois les effets de facteurs uniques et combinés sur la qualité
de vie. Les résultats ont montré que des scores diminués de