« Au service de tous »
L’Hôpital général juif
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Cette politique audacieuse et dynamique—le respect et les soins à tous, peu importe leurs
origines—est en vigueur à l’Hôpital général juif depuis le jour de son ouverture en 1934.
Si les fondateurs de l’hôpital ont adopté cette philosophie, ce n’est pas à cause de la
création d’une commission gouvernementale, de l’adoption d’une loi ou de la pression
exercée par les médias ou par des groupes d’intérêt particulier. La décision fut prise parce
que les dirigeants de l’hôpital avaient compris que la valeur accordée aux traditions et
aux croyances d’un patient est d’importance capitale pour que cette personne soit traitée
comme une personne entière et non comme une collection de symptômes. L’HGJ a
élaboré ce code d’éthique parce que la communauté juive, qui a souvent souffert de
discrimination religieuse, a décidé d’aider à briser le cercle vicieux des préjugés.
L’hôpital est passé à l’action tout simplement parce que c’était—et ce l’est encore
aujourd’hui—le bon geste à poser, moralement et en toute dignité.
LES ORIGINES DE L’HÔPITAL GÉNÉRAL JUIF
Dans une large mesure, l’Hôpital général juif doit son existence à la détermination de ses
fondateurs, qui voulaient doter la communauté juive des services de santé dont elle avait
un urgent besoin, tout en évitant la discrimination religieuse qui prévalait dans plusieurs,
sinon la plupart, des hôpitaux de Montréal.
C’est la persécution religieuse qui régnait alors en Russie et en Europe de l’Est qui a
poussé les Juifs à venir en Amérique du Nord au début du XXe siècle. Selon les
statistiques du recensement canadien, la population juive de Montréal était de 8 100 en
1901, à la suite d’une augmentation graduelle au cours des années précédentes. Mais de
nouvelles vagues d’immigrants ont déferlé sur Montréal pendant les deux décennies qui
ont suivi, et la taille de la communauté juive a fait un bond gigantesque. En 1921,
Montréal comptait 51 287 Juifs sur une population totale de 618 506. 1
Malheureusement, quand les immigrants juifs sont arrivés à Montréal à la recherche de
liberté, ils ont été surpris de découvrir que la discrimination religieuse prédominait dans
les grandes institutions de soins de santé de la ville, ce qui empêchait les patients de
recevoir les soins rapides et fiables dont ils avaient désespérément besoin.
Les médecins juifs ont dû faire face aux mêmes problèmes. Il était exceptionnellement
rare pour un médecin juif de se tailler une place comme médecin dans un des hôpitaux de
langue française de Montréal ou d’y obtenir un internat. Même dans les hôpitaux de
langue anglaise, les restrictions étaient sévères. L’Hôpital général de Montréal et
l’Hôpital Royal Victoria étaient, sauf à de très rares exceptions, considérés comme
interdits aux médecins juifs.2 Heureusement, certains des hôpitaux plus petits—par
exemple le Homeopathic Hospital, le Saint Mary’s Hospital, le Western Hospital et le
Women’s Hospital—montraient une plus grande ouverture dans leurs politiques. Mais,
1 Wright, Alexander. Our Tribute Everlasting. Hôpital général juif, Montréal, 1984.
2 Etziony, Dr. M.B. History of the Montreal Clinical Society. Montreal Clinical Society, Montréal, 1963.