
huit ans. Les re
´sultats de ce travail, qui ont e
´te
´plus re
´cem-
ment publie
´s[47], confirment l’augmentation de la mortalite
´
corre
´le
´e ici plus pre
´cise
´ment avec une augmentation de
10 mg/m
3
du niveau des PM2,5 (RR = 1,16 ; IC95 % : 1,07–
1,26). L’exposition aux PM2,5 est associe
´ea
`la mortalite
´car-
dio-vasculaire (RR = 1,28 ; IC95 % : 1,13–1,44) ainsi qu’a
`la
mortalite
´par cancer du poumon bien que la liaison ne soit
plus statistiquement significative (RR = 1,27 ; IC95 % : 0,96–
1,69).
La troisie
`me et la plus ambitieuse de ces cohortes est celle de
l’American Cancer Society. Inte
´gre
´ea
`la Cancer Prevention
Study II (qui a enro
ˆle
´1,2 million d’adultes ame
´ricains en 1982),
une sous-cohorte a e
´te
´individualise
´e comprenant plus de
500 000 sujets dont le statut vital et la cause du de
´ce
`s
e
´ventuel ont e
´te
´relie
´es aux donne
´es de pollution ae
´rienne
dans les me
´tropoles ame
´ricaines ou` ils avaient ve
´cu. Apre
`s
ajustement sur un grand nombre de facteurs afin de de
´gager
l’effet propre de la pollution (a
ˆge, sexe, race, poids, taille,
tabagisme, niveau socioe
´ducatif, statut conjugal, alimenta-
tion, consommation alcoolique, expositions professionnelles),
il apparaıˆt que l’exposition aux particules fines et aux oxydes
de soufre est associe
´ea
`l’augmentation de la mortalite
´toutes
causes confondues, mais aussi plus spe
´cifiquement a
`la mor-
talite
´cardiopulmonaire ou par cancer bronchique. Chaque
e
´le
´vation de 10 mg/m
3
du taux de particules fines se traduit
par une e
´le
´vation de 4 %, 6 % et 8 % respectivement pour la
mortalite
´toutes causes confondues, par maladie cardio-pul-
monaire et par cancer bronchique [48].
Paralle
`lement, plusieurs cohortes ont e
´galement e
´te
´suivies
en Europe. Aux Pays-Bas, un groupe choisi de manie
`re ale
´a-
toire de 5000 sujets, a
ˆge
´sde55a
`69 ans, (qui e
´taient eux-
me
ˆmes inclus dans la Netherlands Cohort Study on Diet and
Cancer), a e
´te
´suivi de fac¸on prospective entre 1986 et 1994.
L’exposition aux polluants issus du trafic automobile (NO
2
et
« fume
´es noires ») a e
´te
´estime
´e en prenant en conside
´ration
l’adresse des sujets en 1986. 489 des participants de l’e
´tude
sont de
´ce
´de
´s durant cette pe
´riode, dont 60 d’un cancer
bronchique. Le re
´sultat le plus frappant de l’e
´tude est la mise
en e
´vidence d’un quasi-doublement de la mortalite
´cardio-
pulmonaire chez les sujets vivant a
`proximite
´imme
´diate
d’une voie routie
`re principale (RR = 1,95 ; IC95 % : 1,09–
3,52). Cependant, l’e
´tude ne disposait pas d’assez de puissance
pour e
´valuer correctement le risque de cancer bronchique en
liaison avec l’exposition au NO
2
(RR = 1,25 ; IC95 % : 0,42–3,72)
ou aux « fume
´es noires » (RR = 1,06 ; IC95 % : 0,43–2,63) [49].
La seconde e
´tude de cohorte europe
´enne a e
´te
´mene
´een
Norve
`ge. L’e
´tude a inclus en 1972/73 16 209 hommes, a
ˆge
´sde
40 a
`49 ans, vivant a
`Oslo. La pollution atmosphe
´rique
annuelle moyenne entre 1974 et 1998 a e
´te
´estime
´eau
domicile de chacun des participants. Durant la pe
´riode de
suivi de la cohorte, 418 hommes ont de
´veloppe
´un cancer du
poumon. Apre
`s avoir e
´te
´ajuste
´sur l’a
ˆge, le tabagisme et le
niveau d’e
´ducation, le RR de pre
´senter un cancer bronchique a
e
´te
´calcule
´a
`1,08 (IC95 % : 1,02–1,15) pour toute augmentation
de 10 mg/m
3
du niveau moyen de NOx a
`l’adresse des sujets ;
au contraire, la relation n’e
´tait pas significative pour l’aug-
mentation du niveau de SO
2
(RR = 1,01 ; IC95 % : 0,94–1,08)
[50].
L’e
´tude franc¸aise pollution atmosphe
´rique et affections res-
piratoires chroniques (PAARC) a e
´te
´conduite en 1975–
1976 dans 24 quartiers de 7 villes franc¸aises et avait pour
objectif premier d’e
´valuer l’effet e
´ventuel de la pollution
atmosphe
´rique sur les maladies respiratoires chroniques
[51]. Plus re
´cemment, les donne
´es a
`long terme de cette e
´tude
ont e
´te
´analyse
´es dans le but de rechercher un effet a
`long
terme sur la mortalite
´; ce travail confirme l’effet tardif de la
pollution subie dans les anne
´es 1970 puisque une majoration
de 10 mg/m
3
de NO
2
se traduit par un RR e
´gal a
`1,48 (IC95 % :
1,05–2,06) pour ce qui est du cancer du poumon et de 1,27
(IC95 % : 1,04–1,56) pour la mortalite
´cardiopulmonaire [52].
Dernie
`rement, 679 cas de cancer du poumon issus de trois
cohortes danoises prospectives ont e
´te
´compare
´sa
`3481 sujets
te
´moins issus des me
ˆmes cohortes. Leur exposition respective
aux NO
x
, conside
´re
´s comme marqueur du trafic routier, a e
´te
´
compare
´e. Le rapport d’incidence pour la survenue d’un cancer
bronchique est respectivement calcule
´a
`1,30 (IC95 % : 1,07–
1,57) et 1,45 (IC95 % : 1,12–1,88) pour des expositions a
`des
concentrations respectives de 30 a
`72 ou supe
´rieures a
`72 mg/
m
3
, en prenant pour re
´fe
´rence une exposition infe
´rieure a
`
30 mg/m
3
[53].
Conclusion
Alors que des pistes se de
´gagent pour la compre
´hension des
me
´canismes qui sous-tendent la liaison entre pollution
atmosphe
´rique et mortalite
´d’origine cardiovasculaire [54],
tel n’est pas encore pleinement le cas pour ce qui est du
cancer bronchique ; ne
´anmoins, une se
´rie de travaux re
´cents
explorent les atteintes de l’ADN provoque
´es par la pollution
ae
´rienne[55–57]. Les donne
´es re
´centes ame
`nent cependant a
`
un peu d’optimisme puisque la mortalite
´semble diminuer,
notamment dans l’est des E
´tats-Unis, concomitamment a
`
l’ame
´lioration de la qualite
´de l’air sous l’effet de le
´gislations
de plus en plus contraignantes[47,58]. Trop peu d’e
´tudes sont
ne
´anmoins disponibles en Europe, ce qui pose la question de
l’extrapolation des re
´sultats ame
´ricains (ou` les parame
`tres de
la pollution atmosphe
´rique sont largement diffe
´rents de ceux
releve
´s en Europe) a
`notre continent. Bien que le risque
individuel lie
´a
`la pollution atmosphe
´rique puisse e
ˆtre consi-
de
´re
´comme relativement faible (a
`l’instar, d’ailleurs, du
risque individuel secondaire a
`l’exposition au tabagisme pas-
sif), les conse
´quences de cette exposition a
`l’e
´chelle de la
population sont cependant importantes [59] et devraient
toucher tout particulie
`rement les travailleurs en milieu exte
´-
rieur [60,61] et les enfants avec la possibilite
´de conse
´quences
a
`long terme qu’il importe d’envisager [62,63]. Ainsi, dans
un rapport publie
´en 2005, l’Agence franc¸aise de se
´curite
´
J. Tre´daniel et al. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2011;72:290-296
294
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