Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
© Université de Liège - http://culture.ulg.ac.be/ - 25/05/2017
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mis à l'écart durant quelque temps, le peintre est engagé au service de Marie de Hongrie dès 1532.
Réhabilitation a priori étonnante quand on sait qu'en 1523, Henri Voes et Jean Van Eschen, deux
moines du couvent augustin d'Anvers, sont brûlés sur la Grand-Place de Bruxelles pour avoir refusé
de renier la nouvelle foi protestante. Le rôle central de Bernard van Orley dans le milieu artistique
bruxellois, notamment comme concepteur de projets de tapisserie pour la cour, citons les Chasses
de Maximilien (Paris, Musée du Louvre) et la Bataille de Pavie (Naples, Musée Capodimonte) parmi
d'autres tentures bien connues, a certainement joué en sa faveur. Cet épisode tend à témoigner
du statut social, élevé, d'un artiste, qui est un acteur essentiel d'une époque de transition, entre
tradition et renouveau, entre Gothique et Renaissance.
Depuis le 19e siècle, l'historiographie de la peinture des anciens Pays-Bas au Moyen Âge et à la
Renaissance s'est surtout attelée à l'étude des plus célèbres Primitifs flamands d'un côté et des premiers
paysagistes et peintres de genre de l'autre. Pendant longtemps, les maîtres anonymes du début du 16e
siècle et la première génération de Romanistes (Bernard van Orley, Jan Gossart ou encore Joos van
Cleve) n'ont suscité qu'un intérêt timide de la part de la critique. L'enracinement de ces artistes dans les
traditions médiévales locales et leur tentative d'intégrer peu à peu les nouveautés en provenance d'Italie
ont généré une esthétique complexe, pas toujours facile à goûter et définir. Depuis quelques années
maintenant, l'importance de ces peintres en tant que médiateurs d'un nouvel art commence à être reconnue.
En témoigne de manière exemplaire le catalogue raisonné de l'œuvre de Jan Gossart publié en 2010 à
l'occasion d'une rétrospective organisée au Metropolitan Museum of Art de New York.
Cette année, l'œuvre peint de Bernard van Orley est à son tour sous les projecteurs grâce à une publication
financée par la politique scientifique fédérale belge et rédigée par l'auteur de ce texte aux Musées royaux
des Beaux-Arts de Belgique : Catalogue of Early Netherlandish Painting in the Royal Museums of Fine Arts
of Belgium. The Flemish Primitives. VI. Group Bernard van Orley (Brepols, 2013). En plus de donner des
informations très complètes sur l'iconographie, les sources d'inspiration, la technique et le style de l'artiste,
ce livre tente de répondre aux questions suivantes. Dans quelle mesure ce peintre à la croisée de deux
mondes prolonge-t-il les traditions flamandes ? Comment s'approprie-t-il peu à peu un style influencé par
la Renaissance italienne ? Peut-on déduire de son travail l'adoption de pratiques d'atelier usitées dans la
péninsule méridionale ? Quelle est la part de l'activité de l'atelier dans la réalisation des œuvres ?
Si l'activité artistique de Bernard van Orley est attestée de 1515 à sa mort en 1541, la majorité de ses
peintures signées et/ou authentifiées par des archives a été réalisées entre 1510 et 1525. La réputation
de l'artiste a très tôt traversé les limites de Bruxelles. En effet, les premières œuvres qui peuvent lui être
rendues avec certitude sont les éléments subsistants de trois retables réalisés pour l'abbé de Marchiennes
Jacques Coëne, probablement au début des années 1510 (comme élément subsistant de ces réalisations
importantes, on peut citer la Naissance de Jean-Baptiste, conservée à New York, Metropolitan Museum
of Art). Cette commande précoce par un client résidant en dehors de Bruxelles, tout comme celle de la
Confrérie de la Sainte Croix de Furnes dès 1515, posent la question du début de la carrière de l'artiste. Sa
date de naissance n'étant pas certaine (vers 1490 ?), il est difficile de conjecturer d'éventuelles dates de fin
et de début d'apprentissage.
Son travail dans le domaine de la peinture est avéré dès 1515 et dans celui du vitrail seulement à partir
de 1536-1537 (voir par exemple à la cathédrale des saints Michel et Gudule les magnifiques vitraux