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Au cours des dernières études sur la faune souterraine du littoral, nous avons eu la possibilité de trouver trois espèces nouvelles pour la faune de la mer Noire : Halacarus (s. str.) 1narcandrei Monniot, H alacarus ( Halacarellus) cap~tzimts (Lohmann) et H. ( H alacarellus) procer~ts Viets, ainsi 1 FIG. I. - Halacarus (s. str.) marcandrei Monniot : a) plaque post-dorsale; b) plaque prédorsale; c) palpe; d) mandibule. * Académie Bulgare des Sciences, Institut Zoologique et Musée, Bd Rouski r, Sofia, (Bulgarie). A carola gia, t. XIV, fa sc. 4, 1972, -582que deux autres, communiquées auparavant, dont les nouveaux habitats présentent un certain intérêt du point de vue écologique: Copidognathus (s. str.) magnipalpus pontic~ts Viets etC. (Copidognathopsis) tectiporus Viets. Nous considérons la sixième espèce, qui figure dans la liste du présent ouvrage, et dont la position systématique est discutée, comme appartenant à l'espèce Actacarus pygmaeus Schulz et non pas à l'espèce Actacarus illztstrans Newell. Halacarus (s. str.) marcandrei Monniot 1967. Cette espèce est décrite du littoral français et du littoral suédois (MONNIOT, F., 1967). Nous avons eu la chance de retrouver Halacarus marcandrei dans deux localités du littoral de la mer 2 FIG. 2. - Halacarus (s. str.) marcandrei Monniot : a) patte I; b) patte II; c) patte III; d) patte IV. Noire : à la plage de Primorsko et à l'embouchure de la rivière Kamcia. Nous donnons ci-dessous une brève description d'un spécimen de Bulgarie. Mâle : le corps avec la forme caractéristique bombée, de couleur pâle-jaunâtre, sans yeux. La longueur sans capitulum- de 287 fL· La plaque prédorsale est plus allongée que celle de l'espèce nominale et ressemble à la plaque prédorsale d'Halacarus anomalus Trouessart. La plaque postdorsale est rectangulaire, avec deux paires de pores, une antérieure et une postérieure. Les plaques épimérales sont sans particularités. La plaque génitale porte de nombreuses soies longues et souples, qui entourent l'ouverture génitale (chez les individus de France et de Suède elles sont plus courtes). Le palpe est souple. Les articles ont les longueurs suivantes : I - 7 fL, II - 38 fL, III - 5 fL, IV - I5 fL· Les mandibules dépassent très peu le bord de l'hypostome. Les pattes sont privées des peignes sur les griffes. H alacarus ( H alacarelhts) cap~tzimts (Lehmann, r893). Connue de la mer Baltique, de la mer du Nord (VIETS, K., 1927, SCHULZ, E., 1933, 1935) et de la côte Atlantique de l'Amérique du Nord (NEWELL, I., 1947), cette espèce n'était pas signalée 3 FrG. 3· - Halacarus (Halacarellus) capuzinus (Lohmann) a) mâle, partie dorsale; b) mâle, partie ventrale. jusqu'à présent de la mer Noire. On rencontre Halacarus capuzinus très souvent en société avec Actacants pygmaetts, mais tandis que cette dernière espèce est rattachée à la ligne côtière, H. capttzinus est abondant plus à l'intérieur vers le continent, jusqu'à 3-4 mètres. Nous avons eu la possibilité de récolter un riche matériel et nous pensons que certaines données sur cet animal de la mer Noire revêtent de l'importance. NI âle : La longueur du corps sans l'organe maxillaire est de 355 fL, la largeur au niveau de l'insertion de la troisième paire de pattes est de 180 fL· Les plaques chitineuses sont bien développées sur la partie dorsale, ornementées. Tout le tégument entre les plaques dorsales et ventrales est bien strié. La plaque prédorsale est longue de 6g fL et large de 87 fL· Son bord antérieur porte une petite proéminence, son bord postérieur est concave. La plaque postdorsale est longue de zo8 fL et large de 125 [L, la plaque oculaire -longue de 52 fL et large de 33 fL· Sur la partie dorsale on trouve encore trois paires de petites plaquettes, portant chacune une longue soie. La plaque génitale est oviforme, légèrement rétrécie postérieurement. Elle est longue de 166 fL et large de 125 fL· Le pore génital est entouré de nombreuses soies. A chaque côté de l'ouverture génitale on trouve cinq soies, divisées en deux groupes, deux antérieures et trois postérieures. A travers la cuticule on voit trois paires de cupules génitales internes bien visibles. Le palpe est plus élancé que celui figuré par Newell pour H. capttzintts de l'Amérique du Nord. Les longueurs des articles sont comme suit : I - 10 [L, II - 44 [L, III - 13 [L, IV - 23 fL· La première patte porte sur le cinquième article les trois paires de soies ventrales spécifiques à l'espèce. Sur le cinquième article de la quatrième paire de pattes les deux soies fortes ventrales sont plumeuses. La femelle n'accuse pas de différences comparée au mâle, sauf en ce qui concerne la plaque génitale. Elle porte deux paires de soies fines. Sur la figure on voit les trois paires de cupules internes, sorties en dehors et un œuf transparent à travers la cuticule. 4 FIG. 4· - Halacarus (Halacarellus) capuzinus (Lohmann) : a) organe génital du mâle; b) plaque génitale de la femelle. -585- a 5 FIG. 5· - Halacarus (Halacarellus) capuzinus (Lohmann) : a) mandibule du mâle; b) palpe du mâle; c) 5 & 6e article de la patte I ; d) 5 & 6e article de la patte IV ; - Halacarus (Halacarellus) procerus Viets : e) 4 & 6e article de la patte I. -586Halacarus (Halacarellus) procerus Viets, 1927. Nous trouvons cette espèce pour la première fois dans la mer Noire. Jusqu'à présent elle est connue de la mer Baltique et de la mer du Nord (VIETS, K., 1927, ScHULZ, E., 1933, 1935). On rencontre H. procerus ensemble avec Actacarus pygmaetts et H. capuzimts, mais cette dernière espèce est beaucoup plus fréquente. H . procertts est très proche de H. capuzimts et Newell, dans une discussion concernant ces deux espèces, estime qu'elles peuvent être considérées comme synonymes (NEWELL, I., 1947, pp. 123-124). Pour la solution de ce problème sont nécessaires des études plus précises. Copidognathus (s . str.) magnipalptts ponticus Viets, 1936. Communiquée pour la première fois d'un marécage près de la mer Noire (VIETS, K., 1936), cette espèce a été retrouvée dans une source-fontaine à proximité immédiate de la côte maritime. Certaines différences que nous avons constaté chez l'exemplaire trouvé par nous, nous ont incité à en faire une brève description. Femelle: Longueur dorsale sans l'organe maxillaire- 366 f.L, largeur au niveau de l'insertion de la troisième paire de pattes - 255 f.L· Le corps est cuirassé, les plaques dorsales et ventrales ornementées. On distingue trois taches oculaires : deux grandes sur les plaques oculaires et une petite sur la plaque prédorsale. La plaque dorsale antérieure est convexe au bord antérieur et concave au bord postérieur. Elle porte deux paires de soies fines. Les plaques oculaires sont triangulaires et moins longues que celles du type nominal. Elles mesurent 56 f.L de longueur et 43 f.L de largeur. La plaque dorsale postérieure est elliptique, longue de 202 f.L et large de 131 f.L· Comparée à celle de l'espèce décrite par Viets, elle est plus petite, à cause de l'immaturité de notre exemplaire. Elle porte deux paires de soies sur sa partie proximale et présente une ornementation exprimée par deux paires de bandes médianes, les internes longues et les externes courtes, avec une porosité sensiblement plus fine que celle de l'espace qui les sépare. En comparaison avec l'espèce de Viets, les bandes externes sont très raccourcies. La cuticule libre des plaques est fortement striée. Les plaques ventrales sont de structure finement poreuse. Le bord postérieur de la plaque épimérale antérieure est concave avec deux proéminences bien marquées. Entre les soies derrière les coxae II et celles situées de manière plus médiane, on trouve une glande disposée sur la cuticule libre d'ornementation. La plaque génitale est longue de 128 f.L et large de II9 f.L, l'orifice génital, long de 62 f.L, large de 23 f.L· Le palpe est remarquable par le deuxième article, recourbé dorsalement. Les articles sont longs : I - r6 f.L, II - 46 f.L, III - 7 f.L, IV - 48 f.L · La chélicère est forte, et l'ongle puissant forme un angle de 90° avec le tronc chélicéral. Son bord interne est finement denticulé. Toutes les pattes portent sur le cinquième article une épine plumeuse. Les griffes accessoires sont bifides et peignées, sauf celles des premières paires de pattes. Localité : sources Korounja, près de la ville de Sozopol. La trouvaille d'un seul individu de cette espèce nous incite à croire qu'elle y est occasionnelle. Les sources sont à moins d'une dizaine de mètres de la côte et une communication souterraine avec la mer est très probable. c 6 FrG. 6. - Copidognatus (s . str.) magnipalpus ponticus Viets : a) partie ventrale; b) partie dorsale; c) mandibule ; d) palpe. Au contraire, pour Halacarellus phreatic~ts que l'on trouve toujours en grande quantité, cet habitat est normal (PETROVA, A., 1971). Copidognathus (Copidognathopsis) tectiporus Viets, 1935. Connue des eaux douces et saumâtres de Bulgarie et de Yougoslavie (VIETS, K., 1935, 1940), cette espèce était dernièrement retrouvée dans le psammon de la mer Noire. Le prélèvement en -588- 7 FrG. 7· - Copidognathus (s . str.) magnipalpus ponticus Viets a) patte I ; b) patte II ; c) patte III ; d) patte IV. - ss9- a été fait à la place où circulent des petits ruisseaux d'eau douce, venant de la côte rocheuse calcaire de la plage aux environs de Varna. Cette espèce marine possède deux pores spécifiques sur la plaque épimérale antérieure qui, selon Viets jouent un rôle chémorégulateur, comme les pores génitaux externes des Porohalacariens. Les exemplaires trouvés par nous possèdent des pores épiméraux de plus petite taille. Ayant en vue la préférence de C. tectiponts vers les eaux douces, Viets le considère comme un émigré marin. Nous estimons que cette espèce appartient au groupe des reliques ponta-caspiennes (PETROVA, A., 1972). Actacants pygmaeus Schulz, 1936. Cette espèce fut déjà communiquée du littoral bulgare (MARINOV, T., 1964) . Elle est rattachée à la zone de ressac où nous la trouvons parfois en grand nombre . En 1935, ANGELIER, E. signale Actacants pygmaeus des sables littoraux de la mer Méditerranée, en donnant une description des spécimens méditerranéens. Plus tard MON NIOT, F., (1968), donne une description très précise d'Actacants illustrans Newell de Méditerranée. Elle considère que la redescription d'Angelier n'est pas valable en confirmant que les spécimens d'Actacants de la Méditerranée appartiennent à l'espèce A. illustrans Newell. En se basant sur les arguments de Monniot, Ionescu rattache les spécimens d'Actacarus du littoral roumain de la mer Noire à l'espèce A. illustrans, en créant une nouvelle sous-espèce, A. illustrans bacescui (IoNESCU, A. K., 1970). Nous sommes enclin à admettre que les A ctacarus de la mer Noire et de la mer Méditerranéeappartiennent à l'espèce << pygmaeus » et non pas à l'espèce « ill~tstrans ». Nos arguments sont les suivants : la description de ScHULZ n'est pas faite avec la même précision que celle faite par F. MoNNIOT. ScHULZ donne une longueur de 140-150 !L sans mentionner si c'est une longueur de l'idiosome seulement où du corps total (capitulum compris). Probablement il a donné la dimension de l'idiosome. D'autre part, nous avons observé une grande variation de dimension des individus adultes dans une même population (180-250 [!..) . La même chose fut déjà constatée par les autres auteurs : T. MARINOV (160-200 [!..), A. K. IoNESCU (228-281 [!..). Les données des auteurs français sont très différentes les unes des autres (E. ANGELIER : 170-190 [!.., F. MONNIOT : zso270 [!..), bien que selon MoNNIOT, il s'agisse d'une même espèce. Donc, nous ne saurions pas traiter de caractère taxonomique la longueur du corps. Dans la description de ScHULZ, la deuxième paire de pattes est dessinée sans peigne sur les griffes, la sétation est réduite, les soies sur les plaques dorsales sont absentes, le palpe comparé à celui donné par MoNNIOT est privé de détails. Évidemment, ces différences sont dues à des omissions dans la description. Par contre, l'aspect général du corps, du palpe, des pattes et des plaques génitales sont communs aux A. pygmaeus de Schulz et aux Actacarus des auteurs mentionnés. Il est probable qu'il s'agit de races géographiques ou bien de variations supraspécifiques. A l'appui de l'idée adoptée par nous il convient de mettre en évidence quelques considérations générales exprimées par F. MoNNIOT : «Les Halacaridae sont peu variables dans leur ensemble et la faune interstitielle comprend dans de nombreux groupes des populations identiques à des distances géographiques considérables » (MoNNIOT, F.,. 1968). RÉSUMÉ. L'auteur communique six espèces d'Halacariens, dont trois sont nouvelles pour la faune de la mer Noire : Halacarus (s. str.) marcandrei Monniot, H. (Halacarellus) capuzinus (Iohmann) et H. (Halacarellus) procerus Viets. Copidognathus (s. str.) magnipalpus ponticus Viets et C. (Copidognathopsis)• -590tectiporus Viets connus auparavant, furent retrouvés dans de nouveaux habitats intéressants du point de vue écologique. On affirme la présence d' Actacarus pygmaeus Schulz dans la mer Noire, tandis que la présence d'Actacarus illustrans Newell dans la mer Noire et la mer Méditerranée est discutée. BIBLIOGRAPHIE ANGELIER (E.), 1953. - Halacariens des sables littoraux méditerranéens. - Vie et Milieu, 4 (z) : 281289. IoNESCU (A. K.), 1970. -Nouvelles données sur les Halacarides de la zone psamicole du littoral roumain de la mer Noire. - Travaux Mus. Rist. Nat. << G. Antipa ,,, vol. X : 19-23, Bucarest. MARINOV (T.), 1964.- Sur la faune du microzoobenthos de la mer Noire.- Bull. Inst. Pise. Acad. Bulg. Sei. IV : 61-71, Varna. MoNNIOT (F.), 1967. - Deux Halacariens endopsammiques : Halacarus anomalus Trouessart 1894 et Halacarus marcandrei n. sp. - Cahiers de Biologie Marine, VIII : 82-98. MüNNIOT (F.), 1968. - Le genre Actacarus (Halacaridae). - Acarologia, X (1) : 6-12. NEWELL (I.), 1947. -A systematic and ecological study of the Halacaridae of Eastern north America. - Bull. 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