La bientraitance à l'hôpital 45
Une telle recherche ne saurait être exhaustive.
D'autres arrêts sanctionnent des comportements inappropriés relevant
d'une absence de bientraitance mais sans se référer expressément à la notion
de maltraitance : Cour administrative d'appel de Bordeaux (26 août 2008,
n° 06BX01257) concernant une ASH d'une maison de retraite publique
(atteinte à la dignité par des propos obscènes et orduriers, gestes brutaux à
l'encontre des personnes âgées et mauvaises relations professionnelles avec
les collègues).
La matérialité des faits et les éléments contextuels donnent lieu à une ana-
lyse pondérée et nuancée : Conseil d'État du 2 septembre 2009, Centre hos-
pitalier Fernand Langlois, n° 310932. En l'occurrence, une infirmière avait
été révoquée pour avoir giflé une personne hospitalisée. La sanction avait
été d'autant plus sévère qu'il y avait récidive. La Commission des recours
a proposé une sanction d'une moindre sévérité : exclusion temporaire des
fonctions d'une durée d'un an et mise à l'épreuve d'une année dans un autre
service. Le Conseil d'État a confirmé la validité de cet avis qui s'impose à
l'autorité investie du pouvoir disciplinaire : la requérante, affectée dans un
service accueillant des personnes très vulnérables, avait giflé une résidente
qui l'avait mordue alors qu'elle lui donnait un médicament. La commission
des recours avait relevé, d'une part que si la requérante ne contrôlait pas
toujours ses réactions et avait déjà donné une gifle à un résident en 2005,
elle avait elle-même informé ses supérieurs hiérarchiques de ces incidents et
reconnu ses torts et que, d'autre part, son geste fautif avait constitué une
réaction spontanée à la blessure infligée et à la douleur ressentie du fait
de la morsure dont elle avait été victime ; cette motivation de l'avis de la
Commission des recours était apparue suffisante. La sanction d'exclusion
temporaire de ses fonctions d'un an suivie d'une mise à l'épreuve d'un an
dans un autre service n'était pas, eu égard aux circonstances relevées, mani-
festement insuffisante.
Antérieurement à 2002, les atteintes à la dignité des personnes et les vio-
lences faisaient déjà l'objet de contentieux relatifs aux procédures disciplinaires
sans que le terme de maltraitance ne soit utilisé. La jurisprudence, illustrant le
contrôle opéré par le juge administratif sur les procédures disciplinaires, offre
quelques exemples significatifs de fautes professionnelles commises par des per-
sonnels hospitaliers à l'encontre des droits des patients :
• Conseil d'État, 6 mai 1996, Centre Hospitalier de Fougères, n° 164382 : gifle
à un pensionnaire âgé d'une maison de retraite ;
• Conseil d'État, 21 juillet 1995, Administration générale de l'Assistance
Publique Hôpitaux de Paris, n° 150285 : révocation pour brutalités verbales et
physiques sur des personnes hospitalisées ;
• Cour administrative d'appel de Nantes, 25 janvier 1995, Maison de
retraite de Bléré, n° 94NT000067 : agressivité, propos injurieux à l'égard de
pensionnaires ;
• Conseil d'État, 1
er juin 1994, CHS Le Valmont, n° 150870 : atteinte à l'obli-
gation de secret professionnel.
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