Les pionniers de La médecine de L`adoLescent américaine

La première unité
américaine de médecine
pour adolescents a été
fondée par Dale Garell,
il y a 50ans, en Californie.
P.18 P.16 Contraception estropro-
gestative :
qu’est-ce qui a changé ?
La première unité
américaine de médecine
pour adolescents a été
fondée par Dale Garell,
il y a 50ans, en Californie.
P.10
Inconfort urinaire
et cystite :
comment traiter ?
P. 6
P.13
RENCONTRE AVEC IRIS LITT ET DALWE GARELL
LA REVUE DE LA MÉDECINE POUR LES ADOLESCENTS NOVEMBRE 2013 - VOL. 3 - N°6 - 8
Asthénie de l’adolescent :
Banale fatigue ou
symptôme révélateur ?
Vaccins de l’adolescent :
Quelles recommandations
en 2013?
Les pionniers de La médecine
de L’adoLescent américaine
rencontre avec iris Litt et daLe GareLL
ÉDITORIAL
BRAINSTORMING
La rencontre avec Iris Litt, accompagnée de Dale Garell,
deux Californiens pionniers de la médecine de l’adolescent
américaine, fut riche d’enseignements sur le passé de
cette discipline et les enjeux futurs. Ils nous ont décrit avec
passion l’esprit innovant avec lequel la mise en place d’un lieu
dédié a permis d’améliorer la prise en charge des adolescents
malades et comment des questions de physiopathologie ont
permis de répondre à certaines questions de physiologie chez
l’adolescent (insulinorésistance, masse osseuse et puberté) !
L’émergence du bullying, l’aggravation de l’obésité et des
addictions, les formes plus sévères et précoces d’anorexie
et les troubles de compliance des adolescents malades
chroniques nourrissent nos consultations et séances
d’enseignement. Et après ? Les impératifs économiques,
de coût et d’ecacité font et feront évoluer nos pratiques.
Avons-nous pensé à l’évolution de notre prise en charge
dans 10 ou 20 ans ? Des eorts sont faits pour former des
professionnels à la prise en charge des adolescents et pour
la création de lieux de consultation sur l’ensemble du territoire.
Il serait utile d’en évaluer vite l’impact pour être proactif sur ces
évolutions.
Bonne lecture !
Dr Hervé Lefèvre
Rédacteur en chef
Pédiatre, Paris
« Avons-nous
pensé à l’évolution
de notre prise en
charge dans 10 ou
20 ans ? »
ADOLESCENCE & Médecine Novembre 2013 numéro 6
LA REVUE DE LA MEDECINE POUR LES ADOLESCENTS
NOVEMBRE 2013 - VOL. 3 - N°6 - 8
SOMMAIRE
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ADOLESCENCE & MÉDECINE
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SOCIÉTÉ P. 6
Entretien avec Iris Litt et Dale Garell
A l’orgine de la médecine de l’adolescent américaine
Dr Hervé Lefèvre
GYNÉCOLOGIE P. 10
La contraception estroprogestative de l’adolescente
Qu’est-ce qui a changé ?
Dr Claire Bouvattier
UROLOGIE P. 13
Inconfort urinaire et cystite de l’adolescente
Comment traiter ?
Dr Sophie Conquy
CONDUITE À TENIR P. 16
Asthénie de l’adolescent
Banale fatigue ou symptôme révélateur ?
Dr Hervé Lefèvre
VACCINATION P. 18
Vaccins de l’adolescent
Quelles recommandations en 2013 ?
Dr Sylvie Quelet
CAS CLINIQUE P. 22
Acné chez une adolescente
Quel traitement pour quelle gravité ?
Dr Françoise Raynaud
ABONNEMENT P. 15
SOCIÉTÉ
6 ADOLESCENCE & Médecine Novembre 2013 numéro 6
ENTRETIEN AVEC IRIS LITT
ET DALE GARELL
A l’origine de la médecine de l’adolescent
américaine
Nous avons eu l’occasion de recevoir à la Maison de Solenn (Hôpital Cochin)
les professeurs Iris Litt et Dale Garell, pédiatres américains de la Côte Ouest.
Ils ont retracé avec simplicité leurs carrières respectives et nous ont transmis,
grâce à l’éclairage du passé, des éléments pour méditer sur notre pratique actuelle et future. Cette rencontre a été
possible grâce au Pr Jean Wilkins, pédiatre à Montréal, que je remercie une nouvelle fois. Voici résumés quelques élé-
ments biographiques et éléments de réponse sur le sens et la réalité de leur activité.
Il y a 40 ans environ, Iris Litt a tra-
vaillé au Children Hospital Monte-
fiore, un des deux grands hôpitaux
de New York. Son activité profession-
nelle était répartie entre le service de
pédiatrie et le grand pénitencier de
Rikers Island pour jeunes délinquants.
Sa première observation fut que les
adolescents en prison et à l’hôpital
étaient à la fois semblables et diffé-
rents selon le contexte, l’origine socio-
culturelle vis-à-vis de toutes sortes de
comportements dont celui de la santé
en particulier. Son intérêt s’est alors
porté sur l’étude du comportement
des adolescents et l’origine de leurs
différences. Par exemple, à l’hôpital,
elle s’occupait de diabétiques qui sau-
taient leurs injections, tandis qu’en
prison, elle s’adressait à des adoles-
cents qui s’intoxiquaient avec toutes
sortes de substances...
A New York, l’organisation de la faculté
de médecine ne lui permettait pas de
travailler avec d’autres partenaires
que des médecins. C’est pour cette
raison qu’elle est partie à Stanford
où l’université lui offrait la possibilité
de collaborer avec des membres des
facultés de sociologie, de psycholo-
gie, d’anthropologie et de droit. Dès
l’origine, son travail de recherche
était de construire des passerelles,
des échanges, puis des séances d’en-
seignement entre ces professionnels
autour de la question des comporte-
ments de santé de l’adolescent. En-
suite, elle a dirigé la division de méde-
cine pour l’adolescent à Stanford, où
elle a constitué son équipe et enseigné
deux programmes de recherche prin-
cipaux : l’un sur la compliance des
adolescents et l’autre sur les effets à
long terme de l’anorexie et de la bou-
limie de l’adolescente.
Ses principaux sujets de travail et de
recherche ont concerné :
l’addiction et ses conséquences sur le
développement des adolescents ;
les troubles du comportement ali-
mentaire en créant deux unités de
prise en charge (ambulatoire et en
hospitalisation), et en étudiant les
retentissements osseux et endocri-
niens au cours de l’anorexie mentale.
Ce travail correspond à la période où
les premières densités osseuses ont
été réalisées chez ces patientes mais
aussi chez les sujets contrôles pour
en définir les normes ;
les conséquences biologiques de
la puberté sur la physiologie et la
physiopathologie (insulinorésistance
et équilibre du diabète de type 1) ;
le développement d’un programme
de prévention de la grossesse chez les
adolescentes.
Iris Litt a également participé, à Los
Angeles, avec Dale Garell et une cin-
quantaine de médecins, à la création
de la Société pour la Médecine de
l’Adolescent qui est devenue, ensuite,
la Société pour la Médecine et la Santé
Dr Hervé Lefèvre,
Pédiatre, Maison de Solenn,
Hôpital Cochin, Paris
Pr Iris Litt à la Maison de Solenn (Paris).
Entretien avec Iris Litt et Dale Garell
ADOLESCENCE & Médecine Novembre 2013 numéro 6 7
de l’adolescent (The Society for Ado-
lescent Health and Medicine). Un des
principaux succès de cette association
est d’avoir créé un diplôme certifiant
la spécialité de Médecine de l’Ado-
lescent.
Elle a été rédactrice en chef pen-
dant 14 ans du Journal of Adolescent
Health dont Charles Irwin est actuel-
lement rédacteur en chef. Elle a aussi
dirigé l’Institut de recherche sur les
femmes pendant 7 ans et s’est beau-
coup intéressée au rôle de l’adoles-
cence sur leurs trajectoires de vie, les
répercussions sociale et comporte-
mentale.
Aujourd’hui les principaux pro-
blèmes adolescents aux Etats-Unis
concernent la toxicomanie, les
troubles des conduites alimentaires
et l’obésité dont elle souligne le début
très précoce. D’autres problèmes ont
émergé parmi lesquels le bullying qui
associe harcèlement, intimidations
physiques et humiliations en collecti-
vité.
Dr Hervé Lefèvre : Qu’est ce qu’un
adolescent?
Pr Iris Litt : Pendant très longtemps,
l’adolescence était considérée comme
une étape du développement dont
la charnière était la puberté, c’était
l’époque des teenagers. Le problème
est qu’à la fois la puberté est plus pré-
coce et que la phase d’autonomie éco-
nomique est plus tardive. Désormais,
la tranche d’âge concernée par l’ado-
lescence va du début de la puberté (11-
12 ans) jusqu’à 21 ans.
H. L.: L’articulation entre médecins
d’adolescents et d’autres spécialités
est-elle plus facile aux Etats-Unis?
I. L.: Les tiraillements” sont fréquents,
le défi à l’intérieur du champ médical
est d’obtenir le respect mutuel et de
favoriser l’éducation réciproque entre
spécialistes. Avant l’ouverture d’unités
pour adolescents, ceux-ci étaient pris
en charge selon le type de pathologie et
l’âge. Il y a 50 ans, la première unité de
médecine pour adolescents aux Etats-
Unis était construite par Dale Garell en
Californie. Les règles ont pu progres-
sivement changer en mobilisant les
différentes spécialités autour d’un lieu
de soins commun aux adolescents. Ce-
pendant, pour des raisons financières
et techniques, le service de médecine
pour adolescents s’est transformé pro-
gressivement en service de médecine
ambulatoire, les lits étant dédiés aux
soins intensifs.
H. L.: Qui s’occupe de la prévention
auprès des adolescents aux Etats-
Unis?
I. L.: Là-bas la prévention est la respon-
sabilité de chacun. Il y a peu de cam-
pagnes publiques. Quand elles sont
ciblées, elles sont majoritairement
financées par des organismes privés
comme la Fondation Robert-Wood-
Johnson pour la prévention de l’obésité.
H. L.: Avez-vous un système de santé
scolaire aux États-Unis?
I. L.: Il existe peu de responsabilité fé-
dérale en la matière et la santé scolaire
est très variable d’un Etat à l’autre. Au
sein de chaque Etat, les conseils d’ad-
ministration (boards) et d’éducation
déterminent les priorités et le type
d’information à délivrer. Certains Etats
organisent la mise à disposition des
pilules contraceptives, d’autres ont
légiféré pour interdire d’en parler.
(Retrouvez l’intégralité de la conférence
sur le site www.maisondesolenn.fr)
Pour conclure, notre conception de la
prise en charge est d’éviter de rendre
ces adolescents dépendants du sys-
tème de soins et de développer les pro-
grammes de recherche pour étudier
leur devenir au décours de cette prise
en charge. Enfin, le champ de la méde-
cine de l’adolescent doit poursuivre
son effort de recherche et d’enseigne-
ment pour le partager avec d’autres
spécialistes et professionnels qui s’oc-
cupent des adolescents.
MOTS-CLÉS:
Médecine de l’adolescence,
Prise en charge
Pr Dale Garell et Pr Iris Litt reçus par le Pr Marie-Rose Moso (chef de service de la Maison de
Solenn).
« Certains États organisent la mise à disposi-
tion des pilules contraceptives, d’autres, ont
légiféré pour interdire d’en parler. »
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