Entretien avec Iris Litt et Dale Garell
ADOLESCENCE & Médecine • Novembre 2013 • numéro 6 7
de l’adolescent (The Society for Ado-
lescent Health and Medicine). Un des
principaux succès de cette association
est d’avoir créé un diplôme certifiant
la spécialité de Médecine de l’Ado-
lescent.
Elle a été rédactrice en chef pen-
dant 14 ans du Journal of Adolescent
Health dont Charles Irwin est actuel-
lement rédacteur en chef. Elle a aussi
dirigé l’Institut de recherche sur les
femmes pendant 7 ans et s’est beau-
coup intéressée au rôle de l’adoles-
cence sur leurs trajectoires de vie, les
répercussions sociale et comporte-
mentale.
Aujourd’hui les principaux pro-
blèmes adolescents aux Etats-Unis
concernent la toxicomanie, les
troubles des conduites alimentaires
et l’obésité dont elle souligne le début
très précoce. D’autres problèmes ont
émergé parmi lesquels le bullying qui
associe harcèlement, intimidations
physiques et humiliations en collecti-
vité.
Dr Hervé Lefèvre : Qu’est ce qu’un
adolescent?
Pr Iris Litt : Pendant très longtemps,
l’adolescence était considérée comme
une étape du développement dont
la charnière était la puberté, c’était
l’époque des teenagers. Le problème
est qu’à la fois la puberté est plus pré-
coce et que la phase d’autonomie éco-
nomique est plus tardive. Désormais,
la tranche d’âge concernée par l’ado-
lescence va du début de la puberté (11-
12 ans) jusqu’à 21 ans.
H. L.: L’articulation entre médecins
d’adolescents et d’autres spécialités
est-elle plus facile aux Etats-Unis?
I. L.: Les “tiraillements” sont fréquents,
le défi à l’intérieur du champ médical
est d’obtenir le respect mutuel et de
favoriser l’éducation réciproque entre
spécialistes. Avant l’ouverture d’unités
pour adolescents, ceux-ci étaient pris
en charge selon le type de pathologie et
l’âge. Il y a 50 ans, la première unité de
médecine pour adolescents aux Etats-
Unis était construite par Dale Garell en
Californie. Les règles ont pu progres-
sivement changer en mobilisant les
différentes spécialités autour d’un lieu
de soins commun aux adolescents. Ce-
pendant, pour des raisons financières
et techniques, le service de médecine
pour adolescents s’est transformé pro-
gressivement en service de médecine
ambulatoire, les lits étant dédiés aux
soins intensifs.
H. L.: Qui s’occupe de la prévention
auprès des adolescents aux Etats-
Unis?
I. L.: Là-bas la prévention est la respon-
sabilité de chacun. Il y a peu de cam-
pagnes publiques. Quand elles sont
ciblées, elles sont majoritairement
financées par des organismes privés
comme la Fondation Robert-Wood-
Johnson pour la prévention de l’obésité.
H. L.: Avez-vous un système de santé
scolaire aux États-Unis?
I. L.: Il existe peu de responsabilité fé-
dérale en la matière et la santé scolaire
est très variable d’un Etat à l’autre. Au
sein de chaque Etat, les conseils d’ad-
ministration (boards) et d’éducation
déterminent les priorités et le type
d’information à délivrer. Certains Etats
organisent la mise à disposition des
pilules contraceptives, d’autres ont
légiféré pour interdire d’en parler.
(Retrouvez l’intégralité de la conférence
sur le site www.maisondesolenn.fr)
Pour conclure, notre conception de la
prise en charge est d’éviter de rendre
ces adolescents dépendants du sys-
tème de soins et de développer les pro-
grammes de recherche pour étudier
leur devenir au décours de cette prise
en charge. Enfin, le champ de la méde-
cine de l’adolescent doit poursuivre
son effort de recherche et d’enseigne-
ment pour le partager avec d’autres
spécialistes et professionnels qui s’oc-
cupent des adolescents.
MOTS-CLÉS:
Médecine de l’adolescence,
Prise en charge
Pr Dale Garell et Pr Iris Litt reçus par le Pr Marie-Rose Moso (chef de service de la Maison de
Solenn).
« Certains États organisent la mise à disposi-
tion des pilules contraceptives, d’autres, ont
légiféré pour interdire d’en parler. »