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26 juin 2013 13450 Revue Médicale Suisse
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Malgré les résultats mitigés des essais cliniques réalisés
jusqu’à maintenant, ces substances ont une pharmacociné-
tique et des effets indésirables répertoriés, ce qui facilite
leur application dans de nouvelles études.
Il est important de relever que si une efficacité clinique
est observée lors de l’administration systémique d’un des
composés mentionnés, on ne peut être certain que l’inhi-
bition gliale en est la seule cause. En effet, d’autres cibles
peuvent être affectées par ces molécules, neuronales ou
inflammatoires par exemple. L’utilisation à long terme d’un
antibiotique à large spectre comme la minocycline est pro-
blématique, tout comme le profil d’effets indésirables de
certaines de ces substances.
Bien que prometteur, le ciblage pharmacologique de la
glie pour traiter la douleur chronique en est à ses débuts.
La recherche doit encore avancer dans la compréhension
du rôle de ces cellules dans les mécanismes de la douleur
et dans la découverte de molécules modulant spécifique-
ment certains de ces mécanismes.
un médicament initialement utilisé comme vaso et bron-
chondilatateur et présentant des propriétés d’inhibiteur de
glie, a aussi fait l’objet d’un essai clinique (phase I-II) récent
contre la douleur (NCT00576277). Une tendance non signi-
ficative a été révélée par cette étude chez des patients at-
teints de neuropathie diabétique ou de syndrome doulou-
reux régional complexe. Enfin, le dilmapimod, un inhibiteur
de la MAPK p38, s’est montré efficace pour diminuer les
symptômes douloureux dans un groupe de patients neuro-
pathiques, lors d’une étude de phase II croisée, en double
aveugle et contre placebo21 alors que le losmapimod, un
autre inhibiteur de la même kinase qui a fait l’objet de deux
essais cliniques, ne s’est pas révélé supérieur au placebo.22
Les astrocytes et la microglie sont maintenant reconnus
comme des acteurs importants dans le développement et
le maintien des douleurs chroniques, surtout de types neu-
ropathiques. Le traitement des douleurs neuropathiques
est actuellement inefficace chez deux patients sur trois. La
glie représente donc une cible prometteuse pour améliorer
l’efficacité thérapeutique dans les pathologies douloureu-
ses chroniques. Une approche visant sélectivement les voies
gliales impliquées dans les mécanismes de la douleur pa-
thologique est nécessaire. En effet, l’inhibition globale de
la glie mettrait en péril les fonctions de base de ces cellules,
dont certaines nous sont encore inconnues. L’inhibition des
MAPK est une piste prometteuse, et des études cliniques
supplémentaires doivent être menées dans ce sens. D’au-
tres molécules bien connues de notre pharmacopée pour-
raient trouver une seconde vie dans le traitement de la
douleur chronique grâce à leur action régulatrice de la glie.
Implications pratiques
Les douleurs chroniques sont un problème de santé publique
majeur et leur traitement est malheureusement décevant
Les cellules gliales, principalement astrocytes et microglie,
participent au développement et au maintien des douleurs
chroniques
Les cellules gliales sont une cible thérapeutique prometteuse
pour le traitement de la douleur chronique à moyen terme
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Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêt en relation avec
cet article.
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* à lire
** à lire absolument
Bibliographie
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